Notre-Dame de Paris: un système anti-incendie novateur pour éviter un autre drame
Description
La cathédrale Notre-Dame de Paris s’apprête à rouvrir ses portes, cinq ans après l’incendie d’avril 2019. La cérémonie officielle a lieu ce samedi 8 décembre, en présence du président Emmanuel Macron et d’autres chefs d’État étrangers. Le public pourra redécouvrir l’édifice à partir de dimanche, même si des images de l’intérieur ont déjà été dévoilées. On y découvre une cathédrale plus lumineuse et presque chaleureuse. Ce que les visiteurs ne verront pas en revanche, c’est le nouveau système anti-incendie localisé dans la charpente
C’est au nord de Paris, à 70 kilomètres de la cathédrale Notre-Dame de Paris, que nous avons rendez-vous. Benjamin Truchot, responsable de l’unité « Dispersion, incendie, expérimentation et modélisation » de l’Ineris, nous accueille dans son bureau. Sur l’écran de son ordinateur, une reproduction en trois dimensions de la nef de Notre-Dame. « Ça, c’est le résultat d’une simulation numérique de propagation de l’incendie dans la nef de Notre-Dame, explique l’ingénieur. Et ce que vous voyez en orange et noir, c’est le feu et la propagation de l’incendie. »
Il suffit en effet d’un clic pour démarrer l’animation et observer la propagation du feu version numérique. « L’objectif, c’est de voir à quelle vitesse le feu se propage, à quelle vitesse il atteint la partie haute, comment il interagit avec la ventilation et ça, ensuite, ça nous permet d’imaginer les mesures de sécurité qui vont permettre de juguler la propagation du feu et après de les tester », déroule Benjamin Truchot.
Test grandeur nature
C’est l’étape suivante : tester en grandeur nature les résultats de la simulation. Pour cela, Benjamin Truchot nous emmène dans un immense hangar, « une chambre d’expérimentation, là où l’on réalise toutes les expérimentations incendies. »Ici a été reproduite à l’identique la charpente de Notre-Dame, dans une version plus petite, qui n’a pas servi bien longtemps, et pour cause : « On a reproduit sur cette charpente un départ identique à un feu qui pourrait se déclencher sur la charpente réelle. »
L’expérimentation a eu lieu il y a quelques semaines. Elle a démontré que le feu se propage comme l’avait anticipé la simulation sur ordinateur. Jusqu’à s’éteindre brutalement. Jean-Pierre Bertrand, technicien à l’Ineris, a supervisé le test : « On a démontré qu’après un départ de feu assez massif, le brouillard d’eau arrivait à éteindre le début d’incendie sur la charpente ». Les millions de micro-gouttelettes envoyées par le brouillard d’eau permettent en effet de réduire la température ambiante et d'étouffer les flammes en chassant l’oxygène. Résultat, « c’est le système du brouillard d’eau qui est installé aujourd’hui dans la charpente de la cathédrale », explique Benjamin Truchot.
Le moderne au service de l’histoire
Le choix du brouillard d’eau pour lutter contre un éventuel nouvel incendie est la conclusion de plusieurs mois de travail et d’un défi : celui d’adapter les dernières technologies numériques aux besoins d’une architecture historique, souligne Benjamin Truchot. « C’est l’intérêt de la modernité et des progrès de la science. C’est la modernité au service de la reconstruction d’un bâtiment historique. »
Jean-Pierre Bertrand voit, lui, un autre intérêt à ces semaines d’expérimentation. Celui de faire connaître sa profession. « Les gens comprennent bien l’utilité de mon métier. Ils comprennent que l’on essaye de renforcer la sécurité pour que rien ne se reproduise à l’identique dans le futur. »
Benjamin Truchot se montre, lui, plus modeste. « Il y a une petite touche de notre patte à Notre-Dame, oui. » Mais si un nouvel incendie était circonscrit plus rapidement, devrions-nous estimer que c’est aussi grâce à l’Ineris ? « En partie grâce à nous, oui. » L’ingénieur fait toutefois une promesse : cette option n’arrivera pas.
À écouter aussiNotre-Dame de Paris : des cendres à la résurrection