Vivre et mourir au Mexique
Description
Au Mexique, les règlements de compte lié au trafic de drogues ont fait plusieurs dizaines voire centaines de milliers de morts et de disparus ces 15 dernières années. La chronique rapporte aussi l’assassinat de journalistes, de bloggueurs, d’étudiants ou de policiers, par les cartels. Tandis que dans-cette-lutte-contre la drogue, la violence arbitraire de la police, et sa corruption, sont régulièrement dénoncées. Il règne dans ce pays un climat de guerre et de terreur que rien ne semble devoir apaiser. A partir de ce tableau général, il est possible de réduire la focale et de s’intéresser à l’état du Sinaloa, au nord-ouest du Mexique, et en particulier au village de Badiraguato, 32 000 habitants, où se firent connaître deux barons de la Drogue : El Chapo Guzman, arrêté en 2016, et Rafal Caro Quintero arrêté, lui, en juillet 2022. A Badiraguato, on cultive le pavot et la marijuana, dans des endroits difficiles d’accès ; on ruse avec l’armée qui vient brûler les récoltes ; on rend des comptes aux propriétaires des terres ; on vit sous la menace de l’enlèvement, quand on est une femme, pour être mariée de force, et sous la menace des balles des gangs ou de la police. Dans cette atmosphère de violence omniprésente, tout est compliqué : on se déplace avec précaution, on surveille son langage et son comportement, et on doit bien sûr maîtriser les codes sociaux pour ne pas froisser les puissants et s’assurer quelques protections. Mais la mort reste omniprésente, et fait étrangement l’objet d’interprétations très minimisantes. C’est un endroit où un système très féodal se conjugue avec le nouveau capitalisme mondialisé, celui où les opioïdes et l’héroïne alimentent des marchés colossaux. Un endroit où la ressource que constitue le pavot ne permet pas réellement d’échapper à la domination et à la pauvreté. Tout le monde est vulnérable à Badiraguato. Notamment les petits paysans qui sont sous la coupe des grands propriétaires terriens, mais aussi des autorités mexicaines qui favorisent les producteurs au détriment des cultivateurs. Tout cela invite à aller voir de plus près les manières de vivre, de parler, de se déplacer, de travailler et de mourir dans le Mexique d’aujourd’hui.