Discover🎙Po Na Biso🎙 Groupes armés : Mboso a-t-il raison de pointer ses collègues du Grand Kivu ?
🎙 Groupes armés : Mboso a-t-il raison de pointer ses collègues du Grand Kivu ?

🎙 Groupes armés : Mboso a-t-il raison de pointer ses collègues du Grand Kivu ?

Update: 2021-04-02
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En marge de l'ouverture de la plénière du lundi 29 mars, le président de l'Assemblée nationale, Christophe Mboso N'Kodia, a déclaré : "Vous les collègues du Grand Kivu, quittez les groupes armés."


Alors que le pays est sous le choc d’un nouveau massacre de 27 personnes au nord de Beni, ce qui porte à plus de 1 100 le nombre de personnes tuées dans ce territoire depuis novembre 2019, Mboso a-t-il raison de pointer du doigt ses collègues ?


Bonjour,


Je m'appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d'étude sur le Congo, centre de recherche basé à l'Université de New York. Vous écoutez le huitième numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d'expliquer et de donner notre avis sur les questions d'actualité en RDC.


Nous sommes le vendredi 2 avril.


Il ne fait aucun doute que certaines élites politiques congolaises, y compris des parlementaires, ont été affiliées à des groupes armés. En 2011, un rapport du Groupe d'experts de l'ONU a documenté le soutien de Jemsi Mulengwa, ancien député de Fizi, aux Maï-Maï Yakutumba, et de nombreux rapports montrent le soutien de Justin Bitakwira, ancien député d'Uvira, aux groupes armés dans la Plaine de la Ruzizi. En 2011, l'actuel député Anselme Enerunga a participé à la production et à la diffusion de vidéos faisant l'éloge des groupes armés Raia Mutomboki à Kalehe, d’où il est originaire. Autour de Beni, en 2018 des candidats députés au niveau provincial et national ont , bon gré mal gré, encouragé des groupes locaux qui ont fini par participer à des attaques contre des agents de santé pendant l'épidémie d'Ebola dans cette région. 


Il existe également d'autres exemples. Même si le recours au populisme est certainement préjudiciable à la stabilité, il n'est qu'un facteur, et probablement pas le plus important, contribuant à la violence globale dans l'est du Congo. La plupart de ces soutiens documentés étaient rhétoriques, et non financiers. Et si bon nombre des 120 groupes armés de la région ont des liens avec les élites politiques et économiques, il s'agit pour la plupart d'alliances de convenance; les groupes armés ne sont pas les marionnettes de ces élites. 


Pour la plupart, les groupes armés de l'est du Congo sont portés par leur propre élan, survivent en taxant la population locale, les mineurs artisanaux et les hommes d'affaires, et ne sont vraisemblablement pas approvisionnés ou financés par de puissantes élites à Kinshasa ou à Goma. C'est certainement le cas des ADF, le groupe armé de loin le plus meurtrier du Congo, responsable d'environ ⅓ de toutes les tueries de civils dans le conflit depuis 2019 selon le Baromètre sécuritaire du Kivu. Bien que ce groupe ait tissé des liens de survie avec les populations locales, rien ne prouve qu'un parlementaire - ou un autre dirigeant politique congolais, d'ailleurs - le soutienne. 


S'il est séduisant d'adhérer au récit des "tireurs de ficelles", cela détourne l'attention d'une responsabilité beaucoup plus claire : celle de l'État congolais, qui est souvent peu disposé ou incapable de démanteler les groupes armés, et qui est parfois complice de ces derniers. Par exemple, le GEC a documenté le soutien récent des FARDC au NDC-R, l'un des groupes armés les plus importants de la région. Et en général, les 120 000 soldats de l'armée manquent souvent des ressources et de motivation suffisantes pour s'attaquer à des groupes armés. 


Cela ne veut pas dire que la stabilisation de l'Est sera facile, ni qu'il existe un vaste complot derrière les massacres. Il faudra un plan et du temps. Il faudra une volonté politique et des ressources publiques pour réformer l'armée, mettre en place un plan de démobilisation, s'engager dans une véritable réconciliation communautaire et fournir des emplois aux jeunes de la région qui rejoignent souvent des groupes en quête de survie et de dignité. Le président de l'Assemblée nationale a mentionné certaines de ces choses dans son discours - concentrons-nous sur celles-ci. 

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Groupe d'étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli