Taarab à Zanzibar : hakuna matata ?
Description
Une exploration des expressions contemporaines du taarab à Zanzibar avec Brain Boy, Siti Amina et l’équipe de la Dhow Countries Music Academy. Un reportage de Jeanne Lacaille en marge du Festival Sauti Za Busara (@sautizabusara). (Rediffusion)
Formé dans le creuset du métissage zanzibari au XIXè siècle, mêlant influences africaines, arabes et indiennes, le taarab est LA musique traditionnelle de l’archipel, sa bande-son par excellence. À l’image de Zanzibar, syncrétique et composite par essence, quelles sont les nouvelles mutations du taarab ? Que dit-il de Zanzibar aujourd'hui et quelle est sa fonction ? Quelles sont ses perspectives d’avenir dans un contexte local de sur-tourisme ? Intimement lié à l'histoire politique de l'île, le taarab a-t-il encore un rôle à jouer sur l'échiquier local ? Que reste-t-il de l'héritage des pionnières ? Après Siti Binti Saad et Bi Kidude, le taarab est-il toujours un vecteur d'émancipation pour les femmes ?
Nos invités :
>> Lauréat d'un Zanzibar Youth Award en 2022 pour son EP The Return of Zenzi Flavor, Brain Boy est une jeune pousse du Zenji Flavor, mouvement hip-hop né dans les années 90 à Zanzibar qui sample abondamment taarab & kidumbaki dans un geste créatif et identitaire. Son rêve ? Un Grammy Award pour le taarab ! Nous retrouvons le jeune artiste côté studio chez Stone Town Records, en marge de son ultime répétition avant son concert sur la scène du festival Sauti Za Busara.
>> Fondée en 2001 à Stone Town, la Dhow Countries Music Academy est à la fois une ONG et la seule école de musique de Zanzibar. Sa mission ? Préserver, transmettre et promouvoir les musiques traditionnelles de l’archipel, taarab en tête, à l’heure où toute la jeunesse tanzanienne n’a que deux mots à la bouche : singeli et afrobeats. Malgré ses quelques mécènes et sa trentaine d’élèves — qui pour certain.e.s viennent de loin pour étudier le taarab — l’avenir de la DCMA est menacé par le manque de soutien du gouvernement. Celui du taarab aussi ? Point sur la situation avec Halda sa directrice, le professeur Tryphon et deux jeunes élèves, Frank et Thureiya.
>> Comme Siti Binti Saad et Bi Kidude avant elle, Siti Amina a déserté mariage et violences conjugales pour se consacrer à la musique. Frondeuse et féministe, elle est aujourd’hui la chanteuse du groupe Siti & The Band qui a bien décollé depuis sa formation à la Dhow Countries Music Academy avec un taarab aux fondations traditionnelles enrichi d'éclats jazz, de grooves funk ou reggae, et de feats audacieux. Après son triomphe sur la scène du festival Sauti Za Busara, elle nous donne rendez-vous à Hifadhi Zanzibar Majestic Theatre, l’un des derniers lieux de musique live et de culture à Stone Town, l’un des rares bâtiments historiques de la ville à ne pas encore avoir été transformé en hôtel par les promoteurs de la surmise en tourisme de l’archipel.
Ce reportage pose les questions suivantes :
Quelles sont les nouvelles mutations du taarab ?
Que disent-elles de la société zanzibari ?
Quelle est la fonction du taarab aujourd’hui ?
Quelles sont les perspectives d’avenir dans un contexte de surtourisme ?
Que reste-t-il de l’héritage des pionnières Siti Binti Saad et Bi Kidude ?
Après elles, le taarab est-il toujours un vecteur d’émancipation pour les femmes ?