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La Story Nostalgie
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La Story Nostalgie

Author: Nostalgie Belgique

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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Ce podcast incontournable vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus grands artistes de notre temps.

Avec "La Story Nostalgie", plongez dans l'univers des icônes comme les Beatles, les Rolling Stones, Johnny Hallyday, Madonna, Queen, ou encore Michael Jackson. Brice Depasse vous raconte les récits inédits derrière les albums mythiques, les concerts légendaires comme Live Aid, et les moments de gloire des groupes qui ont marqué l’histoire de la musique. Découvrez comment Freddie Mercury a captivé le monde entier, comment ABBA a conquis les charts, ou encore les secrets de studio qui ont façonné des tubes intemporels.

Chaque épisode est une plongée passionnante dans le making-of des carrières de ces artistes exceptionnels, avec des histoires qui vous feront revivre les vibrations du rock des seventies, l'effervescence des eighties, et bien plus encore. Brice Depasse vous fait redécouvrir des albums cultes, des sessions d’enregistrement mémorables, et les concerts qui ont marqué toute une génération. Que vous soyez fan des ballades de Jean-Jacques Goldman, des envolées vocales de Céline Dion, ou des shows spectaculaires de Robbie Williams, "La Story Nostalgie" est votre passeport pour un voyage musical inoubliable.

Laissez-vous emporter par les récits fascinants sur des artistes comme Daniel Balavoine, Serge Gainsbourg, France Gall, Michel Sardou, et Blondie, tout en explorant les liens entre musique et cinéma, des bandes originales aux collaborations légendaires. Ce podcast vous fait revivre l’esprit de Woodstock, les folles tournées, et les sessions d'enregistrement qui ont donné naissance à des albums de légende.

Que vous soyez un nostalgique des seventies ou un amoureux des eighties, "La Story Nostalgie" est le rendez-vous incontournable pour tous les passionnés de musique. Branchez vos écouteurs et laissez Brice Depasse vous raconter ses histoires inédites.
1118 Episodes
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Il y a ceux qui ont connu, pleinement vécu les années 80. Et puis il y a ceux qui y sont nés. Et franchement, on en est tous fiers, hein, d’avoir eu le compteur qui tourne au cours de ces fameuses années. Tenez, en 1988, nous sommes allés voir Rain Man, Le Grand Bleu et Piège de Cristal, c’est l’année où Ayrton Senna était champion du Monde de F1 et Tottenham terminait sixième du championnat de foot britannique. Ah c’est vrai que ce club a fait connaître le nom de ce quartier de l’extrême- nord du grand Londres dans le monde entier. Pas toujours en bien d’ailleurs, à cause de ses supporters hooligans. Et ben justement, c’est dans ce quartier très remuant et populaire qu’en 1988, naît la petite Adele Adkins, et c’est là qu’elle va se construire une personnalité et une histoire qui lui vaudront un succès prodigieux dans les années 2000.Oui c’est dans le quartier de Tottenham, avec ses deux cents nationalités différentes recensées, ses gangs qui livrent des batailles rangées avec la police ou avec d’autres bandes que la môme Adele a grandi. Si elle a été élevée par une mère seule, elle a été très entourée par une trentaine d’oncles, tantes et cousins qui vivent tous dans le voisinage. On ne tombe jamais bien loin de l’arbre dans la banlieue londonienne. On n’avait pas d’argent mais j’ai eu la meilleure enfance qui soit, dira Adele. A cinq ans déjà, on ne la met pas au lit le soir lors des fréquentes réunions de famille. Elle reste à table, au milieu des rires et des cris de la tribu qui se retrouve autour d’une bonne tourte et d’une flopée de bouteilles en tout genre. Et bien sûr, tout le monde chante, on est en Angleterre, et quand Adele reprend Gabrielle (Dreams) et les Spice Girls, là, tout le monde se tait et écoute, tout sourire, le petit prodige de la famille, avant d'applaudir.Non vraiment, Adele n’a pas loupé son rendez-vous avec la musique durant son enfance. Si je vous dis qu’elle assiste à son premier concert de rock cette année-là, vous n’allez pas le croire et pourtant c’est vrai. Nous sommes à Finsbury Park, un autre quartier métissé de la capitale. Et vous avez raison, elle est trop petite pour voir ce qui se passe sur scène. Alors sa mère demande au mec bâti comme une armoire à glace à côté d’elle s’il ne pourrait pas prendre la petite sur ses épaules. Et là, la gamine s’envole, vous vous souvenez quand vous étiez môme et qu’on vous soulevait, avec cette impression de voler, si pas, de flotter dans les airs. Et puis surtout de découvrir un point de vue incroyable. Plus besoin de lever les yeux pour avoir de toute façon la vue bouchée par une armée d’épaules, voilà Adele voguant sur une mer de têtes avec à l’horizon, des musiciens, des lumières et de la musique à fond les manettes. Ça va si fort qu’elle en a les larmes aux yeux. Pas étonnant que sur son album le plus vendu, on y retrouve un cover des Cure chargé d’émotion. Et même si ce n’est pas ce jour-là qu’Adele a décidé qu’elle serait chanteuse et rien d’autre, il est des moments de notre vie en mode jeune pousse qui impriment en nous tout ce que nous allons inexorablement devenir.
Ça y est, nous y sommes. Avec le retour du Nostalgie Magic Tour, c’est déjà la St Nicolas, puis les autres fêtes de la fin d’année. Et bien sûr, si on s’attarde sur les vitrines de lumières, les artisans qui débarquent les sapins destinés à orner notre salon-salle à manger, on ne peut pas empêcher nos souvenirs de remonter. C’est étrange, tous ces moments oubliés, ces sensations disparues de la magie de Noël qui pétillait en nous quand on était môme. L’impatience des derniers jours d’école mêlée à celle de recevoir les cadeaux à la Noël, la joie indéfinissable qu’on sentait monter dans la maison, les dessins animés à la télé, tout prenait les couleurs d’un moment d’exception. Il faut dire que ça nous semblait long, une année. Il y en avait des étapes entre deux Noël : des trimestres d’école, sessions d’examens, Pâques, les interminables grandes vacances surtout vues depuis le trente juin, la Toussaint, alors quand St Nicolas arrivait et que Noël approchait, c’était comme si c’était la première fois. C’est vrai qu’on a oublié, perdu, gommé l’enthousiasme des fêtes quand on était gosse.Il en va ainsi des Noël sous la neige, dans la ville de Pierrefonds, en banlieue de Montréal, où Mylène Gautier est née au début des années 60. Elle n’a gardé que peu de souvenirs précis de cette époque car elle avait huit ans quand ses parents sont revenus en France, mais elle se rappelle du piano que son père avait fait installer dans la maison pour qu’elle en joue avec sa grand-mère. Il faut dire qu’il était souvent absent, ingénieur sur le chantier d’un immense barrage. Les hivers canadiens sont longs. Mylène joue souvent dans la neige avec ses frère et sœur, et aussi les enfants des voisins. Est-ce un hasard si la neige est très présente dans l’imagerie cinématographique de celle qui deviendra Mylène Farmer. Et que dire du premier film qu’elle voit, Bambi ? C’est tellement triste, ce qui lui arrive au début. Sans oublier la fête d’Halloween alors totalement inconnue en France et en Belgique.Et puis, il y a le bus jaune qui emmène à l’école la petite fille qu’elle est, avec son uniforme à carreaux verts et bleus. Et en arrivant ce matin, l’institutrice trouve que Mylène dégage une odeur épouvantable. Mais elle est toute propre, c’est à n’y rien comprendre, alors elle appelle sa maman qui lui explique que la veille au soir Mylène a trouvé dans le garage une mouffette qui, bien sûr, l’a arrosée. Et comme dans Bambi, cette cousine de Fleur a un fumet tenace. Et donc imaginez Mylène, cinq ans, qui en fin de journée, en a marre des tu pues que lui crient les autres gosses ; elle ne monte pas dans le bus et rentre chez elle, à pied.A la maison, vous devinez, c’est l’inquiétude quand on ne la voit pas arriver. Au bout de plusieurs heures de recherche, on finit par la retrouver dans les bois où elle s’est perdue. Pour la débarrasser de cette odeur, un seul remède, dit la voisine, un bon bain de jus de tomate. Ah c’est efficace, elle avait raison. Mais c’est un moment de vie spectaculaire et sûrement marquant pour la petite fille qui va revenir inévitablement hanter l’univers de ses chansons et ses clips.
Ce “sortie de scène hélicoptère pour échapper à la foule”, c’est l’image forte que Laurent Voulzy utilise en 1977 pour flasher les Beatles dans sa chanson, Rockollection. Et c’est vrai qu’elle a marqué les esprits. Jusque-là, l’hélico était réservé au président des Etats-Unis ou au Pape, mais pas à des stars du rock, un genre nouveau d’ailleurs. C’est en 1965 la fameuse image des Beatles arrivant en hélico au Shea Stadium, la première fois de l’histoire qu’un groupe de rock joue dans un stade. 55.000 personnes placées trop loin de la scène, il est vrai, mais la police redoute tellement la violence des fans, un John Lennon qui s’amuse beaucoup et un volume sonore inégalé, non pas celui de la sono des Beatles mais du cri de la foule.Pourtant, ce n’est pas pour les Beatles, le sommet de cette tournée américaine, non, car une rencontre privée doit avoir lieu avec Elvis Presley. Où ? A Hollywood. Et oui, les Beatles, comme Elvis, sont toujours en route, donc difficile de les avoir dans la même ville au même moment. Mais là, ils ont une semaine off avant leurs concerts à Los Angeles, ils louent donc la maison d’une star d’Hollywood alors que Elvis y tourne justement, un de ses nombreux films. Et les mecs, on va voir Elvis ! Ah ouais, merde, j’avais oublié … Je ne vous raconte pas l’ambiance dans la limousine à qui les conduit au rendez-vous. A cette époque, il est vrai, ils sont encore tous les quatre à se marrer constamment comme des baleines. En arrivant, l’ambiance change. Si la maison est aussi hollywoodienne que celle dans laquelle ils résident, il y a un nombre incroyable de mecs dans tous les coins depuis le portail jusque dans l’arrière-cuisine. La première chose qui les impressionne, en dehors de rencontrer le King dont ils sont fans fondus depuis l’adolescence, c’est l’immense billard dont le Colonel Parker, le manager d’Elvis, semble très fier.Puis on s’avance vers une autre pièce, en compagnie de plus de gardes que pour un parrain de la mafia. Elvis est là, la télé allumée, un écran géant ce qui est inimaginable en 1965. Il les salue. Vous voulez quelque chose à boire ? On s’assied en rond et quand le colonel demande une chaise pour Mr Epstein, le manager des Beatles, quinze gars se précipitent aussitôt avec autant de chaises.Mais personne n’ose lancer le premier mot, les Beatles sont tétanisés. Finalement une question part, vous avez un projet de film ? Bien sûr ! Ça parle quoi ? Un gars du pays qui se promène avec sa guitare et qui rencontre quelques filles et chantent quelques chansons. Les Beatles échangent un regard interrogateur, c’est une blague ?, mais le Colonel Parker renchérit en disant : c’est vrai ! Les fois où on a changé de scénario, on a perdu de l’argent. Tout le monde se marre, la glace est brisée, du moins celle qui ne se trouve pas dans les verres. Bien sûr, on a amené des guitares, ils jouent ensemble, et pas que de la musique, au billard, aussi, évidemment. Vers 22 heures, Priscilla fait une apparition éclair mais remarquée, en tenue de soirée. On est bien à Hollywood. Puis elle disparaît après ce moment d’émotion, que n’a pas partagé George. Il n’a rien vu, penché sur sa guitare.Comme le dira John, cette rencontre était une nécessité pour les Beatles, ils devaient tout à Elvis. Mais il faut bien dire qu’en 1965, ces mêmes Beatles apportent un tel changement dans la musique qu’ils mettent Elvis hors course pour la jeune génération. C’était il y a soixante ans. On disait alors que les Beatles et Elvis seraient oubliés en l’an 2000 mais ils sont toujours là, quelque part, avec nous.
25 février 1964, George Harrison fête ses 21 ans. Le plus jeune de la bande des quatre a bien du mal à le croire quand on lui montre les 30.000 cartes postales et lettres reçues pour son anniversaire. Il a ensuite droit à une conférence de presse, les journalistes veulent tout savoir sur la fête de ce soir. Entre parenthèses, Georges recevra une montre de Brian Epstein le manager des Beatles qui depuis trois ans se coupe en quatre pour eux. Trois ans. Il s’en est passé des choses depuis cet automne 1961, c’était d’ailleurs à ce moment que John avait fêté ses 21 ans. Il avait reçu en cadeau de Paul, un hamburger et un coca, c’était alors tout ce qu’ils pouvaient s’offrir.Oui, début 1964, les Beatles sont les gars les plus sollicités au monde. Comme ils disent, il y a dans une journée de quoi remplir l’agenda d’une semaine. On est passé du « personne ne veut de nous » à « tout le monde nous veut et tout de suite, maintenant ». Quelques jours après l’anniversaire de Georges, ils commencent le tournage de leur premier film en tant qu’acteurs, comme Elvis, une comédie loufoque, à l’humour limite Monty Python, dont ils vont composer et enregistrer les treize titres en neuf jours. Et donc, à un tel rythme, apparaît très vite la nécessité de prendre des vacances avant ce qui doit être leur première tournée mondiale. Mais où ? Impossible d’aller quelque part sans se faire accoster quand ce n’est pas carrément se faire sauter dessus par une horde de jeunes filles hurlantes. McCartney en est déjà à porter un chapeau, des fausses lunettes et une barbe postiche.Si on allait dans les îles, au soleil ?La bonne idée. Mais prudence. A la moindre fuite, la presse quotidienne mondiale va sortir ça, en feuilleton. On prend donc des billets d’avion avec deux destinations différentes pour éviter les rapprochements : Paul McCartney et Ringo Starr vont aux îles Vierges, dans les Antilles, avec leur compagne, tandis que George Harrison et John Lennon vont en Polynésie française sur un atoll perdu au milieu du Pacifique. Ca fait une paire d’avions à prendre, alors on se choisit des pseudos pour les réservations, à l’époque, c’était possible, mais non sans humour, Beatles oblige, ce qui nous vaut des Mrs Bond ou Mr Stone. Sauf que quand un douanier dit en regardant Mr Stone, alias Paul McCartney, mais ce n’est pas vous, ça, en montrant la photo, c’est l’incident. Ils ont mélangé leurs passeports. C’est vrai, dit Ringo, ils se ressemblent tous, ces carnets. Mais bon, après quelques péripéties, tout le monde arrive à bon port, c’est le cas de le dire, ils ont chacun leur bateau pour profiter de la mer. Et c’est vrai que les photos dans les îles de John et George avec Cynthia et Pattie, blondes emblématiques des golden sixties, sont merveilleuses. Le premier matin quand George Harrison, qui a vécu les vingt premières années de sa vie dans une minuscule maison de corons, se retrouve en se levant dans le décor idyllique d’un lagon avec son eau transparente et ses cocotiers, il est émerveillé. Quant à John Lennon, ben, il n'en a rien à faire de rester allongé comme une crêpe sur la plage. Il a entrepris d’écrire un livre, il vient d’ailleurs de publier son premier. C’est vrai, dit-il, on va rentrer noirs comme des myrtilles et le lendemain, ça sera déjà parti, alors à quoi ça sert ? En plus, on sera pas reposés mais morts de fatigue avant de partir en tournée. Je m’en fous du soleil. Mais pas George, sans doute la raison pour laquelle sa chanson est, de loin, la plus écoutée des Beatles sur internet.
Que vous soyez de Liège, Charleroi ou Bruxelles, imaginez-vous, devenu artiste, que vous ayez quitté votre ville pour y revenir quelques mois plus tard et que les trottoirs soient partout où vous passez, accueillis par une foule qui vous applaudit. Et ben c’est ce qui arrive aux Beatles en ce début d’été 1964. Ils viennent de boucler leur première tournée de l’autre côté de la Terre (Japon, Australie, Nouvelle Zélande) et voilà qu’ils reprennent un avion cette fois pour Liverpool pour la première de leur premier film, A Hard Days Night. Tout a été si vite. Qu’est-ce qui peut bien se passer dans la tête de ces petits gars qui ont la petite vingtaine, en voyant tous ces lieux qu’ils ont arpentés depuis tout môme, où ils ont eu une vie normale et anonyme, soudain remplis de gens de chez eux mais qu’ils ne connaissent pas et qui les acclament, alors que leur cortège de voitures se rend en centre ville depuis l’aéroport ? Oh ils ont bien entendu des rumeurs comme quoi on leur en voulait d’être partis, qu’ils se croyaient trop bien pour eux maintenant qu’ils avaient le monde à leurs pieds. Et c’est vrai qu’ils l’ont. Un peu trop d’ailleurs. Et c’est à Liverpool que les Beatles prennent vraiment conscience du prix de la célébrité quand le succès prend de telles proportions : la fin de la liberté. Déjà, la liberté d’aller faire les courses dans un magasin ou d’aller au pub. Ce n’est plus possible sans entourage. Ou alors tout seul. Ca ils le découvrent avec surprise. Les gens s’imaginent que nous sommes toujours à quatre, alors quand on arrive seuls, souvent, ils ne nous reconnaissent pas.Et aux Etats-Unis, où ils se rendent ensuite pour leur deuxième tournée, les choses prennent une tournure totalement hors de contrôle. C’est bien pire que les images pourtant célèbres qu’on a tous en tête lors de leur première visite l’hiver dernier avec la foule à l’aéroport et devant l’hôtel. Il est désormais à présent impossible aux Beatles de sortir sans escorte policière. On en est là.Et si ce n’était que ça. Tout le monde veut les voir, en privé. Pas un gouverneur, un maire, un chef de la police qui ne souhaite que leur femme ou leurs filles rencontrent les Beatles. Comme cette fois où en pleine nuit, arrive à leur hôtel la femme du maire qui demande à voir les Beatles. On appelle Derek Taylor, leur attaché de presse qui descend. Mais madame, c’est impossible, ils dorment, ils ont un agenda de concerts, voyage et promo infernal, ils sont crevés. Réveillez-les ! Non ! Réveillez-les, je vous dis, ou j’ameute la presse.C’est vrai, les images incroyables de ces années folles passent sous silence les nombreuses humiliations que les Beatles ont subies durant ces moments hors de la réalité que sont les tournées de superstar hors normes qu’ils étaient. Rien d’étonnant qu’au bout de trois ans, ils jetteront l’éponge et préfèreront se concentrer uniquement sur la création de leur musique, si particulière.
On ne racontera jamais assez comment l’incroyable aventure des Beatles a failli cent fois prendre fin avant de trouver la voie du succès. Ainsi quand ces gamins rentrent quasiment les uns après les autres de leur première et longue série d’engagements à Hambourg. George Harrison qui n’était pas encore majeur a en effet été expulsé du territoire suite à une dénonciation aux autorités par le patron d’un bar avec qui ils s’étaient brouillés. Pete Best et Paul McCartney avaient été arrêtés peu de temps après, eux aussi, ils jouaient sans permis de travail, John Lennon et Stuart Sutcliffe, eux, étaient rentrés à Liverpool les derniers. C’est la débâcle. Paul voit les semaines passer sans nouvelles des autres. Personne ne semble appeler personne. C’est fini.Ne reste pas comme ça. Trouve-toi un job, dit le père McCartney. Alors Paul trouve un. Les jours passent, l’hiver est bien avancé quand John et George arrivent chez Massey and Coggins, trouvant Paul en train de balayer la cour.Tu viens ? On a trouvé un engagement au Cavern ? Le Cavern est alors un club de jazz ouvert quelques années plus tôt dans les sous-sols d’un entrepôt, près des quais. Les jeunes s’y rendent pour écouter des groupes jouer en soirée et sur le temps de midi, on y sert du café et de la soupe, l’endroit est glauque mais c’est mieux que rien. D’ailleurs la vie pour les jeunes à cette époque, c’est rien.J’peux pas, répond Paul, j’ai un job fixe maintenant. Je gagne 7 livres et 10 shillings par semaine, ils m’apprennent un boulot, j’peux pas rêver mieux.John et George traînent Paul jusqu’au Cavern. Tu devrais arrêter de faire tout ce que dit ton père, lui dit John, dis-lui d’aller se faire foutre. Il ne va pas te tuer, il est trop vieux pour ça.Paul sent la vibration du public, ce soir au Cavern Club. Et après avoir dormi dessus, il ne met plus un pied chez Massey and Coggins. Tant pis pour ce que son père va dire. Le Cavern Club a annoncé sur les affiches une représentation unique des Beatles avec, en sous-titre, « directement débarqué de Hambourg ». Mais vous parlez drôlement bien Anglais, leur disent des filles après leur prestation. Tu te rends compte Paul, elles nous prennent pour des Allemands, rit John Lennon. Oui, ce soir du 9 février 1961, les Beatles, que les trois quarts de la salle pensent être des Allemands, rencontrent leur premier vrai succès. Eux qui jusque-là, étaient le groupe de bal ou du bar, sont cette fois écoutés comme de vrais artistes, avec un public qui vient les voir après pour les féliciter. Et croyez-moi, ça fait du bien quand on sort de scène. Et oui, ils réalisent qu’ils ont changé en jouant six heures par soir durant trois mois sans interruption à Hambourg. Ils sont passés du bon groupe, comme les autres, à des gars qui font ce que personne ne fait. Hé les Beatles, bravo, hein, votre rock’n’roll, c’est autre chose que la bouillie de Cliff Richard, dit un Teddy Boy. Quant à leur nationalité allemande, il va falloir deux bonnes années pour que cette légende disparaisse, il faut dire que les Beatles vont encore retourner jouer plus de deux cents soirs à Hambourg. Et à chaque retour à Liverpool, le public sort du Cavern Club en se disant que non, décidément, personne ne met l’ambiance comme les Beatles.
L’arrivée de l’incroyable série Anthology sur Disney+, 22 ans après la sortie en box DVD du plus monumental “doc” rock jamais réalisé, va à n’en pas douter fasciner plusieurs générations de spectateurs. Car bien au-delà du triomphe commercial jamais égalé, c’est surtout l’histoire des quatre musiciens qui vaut la peine d’être racontée. Les Beatles, c’est le Seigneur des Anneaux, le Star Wars, les Chevaliers de la Table Ronde du rock’n’roll, en clair la plus grande légende du XX° siècle, foisonnante, touchante et truffée de rebondissements aussi inattendus que spectaculaires. Vrai, qui à la fin des années 40 aurait pu prédire un tel destin à ces gamins courant dans les rues pour jouer dans les “bombies” comme on les appelle à Liverpool. Oh ils ignorent ce que ça veut dire mais c’est dans ces terrains vagues, plaies béantes dans des quartiers bombardés durant la guerre qui les a vus naître, que ces mômes aux genoux écorchés et gelés ont trouvé leur terrain de jeu. Ils n’imaginent pas une vie en dehors de Liverpool, cette cité portuaire noircie par la pollution des usines et des bateaux qui y accostent venant du monde entier. Ils parlent d’ailleurs un Anglais très singulier, le scouse, que personne ne comprend une fois qu’on s’en éloigne de dix miles. Pourtant, à l’automne 1960, nous les retrouvons dans un autre port, Hambourg, une ville qui a bien des points communs avec la leur. Particulièrement ses quartiers mal famés, hantés par des marins ivres le soir, errant jusqu’au bout de la nuit parmi les putes, comme ils disent, et voguant de cafés en lieux de débauche où on apprécie les groupes britanniques, les seuls à pouvoir jouer cette musique américaine des Elvis Presley et autres Bill Haley qu’ils apprécient tant. Ils sont alors six Beatles à jouer dans les bars de Reeperbahn et ses rues voisines. Oui, on parle toujours du 5ème Beatle mais ils sont six à en avoir fait partie officiellement. John Lennon a fondé les Quarrymen en 1956 alors qu’il était à la Quarry Bank High School, rejoint par Paul McCartney l’année suivante, puis George Harrison et enfin, Stuart Sutcliffe et Pete Best. Ils sont donc cinq, quatre guitaristes et un batteur, c’est d’ailleurs la maman du dernier arrivé, Pete Best, qui en leur trouvant pas mal d’engagements a enfin apporté une stabilité au groupe. Sans la maman de Pete, les Beatles auraient peut-être disparu des radars. Et tant qu’on parle des Beatles, c’est John et Stuart qui ont trouvé ce nom en janvier 1960.Alors imaginez l’arrivée à Hambourg fin 1960 pour ces jeunes hommes qui n’ont jamais franchi les frontières de la Grande-Bretagne. Assis sur leur matos dans le mini-minibus de leur manager qui n’est autre que le patron du Jacaranda, un café de Liverpool, ils débarquent en fin de soirée après avoir traversé la Hollande. Le patron de la boîte où ils doivent jouer, l’Indra, pas très chaleureux, les loge dans une pièce en béton sans fenêtre avec des matelas par terre, dans un cinéma borderline, avec juste les water sans eau chaude pour se débarbouiller. Ces deux lieux aujourd’hui encore miraculeusement intacts, c’est là où les Beatles vont apprendre leur métier en jouant plusieurs heures toutes les nuits, et où ils vont croiser Ringo Starr, le futur sixième Beatle qui joue avec un autre groupe de Liverpool. Mais c’est surtout là qu’ils vont comprendre le contact avec le public mieux que leurs semblables british et développer leur art comme personne, faisant d’eux le groupe de scène le plus phénoménal qu’on ait vu, suscitant des émotions dans le public féminin comme plus jamais on en verra. Non, vraiment, quand quatre ans plus tard, les Beatles débarquent à New York, aucun Américain n’a vu et entendu jouer LEUR musique comme le font les Beatles. C’est sauvage, le public exulte, leurs parents sont horrifiés.
On ne saura jamais qui a franchement fait fonctionner l’autre. Est-ce le film The Breakfast Club qui a fait vendre autant de disques à Simple Minds qui en signe le générique ou bien les jeunes sont-ils allés au cinéma parce qu’ils ont entendu la chanson à la radio ou vu le clip à la télé ? Les deux évidemment. En tout cas, l’association du groupe new wave écossais et d’un cinéaste américain, très fan de leur son, a parfaitement fonctionné. Au-delà de toute attente puisque le film rapporte cinquante fois la mise de départ.Ainsi quand en pleine tournée promo pour le nouvel album en France, Jim Kerr reçoit un appel dans sa chambre d’hôtel, il ne sait pas quoi répondre à sa firme de disques quand elle lui annonce que le single est N°1 aux Etats-Unis. La nouvelle pour celui qui se considère toujours comme un petit gars de Glasgow est énorme. Jim raccroche : tu es numéro UN en Amérique, comme les Beatles 20 ans plus tôt, ils étaient les premiers Britanniques, mais aussi comme dans la chanson de Frank Sinatra. C’est un feu d’artifice dans sa tête. Mais voilà, il est six heures de l’après-midi, et Jim est seul dans sa chambre. Il est le seul des Simple Minds à l’hôtel d’ailleurs. Pas de GSM à l’époque. Que faire ? Il faut fêter ça ! Et bien que Jim ne boive pas, ce qui pour un Ecossais est assez rare, je vous l’accorde, il descend au bar.Ouvrez-moi une bouteille de champagne ? Vraiment ? Quel champagne ?J’en sais rien, du bon !Ah on fête quelque chose, là. Combien de verres ?Euh, un. Je fais partie du groupe de rock qui est descendu dans votre hôtel et je viens d’apprendre qu’on est N°1 aux États-Unis.Évidemment, pompette dès le premier verre. Jim est complètement jeté dès le troisième et lance un franc Mettez un verre à cet homme, dès qu’un mec entre dans le bar. Ah ben oui, c’est pas rien d’être devenu Frank Sinatra du jour au lendemain, faut assurer. Et même si personne ne le croit ce soir-là, s’il s’est ruiné en addition, et même si le lendemain tous ses cheveux se sont mis à pousser à l’intérieur du crâne, comme Jim l’a dit, N°1 aux USA, il fallait que ce soit fait.Quelques mois plus tard sort l’album Once Upon A Time, déjà le septième pour Simple Minds, mais le premier sur lequel ils alignent cinq hits et se mettent à vendre des millions de disques, avec toutefois, des chansons engagées, comme leurs copains de U2. Tenez, celle-ci qui parle des femmes polonaises dont les maris, opposants à la Russie soviétique, ont disparu depuis longtemps sans laisser de traces, n’est pas des moindres.
Pour tous ceux qui ont connu le début des années 80, le nom de Simple Minds occupe sûrement une place particulière. Évidemment, on n’était pas des milliers en mars 82 et 84 à l’Ancienne Belgique, alors le temple de la New Wave avec le Beursschouwburg. Mais l’ambiance y était. Par contre, on était des dizaines de milliers en 83 à Torhout et Werchter. Les examens étaient finis et les vacances commençaient avec U2, l’après-midi, et Simple Minds qui concluaient la soirée, juste avant la tête d’affiche, Peter Gabriel. Les Minds n’avaient alors jamais joué devant un public aussi nombreux, et c’était chez nous. Jim Kerr ne portait pas encore les pantalons comme des oreilles d’éléphant qu’il allait arborer deux ans plus tard sur la scène du Live Aid, le plus grand festival de tous les temps. Il était alors la plus crédible incarnation du nouveau David Bowie, celui que toute la New Wave imitait de Depeche Mode à Duran Duran, en passant par Gary Numan. Mais Jim Kerr n’imitait pas Bowie. Il adoptait une attitude particulière sur scène, tous les yeux étaient focalisés sur lui, un charisme dingue, on n’avait plus vu ça … ben, depuis David Bowie.Et il faut bien ça. Car autant U2 est un groupe dont on identifie très bien depuis le début, ses quatre membres, autant on s’y perd avec Simple Minds. Ils changent de personnel quasiment à chaque album, voire single. Et comme ils ont sorti sept 33 Tours en l’espace de six ans, ça fait du mouvement. Non, vraiment, de Simple Minds on ne retient que Jim Kerr, et puis le guitariste Charlie Burchill, le seul à être aussi présent depuis le début. Mais bon, ça le fait d’avoir un poster de Simple Minds dans sa chambre ou son kot, au début des années 80. Ce nom étrange et ces images insolites qui servent de pochette à leurs 30 cm, ça vous pose un max devant les copains et les copains des copains. C’est branché, Simple Minds ! Alors comme à l'époque, il n’y a pas internet, y a des gars qui prétendent que ça veut dire les “simples d’esprits”. Sauf qu’en anglais on place l’adjectif avant le nom, et donc, ça fait “esprits simples”.OK, ça reste pas beaucoup plus valorisant. Sauf que, et on y revient, ça vient d’une chanson de David Bowie. Oui, dans Jean Genie, époque Ziggy Stardust … et dans le contexte, ça correspond tellement bien à la mentalité des Ecossais qu’ils sont. C’est vrai, quand vous entrez dans un pub en Ecosse, vous ne restez pas seuls, on vit ensemble, et on chante à tue-tête le vendredi soir avec le gars qui vient jouer avec sa guitare pour mettre l’ambiance. Sept ans après avoir choisi ce nom, les Simple Minds sont bien loin de l’arrière-salle de leur pub de Glasgow, ils sont sur le toit du monde parmi les groupes britanniques qui vendent le plus de disques, avec Dire Straits, Queen et Duran Duran …
C’est l’époque qui voulait ça, dans les années 80, énormément de mythes circulaient à propos des groupes, chanteurs et chanteuses. On n’avait rien sous la main pour vérifier ce que des gars disaient à propos d’untel ou untel, les articles étaient rares dans la presse et les journalistes des magazines spécialisés étaient souvent logés à la même enseigne que leurs lecteurs. En clair, on ne savait rien des mecs qu’on écoutait en boucle, à part ce qui était écrit sur les pochettes de leurs disques. Alors, un groupe comme Simple Minds, vous pensez si on en a entendu au milieu des années 80. Tenez, à propos de leur énorme tube de l’été 85, Don’t you forget about me … ben la chanson n’est pas d’eux. Ah bon ? Vérification faite sur le disque, ben ouais. Merde, c’est Keith Forsey. En résumé, c’est un transfuge, un british venu du monde crypto rock allemand des années 70 qui devient le batteur de Donna Summer mais produit aussi Billy Idol, puis écrit des musiques sur la BO de Flashdance et Ghostbusters. Et justement il est approché par une jeune cinéaste américain pour un projet nommé The Breakfast Club. Ça raconte le samedi de quelques ados en retenue dans leur école. Et comme ce cinéaste est fan de New Wave british, il veut Simple Minds.Les gars écoutent la chanson, mais non. On veut bien en faire une mais on l’écrit nous-mêmes. Mais leur manager étant convaincu que le générique d’un film américain, c’est bien pour percer le marché, il insiste et leur fait voir une copie du film … A la sortie, ça reste non. Qu’est-ce qu’on en a à foutre des problèmes d’étudiants amerloques. C’est quoi ces heures de retenue ? Ça n'existe pas chez nous, en Écosse. Bon, OK, on se rend. Keith Forsey et John Hugues approchent Billy Idol mais c’est non aussi, il fait un alors un carton monstre, et puis Bryan Ferry mais là encore, pas de bol, il sort disque sur disque solo et ne tient pas à embrouiller les cartes. Alors qui ?Et là, il se trouve quelqu’un à qui la chanson a plu. C’est Chrissie Hynde, la chanteuse des Pretenders. Et qui est depuis peu la femme de Jim Kerr. Et ce que femme veut … Bref, les Simple Minds se retrouvent avec Keith Forsey. Fais voir un peu ta chanson … ouais pas mal. Écoute, on va la faire mais je vais changer les paroles au début et à la fin OK ? A-t-il manqué de temps ? En tout cas, le jour de l'enregistrement, Jim Kerr envoie un hey Hey Hey au début et des Lalalalala à la fin. Je vais combler après, dit-il, je reviendrai. Jim ne reviendra pas, la chanson sortira comme ça et bingo. C’est les gimmicks que tout le monde a retenu, et aussi le premier et dernier numéro 1 de Simple Minds aux États-Unis. Alors, on va l’ajouter sur le nouvel album finalement, qui sort fin de l’année 1985.
Il y a quarante ans exactement, beaucoup d’entre nous se faisaient une fête d’aller chez le disquaire acheter le nouvel album de Simple Minds, ou l’un de ses cinq singles qui ont tous fait un tube … Ah oui, album de platine en Belgique quand même. Là, on a largement débordé du cadre des fans de New Wave pure et dure qui suivaient le mouvement depuis maintenant six ans. En Grande-Bretagne, c’est carrément trois fois platine, 900.000 albums pour un pays alors de moins de 60 millions d’habitants et aux États-Unis, ça démarre vraiment pour eux avec un demi-million.Évidemment, le générique final d’un certain film y est pour quelque chose … et bien sûr les têtes d’affiche du Festival Torhout Werchter aussi, avec leurs demi-frères de U2. C’est bien simple, U2 et Simple Minds sont alors les deux noms que tout le monde cite quand on parle de New Wave. Il est déjà loin le temps où les Simple Minds étaient un groupe punk rock de Glasgow qui se faisaient appeler Johnny and the self abusers, très loin cette voix cavernale, quasiment d’outre tombe de Jim Kerr qui annonaient des paroles avec toute la joie d’une homélie funèbre. D’ailleurs combien d’entre vous n’ont pas entendu des copains ou copines dire à l’époque : Simple Minds, je les préférais avant, quand ils faisaient de la New Wave. Maintenant, c’est du commercial, ils ont vendu leur âme au dieu dollar.Ah ben oui, c’était ça, aussi, les années 80. Si vous étiez vraiment rock, vous ne mettiez pas un pied à Champs Élysées ou chez Jacques Martin. Un certain Philippe Manoeuvre dans les Enfants du rock le samedi, tard le soir, était là pour blâmer tout ce qui était formaté pour le grand public. Et c’est vrai qu’on a tous été étonnés quand en 1981, on a entendu le nouveau 45 Tours de Simple Minds sur les longues ondes des radios périphériques françaises, c’était juste improbable … Mais voilà, les temps changent, les années 80 sont les années 45 Tours et vidéoclips. Genesis et Queen sont devenus les rois du single, alors pourquoi pas Simple Minds. Car il faut leur laisser ça, aux Minds, quand on écoute leurs disques, on ne peut pas dire qu’ils ont troqué leurs instruments pour plaire aux fans de variétés françaises, ça envoie toujours. Ça envoie même plus qu’avant. Il faut dire que le producteur de leur nouveau disque est un gars qui a fait ses armes sur les premiers albums de Bruce Springsteen, produit le premier tube mondial de Patti Smith … ainsi que, l’année précédente, l’album live de U2, qui a révélé le groupe au public rock américain via MTV … Et franchement, ce titre, depuis quarante ans, on ne s’en est jamais lassé …
Les années 80, ça nous plaît, hein. La bonne musique funky, la pop électro, les synthés, la liberté de ton, la grosse éclate permanente. Franchement, on a vécu pire comme décennie, et probablement pas mieux. En 1985, on était au beau milieu du parcours et franchement, si on nous avait dit que cela n’allait pas durer ainsi, on se serait tous mis à freiner des quatre fers pour y rester le plus longtemps possible. Et donc aujourd’hui, un tas de gens nous disent tout le bien qu’ils pensent de ces années 80 même s’ils n’étaient pas nés ou étaient haut comme trois pommes, et encore, seulement à la fin. Et donc, je peux vous dire que les vivre, c’était quelque chose. Tenez 1985, on nous bassine toujours, et à raison, le même Live Aid mais grands dieux, il ne s’est pas passé que ça. 1985, c’est l’année du triomphe sans précédent de Dire Straits, quatre hits phénoménaux sur le même album … l’année où le Thriller de Michael Jackson atteint les 42 millions ‘exemplaires … du retour phénoménal de Kate Bush … et où Phil Collins règne sans partage sur le métier du disque … 1985, c’est bien l’album Positif de Jean-Jacques Goldman … du premier album de Jeanne Mas … Serge Gainsbourg remplit le Casino de Paris, Luc Besson débarque avec son ovni Subway, et puisqu’on parle cinéma, on court voir par millions Trois hommes et un couffin, Rambo II, Retour vers le futur, Out of Africa et un film pour ados, avec des ados, intitulé The breakfast Club.Pour nous, en Europe, et surtout en Belgique, le mec qui chante le générique final, on le connaissait déjà depuis des années, c’est Jim Kerr de Simple Minds. Mais pour la plupart des Américains, c’est une découverte qui vaut au groupe leader de la New Wave de faire une improbable percée dans ce pays où le son de cette musique ne s’est pas encore vraiment imposé. Le succès énorme et surprise du single vaut à Simple Minds d’être du bon côté de l’Atlantique le jour du Live Aid, à Philadelphie. Ah ben oui, quand U2 fait ce qui est pour nous, sa légendaire prestation sur la scène de Wembley vers 17.15, il est 9.15 à Los Angeles. Pas évident d’être devant sa télé. Tandis que pour Simple Minds, il est 14.00, un jour de week-end. Tout est dit. Alors justement, l’album que le groupe doit sortir à l’automne, pas question de le rater ; il est d’autant plus attendu que la prestation de Jim Kerr a été remarquée au Live Aid. Ah, il sort du lot, le gars, il a une attitude particulière, bien rodée par des années de succès à travers l’Europe. Et de fait, ce septième album de Simple Minds, qui s’intitule Once Upon A Time, je ne dois pas vous traduire, c’est le Purple Rain de Simple Minds : non seulement celui qui se vendra le plus, grâce au marché américain, mais aussi le meilleur d’un groupe qui nous en avait pourtant déjà sorti de solides. Quarante ans plus tard, avec ses cinq tubes devenus des classiques, il marque d’une pierre blanche le milieu d’une décennie d’exception. Car parmi tant d’autres chefs d'œuvres inoxydables parus cette année-là, il est le révélateur du fait que jamais la musique pop n’a atteint un tel niveau de qualité et de production. Et quand on mettait l’album sur la platine, il commençait comme ceci …
C’est sûr, la disparition de Rick Davies a ému des millions de gens lors de cette rentrée 2025. Le 6 septembre au soir, beaucoup d’albums de Supertramp dont il est le fondateur, le claviériste et la seconde voix, ont dû tourner sur des platines et des plateformes. Que de souvenirs ! Et quelle voix particulière ! Quand en 1969, il croise un milliardaire hollandais qui lui promet de le produire s’il monte un nouveau groupe, Rick Davies, 25 ans, a déjà vécu beaucoup de choses. Adolescent, il avait monté son premier rock band dans son Swindon natal, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Comme disait sa mère, la musique est la seule chose dans laquelle Rick était bon à l’école ...
La nouvelle de la disparition de Robert Redford, à l’âge de 88 ans, a ravivé bien des souvenirs et des braises encore rouges dans l’âtre de nombreux cœurs. Et, là, en cette soirée du 18 août 2025, des images reviennent : ses cheveux blonds, son regard d’acier, son sourire de soleil californien, et cette élégance un peu mélancolique. Butch Cassidy et le Kid, L’Arnaque, Out of Africa, Nos plus belles années, Les hommes du président sont reprogrammés les jours suivants à la télé, sur les plateformes, car Redford, c’était le cinéma américain dans tout ce qu’il avait de plus noble et de plus photogénique.Car oui, d’où lui vient cette distance avec le cinéma hollywoodien, lui qui est né à Santa Monica, Los Angeles, en plein âge d’or du cinéma américain ? Peut-être ses origines puisqu’il est un des descendants d’un des pionniers de l’Amérique, le huguenot wallon Philippe de Lannoye, jeune aristocrate de l’actuelle frontière belgo-française, alors territoire des Pays-Bas. Le tout s’est mélangé au fil des générations à du sang anglais, écossais, irlandais. Alors on ne s’étonne pas de croiser des peintres qui l’ont croisé ou fréquenté dans les écoles d’art de Paris, Florence au cours des années 50.De retour aux Etats-Unis, Robert se fixe à New York où il étudie à l’académie américaine d’arts dramatiques. Broadway n’est pas loin, c’est une évidence, il convainc dès ses débuts en 1959 et enchaîne les pièces, trouvant le succès deux ans plus tard dans Sunday in New York puis Barefoot in the park, trois saisons à guichets fermés qui lui valent d’attirer l’attention de réalisateurs comme Sidney Pollack, George Roy Hill. Tous voient en lui ce mélange unique de virilité et de doute, d’homme fort et vulnérable, loin des clichés de John Wayne. Et quand il forme son duo avec Paul Newman dans Butch Cassidy et le Kid, c’est l’explosion médiatique. Le public ne voit plus un “joli garçon”, mais l’ami qu’on rêve d’avoir, le type loyal, silencieux, un peu insaisissable. Pas comme Steve McQueen, hein, Redford, c’est autre chose.Car il sera et est resté aussi celui qui aura refusé, malgré l’accumulation de triomphes cinématographiques, son star system. Il a ainsi fondé son festival de Sundance pour soutenir le cinéma indépendant, et continué à défendre des causes environnementales pendant plus de cinquante ans. Robert Redford, c’est au fond, l’homme sauvage qui n’a jamais voulu être une star. Pas loin de celui qu’il interprète admirablement dans Out of Africa. Et quand on lui demande s’il regrette d’avoir été réduit à sa beauté, son physique, il répond : “Je n’ai jamais compris pourquoi on me trouvait beau. J’ai toujours eu l’impression de devoir le mériter.” Et c’est parce qu’il le mérite qu’on n’en a pas fini avec ces gens, jeunes ou pas, qui découvrent ses films dans le monde.
Le 9 février 2025, la nouvelle tombe, triste, comme on en a désormais pris l’habitude avec une certaine résignation : Nicole Croisille nous a quittés à l’âge de 88 ans. Et, tout de suite, cette voix revient. Ce timbre chaud, reconnaissable entre mille, celui qui vous caresse autant qu’il vous transperce. Mais avant d’être “la” voix d’Un homme et une femme, Nicole Croisille a connu mille vies ...
Le 30 janvier 2025, on avait appris la triste nouvelle de la disparition de Marianne Faithfull, à l’âge de 78 ans. On la pensait oubliée et pourtant, toute la toile s’était éclairée d’images prouvant que la petite princesse des années 60 et son comeback retentissant au début de la new wave avait laissé une empreinte indélébile dans beaucoup de vies. Alors pourquoi ne pas retourner, l’espace d’une soirée, assister à un de ces moments qui ont compté énormément dans la légende de notre pop culture ...
Le 17 mars 2025, nous avons appris la disparition de Richard Chamberlain, à l’âge de 90 ans. Et tout de suite, une génération entière s’est revue, adolescente ou pas, le cœur battant devant ce sourire parfait sur le petit écran regardant la mini-série Les oiseaux se cachent pour mourir et Shogun. Car c’est aussi ça, la légende des années 80 ...
Nous n’y étions pas mais les raconteurs d’anecdotes n’arrêtent pas de nous dire que la première chanson diffusée par MTV fut Video Killed the Radio Stars. C’est un peu court, jeune homme, dirait Cyrano de Bergerac. Et comme nous avons dû attendre les années 90 avant de recevoir MTV chez nous, cette première journée de MTV, je m’en vais vous la raconter grâce à notre machine à remonter le temps, ça vaut le voyage. Nous sommes le 1er août 1981 dans le New Jersey. On y va ? Aujourd’hui, seuls les abonnés au câble de quelques états américains vont avoir droit à ce lancement historique d’une chaîne de télé 100% musicale et qui doit être exclusivement rock. Budget minuscule, peu de gens y croient, on a envoyé quelques communiqués de presse et placé des affiches dans les magasins de disques pour l’annoncer. Pas de panique dit le patron à ses quelques employés, y aura personne devant le poste, le premier jour. Ah ben ouais, certains membres de l’équipe se sont offusqués que la première vidéo soit celle d’un groupe anglais, les Buggles, avec un titre qui n’a même pas fait un succès aux USA. Mais avouez qu’avec un titre pareil, cette chanson s’impose pour ouvrir le programme. Et puis il y a eu le problème Neil Armstrong, le premier homme sur la Lune les a en effet menacés d’un procès s’ils utilisaient l’image de ses fameux premiers pas pour le lancement d’une chaîne privée, il a fallu bidouiller sur l’image même à la dernière minute pour éviter les ennuis. Mais bon, c’est parti. Avec les moyens du bord évidemment. C’est-à-dire un magnéto professionnel de location et certaines bandes fournies par les firmes de disques qui ne sont pas au bon format.Quant aux animateurs, les VJ, Vidéo Jockey comme on les appelle, pas de loge, ils doivent se changer dans les toilettes. On ne s’étonnera pas que la jeune animatrice de 19 ans ait gardé le même pull à l’écran toute la journée. Ah en parlant d’animer, elle a souffert : le prompteur va trop vite, pas le temps de tout lire, donc elle improvise. Et puis quand un autre animateur prend le relais, il annonce The Who You better you bet, et c’est Pat Benatar qui apparaît à l’écran, avec You Better Run. Mais c’est pas graaave, je vous dis, y a personne qui regarde. Personne, y a quand même un gars qui a appelé en disant “Arrêtez de passer des trucs zarrebis, mettez du Journey.” Il appelait d’où ? De l’Oklahoma. De l’Oklahoma ? Mince ! La secrétaire note ça sur un post-it, le premier feedback du public de MTV, qu’elle pose sur le bureau du dirlo qui n’est pas là, ce premier jour, c’est pour ça qu’il a enregistré les premiers mots prononcés à l’ouverture du canal. Bref, nous voilà à la fin de cette première journée de programme. On y est arrivé ! Il y a eu 7 enchaînements loupés, 4 écrans noirs et le magnéto a surchauffé, heureusement qu’il a supporté le vent frais d’un gros ventilateur dirigé sur lui en catastrophe. Quant au fait qu’il n’y aurait personne, ils étaient 250.000 devant leur poste à regarder ces clips nonstop. La chaîne en espère 500.000 au bout d’une année, elle passera la barre du million en neuf mois. Quant aux Buggles, ils sont repassés une seconde fois, à la fin de cette journée avec ce clip qui ouvrait un chemin inattendu à l’industrie du disque. Car non, MTV n’a pas tué les stars de la radio.
Même si elle ne date pas de cette époque, la musique acoustique a été particulièrement populaire au cours de la première partie des années nonante. C’est d’autant plus étonnant qu’on nage déjà dans l’ère électro à cause de MTV, et que c’est pourtant cette même chaîne qui va populariser l'acoustique avec un mot : Unplugged ! Le truc ? Demander à des artistes de venir jouer en live sur un plateau, leur répertoire en débranchant l'électricité de leurs instruments. Le seul courant qui doit passer est celui des micros et celui qui relie le musicien au public. Bien sûr, MTV n’invente pas le concept. Ainsi dans son célèbre show télé, Le comeback special en 1969, Elvis Presley joue une partie de son répertoire avec ses musiciens uniquement sur des guitares acoustiques. Et puis Led Zeppelin, au cours des années 70 faisait un break au milieu du concert en jouant un set tous les quatre sur des instruments acoustiques sur le devant de la scène, assis sur des tabourets. Mais bon, ici il s’agit d’une émission de télévision. Elle démarre en 1989. Au début, ça ne se bouscule pas au portillon avec des seconds couteaux, au demeurant excellents comme Squeeze, The Alarm et l’excellent Joe Walsh, guitariste des Eagles. Ça commence en fait à bouger l’année suivante avec la venue de quelques grands formats du hard rock américain comme Aerosmith mais aussi des stars telles que Hall & Oates et Elton John. Mais c’est la publication en CD de la prestation de Paul McCartney en 1991 qui donne un statut culte à l’émission. Le disque qui se nomme Official Bootleg est de plus une totale réussite de la part de l’ex-Beatle qui se réaffirme de plus en plus comme une bête de scène. Avec le passage des Cure, R.E.M., Elvis Costello et Sting, MTV Unplugged devient un rendez-vous prisé pour les artistes qui maintenant sont en demande d’y participer. Parmi les Eurythmics, Springsteen, ou Pearl Jam qui s’y produisent cette année-là, on trouve aussi Eric Clapton. Au terme de l’enregistrement, quelqu’un suggère de le sortir en CD. Clapton n’est pas chaud : il a commis quelques petites erreurs par ci par là et surtout il n’y croit absolument pas. Qui va acheter ça ? Warner, sa firme de disques, n'y croit pas non plus. Mais enfin, Clapton n’a pas sorti de disque depuis trois ans et ça commence à faire long. On en vendra toujours aux fans.Unplugged figure aujourd’hui parmi les albums les plus vendus de tous les temps. Le succès a été immédiat : N°1 dans beaucoup de pays, multi platine, il se vend rien qu’aux Etats-Unis à 10 millions d’exemplaires faisant la fortune de Clapton et donnant à l’émission un statut de reine. Les grands moments vont alors se multiplier comme les passages de Bob Dylan et de Nirvana, la reformation des Eagles et de Kiss. Mais alors que tous ces grands moments télévisés se vendent par millions en CD, l’électro prend toujours de plus en plus de place dans la programmation de MTV, il faut dire que cette musique mise pleinement sur l’image.
En 2001, on n’a pas eu droit à une odyssée de l’espace mais à la mue de MTV. En effet, le Musical de MTV est de moins en moins visible face à la montée de la télé-réalité sur son antenne. Mais bon, il reste encore de la zikmu comme dans la très populaire émission Total Request Live qui réunit l’après-midi deux millions de téléspectateurs pour regarder les clips les plus demandés par téléphone, et déjà, par internet.Mais ce 2 avril 2001, son animateur Carson Daly, va vivre quelques moments de solitude. En effet vers 15h27, au lieu d'un bon clip pop, l'écran vire au noir, et boom, apparaît Johnny Knoxville, l'un des piliers de Jackass, l’émission de cascades absurdes lancée quelques mois plus tôt. Et que voit-on, cette bourrique de Knoxville se faire électrocuter avec un Taser de 50.000 volts. Il tombe dans les pommes durant quelques secondes interminables, sans avertissement préalable, rien. Le clip enchaîne sur Steve-O, un autre sociétaire de l’émission qui avale un poisson rouge vivant, avant de le recracher. Le poisson vit toujours, ok, mais qu’est-ce que c’est que ce truc de dingues ? Et ben, les créateurs de Jackass ont glissé ces extraits dans la rotation de TRL pour booster l’audience de leur émission en soirée, sans prévenir la régie MTV, pensant que ça passerait dans le flux. Panique immédiate à la maison-mère de MTV, les plaintes affluent, 400 appels en deux minutes au standard, dont beaucoup de parents furieux. Le CSA américain, reçoit, lui, douze signalements en cinq minutes, un record pour un après-midi. Carson Daly, rouge vif, apparaît à l'antenne : "Euh… c'était Jackass. On revient après la pub." Une pub pour des céréales pour les mômes, la totale. Pendant ce temps, le big boss de MTV Networks reçoit un coup de fil de celui de Nickelodeon qui partage son signal sur le câble : "Vos tarés polluent mon réseau familial !" Le VJ et la régie improvisent : ils ajoutent un bandeau géant disant "Ne faites pas ça chez vous", mais c’est trop tard pour les scènes déjà passées comme celle du gars se faisant mordre par un alligator ou celui poursuivi par un taureau en string. L'audience explose à 4,2 millions de téléspectateurs, un record pour TRL, mais de très gros annonceurs retirent leurs campagnes, et un sénateur menace d'une enquête fédérale.En réunion d'urgence, MTV hésite à tout stopper. Knoxville et l'équipe menacent de claquer la porte si on censure. Jackass survit, mais avec des avertissements obligatoires. Ironie du sort, cette diffusion sauvage booste l'émission (+40 % d'audience les jours suivants), il y aura même un film au cinéma, puis d’autres. Cette journée marque le pic du "chaos créatif" de MTV : un pari risqué où on a frôlé la catastrophe mais qui a immortalisé Jackass comme un phénomène de la contre-culture, aujourd’hui bien dépassé par toutes les gamelles qu’on regarde sur Youtube. Pendant ce temps, cette année-là, y avait la chanson de la B.O. de Moulin Rouge qui passait sur MTV.
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