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Autiste ou bipolaire ? L'interview

Autiste ou bipolaire ? L'interview

Update: 2025-09-05
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Discussion avec Nicolas Galita sur le thème de l’autisme et du trouble bipolaire, un peu en vrac.Je vous invite à regarder les précédents posts sur let sujet, ici, , et .

Nicolas a également fait un document de 43 pages, disponible ici:

J’ai fait un copier collier en dessous si besoin, mais je vous conseille le document, qui comporte des tableaux plus faciles à lire.

Je ferai les commentaires dans un second temps !

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Analyse De L'article Sur L'autisme De Michael Sikorav par N.Galita

Avant de commencer, plusieurs points : 

* Ton article est une tentative d’exclusion de la piste autistique. Par conséquent si je montre avec succès qu’elle est infructueuse je n’aurais absolument pas montré que tu es autiste, j’aurais simplement montré que tu n’as pas su exclure l’autisme. C’est important car sinon tu peux croire que je ne respecte pas l’impératif de falsifiabilité. Je ne prétends pas démontrer que tu es autiste, je prétends démontrer que ce que tu dis n’exclut pas l’autisme.

* Je ne suis pas habilité à poser des diagnostics, je ne suis pas psychiatre, je n’ai pas fait d’études de psy, mon expertise se résume à avoir lu une trentaine de livres et avoir suivi la formation Autism & ADHD Assessment Course de Neuropebble, formation pour psy (mais personne ne vérifie à l’entrée) qui dure environ 8 heures et où on s’exerce à travers un cas réel d’une patiente ayant acceptée d’être enregistrée. Mais tu n’as pas de raison particulière de m’accorder une légitimité a priori de mon propos.

* Tu as dit que ce qui t’intéressait ce n’est pas ton cas mais l’importance de l’enjeu de cette discussion. Je te rejoins sur l’importance tout en étant en désaccord sur ta conclusion et c’est pour ça que je me suis permis de discuter de ton cas que tu rends toi-même public

* Le but n’est pas de montrer que tu es autiste, je l’ai dit, mais c’est utile de rappeler que ce n’est de toute façon pas possible sur la base des 12 traits que tu listes. Il n’y a que deux réponses “non, tu ne sembles pas autiste” et “ il faudrait creuser, ça dessine une piste”. En effet, même si on acceptait les 12 traits ça ferait A1 validé, A2 on sait pas y’a juste le contact visuel, A3 à creuser, B1 aucune info, B2 à creuser, B3 validé et B4 quasiment aucune info à part l’ARFID par ricochet. On serait donc loin de 3 critères A validés et 2 critères B. Je ne parle même pas du C qui semble te tenir particulièrement à coeur.

* Ta démarche était un piège, tu le sais, tu l’as conçu comme tel. Du coup conclure que les gens vont trop vite en besogne alors que tu les as sciemment piégé est singulier. C’est comme si je posais une question piège mathématique puis je déduisais que les gens savent pas compter. Car, tu n’as pas présenté un tableau complet. Pour une expérience neutre il aurait fallu que tu donnes ton avis sur chaque critère du DSM. Si tu n’observes pas de trait en B1 par exemple, bah tu aurais pu dire “je n’ai rien de particulier en termes de comportements répétitifs”. Le fait de ne pas mentionner ce qui est absent induit le lectorat en erreur. Si tu avais fait la même liste puis rajouté en revanche j’ai pas ceci, ceci ou cela ça aurait été plus neutre. Par conséquent je ne trouve pas que tu aies démontré que les gens concluent trop vite : tu as tout fait pour que ça soit le cas. D’ailleurs, tu le dis toi-même, la plupart des gens ont répondu je ne sais pas et limite tu leur reproches. Mais c’était la bonne réaction. Encore une fois il n’était pas possible de déduire l’autisme de ce que tu as présenté. Autre et non étaient donc techniquement les seules réponses possibles, le simple fait de proposer oui était un biais.

Ceci étant dit voici mes commentaires point par point  : 

Description de traits

Ta contre-argumentation

Mon commentaire

Je ne peux manger qu’un nombre très limité d’aliments. Le goût et le plus souvent la texture me répugnent. Quand j’essaye de “forcer” avec les aliments en questions, je finis par les vomir. Mon alimentation se résume aujourd'hui à des protéines sous forme de viande, poisson et volaille, des produits laitiers, et des glucides sous diverses formes - j’ai stoppé la diète cétogène en reprenant le sport.

Le diagnostic DSM de ce “trouble” est l’ARFID; Avoidant/Restrictive Food Intake Behavior. C’est, grosso modo, ce que j’ai décrit. Le trouble peut être présent en dehors de l’autisme; c’est d’ailleurs le cas pour environ 85% des patients qui ont un ARFID. Autrement dit, seulement 15% des patients avec un ARFID sont aussi atteints d’autisme.

Ca marche dans l’autre sens, seulement 10% des patients atteints d’autisme ont un ARFID.

C’est bien pour ça que l’ARFID ne fait pas partie des traits à utiliser pour un diagnostic mais plutôt une co-occurrence. 

Le trait autistique c’est ce truc de la texture et du goût à rattacher au critère B4 de l’autisme. Voilà ce que j’aurais précisé :  1. De manière générale as-tu une hyper réactivité au sens du toucher ? Question imparfaite pour creuser : est-ce que tu fuis des textures non alimentaires (par exemple la sensation de certains vêtements)

2. As-tu d’autres hyper réactivités sur les 6 (ou 7 ou 8 selon les définitions) sens restants ? Sur le goût manifestement oui mais y’a-t-il d’autres sens ? As-tu exploré la proprioception ? L’interoception ? Le système vestibulaire ?3. As-tu des hypo réactivité sur les 6/7/8/ sens restants ?

Ceci étant dit ⚠️ La statistique ici n’apporte pas grand chose ⚠️Tu oublies de prendre en compte la taille des échantillons. Tu omets en conséquence de rappeler que l’ARFID touche entre 1 et 3% des personnes en population générale (estimation).Donc quand tu dis que 10% des autistes ont un ARFID ça fait une sur représentation assez énorme (un facteur 3 à 10)En lançant rapidement un calcul bayésien dans GPT avec une prévalence de l’autisme de 3% j’obtiens une probabilité de 15% d’être autiste en ajoutant cette information…. une multiplication par 5 de la proba initiale donc.(Faudrait refaire le calcul puisque c’est GPT mais l’ordre de grandeur me paraît crédible)Tu as donc plutôt apporté un argument dans le sens de l’autisme. Sans rien mentionner qui soit un argument de réfutation de l’autisme, ce qui est pourtant ce que tu annonces vouloir faire.

Je peux écouter la même musique pendant des semaines, sans me lasser.

J’ai écouté des centaines de musiques différentes pendant des heures, sans me lasser. La musique déclenche chez moi des émotions d’une intensité telle qu’elles rendent l’expérience addictive. Je finis par me lasser, et je passe à une autre musique. L’intensité émotionnelle est le moteur de ce comportement; une intensité qu’on retrouve plus dans les descriptions des patients bipolaires qu’autistes. La lamotrigine, qui supprimait cette hyperémotivité, supprimait également tout intérêt pour l’écoute en boucle des musiques.

Je me déclare incompétent pour avoir un point de vue de type diagnostic différentiel ici.Intuitivement j’ai envie de dire que les autistes aussi ont ce comportement pour des raisons émotionnelles. Surtout dans le cas d’une sensorialité auditive atypique.Mais le souci c’est que mon niveau de connaissance de la bipolarité (qui est vraiment celui très basique de connaître la description du DSM et quelques stats) se met en travers de ma capacité à évaluer l’argument. 

Je suis incapable de faire du “small-talk”, de parler de la pluie ou du beau temps. Ca n’est pas que ça ne m’intéresse pas - de fait, ça ne m’intéresse pas du tout, mais même si je veux le faire, je n’y arrive pas. Compétence 0. Je pourrais tout à faire raconter le décès d’un proche à un inconnu. 

Je ne peux pas faire grand-chose qui ne m’intéresse pas. Je n’ai jamais, en réalité, fait quoi que ce soit qui ne m’intéressait pas; sauf s’il était impossible de faire autrement. Si mon cerveau n’est pas stimulé par la tâche, ça me passe complètement au-dessus du chapeau. Je n’arrive pas à apprendre à faire du small-talk, mais ma femme pourra vous donner des dizaines d’exemples de choses qui semblent simples que je n’arrive pas non plus à intégrer.

Un autre élément important: pour faire du small-talk, il faut avoir des choses à raconter. En dehors de la médecine et de ma vie de famille, il ne m’arrive rien d’incroyable; car je ne fais rien d’autre. Difficile d’improviser.

Je ne peux pas faire de small talk, mais je suis capable de communiquer très efficacement au besoin. Je pense que les patients pourront en témoigner.

Ca n’a, je pense, rien à voir avec l’autisme tel qu’on le conceptualise.

Commentaire de ma femme : dans un contexte d’objectif précis il n’y a en effet pas de souci.

J’imagine que le sous-entendu ici c’est que c’est un trait du TDAH ? Car ça n’a rien

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Autiste ou bipolaire ? L'interview

Michael Sikorav MD and Nicolas Galita