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Le choix musical de RFI

Le choix musical de RFI
Author: RFI
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© France Médias Monde
Description
Du lundi au vendredi, chaque matin, un journaliste vous parle des artistes qui font l’actualité des musiques de l’espace francophone, de l’Afrique et de ses diasporas. Vous pourrez y entendre plus largement des musiques du monde et du Sud, des musiques actuelles et urbaines qui sont au cœur de l’identité de RFI.
Diffusion 8h50, heure de Paris, 7h50 TU.
456 Episodes
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Le Festival Jazz à la Villette bat son plein à Paris avec – à l'affiche ce 5 septembre 2025 – l'inclassable Jacob Banks. Ce chanteur, auteur-compositeur et producteur britannique de 34 ans né au Nigéria présente son quatrième album Yonder : 15 titres et presque autant de styles.
La batteuse et compositrice française Anne Paceo sort un tout nouvel album, Atlantis. Un opus inspiré de la légende de l’île mythique, gigantesque et mystérieuse, que Poséidon aurait reçue lors du partage du monde entre les dieux, avant d’être engloutie par les flots en raison de la corruption et du matérialisme de ses habitants. Au cœur de cet album, une révélation personnelle pour Anne Paceo : la plongée sous-marine. Atlantis est un album né dans l’eau et construit autour de cet élément. Chaque immersion sous-marine a fait jaillir de nouvelles mélodies dans la tête d'Anne Paceo, dès son retour à la surface. Les treize titres qui le composent forment un subtil mélange de genres. Le jazz, terreau d'Anne Paceo, y est revisité avec une ambition pop, à travers des mélodies accrocheuses et un mixage soigné. La batteuse s'amuse avec des structures répétitives qui frôlent la transe, laissant une place grandissante à la musique électro. Malgré cette diversité, l’album reste très homogène, notamment grâce à la cohésion entre les différents musiciens qui accompagnent Anne Paceo : Gildaa, Cynthia Abraham, Laura Cahen et Piers Faccini au chant, Christophe Panzani au saxophone, Zacharie Ksyk à la trompette, Gauthier Toux au piano et Oxy aux claviers. « Je suis allée chercher des musiciens et des musiciennes qui appartiennent à la génération d'après moi. Je trouve que la génération des artistes âgés de 20 à 30 ans aujourd’hui possède vraiment cette connaissance du jazz, mais aussi de l'électro et de la pop. J'écoute toutes ces musiques et je cherche à m'inscrire dans cette direction depuis fort longtemps. J'ai l'impression que la génération actuelle s'en est vraiment emparée ! » se réjouit-elle. Anne Paceo présentera ce nouvel album ce jeudi 4 septembre 2025, à Paris, dans le cadre du festival Jazz à la Villette.
Yvonnick Prené, l’un des meilleurs harmonicistes de sa génération, sort ce vendredi 5 septembre son nouvel album Un harmonica pour Django. Ce Français qui vit à New York depuis 2007 rend hommage à Django Reinhardt, guitariste exceptionnel qui a inventé et popularisé le style jazz manouche à partir des années 1930. Jouer Django Reinhardt à l’harmonica pourrait surprendre, d’autant que ce petit instrument à vent est souvent boudé – à tort sans doute – par les musiciens de jazz manouche. « L'harmonica est un instrument qui possède un potentiel énorme, qui est parfait pour improviser sur des thèmes de jazz », explique Yvonnick Prené. C’est en 2007 que le jeune homme débarque à New York. Ce séjour qui entrait dans le cadre d’un échange entre universités devait durer un an. Au gré de ses rencontres avec les musiciens new yorkais les choses ont pris une autre tournure. « Pour moi, il était devenu impensable de retourner à Paris, explique-t-il. J’ai demandé une prolongation de mon séjour d’un mois, puis deux, puis de six mois... Finalement, cela fait 18 ans que je vis ici. Les premières années ont été assez difficiles : je n’étais pas un jazzman aguerri, il a fallu que je travaille énormément. » Pour cet album, Yvonnick Prené, s’est entouré de quelques-uns des meilleurs représentants de la scène jazz manouche française : Adrien Moignard à la guitare solo, Mathieu Chatelain à la guitare rythmique, Diego Imbert à la contrebasse, et en invité exceptionnel sur plusieurs morceaux le légendaire guitariste Biréli Lagrène.
Myd, le DJ qui avait ouvert la cérémonie des paralympiques à l'été 2024 à Paris, drapé dans un drapeau tricolore, revient avec un deuxième album intitulé Mydnight. Un hommage au dancefloor et un retour aux sources pour celui qui fait figure de digne hériter des Daft Punk. On l'avait quitté l'an dernier drapé d'un immense drapeau tricolore, alors qu'il lançait la cérémonie des jeux paralympiques, Myd le nouveau maitre de la French touch version club propose un nouvel album intitulé Mydnight. Mot valise que l'on pourrait traduire par « la nuit de Myd ». Le Lillois de naissance revient aux sources de ce qu'il aime, la musique club et le dancefloor où tout n'est pas seulement une question de BPM (battements par minute) mais d'abord d'inspiration. Pour ce projet, il s'est replongé dans ses souvenirs de jeunesse et rend hommage à ses maîtres à penser comme The Prodigy et les Daft Punk. Pour autant, le DJ qui possède un talent rare pour mélanger les samples et les textures sonores convoque diverses influences. Comme celle de Trueno, le maitre argentin du Trap et l'adepte de la house down tempo, l'américain Channel Tres. Un univers musical riche et varié où l'on pourrait facilement se perdre, mais Myd possède suffisamment d'expérience pour éviter l'égarement. Il le doit à son côté « touche à tout » qui l'a conduit à produire des vidéos clips, mais aussi des bandes sons pour le cinéma. Celui qui est ingé-son diplômé de la prestigieuse école de cinéma parisienne, la Fémis, ne se refuse aucune audace, y compris celle de la pop acidulée comme sur le titre « 9AM » où apparait l'Italienne Calcutta. Mydnight est un hymne à la danse particulièrement festif. Une longue nuit d'ivresse au sein d'un club mondialisé où minuit marque le début d'une nouvelle aube. Mydnight Myd (Ed Banger Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Elle était quasiment muette depuis cinq ans, Tiwa Savage revient avec This One Is Personal, un album qui comme son nom l'indique est personnel et intime. Musicalement, la plus Londonienne des nigérianes a peaufiné des mélodies sophistiquées et suaves. Ce n'est pas un hasard si Tiwa Savage a un phénix tatoué dans le cou. La star nigériane de 45 ans est en pleine résurrection. Après cinq années de silence, entrecoupées de deux moyens formats à oublier, elle revient avec This One Is Personal. Album intimiste, où elle parle essentiellement d'elle et de ses blessures guéries ou non. Si l'on frôle souvent le nombrilisme, on le fait sourire aux lèvres, surtout quand la star évoque ses addictions amoureuses. Tiwa Savage a apporté un soin particulier à cet album, enregistré à la fois à Londres, Lagos et Nashville aux États-Unis. Elle a aussi volontairement limité les collaborations. Le Nigerian Taves et notamment le londonien Skepta, maitre du grim vitaminé, apportent un peu de punch à un ensemble plutôt suave. La production de l'album est particulièrement soignée. Le mix r'n'b et afrobeats qui est sa marque de fabrique emporte autant qu'il séduit. This One Is Personal Tiwa Savage (Everything Savage / Empire) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Les adeptes de la soul music connaissent depuis quelques années la tessiture de sa voix et la sophistication de ses compositions. Les autres découvriront à l'occasion du festival Jazz à la Villette les nombreux talents de ce jeune américain établi à Londres. Jalen Ngonda est un pur bijou de la musique soul. Jalen Ngonda, c'est d'abord un falsetto impressionnant. Une voix de tête rendue aigüe par une technique particulière dont furent adeptes en leur temps des artistes comme Papa Wemba pour ne citer que lui. C'est ensuite une musique envoûtante venue des tréfonds de l'Amérique afrodescendante des années 1970, la soul music, dans sa version Motown. Le jeune américain qui a trente ans est tombé tout petit dans le bac à disque de son papa qui a eu la bonne idée de l'y laisser patauger à son aise. À 14 ans, Jalen Ngonda écrit ses premières chansons. Depuis, il creuse son sillon dans les traces de Curtis Mayfield, Marvin Gaye ou son groupe fétiche The Temptation. Né aux États-Unis dans l'état du Maryland, il apprend très jeune le violon, la guitare, l'orgue, et chante dans le chœur de l'église locale. Puis il déménage pour l'Angleterre, à Liverpool plus précisément pour perfectionner sa technique vocale à l'Institut For Performing Arts. Il commence ensuite à frapper aux portes des festivals et se fait repérer par une star, Lauryn Hill (ex-chanteuse des Fugees) qui lui confie ses premières parties. En 2020, c'est la rencontre avec Daptone Records. Le Label newyorkais spécialisé dans la soul music a vite compris qu'il tenait là une pépite. Come around and love me Jalen Ngonda (Daptone Records) 2023 Facebook / Instagram / YouTube
La chanteuse lyonnaise Célia Kameni, révélée dans les grands ensembles jazz et soul, franchit une nouvelle étape avec Méduse, son premier EP solo. Entre fragilité assumée et intensité déconcertante, elle y signe des titres intimes et poétiques, portés par une production soignée et un casting de haut vol. Longtemps associée à la scène jazz, Célia Kameni s’est imposée par sa présence et son interprétation au sein du big band Bigre!, mais aussi aux côtés d’artistes de renom comme Erik Truffaz, Yaël Naim ou encore Manu Katché. Forte de ces collaborations, la chanteuse d’origine camerounaise choisit aujourd’hui de se dévoiler en solo, avec un projet résolument personnel. Composé de quatre titres, Méduse marque le début d'une nouvelle voie : « Pendant longtemps, j’ai été une artiste qui collaborait avec des gens […] Je sentais qu’il y avait une part très sincère de moi qui n’avait pas encore de voix », confie-t-elle. Ce premier disque, à la fois poétique et introspectif, lui permet enfin d’exprimer toutes les facettes de son identité artistique, au-delà des étiquettes. Une voix singulière portée par des collaborations prestigieuses Accompagnée à l’écriture par Yaël Naim et Sarah Mikovski, à la production par LaBlue, et entourée de musiciens proches, Célia Kameni propose un opus d’une rare intensité. Sa voix, tour à tour puissante et fragile, se mêle à une vibration soul et à une énergie aérienne, rappelant les univers de Björk, James Blake ou encore Radiohead. Le titre du projet, « Méduse », symbolise cette dualité : « C’est l’image de l’extrême fragilité apparente et aussi de la force, de la puissance qui peut être mortelle », explique-t-elle. Cette ambivalence traverse l’EP, où chaque morceau dévoile un peu plus de son intimité et de sa sensibilité. Disponible sur toutes les plateformes, Méduse s’annonce déjà comme une belle promesse pour la scène soul/jazz française. Célia Kameni se produira en concert à Paris, aux Étoiles, le 25 septembre. Son titre « Used » figure déjà en playlist sur RFI.
Des Balkans à la musique country en passant par l'Orient. Le groupe français Aälma Dili, c'est un quatuor qui emporte son public. Ambiance garantie en concert. Né en 2011, en banlieue parisienne, il est mené par Emilio Castiello qui a élu domicile près de l'océan, en Bretagne, où le groupe vient de terminer une tournée avant plusieurs dates en cette rentrée en région parisienne. Le groupe français Aälma Dili séduit par sa capacité à faire voyager son public à travers une mosaïque d’influences musicales. Fondé en 2011 en banlieue parisienne, ce quatuor emmené par Emilio Castiello puise dans les sonorités des Balkans, de la country et de l’Orient pour composer des morceaux entraînants tels que « Caravan Petrol ». Héritier d’une tradition familiale, Emilio Castiello a grandi au contact de la musique tzigane, son père François ayant été membre du groupe Bratsch, célèbre pour ses alliances de jazz, de musique yiddish et arménienne. Aujourd’hui installé dans le Finistère nord, le groupe vient de clôturer une tournée bretonne avant de retrouver son public en région parisienne à la rentrée. Un répertoire poétique et métissé Aälma Dili ne se contente pas de mélanger les genres : le groupe s’illustre également par la richesse de ses textes, à l’image de la chanson « Maria Kalash », où poésie et humour s’entremêlent. Cette liberté créative se manifeste aussi dans leur façon de marier la musique tzigane, le western et des accents moyen-orientaux. Le morceau « Pour une poignée de dinars », clin d’œil assumé au film de Sergio Leone, en est un exemple saisissant, porté par un ensemble instrumental où violon, mandoline, contrebasse, guitare et boîte à rythmes dialoguent avec virtuosité. Le violoniste Clément Oury chante avec Emilio Castiello, qui alterne mandoline et violon avec aisance. Des concerts à venir et une énergie communicative Fidèle à sa vocation de brassage culturel, Aälma Dili propose un répertoire varié, intégrant notamment des compositions comme « Tortikolo », inspirée de la musique du Moyen-Orient. Leur titre « Fush Fush », particulièrement entraînant, illustre bien l’énergie communicative du groupe sur scène. Les amateurs pourront retrouver Aälma Dili en concert le 31 août 2025 au festival Rosa Bonheur à Tomery, en région parisienne, puis le 6 septembre à Cheverny, dans la Vallée de la Loire, à l’occasion des vendanges. Une invitation à la fête et à l’évasion, portée par la virtuosité et l’éclectisme du groupe. Fratoï Aälma Dili (Vlad Productions) 2023 Facebook / Instagram / YouTube
C'est l'un des artistes les plus prometteurs de sa génération. L'auteur, compositeur et interprète Dominic Fike, a sorti sa première mixtape intitulée Rocket. En 2016, après sa première démo, il signe chez Columbia pour une valeur de 4 millions d'euros. Depuis, l'artiste enchaîne les collaborations et représentations. En parallèle, il multiplie les rôles à l'écran, notamment dans la célèbre série Euphoria où il joue au côté de Zendaya. Cette mixtape est le projet le plus intimiste de sa discographie, elle dresse le portrait d'un artiste plein de questionnements, notamment sur sa paternité. Rocket, titre de la mixtape, est aussi le nom de son fils. Un fils que ses admirateurs ont pu découvrir sur la scène du festival Lollapalooza où il était invité début août. Ce clin d'œil à l'enfance permet de souligner que celle de Dominic Fike n'a pas été facile. Il a grandi dans une famille instable avec une mère qui enchaîne les aller-retours en prison. Très vite, il se réfugie dans la musique, à l'aide d'une guitare qu'il ne lâchera plus. Avec Rocket, Dominic Fike explore les genres, allant de la soul avec son morceau « David Lyons », jusqu'à la pop avec un titre dansant, « Sandman ». Cette mixtape introspective est aussi la quête d'un artiste pour qui la liberté musicale prime sur tout. Rocket Dominic Fike (Columbia Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Sorti au tout début de l’été, Mania est le quatrième album du rappeur bruxellois Hamza Al-Farissi, plus connu sous le surnom du H ou encore Saucegod. Avec ce projet, l’artiste prend un virage assumé vers un r'n'b canadien inspiré par son mentor spirituel Drake, porté par la mélancolie et les désillusions amoureuses. Hamza n’a pas toujours été la figure incontournable qu’il est aujourd’hui. Dès 2015, avec son premier projet H-24, il se distingue en adoptant la trap d’Atlanta, alors quasi absente de la scène francophone. Ce style, marqué par l’usage d’anglicismes et d’influences américaines, lui vaut des critiques… avant de devenir sa marque de fabrique et d’asseoir sa réputation de New Michael Jackson. Son histoire personnelle est tout aussi singulière : il commence à écrire à 14 ans, durant une période de convalescence liée à une maladie rénale. Une pratique thérapeutique qui se retrouve encore aujourd’hui dans ses morceaux les plus introspectifs de l'album. Très attendu après le succès de Sincèrement – considéré par beaucoup comme son meilleur projet, Mania a reçu un accueil en demi-teinte. Certains fans espéraient un album plus marqué par la drill, notamment après le carton du single annonciateur de l'album : « Kyky2Bondy », resté six semaines en tête des classements. Pourtant, malgré les critiques, l’album n’a rien d’un échec : 3,49 millions d’écoutes en 24 heures et un disque d’or en un mois. Une preuve qu'Hamza a désormais atteint un statut qui lui permet de surprendre, même quand il prend son public à contre-pied. Mania Hamza (Just Woke Up) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Chacune de ses apparitions en concert est un évènement. Luidji, le rappeur et chanteur parisien à la plume ciselée, est l'une des têtes d'affiche du festival Rock en Seine. L'occasion pour ceux qui ne le connaissent pas de découvrir la virtuosité de ses compositions et la poésie de ses textes. « Suis-je un homme ou juste une somme de problèmes existentiels ? », s'interroge Luidji sur le titre « Joueur 1 ». Une question loin d'être anodine chez ce chanteur qui cultive l'introspection et l'art de l'intime avec une puissante délicatesse. À 34 ans – et déjà plus d'une dizaine d'années de carrière derrière lui –, le chanteur né en banlieue parisienne dans une famille d'origine haïtienne est parvenu à imposer un style original, tout en demeurant le plus indépendant possible. Il a fondé son propre label et évolue en marge des grosses écuries du showbizness. Ses compositions, élaborées avec son complice le beatmaker Ryan Koffi, s'autorisent tous les détours musicaux possibles. De la chanson traditionnelle, à la soul, en passant par le r'n'b, le rap. Violons et piano donnant une ampleur organique aux rythmes électroniques. Luidji a sorti un live en novembre 2024, Tristesse Business Final Tour. Les années précédentes, il s'était fait remarquer avec deux albums encensés par la critique, dont Saison 00, sorti en 2023, considéré comme son chef-d'œuvre. Tristesse Business Final Tour Luidji (Foufoune Palace Bonjour) 2024 Facebook / Instagram / YouTube
À 25 ans, Alemeda qui vient de signer sous le label TDE, met un coup d'accélérateur à sa carrière. Sa venue en France pour le festival Rock en Seine traduit son nouveau statut d'icône de la pop indé. Quelle musique peut-on inventer quand on est née comme Alemeda de parents éthiopiens et soudanais et que l'on a ensuite émigré aux États-Unis pour grandir à Phoenix, principale ville de l'aride et lointain Arizona ? Quelle musique vient aux oreilles lorsque vos parents bannissent cette forme d'expression et que la seule fenêtre sur ce monde merveilleux est la lucarne du petit écran ou les comédies musicales américaines ? Alemeda apporte à ces questions une réponse simple en forme de pop-rock indé tout droit venue des bans de la high school où elle a usé ses jeans. On aura beau chercher des traces d'éthio-jazz, de bolel, le blues éthiopien, ou encore de haqiba soudanaise : il n'y en a pas dans la musique d'Alemeda. Ses influences sont clairement celles de sa génération et de son pays d'adoption, à savoir une pop joyeuse, mâtinée de r'n'b et de rock indé. Son premier succès date de 2021, une ligne drum and bass sur lequel elle prétend « décolorer ses sourcils », pour reprendre le titre de ce premier single qui lui vaut une belle visibilité. Alemeda a ensuite enchainé les singles à succès avant d'être repérée par le label TDE, celui de Doechii et Kendrick Lamar. En 2024, elle a sorti son premier moyen format Fk It qui retrace l'essentiel de son parcours musical. Mais avec une notoriété grandissante, Alemeda ne compte pas s'arrêter en si bon chemin et annonce d'ores et déjà de nouveaux projets. Fk It Alemeda (Top Dawg Entertainment) 2024 Instagram / YouTube / TikTok
C'est l'une des nouvelles voix de la pop indé américaine. Sofia Isella, du haut de ses 21 ans, revisite la poésie féministe et engagée dans des mélodies mêlant rock industriel et sonorités classiques. Une découverte du dernier festival Rock en Seine. Si la Californie, en général, et Los Angeles en particulier n'ont jamais été avares en révélation pop rock, le courant actuel favorise les chanteuses introspectives et souvent mélancoliques. À l'instar de Billie Eilish, sa devancière, Sofia Isella est férue de poésie. Ses influences se nomment Anne Sexton et Sylvia Plath, autrices ayant exploré l'intimité de l'être, les ambiguïtés du corps et la masculinité toxique. Sur ce bagage poétique, Sofia Isella qui s'est d'abord formée à la musique classique et au violon, colle une musique évoluant entre rock industriel et pop indé. Repérée durant une tournée de Taylor Swift en 2024, où elle assurait la première partie, Sofia Isella s'est rapidement fait une réputation de performeuse. Après une série d'EP, elle devrait sortir avant la fin de l'année son premier album. Sofia Isella est en concert au festival Rock-en-Seine, à Paris, le mercredi 20 août. I am camera Sofia Isella (auto-produit) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Près de trente ans après sa sortie qui avait divisé les fans, Load, l’album le plus audacieux de Metallica, bénéficie d’une réédition Super Deluxe riche en inédits. L’occasion de redécouvrir un opus où les géants du metal américain osaient casser les codes, musicalement comme visuellement. Sorti en 1996, Load a marqué un véritable tournant dans l’histoire de Metallica. Le groupe, alors au sommet de sa gloire après le succès du mythique Black Album, surprend tout le monde en s'aventurant sur des terrains inattendus : influences blues, country, ballades acoustiques, et même une imagerie radicalement différente. Cheveux courts, maquillage, look soigné : Metallica s’éloigne de l’esthétique traditionnelle du metal, provoquant l’incompréhension – voire la colère – de nombreux fans. Un album introspectif et audacieux Mais la rupture ne se limite pas à l’apparence. Sur Load, les textes deviennent plus personnels et introspectifs. « King Nothing » s’attaque ainsi à la vanité du pouvoir avec une ironie mordante, tandis que « Bleeding Me » explore la douleur et la guérison intérieure. Quant à « Mama Said », ballade country inattendue, elle dévoile la vulnérabilité de James Hetfield lorsqu’il évoque sa relation avec sa mère disparue. À l’époque, le virage stylistique du groupe est loin de faire l’unanimité. L’album séduit un nouveau public, mais laisse certains fans sur le quai. Pourtant, avec le recul, Load s’impose comme une œuvre audacieuse, charnière dans la carrière du groupe, et reconnue aujourd’hui comme l’un de ses disques majeurs. La réédition Super Deluxe de Load, attendue pour 2025 chez Universal Music, propose une version remasterisée et enrichie d’inédits. Un retour sur un album qui, bien plus qu’une parenthèse, a ouvert de nouveaux horizons à Metallica et bouleversé l’histoire du metal. Load Metallica (Universal Music) 1996
Entre r'n'b, afrobeats, mais aussi hip-hop, dancehall et reggae, Odeal confirme une nouvelle fois sa maîtrise de l’art du mouvement musical alté. À l’occasion de la sortie de son nouvel album The Summer That Saved Me (« L’été qui m’a sauvé »), le Nigérian se dévoile à travers sept titres enregistrés entre Londres et Los Angeles. Globe-trotteur dans l’âme, l’été ne rime pourtant pas pour lui avec voyage, mais avec amour : une véritable ode aux relations humaines pour ce quatrième projet. Parmi les morceaux marquants de l’album, on retrouve « London Summers », « Miami » ou encore « My Heart ». Avec près de cinq millions d’auditeurs mensuels, Odeal a trouvé une véritable caisse de résonance, particulièrement auprès des populations métissées et diasporiques. Un rôle communautaire qui lui tient à cœur : il est aussi à l’initiative du collectif et label OVMBR – Our Variances Make Us Bold & Relentless (« Nos différences nous rendent audacieux et infatigables »). Né en 2017, lors d’un épisode de maladie sévère vécu comme un tournant pour l'artiste, ce collectif est devenu à la fois un collectif artistique et un label indépendant. Depuis, Odeal s'est engagé à sortir un nouveau projet chaque mois de novembre. Alors, pour découvrir la prochaine création de l’artiste, il faudra patienter jusqu’en novembre… Mais en attendant, il nous reste encore quelques semaines pour nous laisser porter par les sonorités de cet album pensé comme une bande-son, capable de nous ramener, à chaque écoute, à cet été qui nous a sauvé à notre tour. The Summer That Saved Me Odeal (OVMBR/LVRN Records) 2025
Inteira, le premier album de la Brésilienne Nina Maia ressort en version augmentée. Quatre pistes inédites supplémentaires pour enrichir un opus qui a marqué la fin de l'année 2024 et propulsé la compositrice sur le devant de la scène mondiale avec son savant dosage d'électro-pop et d'influences brésiliennes. Entre le Brésil et l'Angleterre, le cœur de Nina Maia refuse de trancher. La jeune compositrice, autrice et productrice brésilienne a été profondément marquée par une double influence. Celle de la britpop de Portishead et de Massiv Attack, d'un côté. Et celle de la musique populaire brésilienne et de la bossa nova de l'autre. Il en résulte un assemblage savamment dosé, des clins d'œils et des hommages sur son premier album Inteira, sorti en novembre dernier. L'édition Deluxe qui sort cet été propose quatre titres inédits dont un enregistré en public. Nina Maia nous gratifie aussi d'une superbe reprise d'un morceau légendaire de l'inventeur de la bossa nova, Vinicius de Moraes. « Serenata Do Adeus » (« Sérénade d'adieu »). La voix n'est pas la moindre des qualités de la brésilienne de 22 ans qui ne dépareille pas dans la longue liste des grandes chanteuses venue du Brésil. De Maria Bethânia à Astrud Gilberto en passant par Céu. Nina Maia, épaulée par son producteur et manageur Yann Dardenne, apparait sous le label Seloki records de São Paulo.
Avec La Danza, le groupe péruvien Novalima propose une vision plurielle et contemporaine de la musique afro-péruvienne. Fusionnant électro moderne, héritage africain et influences andines, ils font entendre un Pérou vivant, loin des clichés, et mettent à l’honneur la diversité de ses voix féminines. Lorsque l’on évoque la musique péruvienne, c’est souvent l’image de la flûte andine et des mélodies traditionnelles qui vient à l’esprit. Pourtant, le Pérou possède un patrimoine musical bien plus vaste, marqué par la circulation des peuples et la rencontre des cultures. Ce métissage s’illustre notamment à travers l’héritage afro-péruvien, longtemps incarné par la chanteuse Susana Baca, militante infatigable de la reconnaissance de cette mémoire collective. Depuis plus de vingt ans, Novalima s’est imposé comme l’un des groupes majeurs de la scène péruvienne contemporaine. Fondé par quatre amis dispersés aux quatre coins du monde – de Hong Kong à Lima en passant par Barcelone – le groupe partage une passion pour l’électro et un attachement profond aux racines noires du Pérou. Leur retour au pays natal marque un tournant : ils rencontrent la chanteuse Milagros Guerrero ainsi que d’autres musiciens issus de la tradition afro-péruvienne. Ensemble, ils imaginent une musique nouvelle, à la croisée des genres et des continents. Une tradition en mouvement, portée par des voix de femmes La Danza, le nouvel album de Novalima, met en avant la richesse des voix féminines. Parmi elles, la violoncelliste franco-brésilienne Dom La Nena et la flûtiste franco-cubaine La Dame Blanche, connues pour leurs univers singuliers. Leur présence sur l’album témoigne de la volonté du groupe de renouveler sans cesse son répertoire, en invitant des artistes d’horizons variés à dialoguer avec la tradition afro-péruvienne. La musique afro-péruvienne n’est pas qu’une expression de l’Afrique en Amérique du Sud. Elle incarne le brassage de trois univers : l’influence européenne des colons espagnols, la mémoire de l’esclavage africain et l’héritage des cultures andines, issues de l’ancien empire inca. Cette complexité se retrouve dans chaque morceau du groupe, oscillant entre rythmes traditionnels, sons électroniques et mélodies universelles. Novalima cultive également des liens internationaux, comme en témoignent leurs rencontres avec le trompettiste sud-africain Hugh Masekela ou le groupe congolais Jupiter & Okwess. Avec La Danza, le groupe signe un album résolument moderne et engagé, qui invite à écouter autrement le Pérou, à la découverte d’une identité musicale en perpétuelle évolution. La Danza Novalima (Six Degrees Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
Après un premier EP en 2023, Tul8Te a enchaîné les projets à un rythme impressionnant : trois albums sortis coup sur coup en 2024 (début, milieu et fin d’année). Et il ne ralentit pas : voici Narein, son tout nouvel opus. Savant mélange de chanson arabe, de r'n'b, d’indie, et de rock psychédélique. Tul8Te est un artiste à part. Lors de ses débuts dans la musique, il n’avait même pas de nom. Et aujourd’hui encore, il n’a pas de visage. Toujours masqué d’une cagoule blanche en tricot, autant dans ses clips que sur scène, il cultive un anonymat volontaire. Son message est clair : dans un monde où l’image prend souvent le pas sur le fond, il veut recentrer l’attention sur sa musique. Sa posture est radicale, politique : son apparence ne doit jamais éclipser son art. Dans Narein, Tul8Te raconte une histoire d’amour en plusieurs chapitres : de la première étincelle à la douleur de la séparation. Musicalement, c’est un savant mélange de chanson arabe, de r'n'b, d’indie, et de rock psychédélique. Dès le premier morceau, « Narein », on entre dans une ambiance sensuelle portée par des influences rumba et flamenco. Un esprit que l’on retrouve également dans « Heseeny », autre titre phare de l’album. Ces morceaux lumineux capturent l’euphorie des débuts amoureux, ces moments suspendus où rien d’autre n’existe. Une émotion qui traverse les langues et les genres Même pour les auditeurs non arabophones, la voix de Tul8Te parvient à transmettre une profonde émotion. Lorsqu’il chante dans « Heseeny » : « Tu es toute ma vie, mon amour / Je ne trouve la paix qu’avec toi / Vivons ensemble pour le reste de nos vies », on comprend que l’amour, sentiment universel, est au cœur de ce projet. La suite de l’album explore l’amour dans toutes ses nuances : celui qui dure, celui qui manque, celui qui blesse. Musicalement, après le flamenco, place à une bossa nova tout en douceur. Puis viennent des touches de disco, de jazz, d’afro house, d’amapiano… et même des rythmes inspirés de la dabka, danse traditionnelle du Levant (Liban, Palestine, Syrie, Irak). Le tout toujours fusionné avec des sonorités arabes. Malgré ces influences multiples, Tul8Te reste profondément attaché à ses racines. Il puise notamment dans l’héritage musical de la Nubie, région historique du sud de l’Égypte et du nord du Soudan, le long du Nil, pour composer « Shedeeny », un morceau aux couleurs du désert et du fleuve. Un ambassadeur discret mais percutant de la nouvelle pop arabe Tul8Te incarne une nouvelle génération d’artistes arabes : libres, hybrides, résolument modernes mais ancrés dans leur culture. Il mélange les genres avec une fluidité étonnante, sans jamais perdre de vue ses racines. Quant à son identité ? Le mystère reste entier. Des rumeurs circulent, notamment celle selon laquelle il s’agirait d’Abdullah Diab, fils d’Amr Diab ; l’icône absolue de la pop orientale des années 1990. Mais peu importe, finalement. Car une chose est sûre : masqué ou non, Tul8Te contribue à écrire un nouveau chapitre de la musique arabe contemporaine.
Face aux poisons de notre époque – les conflits, les dérèglements climatiques, l’égoïsme humain – voici un remède en musique : L’Antidote, album éponyme d’un trio hors norme. Ces trois artistes unis par la conviction que la beauté peut sauver le monde ont imaginé ce premier disque comme une réponse poétique à l’époque. Un projet qui a bien failli ne jamais voir le jour... À la base de L'Antidote, il y a le maître des rythmes persans Bijan Chemirani, percussionniste français d’origine iranienne. Au violoncelle, Redi Hasa, musicien albanais qui réinvente les traditions italiennes. Au piano, Rami Khalifé, virtuose libanais qui fait infuser son classique dans les musiques électroniques. « On s’est rencontrés tous les trois en mars 2020, juste avant que le monde ne se referme et qu’on vive cette drôle de période qu’était le confinement, se souvient Bijan Chemirani. Puis tout s’est arrêté. On ne savait pas si le projet allait reprendre un jour. C’est un producteur, curieux de voir ce que pourrait donner cette rencontre, qui nous a réunis au départ. Quelques années plus tard, il nous a rappelés et on s’est retrouvés à l’automne 2024 dans le sud de l’Italie, dans les Pouilles, dans un super studio perdu au milieu des vignes. Là, on a joué, on a improvisé, on a laissé venir les idées, en se donnant de l’espace les uns aux autres. Et surtout, on a pris un immense plaisir à "cuisiner" ensemble de la musique. » Dans cet album, les trois musiciens explorent la musique répétitive et hypnotique. Dans le titre « Nanana » par exemple, le chant devient une percussion à part entière, un clin d'œil aux traditions iraniennes et indiennes, où les rythmes se transmettent d’abord par la voix avant d’être joués. Des paysages sonores en mouvement Autre exemple, le titre « Pomegranate » est un véritable paysage poétique, sculpté note après note. « J'aime ce morceau parce qu'il est assez évocateur, raconte Bijan Chemirani. Il y a d'autres morceaux qui sont assez cinématographiques, où on s'imagine dans un train regarder les paysages défiler et celui-là en fait partie. Il y a un riff entêtant joué sur le luth, une petite mélodie simple. On a pensé à ça aussi, à avoir des formes assez directes, surtout ne pas être dans la complication mais plutôt se laisser porter par de belles mélodies. Et ce morceau, c'est ça : on est dans le train, les paysages arrivent. Il y a des envolées de piano, Redi part aussi avec son violoncelle et ça dialogue, ça circule entre nous trois. » Les trois artistes ont en commun une expérience de l’exil et un héritage culturel riche. Ils improvisent, expérimentent et entremêlent leurs racines pour composer un Orient pluriel et contemporain. Entre la science rythmique de Bijan Chemirani, le violoncelle tour à tour minimaliste et baroque de Redi Hasa, et le piano préparé de Rami Khalifé – c’est-à-dire dont le son est transformé par de petits objets glissés dans les cordes – les trois artistes créent des ambiances méditatives, ponctuées d’effets électroniques. Une musique sans frontières, pour soigner les blessures et redonner un peu d’espoir dans ce monde en perte de repères.
À 89 ans, Buddy Guy nous offre en cadeau d'anniversaire son vingtième album studio : Ain't Done With The Blues. Dix-huit pistes pour comprendre les influences musicales et l'incroyable parcours du bluesman de Chicago. Lorsque Buddy Guy fabrique sa première guitare à l'aide d'une moustiquaire et d'un morceau de bois, le monde sort à peine de la Seconde Guerre mondiale. Huit décennies plus tard, le musicien natif de la Louisiane, dans le sud des États-Unis, contemple dans son vingtième album studio une carrière qui lui a apporté tout ce qu'il souhaitait : la gloire, le plaisir et les amis. Des amis décédés à qui il rend hommage, John Lee Hooker, son maitre à penser, Muddy Waters ou encore BB King, ses glorieux prédécesseurs. Ou bien des amis encore en vie qu'il a invités sur son album : Peter Frampton ou Joe Walsh pour n'en citer que deux. Pour autant, Ain't Done With The Blues n'est pas un album mélancolique tant la joie de vivre et de jouer s'y exprime sur chacune des dix-huit pistes. Le blues de Chicago, ville où Buddy Guy a très tôt déménagé, est particulièrement mis à l'honneur. Un blues mâtiné de rock, viril et souvent énergique, loin de la mélancolie associée à cette musique. Buddy Guy qui fut un sideman recherché avant de devenir un compositeur adulé, a influencé des générations de guitaristes comme Eric Clapton ou Mark Knopfler. Aujourd'hui, la jeune génération se bouscule encore aux portes du Buddy Guy's Legends, le club qu'il a ouvert dans sa ville d'adoption de Chicago. Buddy Guy Ain't Done With The Blues (RCA Records) 2025 Facebook / Instagram / YouTube
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