DiscoverRFI - Européen de la semaineSerbie: le président Aleksandar Vučić, plus populaire que jamais - 09/08/2020
Serbie: le président Aleksandar Vučić, plus populaire que jamais - 09/08/2020

Serbie: le président Aleksandar Vučić, plus populaire que jamais - 09/08/2020

Update: 2020-08-09
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Dans un studio de télévision vide, Aleksandar Vučić tient une réunion publique virtuelle, entouré d’écrans où apparaissent des dizaines de visages par vidéo conférence. Les applaudissements rythment son discours. Loïc Trégourès, chargé d’enseignement en sciences politique à l’université catholique de Lille analyse :
« Ça dit peut-être une forme de mégalomanie. Il y a un petit côté effrayant là-dedans quand on sait, en réalité, à quel point le vote est contrôlé et n’est pas libre. Dans les villages et dans les petites villes où les seuls emplois véritables sont les emplois publics, vous avez le représentant du parti qui est là et qui vérifie bien que tout le monde est allé voter. C’est pour ça que ça peut paraître sympathique de l’extérieur, puisque tout le monde s’est mis sur Zoom après tout, mais quand on sait comment se passe réellement le vote, ça apparaît tout de suite beaucoup moins sympathique. »
Avant les législatives, la popularité du chef de l'État serbe s'est envolée. À ses débuts, la crise sanitaire a offert une tribune supplémentaire à celui qui, dans les années 1990 fût le ministre de l’Information de Slobodan Milošević. Vukosava Crnjanski directrice du réseau de surveillance des médias CRTA explique :
« Durant la crise du coronavirus, il est apparu comme le combattant en chef. Ses longs discours étaient retransmis sur toutes les chaines nationales. Il a distribué des respirateurs. Il a même été directement affecté par l’épidémie, parce que son fils a été testé positif au Covid-19. On l’a vraiment dépeint en héros pendant cette crise. »
Les choses se sont corsées après le scrutin. L’épidémie de Covid-19 ayant été présentée alors comme contenue, les mesures de restrictions avaient été levées à temps pour la campagne des législatives du 21 juin. Mais à l’issue du vote, le pays a connu un rebond inquiétant de la pandémie. Le nombre de cas est reparti à la hausse et la gestion de la crise par les autorités a suscité des manifestations violentes en juillet. Quelques mois plus tôt, au début de la crise, Aleksandar Vučić n’hésitait pas à tacler l’Union européenne pour son prétendu manque de solidarité face à l’épidémie :
« La solidarité européenne n’existe pas. Ce ne sont que des fables. La seule qui peut nous venir en aide dans cette situation difficile, c’est la république populaire de Chine. »
Un style de déclarations dont est coutumier Aleksandar Vučić, comme l’explique Vukosava Crnjanski :
« Ce tango qu’il danse avec la Chine sur fond de crise du coronavirus, ça n’est pas très surprenant. C’est un peu son style de sauter sur n’importe quelle opportunité. Il agit un peu comme une sorte de courtier qui vend et qui achète vite, qui prend des décisions rapides et envoie des messages contradictoires. Peut-être que dans ce cas précis, il a vu la Chine comme une gagnante au tout début de cette crise sanitaire, et il voulait aussi en quelque sorte prendre part à cette victoire. »
Issu des rangs de la droite nationaliste, devenu pro-européen de raison Aleksandar Vučić, qui cultive ses liens avec la Chine et la Russie, se permet de telles sorties face à l’Union européenne, d’autant que son électorat n’y est pas très favorable. Loïc Trégourès décrypte :
« Il se dit favorable à l’intégration européenne parce qu’il a compris que c’était la seule façon pour lui d’être adoubé par les occidentaux mais il n’est pas dupe du fait que la Serbie n’y rentrera pas avant d’avoir réglé la question du Kosovo. Et pour lui, ce n’est pas intéressant de régler la question du Kosovo à court terme parce que c’est un écran de fumée qui lui permet de ne pas parler du reste, c’est-à-dire la régression démocratique et tout ce qui s’ensuit. C’est pour ça qu’il se permet d’avoir les propos qu’il tient avec l’Union européenne même s’il est vaguement revenu dessus après. C’est l’impression que ça laisse parce qu’au fond il sait qu’il n’y a pas d’alternative en Serbie. »
L’ONG Freedom House estime que la Serbie n'est plus une démocratie mais un « régime hybride » avec un chef de l'État qui se sert des « mêmes outils antidémocratiques » que le Hongrois Viktor Orbán.
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Anastasia Becchio