DiscoverLe grand invité AfriqueÉlections au Cameroun: pour battre Paul Biya, «il faudra un raz-de-marée» de l'opposition, martèle Issa Tchiroma Bakary
Élections au Cameroun: pour battre Paul Biya, «il faudra un raz-de-marée» de l'opposition, martèle Issa Tchiroma Bakary

Élections au Cameroun: pour battre Paul Biya, «il faudra un raz-de-marée» de l'opposition, martèle Issa Tchiroma Bakary

Update: 2025-09-16
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L'opposant camerounais Issa Tchiroma Bakary connait bien le président sortant Paul Biya, puisqu'il a été son ministre pendant 16 ans, avant de démissionner au mois de juin dernier. Le chef du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), a le vent en poupe, car il vient d'être désigné « candidat consensuel de l'opposition » par l'Union pour le Changement à la présidentielle du 12 octobre prochain. Mais aucun autre candidat de l'opposition ne l'a félicité : est-ce un trompe-l'œil ? En ligne de Yaoundé, l'ex-ministre Tchiroma Bakary répond à Christophe Boisbouvier.

RFI : Samedi dernier, une assemblée générale Upéciste vous a désigné comme « candidat consensuel de l'opposition » pour le 12 octobre. Quelle est votre première réaction ?

Issa Tchiroma Bakary : Ma première réaction, c'est celle de la gratitude et des remerciements à ces hommes et femmes de la société civile comme de la classe politique, qui m'ont fait l'honneur et le plaisir de me désigner pour être le porteur du drapeau qui nous conduira vers l'élection présidentielle et puis vers la victoire inévitable du peuple.

Le fait qu'aucun de vos dix partenaires, candidats de l'opposition, n'ait approuvé cette démarche de l'Union pour le changement et qu'aucun de vos partenaires ne vous ait félicité, est-ce que cela ne vous préoccupe pas ?

Écoutez, les portes sont ouvertes, nous sommes en discussion. Nous demeurons ouverts et ma foi, j'annonce notre disponibilité à travailler avec tous ceux qui sont prêts pour que l'attente du peuple soit réalisée, à savoir la construction de ce changement.

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Donc, vous tendez la main aux dix autres candidats de l'opposition ?

Je pense que non seulement je leur tends la main, mais je voudrais d'abord attirer l'attention des uns et des autres vers une vérité cardinale. C'est l'administration territoriale qui a la responsabilité de l'organisation de ces élections. Même si les dix autres candidats s'allient à Tchiroma pour que ça fasse onze, même si tous nous étions réunis, il est pratiquement impossible de penser que ce corps qui a la responsabilité d'organiser ces élections annonce des résultats différents de ce que le parti au pouvoir et son leader attendent. Donc, il faudrait que cette victoire soit un raz de marée comparable à rien d'autre, parce que la victoire sera massive, une victoire inexorable. Le candidat président de la République sortant face à la détermination du peuple. Je suis persuadé que le président ne fera pas 15 à 20%. C'est impensable.

Pour qu'il y ait ce raz de marée, il ne faut pas qu'il y ait plusieurs candidats de l'opposition. Il faut qu'il n'y en ait qu'un seul et ce sera vous. C'est ça ?

Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ensemble, nous sommes en mesure d'avoir cette victoire écrasante. Elle est inexorable, elle est inévitable.

Issa Tchiroma Bakary, vous avez été ministre de Paul Biya pendant seize ans. Vous avez été aussi notamment son porte-parole. Et puis au mois de juin dernier, vous avez démissionné. Pourquoi cette volte-face ?

Ce n'est pas une volte-face. Le président de la République, aujourd'hui, à 93 ans. Après 43 ans de règne sans partage, à cet âge, le président de la République, qui aime sa nation, devrait comprendre que la fin est arrivée. Et comme on dit, il est préférable de quitter les choses avant qu'elles ne vous quittent. Vous avez des icebergs partout. Le commandant doit être à la barre et non gouverner par procuration.

Et qui c'est qui gouverne alors ? Si ce n'est pas lui ?

Mystère. Mais aujourd'hui, on peut dire que c'est une espèce d'oligarchie invisible, mais d'une puissance d'autant plus redoutable que vous ne savez pas qui fait quoi. Je profite de l'occasion pour dire, moi qui vous parle aujourd'hui, que j'ai fait l'objet d'une menace et d'emprisonnement et existentielle de la part des collaborateurs du président de la République qui sont venus me dire que c'est de sa part qu'il me parlait de cette manière.

Et quand vous parlez de menace existentielle, c'est-à-dire qu’un collaborateur du chef de l'État vous a menacé dans votre propre vie, c'est ça ?

C'est-à-dire qu’il m’a menacé d'emprisonnement. Et puisqu’il sait que je suis malade. Il suffit simplement que l'on m'emprisonne et que je reste deux mois sans médicaments et la suite sera connue. En vertu de quoi doit-on me menacer ?

Vous dites qu'il faudra compter avec plusieurs autres candidats de l'opposition. Est-ce à dire qu'avec l'autre grand candidat nordiste, par exemple, l'ancien Premier ministre Bello Bouba Maigari, vous n'arriverez pas à vous mettre ensemble d'ici le 12 octobre ?

Mettez ensemble tous les opposants, pas seulement Bello et autres. Il faut d'abord une victoire immense. Il faut absolument un raz de marée.

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Est-ce que vous vous parlez avec Bello ?

Bien entendu. Bello n'est pas mon ennemi, mais moi je suis Tchiroma, il est Bello. J'incarne l'espoir de la jeunesse.

Vous dites que vous incarnez l'espoir de la jeunesse, mais vous avez plus de 70 ans. Et le candidat Cabral Libii appelle les trois septuagénaires que vous êtes, Akéré Mouna, Bello Bouba et vous-même, à vous mettre ensemble et ensuite à créer une dynamique de l'unité.

Il est libre de dire ce qu'il veut, mais qu'il fasse preuve d'humilité et de respect pour ce que nous sommes. Vous savez, j'ai plus de 70 ans, mais il y a des gens qui gouvernent les plus grandes puissances de ce monde qui ont 79 ans. Suivez mon regard. En politique, quand vous parlez de l'âge, c'est parce que vous êtes à court d'arguments.

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