DiscoverReportage internationalDe Jakarta à Katmandou, comment les réseaux sociaux ont structuré la révolte des Népalais
De Jakarta à Katmandou, comment les réseaux sociaux ont structuré la révolte des Népalais

De Jakarta à Katmandou, comment les réseaux sociaux ont structuré la révolte des Népalais

Update: 2025-09-14
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Au Népal, il aura fallu moins d’une semaine pour faire tomber le gouvernement et organiser une transition politique. Des manifestations portées par la jeunesse - pas les partis politiques - dans lesquelles les réseaux sociaux ont joué un rôle pivot du début à la fin. Notre correspondant Côme Bastin a rencontré deux étudiants qui nous racontent comment la révolte éclair des Népalais s’est faite en ligne, autant dans les rues. 

C’est en regardant les vidéos d’une autre jeunesse asiatique en fronde que Ayusha, 18 ans, rejoint le mouvement dit de la Génération Z. « En Indonésie, sur TikTok, les jeunes pointent du doigt les enfants des politiciens corrompus. Souvent, ils étalent leur mode de vie ultra-luxueux sur les réseaux sociaux et cela pose question, parce que les fonctionnaires ne sont pas censés gagner autant d’argent. Au Népal, nous avons les mêmes, ils ont notre âge ».

La tendance virale venue d’Indonésie passe au Népal, où la jeunesse se met à critiquer en ligne les familles de politiciens jugées corrompues. C’est à ce moment-là que les réseaux sociaux sont interdits par le gouvernement déjà discrédité. « Instagram, Facebook et d’autres applications ont été interdites et certains ont avancé que c’était pour mettre fin à cette tendance anti-corruption. Ce n’est pas prouvé, mais ça a en tout cas enragé les jeunes qui ont décidé d’une manifestation sur le terrain qui devait être pacifique ».

Une manifestation pacifique qui tourne au drame

La manifestation dégénère alors que des dizaines de participants sont tués par la police. Le quartier gouvernemental est incendié par la foule et le Premier ministre démissionne. Beaucoup de jeunes se désolidarisent des violences et le mouvement repasse en ligne, raconte Debesh, 17 ans. « Un important groupe de la génération Z a entrepris de trouver un nouveau dirigeant pour le pays sur Discord. Des appels géants ont été organisés, parfois avec 10 000 participants ! C’était chaotique, chacun se plongeait dans la constitution du Népal, proposait tel ou tel nom. Un consensus s’est finalement dégagé ».

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L’émergence de Sushila Kargi

Ce vendredi, le président du Népal, l’armée et la génération Z sont tombés d’accord. Sushila Kargi, ancienne chef de la Cour Suprême respectée pour son combat contre la corruption, a été nommée Première ministre avant des élections législatives anticipées. En attendant, c’est via Instagram que Debesh organise la reconstruction. « J’ai posté un message pour nettoyer les rues et les bâtiments. Des influenceurs l’ont partagé et beaucoup de gens nous ont rejoints ! Aujourd’hui nous avons organisé notre première campagne de propreté à Katmandou ». 

Les révoltes récentes au Bangladesh voisin et au Sri Lanka avaient elles aussi rompu avec les partis traditionnels et adopté une organisation décentralisée grâce à Internet. 

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RFI