L’éclectisme jubilatoire de Raul Midon
Description
Lorsqu’il fit paraître son premier disque sous son nom, il y a 25 ans, le chanteur et guitariste américain Raul Midon fit immédiatement sensation. Sa virtuosité vocale comme instrumentale surprit ses premiers auditeurs et cette faculté à défier les catégories musicales le hissa rapidement au sommet de la gloire. Son nouvel album, Lost and Found, enfonce le clou en jouant avec les accents Soul, Folk, Jazz que son ouverture d’esprit accueille avec sensibilité.
C’est en écoutant les mots de son aîné, Bob Dylan, que Raul Midon eut l’idée de concevoir la chanson-titre de son nouveau disque. Lost and Found est, en effet, inspiré de l’esprit narratif du célèbre poète folk américain. Raul Midon avait déjà en lui ce talent de conteur qui se voit aujourd’hui magnifié par son éclectisme mélodieux. « Il y a quelques années, un ami m’avait confié une cassette sur laquelle il avait enregistré un poème déclamé par Bob Dylan lors d’un de ses concerts. Il s’agissait de « Last thoughts on Woody Guthrie ». Les mots de Dylan étaient si puissants, merveilleux et sensibles, que j’ai imaginé cette chanson en essayant de restituer les rimes de ce poème fantastique. J’ai compris une chose en écoutant les vers de Bob Dylan, c’est que la poésie crée des images dans votre esprit. La poésie articule les mots de telle manière qu’elle suscite une représentation visuelle dans votre tête. Le message de cette chanson est universel. J’essaye de dire que lorsque tout espoir est perdu, il faut malgré tout persévérer car, d’une manière ou d’une autre, vous parviendrez à atteindre votre but. Certes, les choses ne se produiront peut-être pas telles que vous les auriez imaginées mais vous parviendrez à concrétiser vos projets. C’est la raison pour laquelle j’ai intitulé cette chanson « Lost and Found ». « Perdre espoir et retrouver espoir ». (Raul Midon au micro de Joe Farmer)
Les prouesses stylistiques de Raul Midon ont souvent épaté ses contemporains. Véritable homme-orchestre, son sens inné de l’interprétation et de la composition l’a hissé au rang des meilleurs instrumentistes de notre temps. Il n’est donc pas étonnant que ses homologues le sollicitent régulièrement pour apparaître sur scène à leurs côtés. En 2010, le bassiste Marcus Miller fut enchanté de le convier à participer à son concert à l’opéra de Monaco. Plus récemment, le collectif « Black Lives – From Generation to Generation » s’enthousiasmait de le compter parmi les défenseurs d’une égalité sociale universelle. Le concert de Cully en Suisse, en avril 2024, fut un moment de mobilisation citoyenne nécessaire. « On ne peut pas nier qu’il y ait une forme d’activisme dans la musique que nous produisons. Il est d’ailleurs essentiel que cet aspect des choses soit perceptible pour l’auditeur. Et, pour être honnête, je suis assez déçu par le manque d’engagement de certains artistes de nos jours. Quand on pense à « What’s going on » de Marvin Gaye, « Revolution » chantée par les Beatles, quand on pense aux textes de Gil Scott Heron, ces gens s’exprimaient sur la situation sociale de leur époque. Certes, je ne suis pas le plus grand rebelle dans mon expressivité artistique mais il faut que l’on dénonce, à travers nos œuvres et nos choix artistiques, les dérives racistes du monde actuel. Sur cette planète, si vous avez la peau noire, vous êtes instantanément considéré comme un être inférieur. C'est un fait incontestable. Le collectif de musiciens « Black lives » et le mouvement « Black Lives Matter » ont eu raison d’alerter l’opinion en disant : « Nous existons ! Nous ne sommes pas des citoyens de seconde classe ! ». (Raul Midon sur RFI)
Assister à un concert de Raul Midon est toujours un moment de plaisir intense, mais peut également susciter la réflexion. Écouter les paroles de ses chansons invite, parfois, à un examen de conscience utile. Raul Midon est, certes, un artiste exceptionnel mais aussi un homme simple qui, comme nous tous, s’interroge sur sa destinée et ses choix personnels. Sa cécité l’a poussé à se dépasser. Pour autant, il ne veut pas être perçu comme un être plus sensible que le commun des mortels. Avoir un grand cœur est une qualité humaine qui ne dépend pas d’un statut social ou d’une condition physique. « La seule différence pour un aveugle, c’est l’obligation d’être le meilleur dans sa discipline car son handicap est son premier obstacle. Au-delà de ça, que l’on soit voyant ou non voyant ne change rien à votre sensibilité. Je ne pense pas qu’un aveugle perçoive différemment les vibrations d’une musique. Les musiciens aveugles ressentent, commentent et s’expriment, sur la réalité du monde avec la même acuité que n’importe quel être humain sur cette planète ». (Raul Midon, décembre 2024)
Nul doute que les vibrations et émotions que vous ressentirez à l’écoute de Lost and Found légitimeront le discours toujours pertinent de ce multi-instrumentiste attachant.
⇒ Le site de Raul Midon.