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Forces aériennes stratégiques: la partie visible de la dissuasion française célèbre ses 60 ans

Forces aériennes stratégiques: la partie visible de la dissuasion française célèbre ses 60 ans

Update: 2024-10-06
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Il y a soixante ans, le 8 octobre 1964, pour la première fois, la France mettait en œuvre la dissuasion aéroportée avec le couple Mirage IV et la bombe nucléaire à gravitation. Depuis, les moyens ont été adaptés à l’évolution technologique, géopolitique et opérationnelle. Les Rafale B emportent désormais des missiles nucléaires et constituent la partie visible de la dissuasion française. 

Depuis la première prise d’alerte sur la base de mont de Marsan le 8 octobre 1964, les forces aériennes stratégiques sont l’une des clés de voûte de la dissuasion française. Le rôle de l’armée de l’air est certes indissociable et complémentaire de la composante océanique, les sous-marins lanceurs d’engins balistiques, mais aux yeux du général Jean-Patrice Le Saint qui, cet été, a quitté ses fonctions de chef d’état-major des Forces aériennes stratégiques, la dissuasion aéroportée, a des atouts bien spécifiques : « Le premier atout, c'est l'arme. Et l'arme aujourd'hui, c'est un missile de croisière, le asmp-AR pour air sol moyenne portée amélioré et rénové. C'est un missile qui est extrêmement rapide... extrêmement manœuvrant. C'est un missile qui est extrêmement précis. Le 2ᵉ atout de la composante aéroportée, c'est qu'elle est mise en œuvre à partir de bases aériennes qui sont des infrastructures visibles, ce qui permet, dans le cadre de la dialectique nucléaire qu’engagerait le président de la République, de bien matérialiser son intention ». 

Istres, Avord, Saint-Dizier : la triade de bases aériennes nucléaires

Depuis les bases d’Istres, Avord et Saint-Dizier, plus de 2000 aviateurs sont chargés de la mise en œuvre de la dissuasion par les airs, la composante nucléaire qui se voit selon la formule du président Hollande. Car s’il est impossible de rappeler un missile balistique, la réversibilité d’un raid aérien est toujours une option, jusqu’à un certain point. « À partir du moment où le raid d’avions des Forces aériennes stratégiques est engagé, les équipages poursuivront la mission jusqu'au bout, reprend le général Le Saint. Mais jusqu'à ce point de l'engagement, il est possible de rappeler le raid. Et donc, quand on voit aujourd'hui l'allonge des moyens de transmission et les capacités de nos vecteurs, les Rafales associés aux avions ravitailleurs A330 MRTT, il est possible, de lui faire parcourir plusieurs milliers de kilomètres avant de l'engager. Et le fait qu’il y ait le raid qui transite, c'est quand même un signal assez fort, qui, on peut l'imaginer, incite à réfléchir. » 

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La crédibilité au cœur de la dissuasion nucléaire

Un signal fort qui repose sur la crédibilité, c’est le cœur même du concept de dissuasion, insiste Jean-Patrice Le Saint, « Cette crédibilité, elle a trois dimensions, une première dimension politique qui est incarnée par le président de la République, il est le détenteur du feu nucléaire. Le second volet, c'est la crédibilité technologique et cette crédibilité, c'est ce qui permet en fait de garantir que nous sommes en mesure de concevoir, de fabriquer, de déployer des armes qui soient fiables et sûres et que nous savons leur faire traverser les défenses adverses pour atteindre leur point d'explosion. Le troisième volet, c'est celui de la crédibilité opérationnelle. Et là, il y a un point qui est important, car la crédibilité ne se décrète pas. En revanche, il y a certains paramètres qui permettent d'objectiver la crédibilité. Nous sommes crédibles parce que les équipages des Forces aériennes stratégiques sont très entraînés, extrêmement aguerris, parce qu'ils conduisent et souvent de manière ostensible des manœuvres, les opérations Poker qui, quatre fois par an, engagent dans un scénario extrêmement réaliste, une cinquantaine d'avions dans la simulation d'un raid nucléaire ». 

D’ailleurs, à chaque exercice Poker, les satellites espions des grandes puissances braquent leurs antennes vers la France pour observer la manœuvre et mesurer la crédibilité de la dissuasion française. Un scénario qui se répète depuis maintenant soixante ans.

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