Suite au 1er tour des élections législatives surprises de 2024, Francaisdanslemonde.fr tend son micro à Arnaud Lacheret, éditorialiste sur notre antenne et professeur sciences politiques à Skema Business School : Avec une expertise pointue en analyse politique, Arnaud apporte un éclairage unique sur les tendances électorales et les comportements des électeurs Français à l'étranger.

Arnaud, peux t on constater que les Français de l'étranger ne votent pas comme les Français de France ?

Les Français de l'étranger votent plutôt comme des urbains, comme des urbains métropolitains. Et quand on regarde les deuxièmes tours, ils sont très classiques. La plupart du temps, c'est quelqu'un de l'Union de la gauche, souvent un écologiste ou un socialiste, face à un candidat ensemble, donc du camp d'Emmanuel Macron. Il y a quelques exceptions, mais qui sont relativement légères. On a évidemment la huitième circonscription avec Meilleur Habib qui est LR, mais qui, s'il devait avoir le choix, s'allierait tout à fait, serait tout à fait RN compatible.

Mais c'est la seule véritable exception dans les circonscriptions qui oppose tout un candidat de chez Macron contre un candidat Union de la gauche. Il n'y a pas énormément de surprises. Ce qui est surprenant, par contre, c'est que les règles-là sont très serrées. À chaque fois, on se retrouve avec des candidats qui ont 35 à 33, 36 à 32. Autrement dit, ça peut donner lieu à des belles phases d'armes sur le deuxième tour.

Seul point de comparaison : c'est l'augmentation du taux de participation. 22% en 2022, et c'est 29% cette fois-ci.

Voilà, c'est pas fou. Il y a un sursaut qui est à mettre en corrélation avec le quasiment plus de 20 points qu'on a au niveau national, au niveau métropolitain. Autrement dit, il y a eu une hausse de la participation mais qui est sans commune mesure avec celle au niveau métropolitain. Ça s'explique de bien des manières. Il y a la mobilisation, il y a les difficultés à se déplacer, même si maintenant il y a le vote en ligne, etc.

Et puis, il y a le fait aussi, et c'est important, je l'avais souligné, que les Français de l'étranger n'ont pas tout à fait le sentiment d'avoir un pouvoir de décision. C'est-à-dire qu'au deuxième tour, par exemple, il n'y a aucun candidat RN dans les circonscriptions des Français de l'étranger. Ce ne sont pas les Français de l'étranger qui décideront si, oui ou non, le RN a une majorité absolue ou pas. Ce qui est relativement peu probable au vu des désistements et du barrage républicain qui a été organisé.
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