Le Roman de Renart n'est pas un roman, mais un recueil en langue romane de textes disparates issus d'une longue tradition de récits animaliers en latin inspirés d'Ésope. Bon petit diable ou redresseur de torts, obsédé sexuel ou démon hypocrite, Renart est un héros complexe et polymorphe. Malhonnête ou malicieux selon les branches du récit, il incarne la ruse intelligente liée à l'art de la parole dans des épisodes qui prennent la forme habituelle du bon ou mauvais tour joué par le goupil. Chaque aventure offre de nouveaux rebondissements qui mettent en scène un monde animal aux caractères singulièrement humains. Cette satire prend divers aspects : parodie des chansons de geste et des romans courtois, mais aussi critique sociale, anticléricalisme et transgression de tabous. Renart ne respecte rien, ni amis ni ennemis, ni forts ni faibles, ni Dieu ni roi. Mis par écrit par des auteurs anonymes entre 1170 et 1250, le Roman de Renart constitue le pendant populaire de la littérature épique et chevaleresque. En cette fin du Moyen Âge, le personnage de Renart est si populaire que son nom, écrit avec un T, entre dans la langue française pour désigner l'animal, remplaçant l'ancien terme de "goupil".
Entre 1250 et 1350 apparaissent dans les marges des manuscrits du Nord de la France, de la Flandre et du Sud de l'Angleterre de petites scènes illustrées que l'on appelle drôleries. Elles mettent en scène des animaux ou des êtres hybrides composés de formes humaines et animales. Souvent les drôleries mettent en scène les histoires les plus connues du bestiaire médiéval, comme celle de la chasse à la licorne, ou des fables, comme celle du renard et de la cigogne; elles sont alors un manière d'enseigner la foi chrétienne et les grands préceptes moraux. Souvent aussi, elles parodient les travers humains; on voit alors dans les marges de nombreux petits singes, à l'école, chez le médecin, ou au monastère ou encore des scènes de combats ou de chasse plus ou moins burlesques. Plus curieuses sont les drôleries mettant en scène des hybrides. On s'est beaucoup interrogé sur la signification de ces formes humaines et animales mêlées en des métamorphoses inquiétantes et colorées.
Le phénix, oiseau qui renaît de ses cendres, le griffon, créature mi-aigle mi-lion, le basilic, coq à queue de dragon, né d'un ouf couvé dans du fumier par un crapaud... hybrides et animaux fabuleux ont leur place dans le bestiaire dès l'Antiquité. Et personne au Moyen Âge n'imagine mettre en doute l'existence de telles espèces citées par les Anciens. Associées à des citations de la Bible, elles prennent un sens moral et spirituel propre à l'édification des chrétiens, sans faire de distinction entre animaux réels ou imaginaires. Christianisée, la fabuleuse faune des mythes grecs et latins inspire largement les artistes médiévaux. Ce sont des créatures composites, créées par dislocation des formes animales familières, réassemblées selon des modes contre nature. On les trouve aux chapiteaux ou aux gargouilles des églises et dans les marges des manuscrits.
Les origines de la chasse au vol se perdent dans la nuit des temps, mais c'est au Moyen Âge que la fauconnerie connaît son âge d'or : avec passion, faste et puissance, elle devient la distraction favorite du monde seigneurial, le privilège de la noblesse. Cet engouement va donner lieu, entre le XIe et le XIVe siècle, à la rédaction de manuels rassemblant tout un savoir technique et des connaissances "vétérinaires" : identifiant les variétés de rapaces utilisables en fauconnerie, expliquant la manière de les apprivoiser et de les dresser à la chasse, décrivant la manière de les soigner et de remédier aux diverses maladies qui peuvent les affecter. Le plus célèbre de ces traités européens est "L'Art de la chasse avec les oiseaux" rédigé par l'empereur Frédéric II vers 1230-1245.
L'Apocalypse est le livre de la Bible le plus répandu au Moyen Âge et l'un des plus magnifiquement illustrés. De toutes les visions décrites par Jean dans son livre, la plus terrifiante est celle du dragon et de ses deux disciples, la bête de la mer et la bête de la terre. Elle figure les différents aspects de l'œuvre de Satan, ou des forces du Mal, à savoir l'esprit de pouvoir, le blasphème, l'idolâtrie et l'hérésie. Elle donna lieu à des représentations extraordinaires.