Discover🎙Po Na BisoLes zones d'ombre d'une tragédie
Les zones d'ombre d'une tragédie

Les zones d'ombre d'une tragédie

Update: 2021-02-26
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C’était il y a cinq jours, le lundi 22 février, à 10 heures du matin. Deux voitures du PAM, le Programme alimentaire mondial, filent sur la route nationale 2. Elles ont quitté la ville de Goma et roulent vers un site de l’organisation, à Rutshuru. À son bord, cinq agents du PAM, l’ambassadeur d’Italie en RDC et son garde du corps. 


Soudain, six ou sept hommes armés font irruption sur la route. Ils tuent un des chauffeurs congolais presque tout de suite. Puis ils obligent les autres membres du convoi à fuir avec eux vers l’intérieur du parc des Virunga. Ils rencontrent des gardes du parc. S’ensuit un échange de tirs, la mort du garde du corps et la blessure, mortelle, de l’ambassadeur.


Vous écoutez le troisième numéro de Po Na Gec, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de NewYork, qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonnateur du Baromètre sécuritaire du Kivu. Nous sommes le vendredi 26 février et voilà ce que l’on sait sur la tragédie qui a ébranlé l’Italie et braqué les projecteurs sur l’est du Congo. Mais il reste, à cette heure, des zones d’ombres dans cette histoire. Et, pour l’instant les mystères sont d’autant plus difficiles à percer que le gouvernement italien a annoncé sa volonté d’identifier toute les responsabilités dans ce drame. Légitime, bien sûr. Mais cela n’aide pas les langues à se délier.


Alors, quelles sont ces zones d’ombres ? D’abord, que faisait le diplomate dans un convoi sans escorte sur cette route ? Il semble, en réalité, que les procédures étaient respectées. Cet axe était classé jaune par l’ONU. Ce qui autorise d’y circuler en convoi de deux voitures. 


Ensuite, dans quelles circonstances exactes les deux Italiens ont-ils été touchés. Des sources crédibles affirment qu’ils ont tenté de fuir, ce qui aurait amené les ravisseurs à leur tirer dessus. Fort possible. Mais l’issue aurait-elle été différente sans combat avec les gardes du parc ? Dans quelles circonstances précises ces gardes ont-ils été engagés ? Ce sera aux enquêtes de le déterminer. 


L’ambassadeur était-il visé ? À ce stade, rien ne l’atteste. Mais il sera très difficile d’avoir une réponse définitive sans identifier les ravisseurs. Ce qui nous emmène à la dernière et principale zone d’ombre : qui étaient les ravisseurs ? Le gouvernement provincial du Nord-Kivu a immédiatement incriminé les FDLR. C’est fort possible. Cette rébellion hutu rwandaise opère non loin de là et a commis de nombreux kidnappings par le passé. Mais les autorités n’ont pas précisé sur quoi se fondait cette accusation. Selon elles, les assaillants parlaient le kinyarwanda. Mais, d’une part, cette information n’a pas été confirmée de source indépendante. De l’autre, cela ne permet pas de distinguer les différents acteurs qui opèrent dans la zone : tous ont, en leur sein, des locuteurs de kinyarwanda.


L’identification des auteurs ne sera pas facile pour les enquêteurs. Sur le territoire de Nyiragongo, où s’est produit l’attaque, 18 cas de kidnapping ont été enregistrés en 2020. En plus des groupes armés organisés, des bandits opèrent, et leurs commanditaires sont rarement découverts. Cette fois, un incident qui s’est produit dans cette région a endeuillé jusqu’en Europe. Mais il s’inscrit dans une longue lignée de drames qui frappent, chaque jour, dans l’est du Congo. 


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Groupe d'étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli