Tul8Te et son album «Narein»: un artiste sans visage, mais avec une vision
Description
Après un premier EP en 2023, Tul8Te a enchaîné les projets à un rythme impressionnant : trois albums sortis coup sur coup en 2024 (début, milieu et fin d’année). Et il ne ralentit pas : voici Narein, son tout nouvel opus. Savant mélange de chanson arabe, de r'n'b, d’indie, et de rock psychédélique.
Tul8Te est un artiste à part. Lors de ses débuts dans la musique, il n’avait même pas de nom. Et aujourd’hui encore, il n’a pas de visage. Toujours masqué d’une cagoule blanche en tricot, autant dans ses clips que sur scène, il cultive un anonymat volontaire. Son message est clair : dans un monde où l’image prend souvent le pas sur le fond, il veut recentrer l’attention sur sa musique. Sa posture est radicale, politique : son apparence ne doit jamais éclipser son art.
Dans Narein, Tul8Te raconte une histoire d’amour en plusieurs chapitres : de la première étincelle à la douleur de la séparation. Musicalement, c’est un savant mélange de chanson arabe, de r'n'b, d’indie, et de rock psychédélique.
Dès le premier morceau, « Narein », on entre dans une ambiance sensuelle portée par des influences rumba et flamenco. Un esprit que l’on retrouve également dans « Heseeny », autre titre phare de l’album. Ces morceaux lumineux capturent l’euphorie des débuts amoureux, ces moments suspendus où rien d’autre n’existe.
Une émotion qui traverse les langues et les genres
Même pour les auditeurs non arabophones, la voix de Tul8Te parvient à transmettre une profonde émotion. Lorsqu’il chante dans « Heseeny » : « Tu es toute ma vie, mon amour / Je ne trouve la paix qu’avec toi / Vivons ensemble pour le reste de nos vies », on comprend que l’amour, sentiment universel, est au cœur de ce projet. La suite de l’album explore l’amour dans toutes ses nuances : celui qui dure, celui qui manque, celui qui blesse.
Musicalement, après le flamenco, place à une bossa nova tout en douceur. Puis viennent des touches de disco, de jazz, d’afro house, d’amapiano… et même des rythmes inspirés de la dabka, danse traditionnelle du Levant (Liban, Palestine, Syrie, Irak). Le tout toujours fusionné avec des sonorités arabes.
Malgré ces influences multiples, Tul8Te reste profondément attaché à ses racines. Il puise notamment dans l’héritage musical de la Nubie, région historique du sud de l’Égypte et du nord du Soudan, le long du Nil, pour composer « Shedeeny », un morceau aux couleurs du désert et du fleuve.
Un ambassadeur discret mais percutant de la nouvelle pop arabe
Tul8Te incarne une nouvelle génération d’artistes arabes : libres, hybrides, résolument modernes mais ancrés dans leur culture. Il mélange les genres avec une fluidité étonnante, sans jamais perdre de vue ses racines.
Quant à son identité ? Le mystère reste entier. Des rumeurs circulent, notamment celle selon laquelle il s’agirait d’Abdullah Diab, fils d’Amr Diab ; l’icône absolue de la pop orientale des années 1990. Mais peu importe, finalement. Car une chose est sûre : masqué ou non, Tul8Te contribue à écrire un nouveau chapitre de la musique arabe contemporaine.