Josep Borrell : "Israël a une occasion de finir la guerre et faire libérer les otages"
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Nous recevons cette semaine Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Sécurité, dont le mandat prendra fin dans les semaines à venir. Il revient sur le rôle de la diplomatie européenne dans la résolution des conflits au Proche-Orient et en Ukraine. C’est également l’occasion pour Josep Borrell de faire le bilan de son mandat et d'envisager les priorités futures de l’UE.
Au lendemain de la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, Josep Borrell appelle à la paix dans la région. "C'est l’occasion de finir la guerre et de faire libérer les otages", explique-t-il. "C'est le moment de dire 'assez' et de regarder vers le futur", ajoute le chef de la diplomatie européenne. Il reconnait que "parmi les Vingt-Sept, il y a des positions très différentes vis-à-vis de ce conflit", notamment face à la reconnaissance d’un État palestinien ou du droit à la défense de la part d’Israël. "Quelles sont les limites du droit à la défense ? Le droit humanitaire", répond Josep Borrell. "Le droit à la défense, comme tous les droits, a des limites. Quand on voit ce qu'on voit dans la destruction de Gaza, la question est pertinente", ajoute-t-il.
Cette semaine, l'Union européenne invitait à Bruxelles les États du Golfe à l’occasion d’un premier sommet. Josep Borrell rappelle sa volonté de travailler main dans la main avec les pays arabes, notamment afin de soutenir un processus de paix au Proche-Orient. "La volonté de travailler ensemble est là", explique-t-il, pour travailler à la mise en place d'un État palestinien.
Sur le chapitre de l'Ukraine, le président Volodymyr Zelensky a également présenté cette semaine son "plan de victoire" face à la Russie. Un plan que le Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères juge "tout à fait logique, car le but final de l'Ukraine est l'adhésion à l'UE et à l'Otan". S’il reconnaît des divergences parmi les Vingt-Sept vis-à-vis du soutien à apporter aux Ukrainiens, Josep Borrell explique que l’Ukraine "ne pourra pas avoir la victoire sans l'aide occidentale des États-Unis et de l'Europe". Sur ce sujet, il reconnaît un blocage de certains pays, et notamment du Premier ministre hongrois, Viktor Orban : "J'ai encore la tâche de trouver des solutions pour que la Hongrie ne bloque pas l'aide militaire à l'Ukraine. Je pense que nous allons y arriver au prochain Conseil de l’UE."
L’immigration est également au cœur des débats. Alors que la position de l’Union européenne se durcit et que la question de la sous-traitance des demandes d’asile à des pays tiers est à présent sur la table, celui qui se définit comme "un homme de gauche" dit ne pas partager cette approche. "Certes, il faut protéger nos frontières" et faire en sorte "que les migrants arrivent d'une façon ordonnée". Il prône cependant "une approche plus équilibrée", comme celle du Premier ministre Pedro Sanchez en Espagne. "La dynamique de la peur ne peut pas dicter la politique migratoire. Il faut savoir que dans beaucoup des pays européens, sans un certain nombre de migrants, de jeunes et de leur capacité de travail, nos sociétés ne marcheraient pas", explique-t-il. Le chef de la diplomatie appelle également à renforcer la coopération avec l’Afrique sur d’autres sujets que la migration. "L’Afrique, c’est beaucoup plus que ça", dit-il. "Il ne faut pas oublier sa dynamique économique et sa capacité à produire tout ce qu'il nous faut, à commencer par des matériaux critiques".
Puis, à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine, le chef de la diplomatie européenne juge la position de Kamala Harris "beaucoup plus réaliste" notamment au sujet de la résolution du conflit en Ukraine : "Qui peut imaginer que nous pouvons arrêter une guerre en une semaine ?", fustige Josep Borrell à la suite des propos de Donald Trump qui affirme qu’il réglerait le conflit en un jour s’il était élu.
Alors que son mandat touche à sa fin, Josep Borrell regrette le repli sur soi de certains pays européens. "Les Européens, chacun de leur côté, sont trop petits. Il faut absolument que nous ayons une politique beaucoup plus intégrée et je trouve que les réflexes nationaux sont encore beaucoup trop forts", conclut-il.
Émission préparée par Luke Brown, Perrine Desplats, Oihana Almandoz et Isabelle Romero