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Comment écrire un roman à la première personne

Comment écrire un roman à la première personne

Update: 2020-11-08
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Description

Écrire un roman à la première personne est l’un des choix que vous avez à faire avant de commencer à écrire. C’est l’une des étapes essentielles à ne pas sous-estimer dans la préparation de votre roman. C’est le choix du narrateur, celui qui va prendre le lecteur par la main et l’emmener tout au long de votre récit.


Grammaticalement, vous avez le choix entre la troisième personne (la plus commune), la deuxième (très rare) et la première personne. Avec un large panel de possibilités qui lui sont propres, l’écriture d’un roman à la première personne est un exercice difficile, mais qui peut en valoir la chandelle si on la choisit pour les bonnes raisons et en prenant garde aux pièges qu’elle nous tend.


Dans cet article, je vous propose une liste de points, astuces et conseils pour écrire un roman à la première personne tout en m’appuyant sur des références littéraires et des exemples de mon cru.


(Lisez l’article : « Comment éviter les clichés« )


<figure class="wp-caption aligncenter" id="attachment_2797" style="width: 640px;">écrire à la première personne, c'est parler avec la voix de son personnage<figcaption class="wp-caption-text" id="caption-attachment-2797">Image par StockSnap de Pixabay</figcaption></figure>



Pourquoi écrire un roman à la première personne ?


Mais alors, si c’est si difficile d’écrire un roman à la première personne, pourquoi s’embêter avec cela ? Pourquoi ne pas se contenter du point de vue à la troisième personne ?


Parce qu’utiliser la voix du narrateur est un outil puissant pour impliquer le lecteur émotionnellement et le rapprocher de votre personnage, mais cet outil a ses exigences : si votre personnage est ennuyeux, votre histoire sera ennuyeuse. S’il raconte ses exploits, il aura l’air vaniteux, etc.


En écrivant à la première personne, vous donnez un télescope au lecteur et vous le lui pointez directement sur le cerveau de votre personnage. Autant dire que ce qui s’y trouve a intérêt à valoir le coup d’œil.


Un exemple :



« Si vous êtes marié comme moi, vous savez comment sont les femmes : impatientes, exigeantes. Elles sont comme des papillons de nuit. Elles se réchauffent, s’éblouissent aux lumières d’un homme, mais elles s’envolent à la première panne de secteur.


Alors il faut rester au top. Leur montrer que vous êtes toujours là pour prendre les décisions. Les bonnes décisions. Je sais bien que la plupart des femmes vous diront qu’elles veulent un homme tendre et attentionné, mais c’est des conneries. Elles ne veulent pas de tendresse, elles veulent savoir quoi faire, qui écouter et à qui obéir. Ça les rassure. Ça fixe des limites. Tout le monde a besoin de savoir où sont les limites. N’importe quel psychologue vous le dira. Les limites posent un cadre. Elles fixent les règles pour une vie saine et sereine. Et c’était exactement ce que j’avais fait hier soir. Elle avait dépassé les limites et je lui avais rappelé où elles se trouvaient. »



Bien sûr, nous n’aimerons jamais ce personnage, mais en écrivant son histoire à la première personne nous le connaîtrons mieux que personne. Ce passage révèle son mode de pensée, sa vision biaisée de la réalité. En choisissant ce narrateur, je vous montre son point de vue.


Dans le même temps, en le faisant se justifier (« N’importe quel psychologue vous le dira ») et en montrant sa vanité phallocrate («  Elles se réchauffent, s’éblouissent aux lumières d’un homme »), je vous montre également mon désaccord avec ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Il n’y a donc pas de risque pour qu’un lecteur éclairé confonde mon point de vue avec celui de mon personnage.


Si c’est le résultat que vous voulez, alors la première personne est le point de vue qu’il vous faut.


<figure class="wp-caption aligncenter" id="attachment_2798" style="width: 640px;">écrire à la première personne, c'est faire un zoom sur le cerveau de son protagoniste<figcaption class="wp-caption-text" id="caption-attachment-2798">Image par aytuguluturk de Pixabay</figcaption></figure>

Créer une voix originale


Si vous décidez d’écrire un roman à la première personne, vous faites le choix de dire votre histoire avec la voix d’un autre, celle du personnage qui raconte.


En tant qu’acteur de théâtre (amateur), je peux vous dire que l’écriture à la première personne est très proche de l’interprétation d’un rôle. Il s’agit véritablement de s’exprimer avec la voix de son narrateur. De refléter sa personnalité et son niveau d’instruction à travers vos mots bien choisis.


La différence entre l’écriture et la comédie se fera évidemment au niveau de l’orthographe et de la ponctuation. Si votre narrateur est peu éduqué, par exemple, ou une personne venant d’une région avec un accent marqué, vous devrez faire attention à ce que ses origines géographiques et sociales ne se reflètent qu’à travers sa syntaxe et son vocabulaire. Ne prenez pas trop de liberté avec l’orthographe.


Par exemple, si votre narrateur est un natif de la ville de Marseille, évitez d’écrire ainsi :



« J’avais une faimg de loup. Mathilde m’avait préparé un civet de laping et putaing. Je me suis régalé. »



De la même façon, si votre narrateur parle comme un paysan des années 40, évitez les libertés orthographiques et l’inondation d’apostrophes dans ce genre :



« J’peux pas croive qu’un gars d’son genre il ait fèt un truc comm’sa »



Ok, vous trouvez peut-être ça rigolo sur une phrase ou deux. Mais vous imaginez-vous lire 300 pages écrites comme cela ? Moi non.


D’ailleurs, si on y réfléchit deux minutes, cela n’a pas de sens de retranscrire l’accent de votre narrateur à l’écrit, car lui n’a pas conscience d’avoir un accent. C’est l’auteur (donc vous) qui a un accent différent de celui de son narrateur et qui se croit donc tenu de l’écrire différemment.


Enfin, vous l’aurez peut-être remarqué dans les exemples ci-dessus, l’abus de raccourcis ou d’apostrophes tend à dénigrer le personnage concerné, à se moquer de lui. Aussi vaut-il mieux l’éviter quand on veut écrire un roman à la première personne.


Le narrateur doit-il être le personnage principal ?


C’est logique. Si vous écrivez en utilisant la voix de l’un de vos personnages, il faut que ce personnage soit un protagoniste important de votre histoire. Dans la mesure où le narrateur ne raconte que ce qu’il a vu et entendu, il est inévitable qu’il soit impliqué dans l’action et le déroulement des scènes.


Attention, je n’ai pas dit que cela devait être LE protagoniste principal (même si c’est souvent le cas), mais l’un d’entre eux.


L’exemple le plus connu de cette nuance est certainement les aventures du célèbre Sherlock Holmes de Conan Doyle. Les enquêtes du plus british des détectives sont contées à la première personne par son assistant, le docteur Watson et non par le personnage principal. Et là, je pose LA question qui compte vraiment : pourquoi ?


Pour faire des cachotteries


La première de ces raisons est sans doute la commodité du stratagème pour entretenir le suspens jusqu’au bout. Holmes étant un génie de l’observation et de la déduction, il voit et comprend des choses que le commun des mortels ne conçoit pas. Si Doyle avait écrit du point de vue de Holmes, il aurait été contraint de tout nous révéler au fur et à mesure de l’avancée de l’enquête, ce qui aurait gâché le suspense. Mais en optant pour le point de vue de Watson, Doyle est en capacité de nous faire des cachotteries qui ne seront révélées qu’à la fin.


Les narrateurs peuvent distribuer les informations au compte-goutte. Cela peut paraître illogique, mais c’est bien accepter par les lecteurs à la condition qu’il les divulgue au fur et à mesure qu’il les apprend et pas seulement quand ça arrange l’auteur.


Des phrases dans le genre…



« Elle m’a dit autre chose, mais je ne me suis rendu compte que c’était important que bien plus tard. »



… peuvent très bien être acceptées par le lecteur de temps en temps. Mais si cela devient une habitude, nous perdons la confiance qu’il place en nous. Au lieu de nourrir le suspens (ce qui est l’objectif), nous ne faisons que l’affaiblir.


On passe du temps avec les gens qu’on apprécie


La deuxième raison du choix de Doyle, c’est que Sherlock Holmes est un connard vaniteux que le lecteur aurait sans doute eu du mal à supporter pendant autant de

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Jérôme Vialleton