L’histoire des non-voyants 1 : résilience et contributions

Introduction

Bienvenue à tous sur Actu-Rimes. Aujourd’hui, nous entamons une série spéciale en deux épisodes dédiée à l’histoire et aux contributions des non-voyants.

Dans ce premier épisode, nous allons voyager à travers l’histoire pour explorer comment les non-voyants ont été perçus et intégrés dans les sociétés du monde entier, depuis l’Antiquité jusqu’au début du 20e siècle. Nous mettrons en lumière leurs rôles, les défis auxquels ils ont été confrontés et leurs victoires à travers différentes cultures et époques.

Dans le prochain épisode, nous plongerons dans les contributions contemporaines des non-voyants, ainsi que les défis actuels et les perspectives d’avenir avec les avancées technologiques.

Les non-voyants dans l’Antiquité : entre vénération et marginalisation

Commençons notre voyage dans l’Antiquité, où les perceptions de la cécité variaient considérablement selon les cultures.

Homère, le célèbre poète grec, est souvent représenté comme aveugle. Ses œuvres, L’Iliade et L’Odyssée, sont des piliers de la culture occidentale. La cécité de Homère était perçue comme un don mystique, une source de sagesse intérieure lui permettant de toucher des vérités invisibles aux autres. Dans cette perspective, la cécité n’était pas un obstacle, mais une fenêtre vers un monde plus profond.

Dans le monde arabe et persan, la cécité n’était pas toujours perçue comme un handicap. De nombreux mystiques soufis non-voyants étaient vénérés pour leur capacité à transcender les distractions matérielles pour se concentrer sur la spiritualité. La cécité était ici considérée comme un moyen d’approfondir la relation avec le divin.

En Inde ancienne, certaines femmes non-voyantes jouaient des rôles de guérisseuses ou de devineresses. Ces figures mystiques avaient une place particulière, bien que la marginalisation restait la norme pour la plupart des femmes non-voyantes dans cette époque et cette région.

Le Moyen Âge : marginalisation et inclusion religieuse

Au Moyen Âge, les perceptions de la cécité étaient contrastées. En Europe, les non-voyants étaient souvent marginalisés, réduits à mendier pour survivre. Cependant, certains trouvaient refuge dans les monastères, où leur cécité était parfois vue comme une pureté spirituelle. Ils devenaient souvent copistes ou chantres, contribuant ainsi à la préservation des textes religieux.

Dans le monde musulman, les non-voyants jouaient un rôle plus inclusif, particulièrement dans les madrassas (écoles religieuses), où ils excellaient dans la mémorisation du Coran. Cette compétence leur permettait de devenir des enseignants respectés, valorisés pour leur savoir.

Quant aux femmes non-voyantes, elles étaient souvent davantage marginalisées que les hommes. En Europe, certaines rejoignaient des couvents, où elles pouvaient participer à la vie spirituelle et religieuse. Toutefois, leur rôle restait limité à ces environnements fermés.

Renaissance et Lumières : une révolution éducative

Avec la Renaissance et les Lumières, un nouveau regard est porté sur les non-voyants. C’est une période où les idées humanistes et scientifiques commencent à changer la manière dont la société perçoit et traite les personnes non-voyantes, notamment dans l’éducation.

Valentin Haüy (1745-1822) fut l’un des pionniers de l’éducation des non-voyants. En fondant la première école pour non-voyants à Paris, il mit au point un système d’écriture en relief qui permit aux non-voyants d’apprendre à lire et écrire, ouvrant ainsi la voie à leur inclusion dans la société.

Un autre nom incontournable est Louis Braille (1809-1852), lui-même non-voyant. En 1829, il révolutionna l’apprentissage des non-voyants avec son système de lecture tactile, le braille, qui est encore utilisé aujourd’hui dans de nombreuses langues. Cette innovation a transformé l’accès à l’éducation et à l’autonomie pour les non-voyants.

Du côté des femmes non-voyantes, l’accès à l’éducation commença également à s’ouvrir. Aux États-Unis, Laura Bridgman devint la première personne sourde et aveugle à recevoir une éducation formelle, ouvrant ainsi une voie pour les futures générations de femmes non-voyantes.

Le 19e et début du 20e siècle : vers une inclusion plus large

Le 19e et le début du 20e siècle ont marqué une période de transformation dans l’inclusion des non-voyants, particulièrement dans le sillage des guerres mondiales et des réformes sociales.

La Première Guerre mondiale a vu une augmentation importante du nombre de soldats devenus non-voyants sur le champ de bataille. Ce phénomène a poussé à la mise en place de programmes de réinsertion et de formation professionnelle pour ces anciens combattants, sensibilisant la société aux besoins des non-voyants et facilitant leur intégration.

Durant cette période, Helen Keller (1880-1968) s’imposa comme une figure emblématique du militantisme pour les droits des personnes handicapées. Sourde et aveugle, elle devint une inspiration mondiale et militait activement pour l’accès à l’éducation et à l’emploi pour les personnes handicapées.

Dans un contexte plus moderne, Sabriye Tenberken, une militante non-voyante allemande, fonda Braille Without Borders, une organisation visant à fournir une éducation aux enfants non-voyants dans des régions reculées du Tibet. Tenberken illustre la manière dont les initiatives individuelles peuvent avoir un impact global, même dans des régions isolées.

Conclusion

Dans cet épisode, nous avons retracé l’histoire fascinante des non-voyants, depuis l’Antiquité où ils étaient parfois vus comme des figures spirituelles jusqu’à leur inclusion progressive à travers les institutions religieuses et éducatives des siècles suivants. Nous avons également vu comment des figures comme Louis Braille et Helen Keller ont marqué l’histoire de manière indélébile.

Dans le prochain épisode, nous explorerons les contributions contemporaines des non-voyants, les défis auxquels ils font face aujourd’hui, et les innovations technologiques qui transforment leur quotidien. Nous aborderons aussi leur place croissante dans la culture populaire et les initiatives internationales pour rendre nos sociétés plus inclusives.

Merci de nous avoir écoutés sur Actu-Rimes. N’oubliez pas : commenter, partager, c’est rapide, ça ne coûte rien et ça compte énormément. À bientôt pour le prochain épisode.

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