Déficit, croissance, inflation: les priorités pour le prochain gouvernement français
Description
Voilà une semaine que la France n'a plus de gouvernement. Emmanuel Macron promet un nouveau Premier ministre dans les prochaines heures. Il ou elle d'ailleurs aura beaucoup de travail, avec en haut de la pile, la mise au point d’un budget pour 2025. Décryptage.
Emmanuel Macron l’a expliqué lors de son allocution télévisée le 5 décembre 2024: il n’envisage pas la France sans budget pour 2025. De fait, le président de la République souhaite, en l’attente d'une présentation d'un véritable budget, que celui de l’année à venir sera pour le moment le même que celui de cette année. Cela grâce à une loi spéciale qui va d'ailleurs être présentée ce mercredi en Conseil des ministres.
À lire aussiCensure du gouvernement Barnier: Emmanuel Macron seul face à la quadrature du cercle
Dans les faits, tous les crédits sont reconduits à l'identique: ils sont gelés et renouvelés. Avec cette conséquence pour le moins inattendue puisque dans le budget proposé par le précédent gouvernement, ces dépenses auraient dû augmenter de 3% en raison de l'inflation et la croissance. Ironie du sort, ces crédits étant du même niveau que ceux de cette année, ils vont permettre entre 15 et 18 milliards d'euros d'économie d'après l'OFCE, l'observatoire français des conjonctures économiques.
Mais qui dit gel des dépenses dit aussi gel des recettes. C’est le même mécanisme: l'impôt sur le revenu ne sera pas indexé sur l'inflation, plus de ménages seront donc soumis à cet impôt. La rentrée d'argent est estimée à 3 milliards d'euros. Mais elle sera tout de même compensée par l'indexation des retraites sur l'inflation qui a été précisée hier.
À lire aussiFrance: la loi de finances spéciale au menu du conseil des ministres
Climat économique peu favorable
Mais dans les faits, c'est bien l'incertitude qui demeure, ou a minima, l’attente. Et ce n'est jamais bon en économie puisqu'il existe un risque sur le moyen et long terme. Cette attente et cette incertitude pourraient coûter 0,2 point de PIB pour 2025, abaissant la prévision de croissance à 0,8 %. Devant cette situation, les entreprises, qui ne sont pas rassurées, vont moins investir donc moins embaucher.
L'impact est concret sur le quotidien des Français. Devant cette incertitude, ils vont mettre de l'argent de côté. Une épargne pour faire face à des moments difficiles si d'aventure l'avenir l'était, c'est un réflexe tout à fait naturel. Et qui dit davantage d'épargne dit moins de consommation. Or la consommation des ménages c'est le cœur de la croissance d'un pays. C'est donc la croissance française qui pourrait être frappée par cette incertitude politique !
Relation France - UE
La France, tout comme les pays membres de l'UE d'ailleurs doit tenir des engagements auprès de la Commission. Or pour le moment, celui de contenir son déficit à hauteur de 3% du PIB n'est pas tenu, il est aujourd'hui de 6,1%. Résultat, la France est sous une procédure de déficit excessif. Elle encourt une amende en cas de non-respect de ses engagements, ce qui selon toute proportion gardée pourrait creuser sa dette à hauteur d'un milliard et demi d'euros tous les six mois.
À écouter aussiBudget 2025: la France à la veille d'une crise d'ampleur?
Tout cela génère des craintes. Elles concernent par exemple les agriculteurs. En l'absence de gouvernement, ils devront une nouvelle fois attendre de nouvelles mesures prises à leur égard. La censure de la précédente équipe gouvernementale a fait disparaître des aides et ajustements qui étaient envisagés. Même situation pour le secteur de la construction et des travaux publics qui misait sur les promesses de prêts à taux zéro élargi. Mais avec la chute du gouvernement, l'horizon s'est à nouveau assombri.