DiscoverReportage FranceQuelles expériences va mener l’astronaute française Sophie Adenot dans l’ISS?
Quelles expériences va mener l’astronaute française Sophie Adenot dans l’ISS?

Quelles expériences va mener l’astronaute française Sophie Adenot dans l’ISS?

Update: 2025-11-25
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Le 15 février 2026, Sophie Adenot décollera vers la Station spatiale internationale (ISS) pour une mission de huit mois, une première pour une astronaute française depuis Claudie Haigneré, il y a 25 ans. La Française y conduira près de 200 expériences scientifiques en apesanteur, dont une dizaine ont été conçues par la France et le Centre national d’études spatiales (Cnes), basé à Toulouse.

« Le compte à rebours est plus que lancé, tous les voyants sont au vert ! », s’extasie Sophie Adenot, souriante comme à son habitude face à la nuée de caméras et de micros. Lundi 24 novembre, l’astronaute française a effectué à Toulouse l’une de ses dernières apparitions publiques avant son décollage à destination de la Station spatiale internationale (ISS). Le 15 février 2026, si tout va bien, elle prendra place à bord d’une fusée SpaceX sur le pas de tir de Cap Canaveral, en Floride, aux États-Unis, qui l’emmènera pour une mission de 240 jours à bord de l’ISS : la mission Epsilon.

Très à son aise, la quadragénaire a détaillé une partie de son emploi du temps à bord du laboratoire spatial. Plusieurs centaines d’expériences scientifiques sont programmées, dont une dizaine ont été concoctées par la France via le Centre national des études spatiales (Cnes). Ses missions répondront à trois objectifs : améliorer la connaissance scientifique et médicale, préparer l’avenir des missions spatiales et impliquer la jeunesse.

Améliorer la connaissance scientifique et médicale

De l’aveu même de l’astronaute française, les expériences scientifiques dans le domaine de la santé sont celles qui suscitent le plus sa curiosité. « Je suis intriguée et intéressée par ce type d’expériences, car elles pourraient avoir un impact direct et concret dans notre vie de tous les jours », explique-t-elle.

Sur ce sujet, le programme sera chargé. La Française devra notamment analyser les effets de l’apesanteur sur les organes des astronautes. Pour ce faire, il lui sera nécessaire de travailler avec de l’imagerie médicale. Un scanner ou une IRM étant trop volumineux, ils ne peuvent être embarqués à bord de l’ISS. Seule l’échographie lui permettra de réaliser ce type d’expériences.

Sur le fond, ce n’est pas une nouveauté. Depuis 40 ans, le Cnes dispose d’une expertise reconnue en matière d’analyse échographique dans l’espace. Lors de ses deux précédentes missions à bord de l’ISS, Thomas Pesquet avait déjà eu recours à cet outil, mais jamais seul : il était guidé dans ses mouvements depuis la Terre.

Le dispositif échographique qu’expérimentera Sophie Adenot, baptisé EchoFinder, est assez révolutionnaire. Il permettra de réaliser des échographies de façon autonome, sans formation médicale préalable ni assistance terrestre. L’astronaute sera uniquement aidée par la réalité augmentée et l’intelligence artificielle sur un écran. « L’idée, c’est de placer des sphères virtuelles qui représentent la position de la sonde dans des cubes virtuels qui représentent la position idéale de sonde, explique, démonstration à l’appui, Aristée Thevenon, ingénieur à l’Institut de Médecine et de Physiologie Spatiales, partenaire du CNES. Quand on arrive à mettre nos sphères dans nos cubes, ça devient vert, ce qui signifie que l’on a trouvé la position idéale de sonde. »

L’expérience vise à préparer les futures missions spatiales vers la Lune et Mars « où les délais de communication, parfois de quelques minutes, rendront impossible tout guidage en direct depuis la Terre », explique Aristée Thevenon. Mais ce dispositif pourrait également trouver une application terrestre à moyen terme, « dans certains déserts médicaux où l’échographie serait bien utile, mais pas forcément disponible par manque d’expertise, complète l’ingénieur. On peut aussi imaginer une déclinaison dans les sous-marins, qui sont des environnements confinés et assez similaires à ceux de la Station spatiale internationale. »

Avec EchoFinder, Sophie Adenot jouera un double rôle. « Elle sera à la fois l’opératrice de l’expérience — elle va réaliser l’échographie sur l’un de ses coéquipiers — puis ils inverseront : elle deviendra le sujet de l’expérience », explique Rémi Canton, responsable des vols habités au Cnes. C’est ici que l’intérêt d’aller dans l’espace s’explique : la micropesanteur permet notamment de mettre en évidence des phénomènes physiologiques inobservables sur Terre en raison de la gravité. Pendant huit mois, le corps de Sophie Adenot deviendra un objet d’étude.

Ce sera le cas avec PhysioTool, une expérience scientifique visant à mesurer plusieurs paramètres physiologiques, notamment cardiovasculaires, grâce à des capteurs. En l’absence de gravité, la circulation du sang ralentit : « C’est ce qu’on appelle le déconditionnement cardiovasculaire, explique Marc-Antoine Custaud, chercheur à l’université d’Angers et parrain de cette étude. Notre but, c’est de comprendre comment le système cardiovasculaire se désadapte à la gravité, ce qu’il faut faire pour qu’il s’adapte à la microgravité et comment le réadapter lors du retour sur Terre. »

Préparer l’avenir des missions spatiales

Les ambitions étatiques ne s’arrêtent pas à la Station spatiale internationale. L’objectif est désormais de retourner sur la Lune. C’est le but du projet Artemis de la Nasa, lancé par Donald Trump en 2017. Artemis II, deuxième étape, doit être lancé en février 2026. Cette mission vise à tester le matériel et à récolter des données pour préparer Artemis III. Cette dernière étape du programme consiste à faire alunir un équipage d’astronautes d'ici à 2028. Objectif : effectuer des séjours de longue durée sur le satellite terrestre et préparer des missions habitées à la surface de Mars.

Les expériences que conduira Sophie Adenot à bord de l’ISS tiennent compte de cette volonté d’élargir l’horizon spatial. C’est le cas de l’expérience Matiss-4, dont le but pourrait être résumé ainsi : capturer les microbes à bord de la station. « L’idée, c’est de collecter les bactéries puis d’en ramener des échantillons au sol afin de les analyser encore plus finement grâce à un super-microscope », développe Sébastien Rouquette, ingénieur et responsable de cette expérience au Cnes.

Cette analyse vise à comprendre comment les micro-organismes s’associent entre eux et se déposent sur les surfaces de la Station spatiale internationale. « Le but, c’est de développer des surfaces innovantes avec des revêtements qui limitent ou empêchent le développement bactérien », poursuit Sébastien Rouquette. Ces nouveaux revêtements antibactériens présenteraient plusieurs avantages : ils limiteraient l’utilisation de bactéricides toxiques à bord et permettraient aux astronautes de gagner du temps - une ressource rare à bord de l’ISS. En effet, ils consacrent 10 % de leur mission au nettoyage.

La propreté constitue un enjeu crucial pour la santé des astronautes et plus encore pour d’éventuelles missions lunaires ou martiennes de longue durée. Mais là aussi, des applications terrestres seraient possibles : « Je pense aux poignées de portes, aux barres pour se tenir dans le métro ou le bus, aux hôpitaux… Nous commençons à avoir des pistes assez sérieuses d’applications concrètes d'ici à quelques années », confirme Sébastien Rouquette.

Impliquer la jeunesse

À n’en pas douter, c’est l’une des expériences dont on entendra le plus parler. Au cours de sa mission, Sophie Adenot mènera une expérience éducative baptisée ChlorISS en partenariat avec 4 500 établissements scolaires français. L’idée ? Faire germer simultanément des graines d’Arabette des dames et de minuza en micropesanteur dans l’ISS et sur Terre afin d’observer les effets de la gravité et de la lumière sur la pousse de ces deux végétaux.

L’expérience durera dix jours. « Tous les jours, Sophie Adenot prendra en photo l’évolution de la germination, puis elle les enverra aux établissements scolaires. Les élèves pourront comparer ces photos aux observations qu’ils feront dans leurs classes et observer d’éventuelles différences », développe Marie Fesuick, en charge de l’expérience ChlorISS.

Embarquer la jeunesse à bord de l’ISS est désormais une habitude : en 2021, lors de sa seconde mission, Thomas Pesquet avait conduit une expérience assez similaire avec le blob, cette créature monocellulaire jaune, ni vraiment animale, ni vraiment végétale.

Cette nouvelle mission éducative, comme les précédentes, va au-delà de l’objectif spatial : « On espère inspirer certains jeunes, susciter des vocations, pas forcément dans le spatial, mais dans les sciences de manière générale », confie Marie Fesuick. Un objectif qui rejoint celui de l’astronaute : « C’est important que les plus jeunes s’identifient à des parcours professionnels. Je serai la plus généreuse possible pour partager mon expérience avec eux, autant que le temps me le permettra. »

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RFI