Jean-Michel Jacques, un marin à la barre de la commission défense de l'Assemblée nationale
Description
Jean-Michel Jacques, député réélu de la sixième circonscription du Morbihan, est le nouveau président de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale. Ancien commando de la Marine, ce député compte sur l’esprit d’équipage de l’Assemblée pour préserver le budget de 413 milliards d’euros de la loi de programmation militaire récemment votée et dont il fut le rapporteur. Portrait d’un député au profil atypique.
Au palais Bourbon, il est dit que c’est le plus beau bureau de l’Assemblée nationale. Au mur, une immense toile représentant une bataille navale et sur une console, un béret vert de commando Marine, matricule 7480, Jean-Michel Jacques nous y accueille.
« En arrivant ici, c'est vraiment impressionnant, parce qu'on a un bureau avec de vieux meubles et puis aussi de vieilles moulures et c'est un des plus beaux de l'Assemblée nationale. À un moment, l'administration a été tentée, pour gagner de la place, de le couper en deux, mais le service historique en a décidé autrement. Ils ont bien fait d’ailleurs, ce qui a permis d’en conserver toute sa splendeur. Et sur une commode, j'ai mis mon béret de commando Marine. Ce béret qui me m'a jamais quitté depuis que je l'ai eu par un de mes anciens et qui me suivra partout. Donc, il m'a suivi dans mon bureau de maire. Il m'a suivi dans mon bureau de député. Pour moi, c'est beaucoup de choses et si je m'égare ou s'il y a quoi que ce soit, il suffit que je le regarde et tout se remet bien dans l'axe. »
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La flamme de la résistance
Rien ne le prédestinait à entrer au Palais Bourbon, Jean-Michel Jacques, 56 ans, est né en Moselle, dans la vallée de la Fensch. « C'est une vallée sidérurgique et minière et en fait, j'avais un grand-père qui était italien, qui est venu dans les mines de charbon travailler très jeune, et puis un autre grand-père qui travaillait dans les usines d'acier, un grand-père d'ailleurs qui avait été résistant et déporté en camp de concentration au Struthof et au camp de concentration de Dachau. Ce grand-père résistant et déporté, lors des repas de famille, racontait ce qu'il avait vécu. Très jeune, j’ai eu cette prise de conscience de ce que peut être l'homme, le meilleur et le pire. Et très vite, j'ai eu ce besoin de m'engager pour mon pays pour éviter, peut-être, que notre pays soit de nouveau maltraité comme je l'entendais à travers les récits de mon grand-père. Et donc cela m'amène à 18 ans, sans prévenir mes parents d'ailleurs, à franchir les portes du Bureau de recrutement de la caserne Ney à Metz, pour m'engager. »
Pour donner du sel à sa vie, sourit-il, ce sera la Marine : « Et ce sera la Marine parce qu'à ce moment-là, j'ai une formation de menuisier et je me dis, je vais faire charpentier de Marine pour partir en mer, voyager ! Très vite, on me dit, charpentier de Marine, ce n'est pas possible, il faut choisir autre chose. Alors, je choisis de faire commando Marine parce que tout simplement, j'avais vu en rentrant dans ce bureau de recrutement un poster avec un homme qui se jetait d'un hélicoptère au-dessus du désert. Je trouvais ça extraordinaire et du coup, je me dis : je vais faire ça et donc je m'engage comme ça ! Et c'est parti pour une formation de fusiller marin commando, et je m'en vais rejoindre les commandos de Marine à Lorient. »
L'expérience afghane
Fusilier au sein du Commando Jaubert, puis du Groupe d’Intervention de combat en milieu clos, il intègre enfin le commando Trépel, avec l’expérience de la guerre en Afghanistan : « Effectivement, c'était un terrain difficile où la mort était continuellement et potentiellement là. En tout cas, c'est une séquence de ma vie que je n'oublierai jamais. Des moments de camaraderie, mais aussi des moments de peine quand on a le triste honneur, comme je l'ai eu de porter le cercueil de son frère d'armes dans la Cour des Invalides. »
Une seule boussole
Après 24 ans dans la Marine, Jean-Michel Jacques poursuit son engagement en politique cette fois : d’abord comme maire de Brandérion, petite commune près de Lorient, puis comme député du Morbihan, élu à trois reprises sous les couleurs de la majorité présidentielle. À la tête de la commission de la défense nationale et des forces armées, il plaide pour instaurer à l’Assemblée nationale l’esprit d’équipage acquis lors de ses années dans la Marine, « L'ambition, c'est déjà de s'assurer que la loi de programmation militaire soit accomplie dans sa globalité et comme elle a été votée. Et donc cela va demander de veiller à ce que le budget consacré à nos forces armées soit préservé, ceci n'est pas un luxe. Nous avons la guerre aux portes de l'Europe, nous avons le droit international qui est bafoué. On le voit à travers l'agression russe en Ukraine. Nous ne devons garder qu'une seule boussole, c'est l'intérêt supérieur de la nation. Et l'intérêt supérieur de la nation passera par une défense solide. Et là, je ne doute pas que mes collègues députés de tous bords sauront toujours garder cela en tête et faire en sorte que, malgré des débats peut-être agités au sein de la commission de la défense, nous garderons cet esprit d'équipage dans l'intérêt de notre pays et de nos militaires. »
Cette méthode revendiquée : concertation et sens du collectif sera précieuse dans un hémicycle particulièrement fragmenté.