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Revue de presse internationale

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« Jusqu'où l'AfD ira-t-elle en Allemagne de l'Ouest ? », s'interroge Die Welt à Berlin. En effet, le parti d'extrême droite a réalisé une percée hier lors du premier tour des municipales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, le Land le plus peuplé d'Allemagne (22 % de la population du pays). L'AfD a triplé son score par rapport aux élections municipales de 2020, passant de 5 % à environ 15 % des voix. « Un énorme succès », s'est immédiatement félicitée la coprésidente de l'AfD, Alice Weidel. « De fait, constate Die Welt, la progression de l'AfD est spectaculaire, même si la CDU, l'Union chrétienne-démocrate, demeure le premier parti du Land, où elle s'est tenue en tête avec environ 34 % des voix, un résultat très proche de celui de 2020.(…) Avec environ 15 % donc, l'AfD est désormais le troisième parti, derrière le SPD avec 22 % (en baisse de 2,2 points), mais devant les Verts pour la première fois, qui n'ont obtenu que 13 % (en baisse de 6 points et demi) ». Alors, « pour éviter que l'AfD n'amplifie sa percée lors du second tour des élections dans deux semaines, la CDU et le SPD ont décidé de s'allier, pointe encore le quotidien allemand : lorsque l'un de leurs candidats se présentera contre un candidat de l'AfD, ils uniront leurs voix ». Objectif : gouverner… Cette progression de l'AfD est scrutée à la loupe dans la presse européenne… « L'extrême droite confirme son enracinement à l'ouest de l'Allemagne », constate Le Soir à Bruxelles. « Les élections communales de Rhénanie-du-Nord-Westphalie étaient le premier grand test électoral pour le nouveau chancelier, Friedrich Merz, depuis son élection en mai. Tandis que l'AfD triple son score par rapport à 2020, la CDU ne progresse pas, malgré le durcissement de sa politique migratoire. (…) L'AfD démontre que sa politique de dédiabolisation, façon RN français, fonctionne. Les dirigeants du parti visent une participation au prochain gouvernement fédéral en 2029, voire à la chancellerie ». En effet, renchérit le Guardian à Londres, « ce vote indique que l'AfD est en bonne voie pour réitérer les gains importants réalisés dans les Länder de l'Est, anciennement communistes, où elle a le mieux su exploiter le mécontentement des électeurs. Son objectif est d'entrer au gouvernement fédéral dans les prochaines années. Elle est actuellement le principal parti d'opposition au Parlement ». Manif nationaliste à Londres : coup de semonce pour les partis traditionnels… Le Guardian qui commente également la grande manifestation nationaliste qui a eu lieu samedi à Londres… Plus de 110 000 personnes qui ont manifesté contre l'immigration, à l'appel de Tommy Robinson, figure de l'extrême droite. « La leçon est claire, affirme le Guardian : les mouvements populistes réussissent non seulement grâce à ce qu'ils offrent, mais aussi grâce à ce que leurs adversaires ne parviennent pas à leur offrir. Les États-Unis semblent désormais prisonniers d'un écosystème médiatique et politique qui profite de la division et de la haine. Rien de bon n'attend la Grande-Bretagne qui s'engage sur cette voie de la colère et du désespoir – un terrain fertile pour l'exploitation politique par des politiciens sans scrupules. Les élus doivent combler les divisions, et non les élargir ». Pour le Times, « l'écrasante majorité de la foule agitant drapeaux et croix n'étaient pas là, samedi, pour en découdre. Mais pour défendre une cause : stopper l'immigration, défendre la liberté d'expression, raviver le christianisme. C'est une trinité convaincante pour un pays en colère et désemparé ». Et attention, prévient le quotidien conservateur britannique : « ce qui a rassemblé les manifestants, c'est leur aversion pour les politiciens qui font des promesses qu'ils ne respectent jamais et qui réclament ensuite plus d'impôts pour compenser leurs échecs. Pourtant, rien n'indique que les dirigeants du Parti travailliste ou du Parti conservateur, dont les sondages totalisent désormais moins de 40 % des intentions de vote, soient conscients du danger qu'ils courent ». Objectif du RN en France : Matignon puis l'Élysée… Enfin, en France, militants et dirigeants du Rassemblement national étaient réunis à Bordeaux ce week-end. « Au RN, les regards rivés vers des élections législatives anticipées », constate La Croix à Paris. La Croix qui relève que les deux dirigeants du parti d'extrême droite « Marine Le Pen et Jordan Bardella n'ont eu de cesser de réclamer une dissolution assortie de législatives anticipées, convaincus que Matignon est à leur portée ». « Marine Le Pen n'a voulu laisser aucun doute sur ses intentions, ni ses ambitions, relève pour sa part Le Figaro, malgré son procès en appel qui doit commencer le 13 janvier prochain : « ce que nous commençons dès demain à Matignon, a-t-elle dit, nous l'amplifierons après-demain à l'Élysée ».
La chasse à l'homme est terminée. Et elle s'est conclue par l'arrestation de Tyler Robinson, 22 ans, accusé d’avoir assassiné l’influenceur et militant d’extrême droite, « il pourrait être condamné à la peine de mort, s’il est reconnu coupable », annonce le New York Times, qui résume son existence en quelques phrases : une vie tranquille dans l’Utah, un jeune homme au brillant parcours scolaire, amateur de jeux vidéo, on n’en sait guère plus pour le moment. Mais son geste a d’ores et déjà d’importantes répercussions sur la société américaine. Selon le New York Times, « des militants d’extrême droite exhortent leurs partisans à dénoncer ceux qui célèbrent, en ligne, le meurtre de Kirk ». Le quotidien américain parle « d’une campagne de dénonciation généralisée, ayant déjà entraîné d’innombrables licenciements, des suspensions professionnelles, et des enquêtes internes ». « Plusieurs personnalités présentes sur les réseaux sociaux, dont certaines sont extrêmement populaires, appellent presqu’à l’unisson « à la guerre », contre les militants de gauche qu’ils assimilent à des ennemis », explique encore le New York Times, qui prend pour exemple « le cas d'enseignants du Texas et de l’Iowa, licenciés ou mis en congé d’office », précise le quotidien américain. La gauche radicale dans le viseur de Trump Il faut dire que Donald Trump lui-même souffle sur les braises… Le président américain a promis de répondre au meurtre de Charlie Kirk en « tabassant les fous de la gauche radicale », titre le quotidien espagnol El Païs, qui remarque que Donald Trump fait de la mort de l’influenceur et militant d’extrême droite « une affaire personnelle ». De son côté, le journal allemand die Welt s’interroge : « Pardon ou vengeance, quelles leçons Trump et les autres républicains peuvent-ils tirer de ce meurtre ? ». Pour le président américain, visiblement, il n’est pas question de pardon. Dans une émission sur Fox News, Donald Trump s’est lancé dans un long discours contre la gauche radicale… L’accusant notamment « de vouloir la transsexualité pour tous et des frontières ouvertes ». Déclarations tempérées par celles de Spencer Cox, le gouverneur républicain de l’Utah, où Charlie Kirk a été tué. Spencer Cox a estimé que « si les gens cessent de dialoguer la violence s’installe. « Le faible ne peut jamais pardonner », a-t-il ajouté, « le pardon est la qualité du plus fort ». « Je crois », a conclu le gouverneur républicain, « qu’il y a plus de bien que de mal parmi nous et que nous avons une chance de changer le cours de l’histoire ». Sanction symbolique et instabilité politique Enfin, un mauvais point pour la France. L’agence américaine de notation Fitch vient en effet d’abaisser la note de crédit de la France qui passe de double A- à A+. « Fitch pointe ainsi des finances publiques dégradées », juge le Parisien, qui parle d’un « séisme en termes d’image » qui toutefois ne devrait avoir que « des conséquences limitées sur les marchés ». De son côté, le Monde estime que « cette sanction symbolique pourrait alourdir le coût de la dette pour l’État ». « Le temps de l’indulgence est révolu », constate le quotidien français, « face au déficit public persistant, à la dette « élevée et en hausse » et, surtout à l’instabilité politique, qui complique tout plan de redressement vigoureux ». Pour Le Monde, cette sanction n’a toutefois « rien d’anecdotique. Symboliquement d’abord, elle confirme le déclin français ». Et ensuite « elle matérialise les déboires politico-financiers du pays, qui, ces dernières années, s’est enfoncé dans les difficultés budgétaires sans réagir de façon forte, ni tenir les promesses de rétablissement faites par les gouvernements successifs ». « Une lettre de moins », annonce de son côté Libération. Le quotidien français remarque que Fitch « n'a pas attendu de savoir si le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu, parviendrait à nouer un accord de non-censure, pour faire passer le budget 2026 ».
Alors que la chasse à l’homme se poursuit, aux États-Unis, pour retrouver celui qui a tué l'influenceur et militant d’extrême droite, deux photos s’affichent en Une de la presse américaine. Celle du suspect, portant jean et t-shirt noir, casquette et lunettes de soleil, et celle de Charlie Kirk, en t-shirt blanc, un micro à la main, devant les étudiants de l’université de l’Utah Valley, quelques minutes avant d’être abattu. Le Washington Post a recueilli la réaction de quelques témoins, encore traumatisés, comme Ryder Overton, 17 ans « qui se trouvait à trois mètres de Charlie Kirk lorsque le coup de feu mortel a retenti et que la balle a traversé son cou ». Ryder « s’est jeté au sol, avec son père ». Père, qui toutefois, ne s’avoue pas vaincu. « Ça ne nous affaiblira pas » dit-il, « Ça nous rend plus fort ». « De nombreux admirateurs de Kirk, à travers le pays ont exprimé le même sentiment », explique le Washington Post. Le Wall Street Journal, est lui aussi retourné sur le campus de l’Université de l’Utah. Le quotidien américain a rencontré Quincy Hale, un étudiant de 25 ans, qui se dit « vraiment nerveux », et envisage « de porter une arme sur le campus ». Un proche de Donald Trump Le New York Times, de son côté, s’intéresse à la réaction de Donald Trump. Le président américain a parlé de son « chagrin et de sa colère », « depuis le bureau ovale, quelques heures seulement après l’assassinat de Charlie Kirk », explique le quotidien américain qui précise : « Charlie Kirk était particulièrement proche de Donald Trump », « un ami proche, dont le charisme et les compétences en affaires et en matière de collecte de fonds », avaient impressionné le président ». « Une proximité qui s’est accrue après la défaite de Donald Trump en 2020 », poursuit le quotidien américain, « Charlie Kirk est devenu l’une des voix affirmant, sans fondement, que la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle lui avait été volée ». En France, le Parisien constate : « La mort de cette figure de la société américaine, très populaire parmi les jeunes générations en raison de sa forte présence sur les réseaux sociaux et de ses tournées à succès sur les campus, a ravivé les plaies d’un pays qui n’en finit pas de pleurer ses morts par armes à feu ». Le quotidien français cite aussi Ezra Klein « un éditorialiste progressiste américain » qui assure : « La violence politique est contagieuse, cela devrait tous nous terrifier ». Bolsonaro condamné Autre grand titre de l’actualité, la condamnation de Jair Bolsonaro au Brésil. C’est l’information qui retient l’attention de la presse européenne ce matin. « Bolsonaro condamné à 27 ans de prison pour avoir fomenté un coup d’État militaire au Brésil », titre le Guardian. L’ancien président d’extrême droite était accusé « d’avoir cherché à anéantir la démocratie dans le pays ». Pour die Welt, c’est « un verdict qui consolide le pouvoir de Lula ». « On connaît donc depuis hier, poursuit le quotidien allemand, la peine imposée à « l’ennemi juré de Lula, et, si l’on en croit les sondages, au candidat le plus prometteur des prochaines élections présidentielles ». En effet, explique die Welt, « cette peine de 27 ans de prison affaiblit l’opposition de droite avant les élections de l’année prochaine, écarte Bolsonaro du scrutin et assure le Parti des Travailleurs de Lula de rester au pouvoir dans les années à venir ». À Bruxelles, le Soir ajoute que « la défense de Bolsonaro va déposer des recours, « y compris au niveau international. Elle considère que la peine prononcée est incroyablement excessive et disproportionnée. » Le Monde, de son côté, parle d’un « jugement historique ». Une décision « qui réjouit le Brésil progressiste » alors que, remarque le quotidien français, « certains partisans de l’ex-chef d’État d’extrême droite n’hésitent pas à en appeler aux États-Unis de Donald Trump ». « En ligne, précise le quotidien français, l’extrême droite crie à la suprême persécution. Elle mise sur de nouvelle sanctions américaines, commerciales, et pourquoi pas militaires ».
« Nous y sommes, s’exclame Le Figaro à Paris. L’Otan vit son premier grand test historique de l’après-guerre froide, face à Moscou. Depuis des mois, les chancelleries occidentales envoyaient des signaux d’alarme concernant l’épreuve de vérité à laquelle la Russie pourrait soumettre l’Alliance, alors que Poutine est lancé dans une escalade guerrière (…). Plusieurs services de renseignements européens, notamment britanniques, baltes et allemands, ne cessaient d’alerter sur le risque d’une attaque russe visant à "nous tester". La plupart des experts redoutaient plutôt un coup de force dans les pays Baltes, ex-républiques soviétiques à la géographie vulnérable et fragilisées par la présence de minorités russes. Mais c’est (donc) vers la Pologne, constate Le Figaro, pilier oriental clé de l’Alliance qui joue depuis 2022 un rôle central dans l’aide à l’Ukraine, que dix-neuf drones russes ont été tirés dans la nuit de mardi à mercredi ». Provocation… Et pour nombre d’analystes, il ne s’agit certainement pas d’une erreur de tir, comme l’affirme Moscou… « La salve comptait (donc) dix-neuf drones et avait au moins trois points de départ distincts, dont deux situés en Biélorussie, précise une source militaire hexagonale citée par Le Monde. Il peut toujours y avoir des erreurs de programmation au moment d’entrer des coordonnées GPS, surtout lors d’un lancement d’une grosse salve. Le brouillage peut aussi entraîner un changement de trajectoire, mais avec les centrales inertielles embarquées, ce type d’appareils peut se recaler automatiquement. Donc dans le cas présent, les probabilités d’erreurs sont faibles ». « Il ne s’agit pas d’une simple violation de l’espace aérien polonais, s’exclame pour sa part Die Welt à Berlin ; c’est au mieux une provocation russe massive. Au pire, une attaque contre un pays de l’Otan. La Russie est en train de tester jusqu’où elle peut aller avec les Européens. Si les décideurs moscovites vont de plus en plus loin, c’est parce qu’ils ont déjà pu tester les limites de ce que les Européens ont pu tolérer par le passé, pratiquement sans réagir : sabotages, espionnage, campagnes de désinformation, menaces de guerre, brouillage GPS. La liste est longue ». Que faire ? « Les Européens, répond Die Welt, doivent enfin se doter d’une boîte à outils contre les ennemis extérieurs et ne pas hésiter à l’utiliser. Sinon, on peut s’attendre à ce que la Russie poursuive l’escalade ». Consultations… « Seule une attitude unie face à la violation de l’espace aérien polonais peut dissuader Moscou d’étendre son agression », renchérit El Pais à Madrid. Mais on n’en est pas là… Les responsables des pays-membres de l’Otan vont se consulter… Et hier, souligne Le Soir à Bruxelles, « le président ukrainien Zelensky, qui s’est entretenu au téléphone avec Donald Tusk, le Premier ministre britannique Keir Starmer, leur homologue italienne Giorgia Meloni et le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, a regretté le "manque d’action" des dirigeants occidentaux (…). » En attendant, ces intrusions de drones en Pologne « sont un avertissement effrayant pour nous tous », s’alarme La Repubblica à Rome. « Ignorer la gravité de cette attaque, que les chaînes de télévision grotesques de Moscou imputent aux Ukrainiens, serait une erreur dangereuse et peut-être irréparable. (…) Et il faut mesurer, souligne le quotidien italien, l’angoisse des Polonais et des Baltes. En 1939, le monde les avait abandonnés face à Staline et Hitler : et maintenant ? » La violence politique encore et toujours aux États-Unis À la Une également, l’assassinat aux États-Unis de l'influenceur d’extrême-droite Charlie Kirk… Assassiné par balle alors qu’il tenait un meeting à l’Université de l’Utah. Le meurtrier court toujours. « La violence politique progresse à une fréquence inquiétante aux États-Unis », déplore le Washington Post. « Cet assassinat s’inscrit dans une terrible vague de violence politique aux États-Unis », pointe également le New York Times. « Nous, Américains, poursuit le journal, avons perdu une partie de notre grâce et de notre empathie ces dernières années. (…) Nous déshumanisons ceux qui ne pensent pas comme nous. (…) C’est le moment de baisser le ton et de réfléchir à notre culture politique ». Enfin, le Wall Street Journal souligne que « les auteurs de ces attaques présentent des degrés divers de troubles mentaux et de délires, mais, poursuit le journal, en raison notamment de la rhétorique de plus en plus violente du débat politique, notre société a progressivement démantelé les barrières sociales qui empêchaient autrefois ces esprits troublés de s’écarter des normes civilisées ».
Blocages et perturbations sont annoncés dans tous les secteurs ce mercredi en France : transports, écoles, entreprises. Et ce ne sont pas les syndicats ou les partis politiques qui ont lancé le mouvement, ce sont des milliers et des milliers d’anonymes en colère qui se sont fédérés sur les réseaux sociaux au cours des dernières semaines. Et « c’est la grande incertitude, s’exclame Le Parisien. Sur les réseaux sociaux, les appels à manifester et bloquer massivement la France résonnent de plus en plus fort. Les premiers sympathisants du mouvement “Bloquons tout“ ont incontestablement fait des émules, grâce également aux propositions budgétaires impopulaires du gouvernement de François Bayrou. Pour autant, si la grogne sociale existe, impossible de mesurer précisément quelle sera l’ampleur des actions menées ce mercredi. » « Niveau inégalités le plus élevé depuis 30 ans » Le Monde nous explique les raisons de cette colère : c’est le ras-le-bol de « la France ric-rac », des « fins de mois difficiles » ; « nombreux sont ceux à dénoncer le budget de l’ex-Premier ministre François Bayrou, qui demandait beaucoup à ceux qui ont peu, prônant une austérité douloureuse. Nombreux sont ceux à décrier les salaires qui ne bougent pas, les budgets de plus en plus difficiles à tenir, les arbitrages impossibles au moment de remplir les chariots de courses, si éloignés des préoccupations du gouvernement. » Si l’on regarde les chiffres, poursuit Le Monde, « la baisse du chômage, aujourd’hui stabilisé à 7,5 % environ de la population active, n’a pas empêché une hausse du taux de pauvreté et du surendettement. La faute notamment à une précarisation croissante de l’emploi. (…) Au contraire des revenus salariaux, les revenus financiers, eux, ont augmenté de 7 % en moyenne, poussés par la hausse des taux d’intérêt. Et cela a profité aux ménages les plus aisés, ceux qui possèdent un patrimoine financier. » Résultat, constate le journal : « le niveau d’inégalités atteint en France est ainsi le plus élevé depuis trente ans. » Lecornu Premier ministre : « la droite comblée, la gauche exaspérée » C’est dans ce contexte tendu que le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu prend ses fonctions aujourd’hui. L’ex-ministre de la Défense est un très proche d’Emmanuel Macron. « On ne change pas une équipe qui perd », soupire Libération. « La droite comblée, la gauche exaspérée. (…) L’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon révèle qu’Emmanuel Macron manque décidément d’oxygène, s’exclame le quotidien de gauche. Face à la crise, il se recroqueville dans un espace politique qui, chaque jour, ressemble de plus en plus à une cabine téléphonique. Il a pourtant besoin d’espace. De se redonner des marges de manœuvre. Mais non. En nommant Sébastien Lecornu, le chef de l’État confirme qu’il lui est impossible de retirer l’énorme œillère qui l’empêche de regarder vers sa gauche. Peu importe ce qui se passe autour de lui. » Ligne claire ? À contrario, Le Figaro acquiesce. « À la veille d’une journée vampirisée par l’extrême gauche, la France a un premier ministre qui vient de la droite. Ministre depuis huit ans, il est, pour le grand public, neuf, intact. (…) Bien qu’à la tête d’une minorité de gouvernement, Sébastien Lecornu doit se faire le porte-voix de la majorité oubliée, invisible, abandonnée. Pression fiscale et normative désespérante, dépenses délirantes, immigration incontrôlée, insécurité galopante. Les inquiétudes qui réunissent plus de deux Français sur trois sont connues, affirme encore le quotidien de droite. (…) C’est cette ligne claire qu’il faut dessiner. (…) Le succès n’est pas garanti, mais l’autre choix, celui de la tambouille, mènerait à l’échec et au déshonneur. » L’extrême-droite en embuscade En tout cas, sur le plan politique, économique et social, la France va mal et pourrait bien finir par se jeter dans les bras de l’extrême-droite. Un vrai danger pour l’avenir de l’Europe et de ses valeurs, s’exclame La Repubblica à Rome : « nous sommes dangereusement proches du point de non-retour, affirme le quotidien italien. En Allemagne, les néonazis pro-Poutine de l’AfD, soutenus par Trump, aspirent à devenir le premier parti. En Grande-Bretagne, la droite anti-européenne de Farage nourrit les mêmes ambitions. En Italie, l’extrême droite est déjà au pouvoir. (…) Le seul espoir qui nous reste, estime La Repubblica, est que les électeurs et les responsables politiques français comprennent que le jeu dont ils sont les arbitres, au nom de 450 millions d’Européens, ne se résume pas à la suppression d’un ou deux jours de vacances ou au recul d’un an de l’âge de la retraite, mais à la survie même de l’Occident et de ses valeurs. »
« Cette question est sur toutes les lèvres en France, s’exclame le New York Times, après que le gouvernement a perdu hier la confiance à l’Assemblée nationale, forçant le Premier ministre, François Bayrou, et son équipe, à démissionner. » Nommer bientôt un nouveau Premier ministre comme il l’a annoncé, mais qui ? Et avec quelle majorité à l’Assemblée ? Convoquer de nouvelles élections ? Emmanuel Macron l’a d’ores et déjà exclu. Une démission du président ? Niet, a aussi répondu l’intéressé. « Quoi qu’il en soit, soupire le New York Times, la route à venir s’annonce semée d’embûches. » Le nécessaire compromis Pour Le Temps à Genève, le président français n’a pas le choix : « dos au mur, Emmanuel Macron va devoir faire ce qu’il exige des autres. » À savoir : « renoncer à des points centraux de son programme pour faire avancer un compromis avec des forces opposées. Ce n’est qu’ensemble que ces partis centraux pourront sortir la France de son ornière. » En effet, renchérit Le Soir à Bruxelles, « s’entendre n’est plus une option. C’est un devoir. S’entendre, non pas forcément pour former un improbable gouvernement d’union nationale, mais s’entendre à tout le moins sur l’indispensable : l’adoption d’un budget pour faire tourner le pays en 2026. La France a décidément un problème avec le compromis. Il ne s’agit pas de couper une poire au milieu. Mais de sortir de ses dogmes pour faire du chemin vers les autres. » Pour Le Figaro à Paris, la balance doit pencher à droite. « Emmanuel Macron doit affronter un mélange de déception, d’impatience, d’exaspération qui prend des proportions préoccupantes. Il ne peut plus se permettre de procrastiner, ni de rejouer la même partie en dérivant un peu plus à gauche. Tout - l’opinion, les marchés, son intérêt - l’oblige à trancher dans le vif. Nomination éclair sur sa droite, s’exclame Le Figaro, pour repousser de quelques mois le coup de tonnerre d’une nouvelle dissolution : c’est la prévision la moins défavorable. » Un « homme de passerelles » En tout cas, affirme La Croix, « quelle que soit la personnalité retenue, il lui faudra trouver une méthode nouvelle. Peut-on imaginer un gouvernement de coalition qui irait d’une partie de la droite à la gauche ? » Pas sûr, répond le journal. « Une perspective d’autant plus incertaine que l’extrême droite et l’extrême gauche attendent des actes beaucoup plus radicaux. » Démission, dissolution avec le risque de l’arrivée de l’extrême-droite au pouvoir ? « Emmanuel Macron doit trouver le bon candidat pour éviter un tel scénario, estime La Croix. Un homme de passerelles comme Xavier Bertrand ou l’ex-socialiste Éric Lombard, à Bercy dans le gouvernement sortant, ou bien un technicien comme Jean Castex. Mais, prévient le journal, si un nouveau Premier ministre sitôt nommé était rejeté, pour la troisième fois en un an, l’impasse politique pourrait déboucher sur une crise de régime. » Justement, rebondit le Washington Post, « il est de plus en plus difficile de savoir si la Ve République pourra perdurer sans réformes majeures ». Du beurre et des armes Le Washington Post qui élargit le débat en affirmant que cette impasse politique en France est aussi une « mauvaise nouvelle pour l’Ukraine ». En effet, pointe le quotidien américain, dans les conditions actuelles, « atteindre pour l’Europe l’autonomie stratégique (en matière de défense), comme le souhaite Emmanuel Macron, ne sera pas facile. (…) La France consacre 2,1 % de son PIB à la défense, et Macron s’est engagé à doubler ce montant pour atteindre 75 milliards de dollars d’ici 2027. Mais le déficit budgétaire national atteint déjà environ 6 % du PIB et la dette publique s’élève à 114 % du PIB. » Bref, conclut le Washington Post, « on ne voit pas bien comment le président français pourrait offrir à ses concitoyens à la fois du beurre et des armes sans creuser encore le déficit ».
« Le gouvernement français est au bord du gouffre », s’exclame le Guardian à Londres. « Le Premier ministre, François Bayrou, a peut-être pensé qu’il était pertinent de convoquer un vote de confiance parlementaire envers son gouvernement minoritaire, avant une journée de protestation nationale prévue après-demain et le début d’une saison budgétaire parlementaire chargée. (…) Mais en fait, François Bayrou semble avoir choisi le hara-kiri politique, affirme le quotidien britannique. Son éviction quasi certaine par un Parlement sans majorité, ce lundi, risque de transformer une impasse politique latente en une crise de régime fulgurante. » Et attention, prévient le Guardian, « une crise politique prolongée ne fera qu’accroître le soutien de l’opinion à la droite nationaliste et anti-immigrés et discréditer davantage les partis traditionnels. Face aux résonances toxiques des réseaux sociaux et à la montée d’une extrême droite à l’américaine qui fustige la criminalité, l’immigration et l’islam, Marine Le Pen et son jeune protégé Jordan Bardella semblent de plus en plus proches de la conquête du pouvoir. » Le danger à droite… ou à gauche ? En effet, renchérit Le Monde à Paris, « de la colère qui sourd dans le pays, le Rassemblement national en apparaît aujourd’hui comme le principal bénéficiaire. Ni les ennuis judiciaires de Marine Le Pen, ni la juvénilité de Jordan Bardella, ni les virages à 180 degrés du parti qui oscille entre radicalité et quête de respectabilité, ni sa versatilité et son amateurisme sur les questions budgétaires n’entament la dynamique. Le moteur est ailleurs : il suffit à ses dirigeants d’exploiter les faiblesses et les renoncements de ceux qui prétendaient le combattre pour prospérer. » À contrario, pour Le Figaro, le danger est à gauche… Qui pour succéder à Bayrou ? « Un Premier ministre socialiste, ce serait plonger le pays dans un nouveau cauchemar, estime le quotidien de droite. D’autant plus que les Insoumis rôderaient alentour. La France est payée pour le savoir depuis François Mitterrand et la retraite à 60 ans, Lionel Jospin et les 35 heures, François Hollande et la "chasse aux riches". Elle ne s’est jamais vraiment remise de toutes ces politiques dépensières et inconséquentes. Un Premier ministre socialiste, ce ne serait certainement pas une façon de rebondir dans la crise que traverse notre pays. Ce serait plutôt l’assurance d’un enlisement, d’un effondrement garanti. » Rome regarde du haut de ses 20 ans de dépenses La Repubblica à Rome revient sur l’aspect économique. Comment la France en est-elle arrivée là ? « Nous, Italiens, avons une certaine expérience, ironise le journal. Nous avons vécu pendant des décennies avec des gouvernements instables et une dette publique dépassant 100 % du PIB, et nous sommes malheureusement habitués à dépenser des dizaines de milliards par an en intérêts sur cette dette. Mais pour la France, une dette de 115 % avec un coût d’intérêt annuel de plus de 60 milliards d’euros, c’est la découverte d’un nouveau monde. Un monde qui s’est construit au cours des 15 à 20 dernières années, sachant qu’il n’y a pas si longtemps, la dette publique française équivalait à celle de l’Allemagne : toutes deux atteignaient un peu moins de 60 % du PIB. » Quel a été le point de bascule ? : Réponse de La Repubblica : « les dépenses publiques, 57 % du PIB de la France, sont les plus élevées des économies avancées du monde et ont évidemment contribué à la hausse de la dette. Et cette hausse a été constante, inexorable, jamais stoppée par les excédents budgétaires primaires des vingt dernières années, alimentée par la longue période de taux d’intérêt proches de zéro, et accélérée par le Covid et les mesures ultérieures visant à protéger les consommateurs des pics d’inflation. La conjoncture politique a ensuite fait le reste, freinant l’élan réformateur de Macron et rendant difficile tout changement de cap. » Macron, premier responsable ? En tout cas, conclut Libération à Paris, « la France va s’enfoncer un peu plus ce lundi dans un épais brouillard. Et cela n’a rien de réjouissant. Les plus fragiles sont les premières victimes d’un pays à l’arrêt. Ils le seront davantage si la crise politique mute en crise de régime. Ce jour, tous les regards seront tournés vers François Bayrou. Normal, et à la fois injuste. Le premier responsable de la situation s’appelle Emmanuel Macron. Sa dissolution fut une faute. Son départ, en plus de rajouter de la crise à la crise, créerait un dangereux précédent. Le Président n’a pas toutes les clés en main pour dessiner les mois qui nous séparent de la prochaine présidentielle. Mais il en détient une, pointe Libération : répondre au sentiment profond d’injustice qui plombe le pays. »
C’est le Guardian à Londres, qui nous raconte son histoire et qui nous montre la dernière photo de Jana, petite fille de Gaza, souffrant de malnutrition sévère et d’acidose, une affection qui serait due à la malnutrition. « Sur les photos récentes, explique le Guardian, Jana Ayyad est recroquevillée en boule, le visage couvert de ses mains. Parfois cette fillette émaciée de 8 ans sanglote, réclamant son père, bloqué hors de Gaza depuis le début de la guerre, il y a 23 mois. Jana risque de mourir, poursuit le quotidien britannique. Son seul espoir est une évacuation médicale de Gaza pour pouvoir être soignée à l’étranger. » La mère de Jana, qui a perdu il y a deux mois son autre fille, témoigne : « Le médecin m’a dit sans détour : « Votre fille est dans un état critique. Vous pouvez la perdre à tout moment ». » Seulement voilà, « Israël contrôle les entrées et les sorties de Gaza ». « Les cas les plus critiques sont orientés vers l’étranger, poursuit le Guardian, mais les médecins et les autorités médicales affirment que la plupart des demandes sont retardées indéfiniment. » La mère de l’enfant, elle, supplie et interroge : « Pourquoi le cas de Jana est-il si compliqué ? Pourquoi personne au monde ne peut la faire sortir de Gaza ? » Retour à la case départ À la Une également, des dizaines de Russes victimes de la politique d’expulsions menée par Donald Trump. « Plusieurs dizaines de dissidents russes ont été expulsés des États-Unis et renvoyés de force en Russie », annonce le Times, qui a pu interroger « Vadim et Yuliya, un jeune couple qui pensait être enfin en sécurité, loin du régime répressif du président Vladimir Poutine. Mais qui aujourd’hui s’interroge (..) ils vivent dans la peur qu’on vienne frapper à leur porte, à Brooklyn. » Les autorités russes leur reprochent « d’avoir documenté la réalité de la guerre en Ukraine, sur une chaîne Telegram pacifiste ». Toutefois, ce n’est pas le FSB qui pourrait venir frapper à leur porte, mais bien les agents de l’immigration américains. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé à des dizaines d’autres russes (dont des déserteurs), qui ont été expulsés des États-Unis, le 27 août dernier, « moins de deux semaines après le sommet entre le président Trump et Poutine, en Alaska », précise le Times. Un sommet qui a fortement déçu Vadim, le jeune dissident. « J’espérais en partie que [Vladimir] Poutine serait arrêté à son arrivée en Alaska, car c’est un criminel de guerre, dit-il, et pourtant Trump l’a accueilli comme un ami. » Les socialistes s'y voient déjà Enfin, en France, la classe politique est sur le pont, avant le vote de confiance, prévu la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. « Face au spectre de la gauche à Matignon, la droite en ébullition », titre le Figaro, qui a interrogé le Numéro 2 des Républicains (LR) François-Xavier Bellamy, selon lequel « un gouvernement PS serait immédiatement censuré par sa famille politique ». « Alors que le vote de confiance, lundi, devrait précipiter la chute de François Bayrou », estime encore le quotidien français, « les socialistes s’y voient déjà, espérant placer leur premier secrétaire, Olivier Faure, à Matignon ». Situation qui fait grincer des dents le Figaro. « Reconnaissons-le, nous dit le quotidien conservateur, il fallait une bonne dose d’imagination, il y a quelques jours encore, pour envisager la nomination d’un socialiste à Matignon. Dans une France résolument de droite, au bord du gouffre, réclamant rigueur et autorité, c’est peu dire qu’Olivier Faure et ses amis ne présentent pas le meilleur profil pour succéder à François Bayrou ». Plus cruel encore, le journal compare le Parti socialiste à une grenouille : « Profitant de la confusion générale, la grenouille socialiste, se prenant soudainement pour un bœuf, se prépare à gouverner ». Le Figaro ne cache pas son agacement : « Envoyer un socialiste à Matignon serait le pire signe qui soit ».
« Sur le sol, en mer ou dans les airs : plusieurs nations européennes se disent prêtes à envoyer des troupes en Ukraine dans le cadre d’un futur cessez-le-feu », titre le quotidien français Libération, qui précise aussitôt que « le soutien américain, n’est lui, toujours pas finalisé ». Libération qui cite Emmanuel Macron, lequel recevait hier à l’Élysée ses collègues européens : « L’Europe est au rendez-vous, pour la première fois avec ce niveau d’engagement et d’intensité », a dit le président français. « Jusqu’où l’Europe est-elle prête à aller pour soutenir l’Ukraine ? », se demande de son côté die Welt, qui promet de nous révéler, la « véritable stratégie européenne » sur la question. Comme souvent, le quotidien allemand a la dent dure : « Si la situation en Ukraine n’était pas si grave et si la guerre d’agression russe ne faisait pas des victimes chaque jour on pourrait considérer la soi-disant Coalition des Volontaires comme une série sur Netflix, avec son rebondissement dans chaque épisode pour maintenir l’intérêt et garder les téléspectateurs devant leur écran ». « Le cessez-le-feu n’est pas en vue, malgré l’ultimatum lancé par Donald Trump à son homologue Vladimir Poutine », poursuit die Welt. « Les Européens tentent néanmoins de démontrer leur détermination et de faire pression sur les américains au sujet des garanties de sécurité ». Campagne sur Internet Dans la presse internationale également ce matin : Londres qui tente de dissuader les migrants venant de France d’atteindre le Royaume-Uni. C’est le Times qui nous l’apprend : le ministère britannique de l’intérieur, a lancé sur internet, (Youtube ou Facebook) « une campagne qui cible les personnes en fonction de leur localisation, de leur sexe et de leur nationalité ». Cette publicité « avertit les migrants » « qu’ils risquent d’être renvoyés en France, s’ils traversent la Manche sur de petites embarcations », dans le cadre du nouvel accord conclu en juillet entre Londres et Paris. « Le message », poursuit le Times, « est diffusé sur fond d’images de migrants arrivés à Douvres et retenus dans des centres de rétention, et se termine par le décollage d’un avion ». Il est lu dans les langues généralement parlées par les migrants : comme le français, le farsi ou encore l’arabe. L’accord entre Londres et Paris, rappelle le Times, prévoit que pour chaque demandeur d’asile arrivé sur un bateau et qui sera renvoyé en France, un autre pourra entrer légalement sur le territoire britannique.. Depuis le 6 août, plus de 100 migrants ont ainsi été détenus, selon Le Times. Alors « qu’au cours de la même période, 3567 migrants sont arrivés au Royaume-Uni.» L'un des bâtisseurs de la mode Enfin, la presse internationale revient sur la disparition et la vie de Giorgio Armani. « Une vie de génie et de discipline », salut le Corriere della Serra. « Il inventa le mot « styliste ». « Je ne suis ni couturier ni tailleur » disait-il, « je suis un créateur de style ». « Avec lui, c’est la mode qui meurt », s’exclame de son côté la Republica, qui ajoute : « Il a représenté l’Italie non pas telle qu’elle est, mais telle que nous la rêvons ». En France, le Monde estime que « l’un des bâtisseurs de la mode moderne est mort ». « Créateur, designer, styliste » poursuit le journal, « Giorgio Armani a donné au costume et au tailleur une valeur statutaire. Il a régné pendant quarante ans sur un véritable empire présent dans le monde entier. Il avait 91 ans ». « Des roses blanches » ont été livrées au siège de l'empire Armani, à Milan. « Les drapeaux du quartier sont en berne. Un silence inhabituel s'est installé remplaçant l'effervescence habituelle des rues de la haute couture. Moins d'une heure s'est écoulée depuis l'annonce », poursuit la Republica, « qu'un lent cortège de badauds et de vieilles connaissances du créateur a commencé à défiler au coeur de Milan ».
Donald Trump passe à la vitesse supérieure dans la guerre qu’il entend mener contre les cartels de la drogue qui inondent le territoire américain. Depuis la mi-août, rapporte Le Monde à Paris, la marine américaine renforce sa présence aux abords des eaux territoriales vénézuéliennes de la mer des Caraïbes. Au total, « huit bâtiments, dont un sous-marin à propulsion nucléaire, et quelque 4500 marines » seraient sur place. Et avant-hier, le président américain « a annoncé que les forces américaines avaient mené un bombardement contre une petite embarcation se trouvant "dans les eaux internationales" et "transportant des stupéfiants illégaux à destination des États-Unis", tuant onze "narcoterroristes" ». Directive secrète… Cette « attaque directe avant-hier, dans la mer des Caraïbes, relève le New York Times, marque une rupture nette avec l’approche, en vigueur depuis des décennies, qui consistait (simplement) à arraisonner les navires suspectés de transporter de la drogue et à saisir leur cargaison ». La légalité internationale de cette attaque est très discutable, pointe le quotidien américain qui révèle que « le président Trump a signé le mois dernier une directive encore secrète ordonnant au Pentagone d’utiliser la force militaire contre certains cartels de la drogue latino-américains que son administration qualifie d’organisations "terroristes" ». Particulièrement visé, le Venezuela, donc, et son président, Nicolas Maduro, accusé d’être à la tête d’un cartel de la drogue. Maduro chef de cartel ? Alors vrai ou faux ? Le New York Times tente d’y voir plus clair : « déjà en 2020, rappelle le journal, le ministère de la Justice avait accusé Nicolas Maduro et 14 complices d’avoir conspiré avec des groupes armés colombiens pour expédier de la cocaïne aux États-Unis, affirmant qu’il avait personnellement négocié des expéditions et fourni des armes aux trafiquants. Le président vénézuélien n’a pas été jugé et de nombreuses accusations restent non prouvées. Cependant, selon les analystes, affirme le New York Times, Nicolas Maduro profiterait de revenus illicites pour se maintenir au pouvoir : des revenus issus de contrats corrompus, du trafic de drogue, de l’exploitation minière illégale d’or ou encore du détournement de fonds destinés à des programmes publics ». Ce qui est sûr, remarque encore le New York Times, c’est que « le Venezuela n’est pas un grand producteur de cocaïne, mais il sert de plaque tournante. Sa longue frontière poreuse avec la Colombie – premier producteur mondial – et son long littoral permettent aux trafiquants d’accéder aux marchés mondiaux ». Le Wall Street Journal pour sa part se félicite de ce qu’il appelle « la guerre de Trump contre la drogue ». Le Wall Street Journal qui ne s’embarrasse pas de précautions oratoires envers le président vénézuélien : « les cartels vénézuéliens et leur chef de file, Maduro, ont reçu le message 5 sur 5. (…) Ce durcissement de la lutte américaine contre le trafic de drogue est susceptible de tarir, du moins à court terme, les revenus en dollars de la dictature de Maduro, issus du trafic, sur lesquels elle compte pour se maintenir au pouvoir, plus encore que sur le pétrole ». Hier, pointe encore le quotidien américain, « le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, a qualifié Maduro de "chef de file d’un narco-État, pas vraiment élu". Interrogé sur l’objectif d’un changement de régime, il a ajouté : "nous sommes prêts, avec tous les moyens dont dispose l’armée américaine" ». Passer par la légalité ? Enfin, El Pais à Madrid, a un autre point de vue… « L’intervention militaire constitue une dangereuse escalade, affirme le quotidien espagnol. Aucune solution durable ne surgit de la violence : chaque opération armée accroît le risque de déclencher un conflit aux conséquences imprévisibles. (…) Le défi, poursuit El Pais, consiste à trouver une voie qui évite le cynisme agressif de Trump ou la victimisation égoïste de Maduro. Cette voie passe par la légalité internationale. Les instruments existent : des sanctions ciblées visant à faire pression sur les élites sans punir davantage la population ; un travail diplomatique constant avec le soutien des organisations régionales et multilatérales ; et un engagement sincère des pays influents – dans la région et au-delà – à exercer une pression conjointe ».
Une belle brochette d’une quarantaine de dirigeants, tous alignés sur un tapis rouge, pour assister au grand défilé militaire organisé hier par les autorités chinoises sur la place Tiananmen à Pékin. La Repubblica à Rome zoome sur la photo officielle : « Xi Jinping au centre, Poutine à sa droite, Kim Jong-un à sa gauche ; autour d’eux : vingt-cinq autres présidents et chefs de gouvernement, dont l’Iranien Pezeshkian et le Biélorusse Loukachenko (…). Ce groupe de chefs d’États au centre de la tribune était autrefois appelé "l’Axe du Mal", rappelle le quotidien italien ; aujourd’hui, les analystes préfèrent le nommer "l’Alliance du Désordre" ou, soulignant le rôle de Téhéran, le "Quatuor du Chaos". Cette coalition cherche à construire un ordre mondial alternatif, pointe encore La Repubblica, qui place l’Asie en son centre et attire de nombreux groupes "non-alignés" ». Les Occidentaux trop divisés… Et de fait, l’Occident semble bien loin… « Il faut dire, pointe Le Figaro, que les divisions et les incohérences du camp occidental ont été du pain bénit pour le groupe des autocrates, qui ont comblé les vides, les silences, les hésitations et les changements de cap des États-Unis et de l’Europe. Les divisions de l’UE sur tous les sujets, de la guerre en Ukraine à la politique vis-à-vis de la Chine en passant par l’utilisation de la force, ont neutralisé sa voix sur la scène internationale. Ses reculs, comme les promesses militaires non tenues vis-à-vis de l’Ukraine, ont révélé ses faiblesses, quand certains pays de l’axe de la contestation, comme la Corée du Nord, ont, eux, joint le geste à la parole en envoyant des armes ou des troupes combattre aux côtés des Russes. » Pour les Européens, en effet, analyse le Times à Londres, cette démonstration de force « dissipe tout espoir de voir l’alliance sino-russe s’effriter, plus de trois ans après le début de la guerre en Ukraine. Pour les voisins est-asiatiques de la Chine, a contrario, elle témoigne d’une puissance écrasante, qu'ils sont obligés de suivre. Par exemple en acceptant les manœuvres expansionnistes illégales de Pékin en mer de Chine méridionale ». Prêts à en découdre face aux États-Unis… Toutefois, poursuit le Times, « le principal destinataire des images des nouveaux missiles hypersoniques, des chasseurs furtifs et des drones est Washington. La plupart des armes exposées hier sont destinées à empêcher l’armée américaine d’utiliser les siennes autour de Taïwan, si l’administration Trump ou son successeur envisageait de contester une invasion chinoise. Si Taïwan et ses 23 millions d’habitants tombent dans les mains de Xi Jinping comme des fruits mûrs uniquement par la coercition économique et politique, tant mieux. Mais sinon, comme le montre le défilé, l’Armée populaire de libération est prête ». Réponse immédiate de la Maison-Blanche. Donald Trump a dégainé son portable pour envoyer ce message sur son réseau social, message rapporté notamment par Die Welt à Berlin : « veuillez transmettre mes salutations les plus chaleureuses à Vladimir Poutine et Kim Jong-un pendant que vous conspirez contre les États-Unis d’Amérique ». La Belgique va reconnaître l’État de Palestine Enfin à la Une de la presse belge : la reconnaissance par Bruxelles de l’État palestinien. La Belgique qui emboîte ainsi le pas à la France, à l’Australie ou encore au Royaume-Uni. Ce sera le 22 septembre en marge de l’assemblée générale des Nations unies. Pour Le Soir, « la Belgique retrouve enfin le chemin du droit international. (…) Alors, oui, soupire le journal, tout cela représente si peu au regard de la montagne à renverser. Alors, oui, tout cela est très tardif et obtenu après des mois de débats de fond autant que de pinaillages indécents. (…) Mais l’obstination de notre ministre des Affaires étrangères a payé. À New York, conclut Le Soir, on retiendra que la Belgique était du côté de ceux qui affichent la volonté de reconnaître un Etat de Palestine. Le reste ne sera plus que de la gesticulation politicienne, inutile et contreproductive, à l’heure où la seule urgence demeure la fin du massacre à Gaza. Ou de ce qu’il en restera ».
La photo est en bonne place sur le site du New York Times : on y voit Vladimir Poutine, Xi Jinping et Narendra Modi tout sourire. Le sommet de Tianjin, près de Pékin, organisé par le président chinois, vient de s’achever, avec sur la photo officielle 26 chefs d’État ou de gouvernements. « À l’origine, une rencontre des pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un forum régional d’Asie centrale, jamais ce sommet n’avait accueilli autant d’États observateurs, de l’Égypte à la Malaisie, note Le Monde à Paris. Xi Jinping en a fait la plateforme d’un message bien plus vaste sur la nécessité de se départir des normes et des valeurs longtemps portées par les États-Unis et les Européens. Il entend faire de la Chine un pôle de stabilité dans un contexte devenu incertain. » Une Chine, poursuit le quotidien français, dont « la vision du monde est bien moins moraliste que celle portée par les Occidentaux. Chaque régime est acceptable, sans saints ni parias. Le contexte actuel renforce ce discours : avec l’affaiblissement des institutions aux États-Unis, les images de la souffrance infligée par l’armée israélienne à la population de la bande de Gaza, avec un soutien diplomatique et un armement américains continus, qui pourrait se prévaloir d’un quelconque ascendant moral ? » Trump ouvre un boulevard pour Pékin Désormais, « c’est à Tianjin, et non à Washington, que le tournant de l’histoire semble se jouer », s’exclame le Guardian à Londres. « En géopolitique, les apparences comptent. Voir Messieurs Modi, Xi et Poutine sourire et plaisanter, c’est voir l’influence de Washington s’estomper ». La faute à qui ? La faute à Trump. « Xi profite des erreurs de Trump », pointe El Pais à Madrid. « Le président chinois a réussi à résumer en une seule photographie le plus spectaculaire de tous les changements géopolitiques depuis le début du siècle : celui qui a réuni plus de 20 pays représentant plus de 40% de la population mondiale et 20% du PIB autour de l’idée de supplanter les États-Unis comme leader mondial ». En fait, précise le quotidien espagnol, « Trump a ouvert un boulevard à la Chine. Il a démantelé le puissant soft power de son pays, ainsi que sa diplomatie et ses agences de coopération. Il a puni les pays amis et voisins par des menaces d’annexion et des droits de douane arbitraires. Ce faisant, il a détruit les institutions multilatérales qui servaient l’hégémonie de Washington, laissant un vide géopolitique que Pékin comble désormais ». Ce qui fait dire au Times à Londres que « la diplomatie insensée de Donald Trump est [finalement] un cadeau pour Xi Jinping. […] Jamais une grande puissance n’aura offert à son principal rival autant d’opportunités ». Poutine : retour en fanfare sur la scène internationale Et pour ce qui est de Poutine, « finie l’ostracisation, place au tapis rouge », s’exclame Libération à Paris. À Tianjin, « le président russe s’est délecté de mettre en scène la fin de son isolement sur la scène internationale. […] Alors que les drones et missiles russes continuent de tomber par centaines, nuit et jour sur l’Ukraine, Vladimir Poutine n’a pas hésité, relève le quotidien français, à vanter les efforts collectifs de ses "partenaires stratégiques pour aider à résoudre la crise ukrainienne". Poutine est reconnaissant, s’exclame encore Libération. Au président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour une "contribution significative aux efforts politiques et diplomatiques" et l’accueil de trois sessions de pourparlers directs entre Moscou et Kiev ; à Modi pour ne pas avoir renoncé à acheter du pétrole russe malgré les récentes sanctions commerciales américaines contre l’Inde. Et au leader chinois, surtout, qui, en le recevant en grande pompe, le réintègre dans un concert (alternatif) de nations. Et avec lequel il a un adversaire commun, l’Occident dominé par les États-Unis […]. » Finalement, conclut le Wall Street Journal, « les efforts de Trump pour creuser un fossé entre la Russie et la Chine ont échoué. Poutine résiste à la médiation de Trump sur l’Ukraine et sa présence à Tianjin réaffirme son choix stratégique de s’aligner sur l’Est pour combattre l’Ouest. Trump n’a pas renoncé, mais la Chine semble pour l’instant surenchérir sur Washington. Le rôle très médiatisé de Vladimir Poutine à Tianjin (et sa présence attendue au défilé militaire organisé demain à Pékin pour célébrer le 80e anniversaire de la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale) démontre au monde entier l’échec diplomatique de Donald Trump avec Moscou ».
Great… super en anglais… C’est l’un des mots préférés de Donald Trump et c’est aussi l’acronyme de son projet de reconstruction pour Gaza. GREAT, pour Gaza Reconstruction Economic Acceleration and Transformation… Ce plan, présenté sous forme d’un prospectus de 38 pages, circule depuis ces derniers mois au sein de l’administration Trump et a été publié hier par le Washington Post. Que prévoit-il ? « Gaza, précise le journal, passerait sous tutelle américaine pendant au moins 10 ans, le temps de transformer le territoire en une station touristique huppée et en centre de production de haute technologie. Ce plan envisagerait également la relocalisation temporaire des plus de 2 millions d’habitants de Gaza, soit par ce qu’il appelle des départs “volontaires“ vers un autre pays, soit dans des zones restreintes et sécurisées à l’intérieur de l’enclave pendant la reconstruction. Les propriétaires fonciers se verraient offrir un jeton numérique en échange du droit de réaménager leur propriété, qui servirait à financer une nouvelle vie ailleurs ou, à terme, à acquérir un appartement dans l'une des six à huit nouvelles “villes intelligentes alimentées par l’IA“ qui seront construites à Gaza. Chaque Palestinien choisissant de partir recevrait 5.000 dollars en espèces et des subventions pour couvrir quatre années de loyer ailleurs, ainsi qu’un an de nourriture. » Déjà en préparation ? « Trente-huit pages aux plans futuristes bien léchés, s’exclame Libération à Paris. La mer, le ciel bleu, des bateaux, des immeubles futuristes et des espaces verts à gogo, parcs et, évidemment, terrains de golf, des plans financiers précisément chiffrés : le plan trumpien de reconstruction de Gaza pour la transformer en zone touristique de premier choix et centre d’excellence pour l’industrie de la tech n’a pas disparu, bien au contraire. Le document publié hier par le Washington Post, rendu public en février et violemment critiqué alors, semble toujours d’actualité. Au moins dans l’esprit du président américain et de ses alliés et acolytes. (…) » Et Libération de rappeler que « mercredi dernier, Donald Trump a présidé une réunion sur Gaza, officiellement pour discuter des moyens de mettre fin à la guerre. Parmi les participants, le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, l’émissaire de Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, mais aussi l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair. Selon la presse britannique, la fondation de ce dernier, le Tony Blair Institute, serait particulièrement intéressée par le projet de Riviera du Moyen-Orient. Autre participant à cette réunion, le gendre du Président, Jared Kushner, aux intérêts commerciaux bien connus dans la région. Rien n’a filtré des discussions, mais, la veille, Witkoff avait évoqué un “plan très complet“ de l’administration américaine pour Gaza. » Il pourrait donc s’agir du plan dévoilé par le Washington Post… Violation du droit international… Haaretz, quotidien israélien de gauche, s’insurge… « Ce plan, tel que révélé par le Washington Post, ne fait que confirmer les soupçons selon lesquels l’administration américaine se concentre uniquement sur des initiatives économiques illusoires, sans se soucier du bien-être des Palestiniens ou de la réalité sur le terrain, que ce soit à Gaza, en Israël, en Cisjordanie ou au Moyen-Orient au sens large. Ce plan envisage ce qu’il décrit comme une relocalisation temporaire de l’ensemble des deux millions d’habitants de Gaza, soit par des départs “volontaires“ vers d’autres pays, soit dans des zones sécurisées et restreintes de la bande de Gaza. Mais, ce projet fait fi de la réalité, s’exclame encore Haaretz : les transferts forcés de population violent le droit international, et aucun des pays proposés – Indonésie, Soudan du Sud, Somaliland, Libye, Éthiopie ou autres – n’a accepté d’y participer. » Journalistes réduits au silence… Et pendant ce temps, la guerre se poursuit à Gaza… « Jour après jour, déplore le Guardian à Londres, le bilan des morts s’alourdit, les crimes de guerre se multiplient et l’indignation grandit. » Le Guardian qui s’insurge plus particulièrement dans son éditorial sur le sort réservé aux journalistes gazaoui. « Il s’agit de la guerre la plus meurtrière que les médias aient connue ces derniers temps, dénonce le quotidien britannique. Une génération entière de journalistes est en voie d’extinction. (…) Israël pourrait mettre fin à la condamnation internationale en mettant un terme à sa campagne d’anéantissement. Au lieu de cela, soupire le Guardian, Israël tente de nous empêcher d’en entendre parler, en réduisant au silence ceux qui témoignent. »
C’est le journal Le Devoir, au Canada, qui nous rappelle qu’en 2015, le monde a découvert « la photo d’un bambin syrien de trois ans, vêtu d’un bermuda bleu et d’un t-shirt rouge, mort noyé, qui gît face contre terre sur le sable balayé par la mer ». « Une photo qui crève le cœur, tant elle est insoutenable », soupire le Devoir, selon lequel cette photo « a changé des millions de vies ». Le journal a interrogé Paul Clark, qui à l’époque était à la tête de l’organisation Action Réfugiés Montréal. Il est « catégorique ». Il y a eu « un avant » et « un après » la mort du petit garçon. Avant, « la moitié de la population ne savait pas ce qu’était un réfugié, et l’autre moitié était partagée entre ceux qui désiraient les accueillir et ceux qui n’en voulaient pas. » Mais, le 3 septembre 2015, explique Paul Clark, « il y a eu un changement total de perception ». « Les médias voulaient savoir, le public voulait faire sa part (…) On recevait des appels de partout (…) Tout le monde voulait parrainer une famille syrienne ». Qu’en est-il dix ans plus tard ? A Montréal, le responsable du HCR, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés reconnaît que « cet élan de solidarité s’est étiolé », il parle de « fatigue compassionnelle ». Les gens « sont empathiques », mais « ne passent pas à l’action ». Paul Clark, ancien responsable d’Action réfugiés Montréal constate, de son côté, que « les crises mondiales empirent. Et nous, on met encore plus de murs. Ça serait bon que ça change, sans qu’on ait besoin d’une autre photo ». Interdiction d'aller à New York À la Une également, pas de visa pour les dirigeants de l’Autorité Palestinienne à l’ONU. Le Times Of Israël titre ce matin : « Les États-Unis annoncent qu’ils interdiront à Abbas de l’Autorité Palestinienne et à 80 autres responsables de participer à l’Assemblée Générale de Nations Unies » qui aura lieu en septembre à New York. Pourtant, remarque le quotidien israélien, « les États-Unis sont en principe tenus d’autoriser l’accès des diplomates étrangers au siège de l’ONU à New York » mais le département d’État américain accuse l’OLP et l’Autorité Palestinienne, d’être responsables (...) de la dégradation des perspectives de paix ». Il y a un précédent, rappelle de son côté le Jerusalem Post : « En 1988, les États-Unis avaient refusé de délivrer un visa au chef de l’OLP Yasser Arafat. Cette année-là, l’assemblée générale des Nations Unies s’était réunie cette année-là à Genève, au lieu de New York, afin qu’il puisse s’exprimer ». A Londres, le Guardian estime « que cette mesure aligne davantage l’administration de Donald Trump sur le gouvernement de droite israélien, qui rejette catégoriquement la création d’un État palestinien », que plusieurs pays, dont la France, ont prévu de reconnaître à New York. Mauvaise publicité Enfin, en France, une information de Mediapart, pourrait mettre François Bayrou en difficulté. En effet, selon le journal en ligne, le premier ministre « a engagé pendant l’été des travaux de rénovation pour son bureau à Pau (ville dont il est le maire NDLR). Montant de la facture : 40 000 euros », selon les informations de Mediapart qui parle « d’une dépense politiquement inflammable en plein plan d’austérité et dans une commune où la dette a explosé, depuis qu’elle est dirigée par François Bayrou ». « Cette opération n’a fait l’objet d’aucune communication officielle », ajoute Mediapart, selon lequel « les travaux décidés par la mairie de Pau, auraient pour objet 'de redonner la splendeur' d’origine au bureau de François Bayrou », pour « la bagatelle », donc, de 40 000 euros. Une bien mauvaise publicité pour le Premier ministre qui, le 15 juillet dernier, estimait que « l’État et les collectivités locales » devaient « montrer l’exemple en réduisant leur train de vie », rappelle Mediapart.
Deux enfants ont été tués et 14 autres blessés, mercredi dans l’attaque d’une église attenante à une école catholique, par un homme de 23 ans se disant « obsédé » par l’idée de « tuer des enfants ». La presse américaine est allée sur place, à Minneapolis, rencontrer les témoins et les proches des familles. Notamment le père de Fletcher Merkel, un enfant de huit ans, tué mercredi, père dont on trouve les propos dans le Washington Post et qui évoque ainsi son fils : « Nous ne pourrons plus jamais le tenir dans nos bras, lui parler et le voir grandir et être le merveilleux jeune homme qu’il était en passe de devenir ». « Derrière lui, précise le quotidien américain, trône un ours en peluche géant, dans une pile d’animaux en peluche et un mot manuscrit 'je t’aime pour toujours' signé maman ». Le Washington Post a également recueilli les propos d’Angela Ferrel Zabala, responsable d’une association de mères s’opposant aux armes à feu, qui s’est interrogée : « Quand est-ce que ce sera suffisant ? Nous continuerons à poser cette question jusqu’à ce que les législateurs décident enfin que la vie des enfants vaut plus que les profits des fabricants d’armes ». Attaque meurtrière À la Une, des enfants encore, victimes, cette fois-ci, de la guerre. C’est à la Une du Guardian à Londres. Une femme embrasse un bébé qu’elle serre dans ses bras. Elle s’appelle Ioulia Maystruck. Le quotidien britannique l’a rencontrée sur les lieux de l’attaque russe sur Kiev, dans la nuit de mercredi à jeudi. Elle raconte « qu’elle connaît une femme qui s’était réfugiée au sous-sol de son immeuble avec son fils de 14 ans. La mère a survécu, mais elle a été blessée. « Quant à son fils, 'il est mort à l’hôpital', dit-elle, les larmes aux yeux. » À Rome, La Repubblica commente cette nouvelle attaque, estimant « que Vladimir Poutine a décidé d’ignorer la prudence dictée par les négociations avec Donald Trump et de se lancer dans une démonstration de force massive et brutale ». Le Kiev Post, de son côté, ajoute que cette attaque, « l’une des plus meurtrières » qui ait visé la capitale ukrainienne, « a creusé un cratère sur cinq étages, dans un immeuble d’appartements ». Le Kiev Post fait aussi la liste de tous les dirigeants européens qui ont condamné l’attaque, Emmanuel Macron, Keir Starmer, Ursula von der Leyen, Friedrich Merz. Réaction aussi bien sûr de Volodymyr Zelensky. Le président ukrainien a estimé « que les Russes avaient choisi de ne pas mettre fin à la guerre, ils ont choisi de frapper à nouveau. » La ligne Trump / Netanyahou Enfin Le Temps s’intéresse aux Israéliens qui contestent la politique de Benyamin Netanyahu. À la Une du quotidien suisse, cette question : « Pourquoi mon gouvernement ne fait-il pas son devoir ? Les mouvements de protestation se multiplient en Israël en faveur de l’arrêt des combats à Gaza et du retour des otages ». Pour La Tribune, c’est un appel « vain » mais « bruyant ». « Trump apparaît comme l’unique espoir ». Haaretz estime lui que « Netanyahou a vendu à Trump l’illusion d’une victoire rapide, alors que les négociations sur les otages sont au point mort ». « Le seul canal qui compte », estime toutefois le quotidien israélien d’opposition, « est la ligne entre Benyamin Netanyahou et Donald Trump (...) le président américain qui croit aux explications du Premier ministre israélien selon lequel le Hamas peut être vaincu par une offensive militaire pour conquérir la ville de Gaza ».
« Donald Trump tire à balles réelles sur la Banque centrale américaine », s’exclame Le Soir à Bruxelles. « Dans son “duel“ avec le patron de la Réserve fédérale, Donald Trump a dégainé et tiré, limogeant l’une des membres du conseil des gouverneurs de l’institution. » En effet, relève Le Monde à Paris, « depuis son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump a entrepris de se débarrasser méthodiquement de tous ceux qui menacent de se mettre en travers de sa route, quelles que soient leur fonction ou leur rang. Adversaires politiques, soutiens déchus, juges, universitaires, médias, avocats, fonctionnaires fédéraux en ont fait les frais. » Le risque d’une augmentation de la dette Dernière victime en date, donc : Lisa Cook, membre du conseil des gouverneurs de la Fed, la Réserve fédérale des États-Unis, la banque centrale américaine chargé de décider de la politique monétaire de la première puissance économique du monde. Derrière ce limogeage, pointe Le Monde, « il y a la volonté évidente de modifier les équilibres au sein de l’institution monétaire pour orienter ses décisions en fonction des desiderata de la Maison Blanche. Depuis des mois, Donald Trump multiplie les insultes et les pressions à l’égard de Jerome Powell, le président de l’institution. Il l’a menacé à plusieurs reprises de le remplacer, parce qu’il ne baissait pas les taux d’intérêt assez rapidement à son goût. Organe collégial et indépendant du pouvoir exécutif depuis 1951, le conseil des gouverneurs s’y est jusqu’ici refusé, principalement en raison de la guerre commerciale que le président américain a lui-même déclenchée et qui menace de relancer l’inflation. » Et attention, prévient Le Monde, « fragiliser la Fed par une ingérence politique directe sur ses décisions aurait des conséquences en cascade. Outre une baisse du dollar, la perte de confiance dans la fiabilité de la politique monétaire américaine entraînerait une augmentation de la prime de risque sur la dette à long terme des États-Unis et rendrait problématique son refinancement. » Le risque inflationniste Le Wall Street Journal ironise : « et si Trump dirigeait la Réserve fédérale ? Le limogeage de Lisa Cook montre qu’il veut placer la politique monétaire sous son contrôle personnel. Il y parviendra peut-être, mais le pays le regrettera. » En effet, précise le quotidien financier, « l’histoire nous apprend ce qu’il advient des banques centrales qui deviennent les bras armés des hommes politiques. Il n’y a qu’à voir l’inflation en Turquie sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan ou encore en Argentine depuis des décennies. (…) Trump n’envisage que des tactiques à court terme et aux avantages politiques personnels qu’il peut en retirer. L’intégrité institutionnelle l’ennuie. Mais s’il réussit à prendre le contrôle de la Fed, lui et les Républicains seront comptables de toute l’inflation qui en découlera. » Le New York Times pour sa part s’interroge : « la Cour suprême va-t-elle imposer de véritables limites à ce président ? » Et dans le cas d’espèce, s’opposer au limogeage de Lisa Cook ? Sans doute pas… Car, « la Cour suprême, rappelle le journal, s’est gravement écartée de son chemin au cours des sept derniers mois (depuis le début du mandat de Trump) — elle a autorisé des actions présidentielles qui menacent le fondement même d’un système de séparation des pouvoirs. » Mainmise aussi sur la santé publique… Enfin qu’il n’y a pas que la Fed dans le collimateur de Trump… Il y a aussi le CDC, le Centre des contrôles et de prévention des maladies, la principale agence sanitaire américaine. Sa directrice, Susan Monarez a été limogée hier, sur fond de désaccords avec le ministre de la Santé Robert Kennedy Jr. « Kennedy et ses alliés reprochent depuis longtemps au CDC, rapporte le Washington Post, de faire preuve d’une trop grande complaisance à l’égard de l’industrie pharmaceutique et des fabricants de vaccins. » A contrario, pointe Le Monde à Paris, « depuis son entrée en fonctions, Robert Kennedy Jr a enclenché une refonte de la politique vaccinale, limogeant des experts réputés, restreignant l’accès aux vaccins contre le Covid-19 ou coupant des fonds au développement de nouveaux vaccins. Des mesures prises souvent à l’encontre du consensus scientifique et fustigées par des experts extérieurs. » Résultat : le CDC est désormais en « plein chaos », soupire le Guardian à Londres. Et de nombreux experts en matière de santé publique, cités par le quotidien britannique, qualifient l’implosion du CDC de « désastre total. »
De retour hier du fort de Brégançon, sa résidence de vacances varoise, Emmanuel Macron doit retrouver, ce mercredi, François Bayrou et son gouvernement pour un Conseil des ministres de rentrée. Libération à Paris, s’interroge : « le Président s’efforcera-t-il de regonfler le moral des troupes ? Se gardera-t-il d’évoquer l’issue a priori fatale du vote de confiance du 8 septembre ? Tristes mines de condamnés autour de la table. Depuis que les oppositions ont unanimement claqué, lundi, la porte au nez du Premier ministre qui compte engager la responsabilité du gouvernement sur le principe d’un effort de 44 milliards d’euros pour 2026, "on a fait nos calculs, soupire un conseiller ministériel. C’est plié, il n’y a aucun suspense. On se retrouve encore dans la machine à laver, à se demander ce que nous réserve la suite" ». Chaos ? La presse étrangère ne peut que constater les dégâts… « Et la France replongea dans le chaos », soupire Le Soir à Bruxelles. « Les mots tenus par François Bayrou durant sa conférence de presse lundi ne peuvent que bousculer. Oui, creuser sans cesse la dette hypothéquera l’avenir des générations futures. Mais la gravité du moment n’appelait-elle donc pas justement à débattre, à tenter d’arracher à tout prix un compromis, s’exclame le quotidien belge, même si cet accord semblait quasiment introuvable ? Une partie du Parti socialiste, sa frange la plus modérée, incarnée par l’ancien président François Hollande, était encore prête à discuter. Tant que le gong de l’échec n’avait pas retenti, il était encore possible d’espérer conjurer le chaos. François Bayrou a choisi une autre voie, pointe encore Le Soir. Il a préféré une sortie théâtrale, désormais plus que probable. Partir avant d’être chassé ». Incompréhension… Le Temps à Genève exprime son incompréhension… « On notera l’utilisation répétée par le Premier ministre du mot "clarification" pour expliquer sa démarche. C’est le terme exact qu’avait utilisé Emmanuel Macron en 2024 pour justifier sa dissolution (complètement ratée) de l’Assemblée nationale, celle-là même qui a enfoncé la France dans cette crise, avec des élections législatives anticipées qui ont parachevé l’explosion du paysage politique français et laissé le pays sans la moindre majorité sur laquelle s’appuyer. Emmanuel Macron avait fini par reconnaître l’échec de ce premier coup de poker et il validerait désormais le pari fou de son Premier ministre ? », s’exclame Le Temps. « Soit le président ne retient aucune leçon, soit il a autre chose derrière la tête. Autre chose de nécessairement très risqué. Qui a dit que chat échaudé craint l’eau froide ? » Courage ? Pour le Times à Londres, François Bayrou a fait preuve de courage… « Le Premier ministre français risque sa tête pour rétablir des finances publiques désastreuses. Il faut féliciter François Bayrou pour avoir appelé à un vote de confiance afin de sortir ses compatriotes de leur état de rêve ». Et le Times de détailler par le menu l’état catastrophique des finances publiques françaises… Et de signaler au passage que si une majorité de français refusent la suppression de deux de leurs onze jours fériés, l’Angleterre, elle, n’en compte que huit… Coup de froid… « Adieu l’été », soupire pour sa part le Wall Street Journal à New York : « coup de froid à Paris pour le début de la saison budgétaire française. Les investisseurs sont transis à l’idée que le gouvernement pourrait bientôt tomber comme une feuille morte à l’automne, car après toutes ces années, Paris n’arrive toujours pas à maîtriser son budget et son économie. (…) On aurait pu penser, déplore le quotidien financier américain, que la situation budgétaire française désastreuse susciterait une explosion de créativité en matière de politique. Au lieu de cela, la plupart des politiciens français s’accordent à dire qu'ils préfèrent augmenter les impôts plutôt que de réduire les dépenses ou de réformer les droits sociaux. (…) Il n’y a aucune discussion sur la croissance économique, qui est le seul moyen pour la France d’échapper à un marasme fiscal, constate encore le Wall Street Journal. Les premiers succès d’Emmanuel Macron en matière de réformes ont montré que le changement était possible, mais son style impérieux n’a pas réussi à rallier les électeurs ».
Surprise hier : le Premier ministre français annonce qu’il va engager la responsabilité de son gouvernement sur son plan d’économies budgétaires. Ce sera le 8 septembre devant l’Assemblée nationale réunie en session extraordinaire. Seulement voilà, l’opposition est vent debout contre ce projet et elle votera la censure… Résultat, pointe Libération, « Bayrou s’auto-dissout : vu le niveau de sa cote de popularité et l’ampleur des mouvements sociaux qui se préparent, foutu pour foutu, François Bayrou a donc choisi de faire tapis en sollicitant ce vote de confiance. Suicidaire ou courageux, il y a sans doute un peu des deux dans cette annonce qui, après un bref moment de sidération, a été prise au mot par tous les partis d’opposition qui ont assuré qu’ils ne voteraient pas la confiance. » « François Bayrou seul contre tous », renchérit Le Figaro. « Il pariait sur un quitte ou double. Vainqueur, il serait sorti plus fort de cet épisode. On sait déjà que le plus probable semble devoir être la chute de son gouvernement ». Et pourtant, soupire Le Figaro, « son constat était sombre, mais lucide. Sa leçon était sévère, mais juste. En rappelant qu’il était le seul à se battre contre la dette depuis vingt ans, François Bayrou s’est bien sûr donné le beau rôle, mais, dans l’instant présent, son initiative - courageuse - mettait en jeu sa survie à Matignon. Il restera donc seul contre tous ». « Lui ou le chaos… » « Durant tout l’été, rappelle Le Soir à Bruxelles, François Bayrou avait prêché dans le désert pour convaincre les Français de soutenir son projet de budget pour 2026. Son plan, esquissé mi-juillet, prévoit 44 milliards d’euros d’économies, notamment via une “année blanche“ (le gel des dépenses sociales au niveau de 2025), une réforme de l’assurance-chômage et de la Sécurité sociale, mais surtout la suppression de deux jours fériés. Un chiffon rouge, pour 84 % des Français, selon l’institut de sondages Odoxa. (…) C’est donc lui ou le chaos, s’exclame Le Soir. Lui ou la dette. Et ce sera à chaque parlementaire, de chaque parti, d’en décider en son âme et conscience. Un pari qu’il n’a, à vrai dire, quasiment aucune chance de gagner sauf énorme coup de théâtre ». Et après ? Alors si l’Assemblée vote la censure, que peut-il se passer ? Réponse du Guardian à Londres : « les dirigeants de l’opposition ont déclaré qu’en cas de chute du gouvernement, ils exigeraient la dissolution du Parlement et de nouvelles élections. Néanmoins, Emmanuel Macron, dont la décision surprise de dissoudre le Parlement en juin 2024 a produit une assemblée divisée en trois groupes opposés, Emmanuel Macron ne semble pas vouloir répéter l’expérience. Les analystes estiment qu’il tentera d’éviter de nouvelles élections anticipées, pointe encore le quotidien britannique, en cherchant plutôt à nommer un nouveau Premier ministre - bien que l’on puisse se demander qui pourrait être ce Premier ministre et comment il pourrait être plus efficace ». Gaza : encore un « crime de guerre » À la Une également, l’indignation après la nouvelle frappe israélienne hier à Gaza. Frappe sur l’hôpital Nasser de Khan Younès qui a fait plus de 20 morts dont 5 journalistes palestiniens. « Une caméra de Reuters a tout filmé, rapporte Le Monde. Face à la violence des images, l’armée israélienne a rapidement annoncé une enquête. Le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, est aussi intervenu dans la soirée en exprimant ses regrets. “Israël accorde de la valeur au travail des journalistes, du personnel médical et de tous les civils“, a écrit le chef du gouvernement alors même, fulmine Le Monde, que tous les actes de l’État hébreu depuis vingt-deux mois témoignent du contraire – à commencer par l’interdiction faite aux reporters internationaux de se rendre dans l’enclave palestinienne de manière indépendante ». Enfin, Haaretz, quotidien israélien d’opposition, ne cache sa colère : « nous avons été témoins d’un crime de guerre retransmis en direct. Comment justifier des attaques répétées contre un hôpital, surtout lorsque le système de santé de Gaza est pratiquement paralysé, au milieu d’une crise humanitaire et d'une famine sans précédent dont le monde entier parle ? Comment expliquer le nombre de journalistes tués (245 depuis le début de la guerre) ? (…) Cette guerre doit cesser immédiatement, s’exclame encore Haaretz. Israël doit prendre conscience de la réalité, renoncer à son projet scandaleux d'occuper la ville de Gaza et signer un accord prévoyant la libération des otages et le retrait de ses troupes de la bande de Gaza ».
« Un samedi comme un autre à Tel-Aviv, relève Libération à Paris. Des manifestations qui s’enchaînent et plusieurs dizaines de milliers de personnes dans la rue. Courant août, le mouvement social contre la guerre dans la bande de Gaza qui agite la capitale d’Israël depuis des mois a encore gagné du terrain, nourri par la nouvelle opération militaire dans la ville de Gaza annoncée par le Premier ministre, Benyamin Netanyahu, qui menace d’aggraver encore le désastre humanitaire dans l’enclave palestinienne. Dimanche 17 août, rappelle le journal, une manifestation gigantesque avait rassemblé jusqu’à 500 000 personnes au niveau de la place des Otages, selon les organisateurs. Samedi, ils étaient encore près de 100 000 au même endroit. Et des milliers d’autres ailleurs ». Certes, pointe encore Libération, « ce mouvement social n’est pas unifié. Il est composé de plusieurs groupes avec leurs propres revendications ». Mais, « familles d’otages, réservistes, pacifistes de gauche dessinent la diversité, la multitude et parfois les contradictions d’un mouvement social qui ne cesse de prendre de l’ampleur ». Reste, constate le quotidien français, que « ce mouvement est minoritaire au sein de la société israélienne, en dépit de son expansion. Il peine toujours à mobiliser au-delà des classes moyennes et des classes moyennes supérieures, quand les classes populaires, dans l’ensemble, restent fidèles au gouvernement. Il y a 8 jours, la grève générale convoquée par le Forum des familles d’otages n’a eu un qu’un effet limité. Trop peu pour faire flancher Benyamin Netanyahu qui les balaye du revers de la main, pour le moment ». Israël ébranlé par le rapport de l’ONU sur la famine à Gaza Netanyahu qui contre-attaque après le rapport de l’ONU confirmant l’état de famine avancé à Gaza. Son argumentaire est repris par le Jerusalem Post : « c’est le Hamas qui est responsable du manque de nourriture, affirme le quotidien proche du pouvoir. Le Hamas qui pille l’aide pour la revendre à des prix exorbitants et qui manipule la couverture médiatique ». Faux, rétorque Haaretz. « Israël s’est empressé de discréditer le rapport de l’ONU établissant que Gaza souffrait d’une famine sans précédent. Mais les mensonges et les victimisations ne changent rien à un fait fondamental, affirme le quotidien de gauche israélien : Israël a affamé les Gazaouis jusqu’à l’intervention de la communauté internationale. (…) Depuis des mois, des camions chargés de nourriture attendent en Égypte, en Jordanie, en Cisjordanie et en Israël, prêts à entrer à Gaza pour nourrir la population. Le gouvernement israélien, mus par la vengeance et la survie politique, a sciemment créé cette catastrophe. La faim à Gaza est une réalité, conclut Haaretz. Et c’est de notre faute. » Dans une tribune publiée par Le Monde à Paris, les juristes Julia Grignon et Alexandre Miliani affirment que « la déclaration de famine de l’ONU à Gaza constitue une injonction à agir pour tous les États du monde. Parce qu’ils ont tous signé les conventions de Genève de 1949, les pays ont l’obligation de faire respecter le droit international humanitaire. (…) S’indigner est indispensable, mais, affirment encore les deux auteurs, c’est uniquement en prenant des mesures concrètes que des vies humaines pourront être sauvées ». Seule la chute de Netanyahu… Justement, au-delà d’éventuelles sanctions internationales, pour le Times à Londres, « il n’y a aucun espoir pour Gaza tant que Netanyahu est au pouvoir. Israël est une démocratie. Seul son électorat peut renverser son gouvernement. Par conséquent, avec ou sans le soutien des États-Unis, nous devons dire aux Israéliens ce que nous savons être vrai, s’exclame le Times : leur gouvernement salit la réputation de leur nation ; Israël est en train de devenir un État paria. (…) Nous devons parler franchement au peuple israélien. Il doit comprendre que nous ne sommes pas ses ennemis et que nous voulons contribuer à le défendre contre les mouvements terroristes meurtriers (…). Mais pas avant qu’il n’ait débarrassé son pays de la coalition gouvernementale actuelle ». Alors peut-être un début de solution avec la proposition formulée avant-hier par l’un des principaux opposants à Benyamin Netanyahu, Benny Gantz : la formation d’un gouvernement temporaire permettant de libérer tous les otages à Gaza, un gouvernement de centre-droit qui écarterait l’extrême droite du pouvoir. Et on revient à Libération pour qui cela pourrait être « un tournant politique majeur en Israël ». Mais pour l’instant, aucune réaction des dirigeants israéliens.
Dans la presse internationale, de nouveau, ces photos d’enfants et d’adultes qui tendent désespérément des bassines en fer, espérant recevoir de la nourriture. C’est à la Une du quotidien espagnol El Païs, qui titre : « La ville de Gaza officiellement en état de famine, à la veille de l’invasion israélienne ». Une famine « entièrement provoquée par l’homme », accuse le Guardian, citant les experts qui ont défini les critères sur lesquels l’ONU s’appuie pour décréter l’état de famine. « Une famine », précisent encore les experts, « qui est entièrement d’origine humaine et qui pourrait être stoppée ». La presse israélienne, elle, s’appuie sur les déclarations du premier ministre Benyamin Netanyahu, qui parle de « mensonge » et de « diffamation », comme le rappelle en une le Times of Israël, selon lequel « le département d’État américain rejette en grande partie le rapport de l’ONU ». Le Jerusalem Post, lui, préfère titrer sur les dernières déclarations de Donald Trump selon lequel « il reste probablement moins de 20 otages en vie à Gaza ». Quant au quotidien d’opposition Haaretz, il n’évoque pas la famine en Une, mais révèle que sur ordre du Shin Bet – les services de renseignement israéliens –, deux médecins étrangers bénévoles (une américaine et une française) se sont vu refuser « l’accès à la bande de Gaza ». Peine de mort requise contre Joseph Kabila Également dans la presse internationale, les réquisitions dans le procès de Joseph Kabila, en RDC. « Au Congo, le ministère public a requis la peine de mort pour l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, accusé d’être l’instigateur du mouvement rebelle AFC/M23 », titre Le Soir. Une réquisition chaleureusement accueillie par l’assistance. « Pluie d’applaudissements dans la salle d’audience, aucunement surprise par la sévérité des réquisitions, au vu de la gravité des charges qui pèsent sur Joseph Kabila », poursuit le quotidien belge. L’ancien chef de l’État est notamment accusé « de participation à un mouvement insurrectionnel, trahison ou encore apologie de la rébellion ». Joseph Kabila n’assiste pas à son procès. L’un des avocats de l’accusation, rappelle Le Soir, ironise : « Monsieur Kabila, aujourd’hui, est gardé par les forces spéciales rwandaises. Quand il veut venir à Goma, il passe par le Rwanda ». Joseph Kabila est même accusé d’être, en fait, « un Rwandais du nom d’Hippolyte Kanambé », « ce qui met en doute son lien filial avec son prédécesseur Laurent-Désiré Kabila ». Du côté de la défense, poursuit Le Soir, on parle de « manipulation d'identité d'un héros national », alors que le parti politique de Joseph Kabila, le PPRD, évoque un « procès bidon ». « Qu'importe les critiques et les polémiques », conclut Le Soir, « le verdict de la Haute Cour militaire est attendu très prochainement dans la capitale kinoise ». Business de la maltraitance en ligne Enfin, en France, la presse continue de s’interroger sur la mort en direct d’un streamer, qui se faisait appeler Jean Pormanove. Il était le souffre-douleur de deux autres hommes, scènes diffusées en direct sur la plateforme vidéo australienne Kick. Mediapart décrit ainsi les jours qui ont précédé la mort du streamer qui était consentant, du moins au début des violences subies : « douze jours de sévices physiques et psychologiques, au cours desquels le streamer est frappé à plusieurs reprises au visage. Il est également étranglé, sorti brutalement du sommeil, rabaissé, moqué, insulté ». Mais selon l’autopsie, ce ne seraient pas les coups reçus qui ont provoqué la mort de Jean Pormanove. Il n’empêche, Mediapart parle d’un « véritable business de la maltraitance en ligne, encouragé par des fans prêts à payer pour ce sordide spectacle ». Des scènes diffusées donc par la plateforme australienne Kick, pas du tout effrayée par les réactions indignées, puisqu’elle « a remis en ligne, jeudi, les vidéos des sévices subis par le streamer avant sa mort », révèle Mediapart. Images qui sont restées accessibles jusqu’à vendredi dans l’après-midi. Preuve que la régulation de telles vidéos est loin d’être acquise. À lire aussiBande de Gaza: «Il s'agit d'une politique qui consiste à affamer une population bloquée»
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