Chapitre 8 - Nature et histoire. A propos d'un matérialisme

Dans presque tout le texte, le mot "matérialisme" est entre guillemets,  et je ne le précise pas à chaque fois pour éviter d'alourdir la lecture.  Ces guillemets s'expliquent par le fait que le "matérialisme" dont  parle Guillaumin dans ce texte n'est pas le matérialisme des féministes,  ou des marxistes, ou d'autres encore - pas le matérialisme tel qu'il  est couramment définit.   Il sert ici à désigner ceux qui cherchent dans les gènes les causes de  l'intelligence, ou dans l'éthologie la source de la "nature humaine".  Plutôt que d'étudier des processus, des relations entre les choses, ces  "matérialistes" se présentent ainsi car ils font de la "matière" la  substance de toute chose. Ils font de la Nature (avec une majuscule) le  fondement de tout, y compris et surtout de l'ordre social et des  conduites humaines. Et teintent cette idéologie de l'aura de la Science  (également avec une majuscule).   En écrivant ce texte, Guillaumin le présente comme l'actualisation  d'anciens débats. Et en le lisant, on se trouve, nous aussi, à  identifier les caractéristiques d'un débat encore présent de nos jours,  même s'il a pris une autre forme. Aujourd'hui, le terme "matérialiste"  ne sert plus a désigner les tenants du naturalisme. Mais les enjeux  politiques restent les mêmes. Par exemple, l'attaque faite par les  politiques et autres sceptiques sur la remise en cause de la sociologie  comme science (pardon, "Science") est héritière de ce que décrit  Guillaumin dans ce chapitre. Ou encore le crédit accordé aux  "neurosciences" en tout genre, ou à l'évopsy (à l'époque où Guillaumin  écrit ce texte, il s'agissait de l'émergence de la sociobiologie).