Aylan Kurdi : "Il y a dix ans, tout le monde disait : 'plus jamais ça !'"
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À la Une de la presse, ce mercredi 3 septembre, la frappe américaine contre un bateau transportant, d'après Donald Trump, de la drogue et des trafiquants. Une attaque qui a fait 11 morts, toujours selon lui. On parle également du dixième anniversaire de la mort du petit Aylan Kurdi, d'un geste magistral de protestation en Chine et d'un tollé en Suède.
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À la Une de la presse, la frappe américaine contre un bateau transportant de la drogue et des trafiquants, d’après Donald Trump. Une attaque qui a fait 11 morts, toujours selon lui.
The New York Times évoque "la dernière escalade en date dans la guerre [du président américain] contre les cartels de la drogue vénézuéliens, qu'il accuse d’introduire du fentanyl [une puissante drogue de synthèse, NDLR] aux Etats-Unis". "Une rupture étonnante avec les efforts traditionnels de lutte contre la drogue qui intervient dans un contexte de renforcement important des forces navales américaines au large des eaux territoriales vénézuéliennes", écrit le journal. The Wall Street Journal rappelle que les États-Unis considèrent le président Nicolas Maduro comme "un dirigeant illégitime" à cause "de la fraude électorale, du trafic de drogue et des violations des droits humains présumés" dans son pays. L'administration Trump a classé en février dernier l’organisation propriétaire du bateau ciblé, le gang "Tren de Aragua", "organisation terroriste étrangère" – une première au Venezuela.
À Caracas, les médias officiels, dont Tele Sur, relaient les accusations du président Maduro selon lequel il s’agit d’un "complot impérialiste des gringos pour faire main basse sur le pétrole vénézuélien", et son gouvernement assure même que la vidéo de l’attaque publiée par Trump est un faux "réalisé grâce à l’intelligence artificielle". El Nacional, le grand journal d’opposition vénézuélien, désormais publié depuis l’étranger, affirme pour sa part que "la vérité qui éclate avec une force indéniable est que le régime de Nicolas Maduro n'est pas seulement une dictature traditionnelle, mais une dangereuse structure narcoterroriste, qui menace la stabilité de toute une région et la sécurité mondiale".
Le trafic de drogue est un fléau mondial, dont témoignent les nombreuses saisies à-travers la planète. Le journal libanais L’Orient Le Jour indique que le gouvernement a annoncé hier la saisie dans le port de Tripoli de "la plus grande quantité de cocaïne jamais introduite en contrebande" dans le pays depuis le Brésil : 125 kilos de cocaïne cachés dans dix bidons parmi 840 autres contenant des huiles et des graisses. De la cocaïne transportée par navire depuis le Brésil : c’est aussi l’histoire du cargo "Trudy", dont Libération raconte le périple avant son arraisonnement en 2021 par les douanes françaises, qui y ont trouvé plus de 3,5 tonnes de drogue. Quatre ans après, la justice demande le renvoi en jugement de 13 de ses marins et Libé juge cette affaire symptomatique la façon dont "les cartes du trafic mondial de cocaïne ont été rebattues ces dernières années" – depuis, précisément, que les États-Unis se sont détournés de cette drogue pour le fentanyl, ce qui a eu pour conséquence d’inonder l'Europe, à la faveur de la "conteneurisation du monde" où "tout se transporte, en grande quantité, partout, et tout le temps. Sur des bateaux toujours plus gros".
Pas de gros bateaux mais des embarcations aussi fragiles que dangereuses pour les migrants qui tentent toujours de gagner l’Europe par les mers. Il y a dix ans jour pour jour, le corps d’Aylan Kurdi, un petit garçon syrien, était retrouvé sur une plage de Turquie. Une image qui avait fait la Une de toute la presse internationale, dont La Repubblica. Le journal italien exprime son amertume : "Il y a dix ans, le monde entier regardait un petit garçon de deux ans et demi, allongé sur le sable de Bodrum. Le monde entier pleurait et disait : 'Plus jamais ça !' Au lieu de cela, c'est toujours ça. Sans interruption. Le sacrifice d'Aylan Kurdi et l'indignation qui a suivi ont été vains." Le journal cite les chiffres de l'Unicef : 3 500 mineurs se sont noyés ou ont disparu en Méditerranée ces dix dernières années. Au Royaume-Uni, The Independent, qui avait aussi consacré à l’époque sa Une à Aylan Kurdi et publié un édito bouleversant rappelant que cet enfant était "l’enfant de quelqu’un, l’enfant précieux de quelqu’un", relaie l’alerte de plusieurs ONG qui s’alarment du renforcement actuel de la répression de l’immigration clandestine, qui pourrait pousser davantage de migrants à risquer leur vie en traversant la Manche à n’importe quel prix.
Un mot également d’un message de protestation en Chine, aussi rare que courageux. The New York Times raconte l’initiative incroyable de Qi Hong, un activiste de Chongqing, dans le centre du pays qui se livre à une performance politique et artistique dans laquelle le journal voit "la preuve que la défiance peut encore surgir et survivre, même dans l'un des États les plus surveillés au monde". Vendredi dernier, des slogans projetés sur un bâtiment ont appelé à la fin du régime du Parti communiste : "Ce n'est que sans le Parti communiste qu'il y aura une nouvelle Chine", tandis qu’un autre message déclarait : "Plus de mensonges, nous voulons la vérité. Plus d'esclavage, nous voulons la liberté." Il a fallu 50 minutes à la police pour localiser la source de la projection et l'éteindre – une scène que Qi Hong a réussi à filmer grâce à une caméra cachée, tout comme l’interrogatoire de sa mère par des policiers, grâce au même procédé. Ces images ont été largement diffusées depuis. Qi Hong et sa famille ont quant à eux réussi à quitter la Chine.
On finit cette revue de presse en Suède, où la définition du "modèle" culturel suédois fait des vagues. Fifi Brindacier, Ikea, le prix Nobel, le cinéaste et metteur en scène Ingmar Bergman (sympathisant nazi dans sa jeunesse) : The Guardian explique que cette définition d’un "canon suédois" fait partie de l'accord de coalition du gouvernement dirigé par les Modérés, qui dépendent du soutien des Démocrates de Suède, parti d’extrême droite. Le projet fait l'objet de vifs débats depuis le départ, mais que ce qui met vraiment le feu aux poudres, c’est que la définition en question n’intègre notamment aucune référence à Abba. Mamma Mia !
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