«Galgi», l'album rare de Karantamba, publié 36 ans après son enregistrement
Description
C’est un trésor oublié d’Afrique de l’Ouest : l’album Galgi, du groupe gambien Karantamba, voit enfin le jour.
La beauté de la musique africaine n’a pas de prix pour Teranga beat. Après avoir produit des groupes mythiques comme Star Band de Dakar ou Orchestra Baobab, le label activiste des musiques du monde, sort Karantamba de l’oubli. Nettoyées et numérisées, leurs vieilles bandes magnétiques fragiles enregistrés à Dakar en 1988, révèlent sept titres resplendissants, plein de détails modernes, conçus par des musiciens en avance sur leur époque. Le disque passe les sonorités traditionnelles ouest-africaines au filtre des synthétiseurs, des guitares électriques et d’un groove qui fait presque écho à la musique psychédélique des années 1970.
Karantamba chante en wolof sur ce deuxième album qui témoigne de l’histoire dramatique du continent africain. Galgi, désigne les navires négriers. Il fait référence à ce passé tragique des bateaux remplis d’hommes, réduits en esclavage, destinés à être vendus aux Amériques. Tout le disque rend hommage à ces âmes sacrifiées. La pochette montre même une photo du groupe prise sur l’ile de Gorée au Sénégal, épicentre de ce sombre commerce d’êtres humains. Sur la chanson-titre du disque, la chanteuse Ndey Nyang y apporte une légèreté contrastée par la gravité du thème abordé.
Highlife et musique mandingue, se trouvent ici mâtinés de rythmiques occidentales, funk, rock, disco et soul. Parfait mariage des sonorités africaines, européennes et américaines, Karantamba a été créé par le chanteur et guitariste Bai Janha au début des années 1980 en Gambie, pays enclavé dans le Sénégal. Son projet puissant, porté par un son unique, fait surtout le lien entre le passé colonial et le présent. Mais aussi la violence des migrations d’hier et d’aujourd’hui. L’ensemble inscrit cette histoire douloureuse dans un album marqué par l’esprit musical libertaire de l’Afrique.
Il a donc fallu plus de trois décennies à cette formation effacée des mémoires pour retrouver la reconnaissance par le biais de ce disque inédit qui fait effet de révélation.