N° 149 - M. LE MAUDIT
Description
Arno Breker, (1900-1991)
« Le Guerrier blessé », 1938,
Bronze 147 x 125 x 118 cm.
Jardin du musée Arno Breker, Dusserldorf
« Le Guerrier blessé » est une œuvre troublante. Sculpté par un des artistes le plus controversé du 20e siècle qu’il a traversé au plus fort de son tumulte. Sa période la plus sulfureuse étant celle de sa collaboration avec le régime National socialiste du 3eme Reich dont il a toujours clamé ne pas épouser les idées racistes mais dont il a tout de même dit je cite, « accepter le principe par opportunisme et mégalomanie ».
Cocteau qui ne manquait jamais un bon mot sur ces contemporains aurait dit de lui : « Breker était peut être le premier des génie en sculpture mais c’était à coup sûr le premier des idiots en politique «
Ayant été proclamé en 1937 artiste officiel d’Adolf Hitler, il fut dénazifié après guerre au motif qu’il n’avait jamais été membre du Parti Nazi et qu’il avait sauvé plus d’un condamné par le régime. Pas de quoi devenir un « Juste » et d’autant
qu’il refusa toujours d'exprimer le moindre regret ou la moindre excuse pour avoir servi par son art la propagande Nazi, estimant que les artistes n'avaient rien à voir avec la politique.
Il reste vrai cependant que pendant la guerre, sa position d’artiste officiel du régime, lui a permis d’intervenir plusieurs fois en faveur de nombreux artistes que les nazis poursuivaient, soit parce qu’ils étaient juifs, soit pour leur homosexualité, soit pour de simples raisons d’opposition à leur politique, comme les membres des partis communistes européens, par exemple. Ainsi à Paris, Arno Breker protégea réellement Pablo Picasso, qui était alors communiste et lui évita des confrontations - on va dire pénibles pour de pas dire fatales - avec la Gestapo de la Rue Lauriston.
Sans aller jusqu’à organiser formellement la fuite vers le sud des artistes, il leur fit cependant passer des adresses où se réfugier et, ce faisant, leur évita sans doute la déportation voir la mort. A Berlin même, il sauva l’éditeur allemand Peter Suhrkamp qui avait été arrêté pour simple soupçon de résistance à Hitler.
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