Les obstacles à l'exportation du cobalt congolais pèsent sur le marché mondial
Description
Les cours du cobalt continuent de grimper et illustrent le stress du marché qui est privé du minerai bleu congolais depuis plus de neuf mois. Les prémices d'une reprise des exportations se font sentir, mais la complexité des modalités d'application des nouvelles règles mises en place par les autorités reste le sujet qui domine le secteur.
Les exportations auraient dû reprendre mi-octobre, mais ce n’est qu’il y a deux jours que des informations ont filtré sur l'expédition imminente et à titre expérimental d’une première cargaison du négociant Glencore qui réponde aux critères imposés par le régime des quotas.
Cette nouvelle règlementation, jugée complexe par de nombreux acteurs de la filière, a empêché jusque-là le commerce de cobalt congolais de reprendre. Aux procédures administratives récentes, il faut ajouter le manque de personnel pour effectuer les vérifications des analyses de chaque camion, ainsi que des problèmes logistiques liés à la saison des pluies et à la mobilisation des camions pour l'exportation de cuivre, explique Chris Welch, analyste du marché du cobalt pour Argus Media.
Des quotas décalés par rapport aux besoins
Les importateurs comptaient sur la remise en circulation d'un peu plus de 18 000 tonnes au quatrième trimestre, mais il est peu probable que ces volumes soient atteints. Si les 7 250 tonnes prévues pour décembre devaient être expédiées, cela resterait bien en deçà des 10 000 tonnes par mois nécessaires à l'équilibre du marché, pointe l’expert d’Argus Media.
Les incertitudes s'accumulent, et expliquent la hausse des prix : depuis l'arrêt des exportations, le prix de l'hydroxyde de cobalt, le principal produit exporté par la RDC, a quadruplé. Cette tendance est soutenue par les retards observés qui impliquent que les premières exportations d’hydroxyde arriveront au mieux en Chine d’ici mars-avril, explique Chris Welch.
Quand les exportations seront à nouveau fluides, elles seront limitées par les quotas qui correspondent à 40-45 % seulement du volume exporté l'année en 2024. Or la demande d’alliage de cobalt reste soutenue, notamment dans le secteur aérospatial, et ce, malgré la hausse des prix.
Approvisionnement critique
La RDC produit 70% du cobalt mondial, et les acheteurs peinent de plus en plus à s'approvisionner : ils ont déjà puisé dans leur stock au cours des premiers mois qui ont suivi l’annonce de l'arrêt des exportations.
Selon certaines sources rapportées par Argus Media, les acheteurs chinois, en quête du moindre volume de cobalt, combleraient en partie leur déficit avec du cobalt russe, vendu à prix avantageux. Mais les volumes sont limités et ne compenseront pas la pénurie liée à la nouvelle stratégie mise en place par la RDC, même si le producteur russe Nornickel a annoncé cette semaine avoir relancé en totalité sa production de métal de cobalt, qui avait été ralentie suite à un incendie il y a trois ans.



