Pourquoi Catherine de Médicis a-t-elle été accusée du massacre de la Saint-Barthélemy ?
Description
Le massacre de la Saint-Barthélemy, dans la nuit du 23 au 24 août 1572, demeure l’un des épisodes les plus violents et controversés de l’histoire de France. Et depuis plus de quatre siècles, un nom revient sans cesse : Catherine de Médicis. Pourquoi l’a-t-on accusée d’être la grande instigatrice du massacre ? La réponse tient autant à la politique qu’aux préjugés qui entouraient cette reine italienne devenue régente.
D’abord, le contexte. Depuis dix ans, la France est déchirée par les guerres de Religion entre catholiques et protestants (huguenots). Catherine tente de gouverner au-dessus des factions, cherchant des compromis : elle organise le mariage de sa fille Marguerite avec le chef protestant Henri de Navarre, espérant réconcilier les deux camps. Mais ce geste, audacieux, attise les colères. Les catholiques radicaux la voient comme trop conciliante ; les protestants se méfient de son entourage catholique, notamment du duc de Guise.
Tout bascule le 22 août 1572, quand l’amiral de Coligny, chef respecté du parti huguenot et conseiller influent du jeune roi Charles IX, est blessé par un tir d’arquebuse. Les protestants accusent les Guise ; d’autres murmurent que Catherine, inquiète de l’influence croissante de Coligny sur son fils, aurait commandité l’attentat. Aucun élément ne le prouve, mais la rumeur se répand.
C’est ici que naît l’accusation centrale : Catherine aurait, prise de peur, convaincu Charles IX de frapper les chefs protestants avant qu’ils ne se vengent de l’attentat. Selon ce récit, elle aurait manipulé un roi faible et impulsif, paniqué à l’idée d’un complot huguenot. Le Conseil royal prend alors une décision terrible : éliminer quelques chefs protestants pour éviter une guerre immédiate. Mais la situation échappe totalement au contrôle. L’assassinat ciblé se transforme en massacre généralisé, encouragé par la ferveur catholique de Paris et l’explosion de violences spontanées.
Après coup, il est commode de faire de Catherine la grande coupable. Elle est italienne, étrangère, femme de pouvoir dans un univers masculin : idéale pour concentrer les fantasmes politiques. Les chroniqueurs protestants renforcent cette image d’une « reine empoisonneuse », héritée des clichés anti-médicis. Pourtant, les historiens s’accordent : Catherine a validé une décision catastrophique mais n’a pas voulu ni anticipé un bain de sang national. Elle cherchait à éviter une guerre civile, et a, au contraire, déclenché l’un des pires massacres du siècle.
En somme, Catherine fut accusée autant pour son rôle politique central que pour l’image diabolique qu’on bâtit autour d’elle. Une figure complexe, piégée par un royaume en flammes.
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