«Ségui Sô» de l'ivoirien Donald Dogbo : au rythme de la Mère Afrique
Description
Quelques notes de Ségui Sô suffisent pour plonger dans l’univers du percussionniste et batteur ivoirien Donald Dogbo. Dans ce nouvel album, le jazz contemporain fusionne tout naturellement avec les rythmes africains. En bambara, Ségui Sô signifie « retour aux racines » : un titre qui résume parfaitement la démarche de l’artiste, héritier d’une longue lignée de tambourinaires.
Donald Dogbo a grandi au son du ngoma, tambour d’Afrique centrale – notamment du Congo – et du tam-tam parleur, venu d’Afrique de l’Ouest. Deux traditions qu’il réunit naturellement dans cet album.
« Sur ce disque, on peut entendre les ngomas, qui sont des tambours typiques de l'Afrique centrale et qu'on n’entend pas souvent parce que le plus souvent, les gens ont l'habitude d'entendre le djembé, les bongos, les congas. Mais j'utilise les ngomas, parce que je rends hommage aussi aux bantous. Dans tout ce que je fais, je parle de l'origine du jazz, je parle de la déportation, de la traite négrière, du jazz qui a quitté l'Afrique et qui s'est retrouvé à la Nouvelle-Orléans, je parle de cette origine-là. Je parle du tam-tam parleur, de l'origine même, de la base du jazz : donc les ngomas. Ségui Sô me permet de ne pas oublier d'où je viens. Donc mes racines n'ont pas changé. Elles restent la Mère Africa », sourit Donald Dogbo.
Rester fidèle à ses origines
Comme le jazz, Donald Dogbo a, lui aussi, quitté l’Afrique pour l’Amérique du Nord. Sauf qu’au lieu de s’arrêter à la Nouvelle-Orléans, il s’est installé à Montréal, il y a plus de dix ans. Son parcours d’immigration nourrit profondément son travail. Ce déracinement et ce besoin de fidélité à ses origines sont au cœur de Ségui Sô, notamment dans le morceau éponyme. Sur ce titre, on entend la voix de son fils, Ziya Dogbo, captée par hasard en studio et intégrée au morceau au dernier moment. Ce clin d’œil familial incarne bien la transmission qui traverse tout l’album.
Parmi les autres invités, on retrouve le chanteur congolais Hendry Massamba, cousin de la voix afro-soul Fredy Massamba. Et si les voix sont peu nombreuses dans le disque, elles en demeurent pourtant la source d’inspiration première. « En Afrique, il n'y a pas que la rythmique. En Afrique, c'est d'abord la mélodie. C'est d'abord le chant, les voix, c'est d'abord la parole. Donc les voix du pays, les chants du pays m'ont inspiré. Les mamans qui pleurent au pays m'ont aussi inspiré à trouver des notes, des mélodies », raconte le batteur.
À lire aussiLa chanteuse malienne Djely Tapa, nouvelle voix de la musique mandingue
Avec Ségui Sô, Donald Dogbo ne se limite pas à la Côte d’Ivoire : il fait dialoguer les rythmes du Sénégal, du Cameroun, du Mali… Ce dernier est d’ailleurs représenté par la griotte Djely Tapa, invitée sur le morceau « Siguî ». Après son premier disque Coubli – qui signifie « partir à l’aventure » en bété, Ségui Sô approfondit encore cette exploration de la richesse des musiques traditionnelles ouest-africaines, où polyphonie et polyrythmie ont une place centrale. Donald Dogbo y ajoute ses connaissances en jazz contemporain et aboutit à ce beau dialogue sonore, passerelle entre passé et présent.
Donald Dogbo Ségui Sô (Donald Dogbo) 2025



