Faire classe dehors : l’avenir de l’éducation ?
Description
Si vous lisez ces lignes, c’est probablement parce que vous avez déjà le sentiment que quelque chose manque dans l’éducation traditionnelle. Vous observez des enfants enfermés dans des classes toute la journée, déconnectés de leur environnement naturel, parfois stressés par les exigences académiques et peut-être même moins curieux ou moins joyeux qu’avant. Mais saviez-vous que les pays scandinaves, pionniers dans l’éducation par la nature et le fait de faire classe dehors, ont compris depuis longtemps comment offrir aux enfants une éducation épanouissante, en plein air ?
Aujourd’hui, plus que jamais, nous vivons dans un monde anxiogène. Les enfants, bien que protégés de certaines informations, absorbent ce stress omniprésent. Ils ressentent l’oppression d’un environnement où la productivité est reine, et où les défis environnementaux et sociaux se multiplient. L’urgence est là : reconnecter nos enfants à la nature pour réduire leur anxiété et leur offrir un cadre apaisant ET propice à leur développement.
Les pays scandinaves l’ont bien compris. En Suède, en Norvège et au Danemark, les Forest Schools (écoles en forêt) intègrent la nature au cœur de l’apprentissage. Les enfants passent plusieurs heures chaque jour en plein air, découvrant, explorant et apprenant à travers leur environnement, et ce, quelques soit le temps. Cette approche ne se contente pas de les sortir des salles de classe. Elle leur permet de développer des compétences essentielles, bien au-delà de ce que l’on pourrait attendre d’une éducation traditionnelle.
Cette approche est loin d’être une simple mode. Elle est le fruit d’une réflexion profonde sur la manière dont les enfants se développent le mieux. Et les résultats sont là : des enfants plus équilibrés, plus autonomes, plus créatifs.
Alors, pourquoi faire classe dehors est si efficace ? Et surtout, comment cette pédagogie peut transformer l’avenir de l’éducation ? C’est ce que nous allons tenter de comprendre ensemble aujourd’hui !
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Faire classe dehors optimise le développement global
La nature est une « classe vivante ». Des études ont démontré que faire classe dehors stimule la curiosité, la créativité et la capacité des enfants à résoudre des problèmes complexes. En plein air, les enfants ne sont pas simplement exposés à de l’oxygène et à un cadre agréable, mais à un environnement riche en stimuli sensoriels, qui favorisent leur développement. Bien au-delà de l’aspect purement cognitif, l’éducation par la nature touche toutes les dimensions du développement de l’enfant : physique, émotionnelle et sociale.
Le développement cognitif et académique
En Finlande, une étude a montré que les enfants qui passent régulièrement du temps à l’extérieur améliorent leurs capacités de concentration, de réflexion et réussissent mieux dans les tests académiques. Cela s’explique par le fait que la nature stimule la curiosité naturelle des enfants, ce qui améliore leur envie d’apprendre, leur créativité et leur capacité à résoudre des problèmes (Kuo, Browning & Penner, 2018). La nature offre un terrain propice à l’observation, à la manipulation et à l’exploration directe de concepts scientifiques et mathématiques. Une simple balade en forêt devient une opportunité d’apprendre des notions complexes, telles que les écosystèmes ou les cycles de vie.
Faire classe dehors ne vient donc pas en concurrence avec le système éducatif classique. Il vient lui offrir de nouveau outils pour le porter encore plus haut ! N’importe qui peut se lancer dans cette pédagogie tournée vers l’extérieur.
Le développement physique
L’éducation en plein air incite naturellement les enfants à bouger davantage : grimper, courir, sauter. Des chercheurs ont observé une nette amélioration de la motricité globale et fine, ainsi que de la coordination chez les enfants passant régulièrement du temps à l’extérieur. Les activités comme grimper aux arbres, courir dans des champs, ou encore manipuler des éléments naturels (cailloux, feuilles…) contribuent à améliorer leur santé physique globale (Frumkin, Bratman, Breslow & Cochran, 2017).
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Le développement émotionnel et social
Aujourd’hui, les enfants font face à un contexte bien plus anxiogène que par le passé. Ils sont souvent soumis à une surcharge émotionnelle, même sans être directement exposés aux actualités oppressantes. La nature devient alors un refuge pour eux. Des études (Kuo, Browning & Penner, 2018) ont montré que les enfants qui passent du temps à l’extérieur sont moins stressés et plus aptes à gérer leurs émotions. Cette approche favorise également le travail d’équipe, l’entraide et la coopération. Faire classe dehors, construire un abri, organiser une exploration de terrain ou résoudre des défis imposés par la nature apprend aux enfants à travailler ensemble, à résoudre des problèmes de manière collective, naturelle et ludique.
Faire classe dehors pour répondre aux enjeux de la santé mentale
La déconnexion avec la nature a des effets négatifs sur la santé mentale des enfants. Selon une étude de l’Université de Stanford (menée par Gregory Bratman), les enfants qui passent du temps en pleine nature présentent des niveaux de stress considérablement réduits, tandis que ceux confinés à des environnements urbains ou intérieurs voient leurs niveaux de cortisol augmenter.
Les enfants qui apprennent dehors sont plus heureux, plus épanouis et plus en paix avec eux-mêmes. Le cadre naturel agit comme un régulateur émotionnel, permettant aux enfants de mieux gérer leurs émotions et d’affronter les défis quotidiens avec plus de résilience.
Une transition éducative nécessaire
Tout comme la transition écologique s’impose dans nos sociétés, nous avons également besoin d’une transition éducative.
Dans son livre « Last Child in the Woods », Richard Louv décrit un « syndrome de manque de nature ». Il explore les effets négatifs du détachement croissant des enfants par rapport à la nature. Richard Louv souligne que, avec l’urbanisation croissante et l’augmentation du temps passé devant des écrans, les enfants ont de moins en moins l’occasion d’explorer et de jouer librement dans des environnements naturels. Il associe ce phénomène à divers problèmes physiques, émotionnels et comportementaux observés chez les enfants d’aujourd’hui. Cette approche renforce l’idée que faire classe dehors est non seulement bénéfique, mais surtout nécessaire dans un contexte éducatif où les enfants sont de plus en plus éloignés de la nature.
De plus en plus d’enseignants, d’écoles hors contrat, d’associations et de structures privées émergent avec une ambition claire : tirer l’éducation vers l’extérieur, reconnecter les enfants avec la nature. Il s’agit d’un mouvement global qui fait écho à une prise de conscience générale : notre système éducatif actuel ne répond plus aux besoins des enfants et des jeunes. En intégrant l’éducation par la nature, en offrant la possibilité à nos enseignants de faire classe dehors, nous nous tournons vers une solution adaptée à notre époque.
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