EP 16 : HUBERT GONNET - Vers un nouveau Maldoror (Voyage au Strömland, 1969)
Description
Au commencement, il y’a le hasard. Il y’a l’homme qui tourne les pages, celui qui commande les antiques revues, qui cherche le roman terminal, l’écrivain ultime. Au commencement, il y’a l’injustice et la révolte, le plaisir et la honte, le fruit sans défaut qu’on cueille à la place de l’autre, du vérolé, de l’impur pourtant si riche et discret.
Viennent ensuite les découvertes, les paysages qui se dressent avec lyrisme ou existentialisme, dans la fantasmagorie du surréalisme et la tragédie des deux guerres. Viennent les patronymes fantaisistes, inconnus de tous et pourtant éternels hier encore. Viennent les ravissements et les déceptions, les orfèvres sans voix et les démagogues aux longues langues.
Ce seront Les lettres nouvelles. Ce sera Maurice Nadeau. Ce sera un nom familier et un prénom immortel, ce seront Hubert Gonnet et Karl. C’est 1953, comme Le temps des morts et Les bêtes de Pierre Gascar, lui aussi publié dans la revue du jeune homme.
Oh, ce seront les pages jaunies et les vieilles formules, l’absence de ponctuation et le flux de conscience. Ce seront les verdeurs de Proust et les maturités de Joyce. Mais ce seront aussi les moiteurs d’Artaud et les appétits du comte de Lautréamont, invisibles ou presque encore.
Creuse les mots et emporte le sens. Chaque jour et chaque heure, au soleil sacerdotal de la littérature. Je ne suis plus qu’un pantin que gonfle le sang des écrivains oubliés. Je vois dans chaque crépuscule des funérailles indues et dans chaque aube des couronnements éphémères. Je suis à mes profanations, bien trop lents pour rivaliser. La terre des idoles nous recouvre chaque jour davantage.
Hubert Gonnet (1924-1998) est le comte de Lautréamont du vingtième siècle. Il a réécrit Les chants de Maldoror avec Voyage au Strömland (1969). Il a sondé l’abysse, la noirceur de l’âme, le geste gratuit des apparences et pourtant plus lourd que le monde dans l’intimité. Il a inscrit dans les lettres l’un de plus violent combat de l’âme dans Le grand scandale (1966).
Il a écrit quinze années puis a disparu en 1969, trente ans avant de mourir. Qu’est-il devenu ? Qu’est-il devenu ? Avant-nous seulement un semblant de réponse ? Ne reste qu’à écouter la voix de celui qui tourne les pages.
Et à remercier, infiniment, les ayants droits d’Hubert Gonnet pour leur sympathie et leur générosité.
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