L'importance du nom propre, du nom de son père ( Podcast n°44)
Description
Il n'est pas facile de saisir, dans une approche analytique, l'importance du nom propre. J'ai plusieurs fois essayé de reprendre pas à pas les textes de Lacan où il en parle, notamment celui d' "Un discours qui ne serait pas du semblant", mais je n'ai pas réussi à en faire, à mon idée, un juste repérage sauf quand même quelques points qui sautent aux yeux :
1 - Le nom propre a ceci de particulier que, bien sûr, vous le portez, mais que ce nom vous a quand même été donné par quelqu'un, votre père, votre mari et quelquefois votre mère quand il n'y a pas eu d'acte de reconnaissance par le père et qu'il ne vous a pas donné son nom. Porter volontiers ou non ce nom qui vous a été donné, l'accepter ou le refuser, se trouver des noms de plume, de théâtre ou de psychose, c'est une façon de prendre position par rapport à ce don du nom, poser votre désir par rapport au désir du père ou de l'homme qui vous l'a donné ou pas donné.
2 - En même temps, c'est aussi un nom qui vous permet de vous repérer dans votre lignée, la lignée de vos ancêtres. Il est frappant de constater comment dans la Bible nous pouvons lire une longue litanie de noms organisés en fonction d’une filiation paternelle et ce qui m'a toujours frappé dans cette longue énumération, c'est que justement le nom des femmes qui ont porté ces fils est le plus souvent élidée, comme si c’était une façon symbolique d’instaurer la métaphore paternelle, littéralement donc d'effectuer la substitution de ce nom du père à ce qu’il en était du désir de la mère.
3 - On trouve, dans toute analyse, y compris bien sûr dans la sienne, la façon dont chacun utilise son nom propre en le mettant en scène dans les rêves et les symptômes - Les névrosés brodent autour des lettres de leur nom propre ou des significations qu’on peut leur donner pour construire ce que Freud appelait le roman familial du névrosé et Lacan, la chanson de geste de la névrose dont le sujet est le héros. Au titre d’exemple, on peut évoquer comment on a pu découvrir dans l’après coup au moment où on a su son nom le fait que le Petit Hans qui s’appelait en fait Herbert Graff avait ainsi utilisé les lettres de son nom propre pour raconter sa fantaisie de la girafe chiffonnée, “Giraffe”, celle qui représentait tantôt sa mère, sous la forme de la grande girafe, tantôt sa soeur Anna, comme petite girafe. Cette fantaisie participant à toute l’élaboration signifiante de sa phobie, celle qui le protégeait du désir envahissant de sa mère.
Pour préciser dons ce qu’il en est de cette fonction du nom propre dans l’analyse, dans une première approche on peut dire que le nom propre, étant pris dans les symptômes, participe ainsi à cette fonction de suppléance du nom du père qui est attribué au symptôme mais ça mériterait d'être un peu plus solidement étayé, étayé par la clinique.
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