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Pura Vida
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Pura Vida

Author: Les Podcasts du Grütli

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Description

Pura vida, c’est un récit en quatre épisodes qui tente de comprendre l’expérience de la création au cœur de son émergence et montre des artistes au travail. Dans ce podcast, Carla Demierre documente la première phase d’écriture d’un roman. Le texte tresse deux histoires. Celle d’une ménagère qui a chroniqué sa vie dans un style très perequien et celle d’une médium qui a inventé des langues. Carla fait des interviews de la première, amasse des documents sur la seconde, prend des notes, ne sait pas encore où elle va !Comment faire passer toute cette matière documentaire dans la fiction ? Comment la transformer, la déplacer, la cadrer ? Pour nourrir sa réflexion, Carla a décidé d’aller voir comment d’autres s’y prennent. Elle a échangé avec quelques artistes de la saison 2022 du Grütli. Ensemble, elles ont parlé de travail, de féminisme, d’amitié et de famille. Le processus de création et le rapport de l’art à la vie quotidienne ont été au centre des discussions. Pour réaliser ce podcast, Carla est accompagnée de l’artiste sonore Clara Alloing. Elles ont mis leurs oreilles en commun pour fabriquer une fiction sonore qui réunit en une seule longue tresse du documentaire, de la poésie et de la narration. En ce moment je me dis que j’écris pour dire aux autres « bonjour / ça va aller ».
Au Costa Rica une formule existe pour dire ça, c’est Pura Vida.
Carla Demierre
** Le féminin générique est utilisé au Grütli – CPDAV et inclut les femmes, les hommes, et toutes les personnes ne se reconnaissant pas dans cette division binaire des genres.Réalisation : Carla DemierreMontage: Clara Alloing

4 Episodes
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Pura vida, c’est un récit en quatre épisodes qui tente de comprendre l’expérience de la création au cœur de son émergence. Dans ce podcast, Carla Demierre documente la première phase d’écriture d’un roman tout en se laissant dériver loin de son projet, empruntant des chemins de traverse. Pour cette expérience, elle est accompagnée de l’artiste sonore Clara Alloing. Elles ont mis leurs oreilles en commun pour fabriquer une fiction sonore qui réunit en une seule longue tresse du documentaire, de la poésie et de la narration.Dans cet épisode, les événements se sont mélangés comme dans un gâteau marbré. Le présent a dégouliné dans le passé qui tombe au goutte à goutte – à l’heure où vous lisez ces lignes – dans le futur.Carla retrouve Clara dans son studio pour monter le quatrième épisode de Pura vida. Elle a apporté une boîte qui contient des matériaux de travail. Une collection disparate de trucs déposés là depuis le premier épisode. Un dé à coudre, un journal intime, une photographie, un livre de Valeria Luiselli. C’est un ensemble de choses, pas tout à fait hors d’usage, rassemblées et conservées dans le but d’écrire. Des archives orientées vers l’avenir ?La semaine précédente, Carla était allée visiter les Archives de la vie privée, une association fondée en 1994 à Genève dans le but de conserver, sauvegarder et valoriser des archives un peu particulière. Aux AVP, on trouve des journaux intimes, des lettres, des photographies, des documents appartenant à des femmes et des hommes ordinaires, considérés par la société et l’histoire comme des personnages secondaires. Carla a discuté de tout ça avec l’historienne Sabine Lorenz et l’archiviste François Bos dans une longue pièce remplie de compactus, ces rayonnages qu’on fait coulisser en actionnant une grosse manivelle.Il y a des choses plus compliquées à transmettre et plus difficiles à recevoir qu’un dé à coudre. Les journaux intimes par exemple. C’est parfois une épreuve de mettre son nez dans les écrits de ses parents. Qu’on se fiche carrément de leur vie intérieure ou qu’on redoute de tomber sur des secrets de famille, on est souvent tenté de tout jeter pour voyager plus léger. En plus, les journaux intimes sont réputés ennuyeux à lire. On ne fait souvent que nommer les choses, noter les faits, compter les jours. Ce qui est écrit n’a pas toujours de l’importance. Mais en tenant un journal intime, on donne à sa vie un tempo propre. On se fabrique une pulsation à soi.C’est ce battement que Carla essaie d’attraper. Elle cherche le moyen de le déposer dans un texte de fiction comme dans une boîte d’archives. Mais elle ne sait pas comment se termine son histoire. Va-t-elle retrouver les carnets de la médiume Elise Müller ? Est-ce qu’elle arrivera a sauvegarder les écrits de sa grand-mère Georgette ?Ce serait bien que la fin soit optimiste. Quelque chose comme : Elles vécurent heureuses, eurent beaucoup de livres et leurs écrits remplirent plusieurs mètres linéaires de boîtes en carton.Avec le soutien de la Fondation Jan Michalski
Dans cet épisode, Carla fait le portrait d’une femme, médiume et artiste ayant vécu à Genève au tournant du 20ème siècle. Son nom est Elise Müller mais la plupart des gens la connaissent sous le pseudonyme d’Hélène Smith. Depuis quelques temps, Carla s’est mise en tête de retrouver les archives de cette femme. Des tableaux, des carnets de visions, des photographies documentant le processus de travail et une volumineuse correspondance. Elle s’appuie sur les travaux de la chercheuse Allison Morehead au sujet du leg posthume d’Elise Müller au Musée d’art et d’histoire de Genève. Après sa mort, on s’est disputé ses tableaux et ses papiers au point de les disperser puis de perdre complètement leur trace. Aujourd’hui, on ne sait toujours pas où sont passées les archives d’Elise Müller, en-dehors des fragments imprimés dans deux livres écrits à son sujet. Le premier, Des Indes à la planète mars : étude sur un cas de somnambulisme avec glossolalie, du psychologue Théodore Flournoy, paraît en 1900. Le second, De la Planète Mars en Terre Sainte. Art et subconscient, de l’historien Waldemar Deonna, paraît en 1932. Ces livres contiennent de nombreux extraits des journaux intimes, carnets de notes et lettres écrites par Elise Müller au cours de sa vie.  Comme si elle avait ouvert la porte pour faire sortir un oiseau de sa cage, Carla a attrappé un paire de ciseaux et découpé Des Indes à la Planète Mars en Terre Sainte : étude sur un cas de peinture avec art, glossolalie et subconscient, en ne gardant que les parties écrites par la médiume. Elle a disposé les pièces sur sa table de travail comme un puzzle tout juste sorti de sa boîte et elle s’est demandée si cela suffirait pour retrouver la voix d’Elise Müller.Avec le soutien de la Fondation Jan Michalski
Carla rencontre quelques artistes de la saison 20-22 du Grütli à Genève. Marie van Berchem, Vanessa Ferreira Vicente, Jean-Daniel Piguet et Espe Lopez ont en commun de travailler à partir de matériaux documentaires, parfois biographiques et souvent liés à la vie quotidienne.Les spectacles qu’elles ont montré au Grütli sont un prétexte à la rencontre mais pas besoin de les avoir vu pour écouter cet épisode. La conversation a porté sur les processus de création, et plus particulièrement sur les méthodes d’écriture.Comment transcrire une voix enregistrée? Quelle forme prend l’expérience vécue quand on la raconte ? Que veut dire concrètement « prendre de la distance » ? Comment protéger les mots de l’usure ? Pourquoi écrire comme on parle ?Elles ont évoqué l’apparition des idées, le passage du temps, le rôle de l’amitié, l’usage de la dérive, la place du corps et les outils à disposition. Avec simplicité et beaucoup de détails, elles ont décrit comment leurs expériences ont été déposées délicatement sur la table de travail et par quels moyens, elles ont déplacé toute cette matière sur le plateau.Il y a une phrase d’Emmanuelle Pireyre qui résume bien ce que Carla avait en tête lors de ces rencontres. Quand il est question du réel, il est toujours question d’une pince pour s’en saisir. Pince articulée, pince coupante, pince à dénuder, pince à linge, pince à épiler, pince à cheveux, micro pince, pince à sucre. On a l’embarras du choix pour serrer, saisir, couper ou déformer le monde récalcitrant et réel qu’on désir comprendre, raconter, transformer.Pour Carla, l’enregistreur est une pince bien pratique pour attraper les voix qui habitent ses livres mais c’est d’abord un médium par le bias duquel des relations se tissent. Pour rompre la solitude de l’écriture, elle va régulièrement promener sa pensée dehors en emportant toujours de quoi enregistrer. En allant réfléchir au milieu d’autres personnes qui écrivent, elle tente de refléter l’expérience concrète de l’écriture, tout à fait mélangée à la vie quotidienne.Avec le soutien de la Fondation Jan Michalski
Carla Demierre rend visite à sa voisine Georgette. C’est aussi sa grand-mère. Elle est née à la Tour-de-Trême, commune de Bulle, canton de Fribourg. Elle est arrivée à Genève au début des années 1950. Aujourd’hui elle a 91 ans. Elle vit seule dans un grand appartement. Georgette rappelle souvent que son histoire touche à sa fin, son corps n’en a plus pour longtemps. Un an ou deux, cinq ans peut-être ? Elle va bientôt partir, on doit se faire à cette idée. Georgette pourra dire « j’ai bien vécu » mais aussi « j’ai bien écrit ». Elle tient son journal dans des agendas. Elle écrit tous les jours depuis 1953. Elle note tout pour ne pas oublier mais aussi pour faire de la place dans sa tête. Mais si elle a écrit pour avoir de l’espace, les cahiers ont fini par encombrer ses armoires.67 journaux intimes, autant d’agendas annuels, plusieurs cahiers remplis uniquement de dates, de grands inventaires consacrés à la nourriture avalée (repas de fête, soirées mondaines), une correspondance amoureuse brûlée mais des petits billets et pense-bête encore éparpillés partout dans son appartement. Georgette a fait passer sa vie de vécue à écrite aussi sûrement qu’elle a transformé des centaines de pommes crues en pommes cuites.Carla aimerait écrire l’histoire de Georgette à partir de ses carnets. Georgette trouve l’idée super mais à condition que ce soit un texte de fiction. Elle ne veut pas que le livre raconte sa vie à elle mais celle d’une femme comme elle. Une personne née dans la Suisse des années 30. Une fille de la campagne qui a la folie des agendas et des stylos. Une femme qui depuis plus de soixante ans décrit avec patience ce qui semble aller de soi. Pour Carla c’est la première étape de travail, enregistrer la voix de Georgette et la faire parler de ses carnets. Avec le soutien de la Fondation Jan Michalski
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