Les limites des cabinets de conseil, illustration en Afrique du Sud
Description
McKinsey va payer une amende de plus de 122 millions de dollars pour mettre fin à une enquête sur un système de corruption de fonctionnaires en Afrique du Sud. L’occasion de nous pencher sur la présence de ce type de structures sur le continent. Décryptage.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il convient d’expliquer ce qu’est un cabinet de conseil. Il s'agit d'entreprises qui mettent à disposition de leur client des consultants. Leur mission: faire un état des lieux d'une situation donnée. Une fois que c'est fait, ils délivrent leurs avis ou leurs recommandations. Ces clients, ça peut être n'importe qui, de grands groupes internationaux aux Etats en passant par des institutions. Le recours à ces structures a un coût et il évolue évidemment en fonction des moyens qu'on y met mais comptez plusieurs milliers d'euros par jour, cela pour un consultant !
Différents États clients
Les États et gouvernements sont très friands de ce genre de structures. Elles leur permettent de mettre au point leur stratégie de développement. Des dizaines de structures de ce type conseillent les différents gouvernements, McKinsey, PWC, KPMG, Boston Consulting Group par exemple, qui sont des groupes internationaux, mais il y a aussi des cabinets locaux qui opèrent sur le continent africain. D'ailleurs, au niveau mondial, le secteur connait une croissance annuelle d'au moins 10 %.
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Ces entreprises sont très sollicitées. Illustration au Sénégal, avec le plan Sénégal émergent, dont le premier jet a été élaboré par le cabinet de conseil américain McKinsey qui dressait les axes de développement du pays. Il y a aussi l’Afrique du Sud. Entre 2012 et 2016, ce même cabinet McKinsey a obtenu des millions de dollars pour conseiller le développement de deux entreprises publiques: Eskom pour l'électricité et Transnet pour les transports !
De nombreuses dérives
D'après la justice américaine, qui a travaillé en lien avec les autorités sud-africaines, McKinsey a soudoyé, via des intermédiaires, des responsables de ces deux entreprises, en échange d'informations confidentielles sur les procédures d'attribution de lucratifs contrats de conseil qui lui ont rapporté près de 85 millions de dollars. Sauf que ces deux entreprises ont pratiquement fait faillite en raison justement d'une corruption généralisée, dont la mise au jour est devenue un scandale d'État.
Alors évidemment il ne s'agit pas de généraliser. Les cabinets de conseils et leurs consultants, s'ils sont souvent discrets voire invisibles, ne sont pas tous des acteurs de la corruption. Et après cet accord entre la Justice américaine et McKinsey de 122 millions de dollars pour mettre fin aux poursuites judiciaires aux États-Unis et en Afrique du Sud, le cabinet a affirmé qu'il était aujourd'hui un groupe différent du moment où les faits se sont produits. Une amende pour solde de tout compte qui passe mal en Afrique du Sud où certains auraient voulu voir les coupables traduits devant une cour criminelle. Et face au tollé déclenché par cette affaire, le gouvernement sud-africain a d'ailleurs décidé de ne pas collaborer avec McKinsey pour la préparation du sommet du G20 qui se tiendra l'année prochaine à Johannesburg !
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