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Author: FRANCE 24

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Tous les jours, du lundi au jeudi, Christophe Dansette et les autres chroniqueurs de France 24 décryptent un grand thème de l’actualité économique en France et à l’étranger. 

54 Episodes
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À l’approche du second tour de la présidentielle, la Bolivie cherche un nouveau souffle économique. Après deux décennies de socialisme, le pays fait face à un net ralentissement de la croissance. Le “triangle d’or du lithium”, dont elle détient une part majeure, alimente aujourd’hui de grands espoirs de relance. La Bolivie aborde le scrutin présidentiel de dimanche dans un contexte économique délicat. Après les années de forte expansion sous Evo Morales, puis Luis Arce, la croissance s’est essoufflée : elle ne dépasse plus 0,6 %, tandis que l’inflation atteint près de 25 % et la dette publique avoisine 95 % du PIB. Les réserves de change, elles, sont au plus bas. Dans ce climat tendu, le lithium, dont la Bolivie détient plus de 20 % des réserves mondiales, occupe une place centrale dans le débat public. Ce métal, essentiel à la fabrication des batteries électriques, incarne un potentiel de diversification et d’industrialisation encore largement inexploité. Mais les projets lancés ces dernières années ont pris du retard : manque d’expertise technique, coûts élevés, contrats controversés avec la Chine et la Russie — sur fond de chute des cours mondiaux, passés de 70 000 à 10 000 dollars la tonne. Deux priorités économiques distinctes Les deux candidats en lice affichent des priorités économiques distinctes. Jorge “Tuto” Quiroga, conservateur, mise sur une ouverture du marché, une restructuration de la dette et de nouveaux accords de libre-échange pour attirer les investissements étrangers. Rodrigo Paz, plus centriste, prône, lui, une approche progressive, axée sur la lutte contre la corruption, la stabilisation du marché des carburants et une meilleure gouvernance des entreprises publiques. Reste une question : la Bolivie saura-t-elle transformer son “or blanc” en moteur durable de croissance ?
Le Premier ministre a annoncé la suspension de la réforme des retraites jusqu’après présidentielle de 2027. Un geste d’apaisement politique qui soulève de sérieuses questions budgétaires. La réforme des retraites de 2023, emblème du second quinquennat d’Emmanuel Macron, est mise sur pause. Sébastien Lecornu a annoncé son gel "jusqu’après la présidentielle", sans pour autant abroger la loi. Concrètement, l’âge de départ reste fixé à 62 ans et 9 mois et la durée de cotisation à 170 trimestres. Les étapes suivantes – jusqu’à 64 ans et 172 trimestres – sont suspendues. Environ 3,5 millions de Français pourraient donc partir plus tôt que prévu. Un coût sous-estimé ? Le Premier ministre évalue le coût de cette suspension à 400 millions d’euros en 2026 et 1,8 milliard en 2027. Mais d’autres estimations, non confirmées par Bercy, évoquent jusqu’à 3 milliards d’euros, en incluant le manque à gagner fiscal. Dans un contexte où la dette publique atteint plus de 3 400 milliards d’euros et le déficit 5,4 % du PIB, cette pause ajoute une pression supplémentaire sur les finances publiques. Une conférence sur les retraites Le chef du gouvernement veut faire de cette pause un temps de réflexion nationale. Il lancera une conférence sur les retraites et le travail, réunissant partenaires sociaux, experts et parlementaires, avec des premières conclusions attendues au printemps prochain. Objectif : préparer la réforme d’après 2027, plus concertée et plus lisible. Un format qui rappelle celui du conclave du printemps dernier qui s'était soldé par un échec. 
Le constructeur européen est engagé dans une course contre la montre pour accélérer sa production et répondre à une demande historique. Avec plus de 8 700 avions à livrer, Airbus tire toute la filière aéronautique européenne, de Toulouse à Casablanca, où Safran vient d’annoncer une nouvelle usine d’assemblage de moteurs. Le constructeur européen veut produire plus de 75 A320 par mois d’ici 2027, contre une cinquantaine aujourd’hui. Un défi colossal alors que la demande n’a jamais été aussi forte : plus de 8 700 avions à livrer, soit près de dix ans de production d’avance. Mais Airbus peine encore à tenir la cadence : il n’a pas atteint son objectif de 800 livraisons en 2023 et espère 820 cette année. Pour y parvenir, le groupe multiplie les investissements : deux nouvelles usines aux États-Unis et en Chine, et l’agrandissement des sites français, notamment à Toulouse, avec 700 recrutements prévus. Une future usine d'assemblage de moteurs Safran au Maroc  Ses fournisseurs doivent eux aussi suivre le rythme. Safran, qui produit les moteurs des A320 avec General Electric, va ouvrir une usine d’assemblage à Casablanca pour son moteur vedette LEAP, le plus vendu au monde. L’usine, annoncée en présence du roi Mohammed VI, doit entrer en service en 2027 et doubler les capacités de production. Le Maroc, où Safran emploie déjà 4 800 personnes, s’impose un peu plus comme hub aéronautique mondial, fort de plus de 140 entreprises et 25 000 emplois directs.
La nouvelle équipe gouvernementale de Sébastien Lecornu doit présenter les projet de loi de finance de l'Etat et de la Sécurité sociale, mardi 14 octobre, en Conseil des ministres avant le marathon législatif du Parlement, qui doit examiner et éventuellement revoir la copie, qui sera ensuite soumise au Conseil constitutionnel. Le budget français doit être bouclé au 31 décembre, faut de quoi les données de 2025 seront reprises et les nouvelles dépenses de l'Etat, gelées. Peu d'informations ont pour l'instant filtré, si ce n'est que l'exécutif s'autorise à un déficit de 5% du PIB, contre une limite à 4,7% de la version précédente.  Également au sommaire : les mauvais chiffres de Stellantis inquiètent, en particulier les ouvriers et ouvrières de huit usines européennes. Sur le site français de Poissy, dans les Yvelines, 2 000 personnes ont été mises au chômage partiel pour trois semaines. Enfin, on fait le point sur les derniers rebondissements de la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Officiellement en trêve jusqu'au 10 novembre, les deux premières puissances mondiales ont recommencé à resserrer les mesures autour l'une de l'autre, sur fond de bras de fer pour les terres rares dont la Chine est si riche. 
Après deux ans de guerre, Gaza n’est plus qu’un champ de ruines. Son économie s’est effondrée de plus de 80 %, la majorité de la population est au chômage et dépend de l’aide humanitaire. En Israël, la facture budgétaire de la guerre dépasse les 50 milliards de dollars, mais la résilience du pays reste étonnante. Entre ruines et rebond, le contraste est saisissant. Deux ans de guerre, et Gaza est dévastée. Les images aériennes parlent d’elles-mêmes : neuf bâtiments sur dix sont touchés, dont trois sur cinq entièrement rasés. 80 % des infrastructures sont détruites, la moitié des hôpitaux ne fonctionnent plus, les écoles sont en ruines et les routes impraticables. Presque plus aucune terre n’est aujourd’hui cultivable : près de 98 % des champs sont endommagés ou inaccessibles. L’économie, elle, est à terre. Huit habitants sur dix sont au chômage. Le PIB s’est effondré de plus de 80 % l’an dernier, poursuivant sa chute début 2025. La Banque mondiale parle de "l’un des pires désastres économiques jamais enregistrés" dans la région. La quasi-totalité des habitants dépend de l’aide humanitaire, qui arrive de manière irrégulière. Les prix ont flambé, puis chuté avec la trêve : un sac de riz valait parfois plusieurs dizaines de dollars. Et comme les banques sont détruites, les Gazaouis utilisent désormais des portefeuilles électroniques : plus de 530 000 comptes mobiles recensés. La reconstruction, elle, s’annonce titanesque : plus de 50 milliards de dollars selon la Banque mondiale, dont 20 milliards à mobiliser dans les trois prochaines années. C’est trois fois le PIB annuel combiné de Gaza et de la Cisjordanie. Même avec une paix durable, le PIB par habitant ne retrouverait son niveau d’avant-guerre avant 2038. En Israël aussi, la guerre a bouleversé l’économie. Traumatisée par le 7-Octobre, la société reste marquée : chaque famille a eu un proche mobilisé, un autre décédé ou otage. Sur le plan budgétaire, plus de 50 milliards de dollars ont été dépensés pour l’effort de guerre. Le déficit public a bondi à près de 7 % du PIB l’an dernier, et devrait rester au-dessus de 5 % en 2025. La dette dépasse désormais 70 % du PIB, un niveau inédit pour le pays. S’ajoute un isolement international : Israël a été la cible de nombreux boycotts, jusqu’au monde de la culture où concerts et films ont été déprogrammés. Et pourtant, l’économie tient debout. Le high-tech résiste, le gaz naturel continue d’être exporté et la consommation redémarre. La croissance est attendue à + 2,5 % cette année, et pourrait grimper à + 4,7 % en 2026, selon la Banque d’Israël. Un rebond qui, s’il se confirme, marquerait peut-être le début d’un véritable “dividende de la paix".
Une suspension de la réforme des retraites pourrait coûter très cher à la France, mais l'option est désormais sur la table : c'est peut-être le prix à payer pour obtenir un consensus sur le budget 2026 et ainsi tenter de résoudre la crise politique qui pèse lourdement sur les finances publiques.
Depuis minuit (heure de Washington), les États-Unis sont officiellement entrés en shutdown. Faute d’accord budgétaire entre Républicains et Démocrates, 750 000 fonctionnaires sont mis au chômage technique, les services fédéraux tournent au ralenti, et les marchés s’inquiètent. Les États-Unis connaissent depuis cette nuit leur 23ᵉ shutdown depuis 1976. Faute d’accord au Congrès sur le budget, une grande partie du gouvernement fédéral est à l’arrêt. Près de 750 000 fonctionnaires sont mis en congé forcé et ne sont plus payés, représentant un manque à gagner estimé à 400 millions de dollars par jour. Seuls les services essentiels continuent à fonctionner – sécurité nationale, police fédérale, contrôle aérien, armée – mais sans rémunération immédiate pour leurs personnels. En revanche, de nombreux services ferment totalement : musées, parcs nationaux, délivrance de permis administratifs, une grande partie des services fiscaux, et même les organismes de recherche comme le NIH. Certaines aides sociales risquent également d’être suspendues. Les répercussions touchent aussi le secteur privé : de nombreuses entreprises dépendantes de commandes publiques voient leurs paiements bloqués, mettant en danger leur trésorerie. Les marchés financiers s’inquiètent de cette paralysie. Non seulement elle alimente l’incertitude, mais elle prive aussi les investisseurs d’indicateurs cruciaux : le Bureau of Labor Statistics (BLS) ne publiera pas, comme prévu ce vendredi, les chiffres mensuels de l’emploi. Une absence qui complique le travail de la Réserve fédérale, privée d’un signal essentiel pour ajuster sa politique monétaire. Selon le CBO (Congressional Budget Office), le précédent shutdown – le plus long de l’histoire américaine, 35 jours en 2018-2019 – avait coûté 11 milliards de dollars à l’économie, dont 3 milliards définitivement perdus, soit environ 0,02 point de PIB. Les États-Unis en comptent désormais 23. Dans les années 1980, ces blocages étaient fréquents mais courts (1 à 2 jours). Depuis, ils durent plus longtemps : 17 jours sous Obama, 35 jours sous Trump… À chaque fois, l’impact économique est temporaire, mais l’image des États-Unis est écornée : celle d’une superpuissance incapable de voter son propre budget.
L’éditeur américain de jeux vidéo Electronic Arts, créateur de FIFA, Les Sims ou Battlefield, va sortir de la Bourse après une offre de rachat de 55 milliards de dollars. Une opération financière XXL… mais aussi éminemment politique, qui associe le fonds souverain saoudien et Jared Kushner, gendre de Donald Trump. Electronic Arts (EA) change de mains. L’éditeur mythique de jeux vidéo, connu pour ses franchises planétaires comme Football FC (ex-FIFA), Les Sims ou Battlefield, va être racheté pour 55 milliards de dollars par un consortium mené par le fonds américain Silver Lake, déjà actif dans la tech et le gaming. L’opération, qui valorise EA 25 % au-dessus de son cours actuel, doit encore recevoir l’aval des autorités de régulation avant de sortir le groupe de la Bourse en 2026. Derrière Silver Lake, deux partenaires suscitent l’attention : le fonds souverain saoudien PIF et Affinity Partners, créé par Jared Kushner. L’ex-conseiller et gendre du président américain Donald Trump a lancé ce fonds en 2021, largement financé par Riyad. Sa présence illustre les liens étroits entre la famille Trump et l’Arabie saoudite, bien au-delà du politique. En parallèle, la Trump Organization vient d’annoncer un projet immobilier géant à Jeddah. Pour l’Arabie saoudite, l’investissement dans EA dépasse la simple logique financière. Le royaume utilise le sport, la culture et désormais le jeu vidéo comme instruments de soft power. Le PIF a déjà acquis le japonais SNK, pris des parts dans Nintendo, et investi dans Scopely (Monopoly Go) ou Niantic (Pokémon Go). Riyad se projette aussi dans l’e-sport : il accueillera en 2027 les premiers Jeux olympiques d’e-sport. Pour les joueurs, l’avenir reste incertain. D’un côté, EA libéré de la pression boursière pourrait disposer de plus de liberté créative. De l’autre, les critiques dénoncent un risque de "gameswashing" : utiliser le jeu vidéo pour améliorer l’image d’un régime, avec le danger d’une influence politique jusque dans les contenus. Ce rachat d’Electronic Arts va donc bien au-delà du secteur vidéoludique. C’est un symbole de notre époque : l’influence culturelle se joue autant dans les stades… que sur les consoles.
Le premier groupe aérien européen a confirmé lundi un vaste plan social. Plus de 20 % des effectifs administratifs seront supprimés d’ici 2030, soit 4 000 postes, alors que Lufthansa est sous pression financière et doit composer avec les retards de livraison d’avions neufs. Lufthansa a officialisé lundi 29 septembre, lors d’une conférence investisseurs à Munich — la première depuis six ans —, la suppression de 4 000 postes d’ici 2030. Le plan vise principalement les fonctions administratives, avec plus de 20 % des effectifs de bureau supprimés. Le groupe allemand, qui emploie environ 103 000 personnes et contrôle aussi Discovery, Swiss, Austrian, Brussels Airlines, Eurowings et Ita Airways, veut ainsi réduire ses coûts et simplifier son organisation. Lufthansa reste pourtant leader en Europe, devant IAG et Air France-KLM, mais fait face à une marge opérationnelle en recul (4,4 % en 2024 contre 7,5 % en 2023), à la hausse des coûts de carburant et de maintenance, ainsi qu’aux retards dans les livraisons d’avions neufs : Boeing 787, Airbus A350 et Boeing 777X, dont la mise en service est reportée à 2026. Le défi est de taille : convaincre les investisseurs que le plan permettra un retour à la compétitivité, tout en évitant une crise sociale. Les syndicats, déjà en désaccord avec la direction, pourraient relancer des mouvements de grève. Au-delà de Lufthansa, c’est l’ensemble du secteur aérien européen qui reste confronté aux mêmes défis : concurrence des compagnies low-cost, explosion des coûts et pression environnementale.
Conçu pour remplacer le Rafale et l’Eurofighter d’ici 2040, le programme SCAF – porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne – est aujourd’hui à l’arrêt. Derrière les ambitions d’autonomie stratégique européenne se cachent des rivalités industrielles tenaces, au point que Paris menace désormais de poursuivre seul le projet. Le SCAF, pour "Système de combat aérien du futur", est l’un des plus vastes projets militaires européens. Lancé en 2017 par Angela Merkel et Emmanuel Macron, il doit aller bien au-delà d’un simple avion de chasse : il s’agit d’un système complet, intégrant drones, satellites et réseaux de communication de pointe, avec son propre cloud. Objectif : garantir à l’Europe une autonomie stratégique face aux États-Unis et à la Chine. Mais le projet est aujourd’hui enlisé. Officiellement, seize grandes entreprises participent à sa conception – parmi lesquelles Dassault, Thales, Safran, MBDA, Airbus ou encore l’espagnol Indra. Dans les faits, c’est surtout la rivalité entre Dassault Aviation et Airbus qui bloque. Le constructeur français, fort de son expérience avec le Rafale, refuse de céder la maîtrise de la conception à son partenaire allemand, qui réclame un partage plus équilibré. Alors que l'Allemagne s'est dite prête à se tourner vers d'autres partenaires, le patron de Dassault, Éric Trappier, a menacé de poursuivre le projet seul si l’industriel français perdait la maîtrise d’œuvre de la conception de l'avion. Côté gouvernement français, le ton se durcit aussi : Paris dit désormais être prêt à avancer seul. Mais la tâche paraît titanesque : le Rafale a déjà coûté près de 45 milliards d’euros depuis son lancement. Le SCAF pourrait dépasser les 100 milliards, une somme difficile à assumer pour un seul pays, surtout lorsqu'il est endetté à plus de 115%, malgré l’expertise de Dassault, Safran ou Thales. Au-delà des coûts, les enjeux sont considérables : des dizaines de milliers d’emplois en Europe, des retombées technologiques majeures, mais aussi un calendrier sous pression. Le premier vol était prévu pour 2027. Tout retard prolongerait la dépendance aux avions actuels, voire pousserait certains pays européens à acheter américain.
Jusqu'ici l'activité économique avait plutôt bien résisté, mais l'OCDE prévient qu'un ralentissement est à prévoir pour les prochains mois. La croissance était de 3,3 % en 2024, elle sera de 3,2 % en 2025. Et pour 2026, la prévision est de 2,9 %. Mais lorsque l'économie mondiale se porte bien, la croissance est d'environ 4 %, la différence est donc énorme. À l'origine de ce ralentissement : les nouveaux droits de douane américains, qui s'élèvent en moyenne à 19,5 %, les plus hauts depuis 1933.
Au lendemain des attaques terroristes du 7-Octobre, le gouvernement de Benjamin Netanyahou a imposé des mesures drastiques aux territoires palestiniens. Alors que la France et d'autres pays reconnaissent ce lundi 22 septembre l'Etat de Palestine devant les Nations unies, la réalité économique de Gaza et de la Cisjordanie est celle de territoires qui vivent une crise économique majeure. Dans la bande de Gaza, la pauvreté touche presque 100% de la population, 80% des actifs sont au chômage et le PIB s'est contracté de 80% environ. En Cisjordanie, c'est moins mauvais : "seulement" 35% de chômage et un recul du PIB de 14,5%. 
Le décret signé par Donald Trump multiplie par vingt le coût du visa H-1B, indispensable aux ingénieurs étrangers de la Silicon Valley. Une mesure qui inquiète les entreprises technologiques et l’Inde, premier pays concerné. C’est une décision spectaculaire : depuis ce dimanche, toute nouvelle demande de visa H-1B, le précieux sésame qui permet aux ingénieurs étrangers de travailler dans la Silicon Valley, coûte désormais 100 000 dollars. Jusque-là, les frais administratifs se comptaient en milliers de dollars. Le gouvernement américain justifie ce bond par la volonté de protéger le marché du travail et de limiter ce qu’il considère comme des “abus” du système H-1B. Donald Trump assure que certaines entreprises recourent à ces visas pour faire venir des ingénieurs “moins chers” et exercer une pression à la baisse sur les salaires américains. Mais la décision soulève un tollé. L’Inde, dont sont originaires près de 71 % des bénéficiaires de H-1B, a exprimé ses inquiétudes, tout comme l’association professionnelle indienne Nasscom qui parle d’un “choc brutal”. Des familles se retrouvent bloquées, des projets informatiques sont perturbés, et les entreprises indiennes de services craignent de lourdes pertes. Aux États-Unis, Microsoft, Amazon ou encore JP-Morgan ont recommandé durant le week-end à leurs salariés étrangers de ne pas voyager pour éviter d’être coincés à l’extérieur. Pour les startups, la facture pourrait être insoutenable. Surtout, la mesure pourrait se retourner contre les États-Unis eux-mêmes. Les talents étrangers ont largement contribué à l’essor de la tech américaine. Satya Nadella (Microsoft) et Sundar Pichai (Google) sont tous deux nés en Inde. Et selon une étude de l’Université de Stanford, près de la moitié des fondateurs des 500 licornes américaines sont d’origine étrangère, beaucoup ayant bénéficié du fameux visa H-1B. Autrement dit : en érigeant de telles barrières financières, Washington prend le risque de tarir une source d’innovation qui a fait sa force depuis des décennies.
Le président américain et le Premier ministre britannique Keir Starmer ont annoncé plus de 280 milliards de livres d’investissements croisés - un record pour le Royaume-Uni -, concentré dans la tech, le nucléaire et la finance. Mais Londres n’a pas obtenu la suppression des droits de douane sur l’acier et l’aluminium. La visite d’État de Donald Trump au Royaume-Uni se traduit par une pluie d’annonces économiques. Downing Street a dévoilé hier soir 150 milliards de livres d’investissements américains promis au Royaume-Uni — le montant le plus élevé jamais généré lors d’une visite officielle. Ces capitaux concerneront des secteurs stratégiques. Dans la technologie : Microsoft investira 22 milliards de livres dans un supercalculateur et des centres de données géants, Google 5 milliards dans un site d’IA neutre en carbone, et Nvidia prévoit de déployer 120 000 processeurs pour faire du Royaume-Uni un pôle mondial de l’IA. Dans le nucléaire civil, Washington et Londres s’engagent à développer des réacteurs modulaires avancés avec l’appui d’investisseurs privés américains. Dans la finance : Blackstone prévoit à lui seul 90 milliards de livres sur dix ans, dans l’immobilier, les infrastructures et les énergies vertes. En miroir, les entreprises britanniques annoncent 130 milliards de livres d’investissements aux États-Unis. Le gouvernement de Keir Starmer s’engage par ailleurs à acheter pour 60 milliards directement auprès d’entreprises américaines. Au total, près de 280 milliards de livres (plus de 300 milliards d’euros) d’investissements croisés sont annoncés. Un record pour Londres, mais pas pour le monde : Donald Trump avait déjà engrangé plus de 1 000 milliards de dollars de promesses lors de sa tournée dans le Golfe au printemps. Sur le volet commercial en revanche, c’est un revers pour Downing Street. Londres espérait obtenir la suppression des droits de douane sur l’acier et l’aluminium exportés vers les États-Unis. Mais Donald Trump a refusé. Les tarifs de 25 % restent en vigueur, avec pour seule concession américaine la promesse d’un plafond stable. Le grand traité de libre-échange promis au moment du Brexit reste, pour l’heure, hors de portée.
Alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) achève ce mercredi sa réunion de politique monétaire, les marchés s’attendent à une baisse des taux, malgré une inflation persistante. Une décision scrutée de près, sur fond de pressions directes de Donald Trump et de divisions inédites au sein du conseil des gouverneurs. Pour la première fois depuis décembre, les investisseurs tablent sur une baisse des taux directeurs de la Réserve fédérale américaine (Fed). Actuellement fixés dans une fourchette de 4,25 % à 4,50 %, ils pourraient être réduits dès ce soir de 25 points de base, revenant entre 4 % et 4,25 %. Une détente qui correspondrait au vœu de Donald Trump, qui multiplie les attaques contre Jerome Powell, président de la Fed. Ces derniers jours encore, le président américain publiait sur son réseau Truth Social : "'Too Late' [le surnom qu’il donne au président de la Fed Jerome Powell] DOIT BAISSER LES TAUX D’INTÉRÊT, MAINTENANT, ET PLUS FORTEMENT QUE CE QU’IL A EN TÊTE. LE MARCHÉ IMMOBILIER VA REMONTER!!!" La pression présidentielle ne se limite pas aux mots. Trump a tenté de révoquer la gouverneure Lisa Cook, sans succès, la justice ayant bloqué sa décision. Mais il a obtenu la confirmation de Stephen Miran, l’un de ses proches conseillers économiques, pour un mandat provisoire au sein du conseil de la Fed. Une première en 90 ans : un conseiller économique de la Maison-Blanche siège désormais au directoire de la Fed, tout en conservant son rôle, en congé sans solde. Résultat : la Fed est aujourd’hui divisée. Mais ce sont bien les 12 membres (7 gouverneurs et 5 présidents de Fed régionales, dont celui de New York) qui trancheront. L’équilibre est fragile, chaque voix peut compter. Pour Jerome Powell, dont le mandat s’achève en mai 2026, la réunion de ce mercredi n’est qu’une étape dans une dernière ligne droite périlleuse. Celui qui avait été nommé par Donald Trump en 2018 est devenu l’un de ses plus farouches opposants, défenseur de l’indépendance de la banque centrale américaine. Trump avait même envisagé de le limoger cet été, avant de reculer face à la réaction immédiate et négative des marchés.
Le nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu reçoit ces derniers jours les partis politiques et partenaires sociaux et doit trouver des économies pour le budget 2026. 44 milliards d'économies étaient prévues par le budget Bayrou, avec des clés de bras qui avaient fâché et entraîné la chute de son gouvernement. Ce sera probablement moins dans la version Lecornu. Mais il faut faire vite alors que l'agence Fitch a déjà dégradé la note souveraine de la France et que les syndicats, toujours décidés à revenir sur les réformes de l’assurance-chômage et surtout, de la retraite, appellent à une grande journée de mobilisation le jeudi 18 septembre. 
Ursula von der Leyen et Mario Draghi ouvrent ce mardi une conférence à Bruxelles consacrée à l’avenir de la compétitivité européenne. Un an après la remise du rapport Draghi, où en est-on de ses 383 recommandations ? Il y a un an, le 9 septembre 2024, Mario Draghi remettait à la Commission européenne un rapport fleuve de plus de 400 pages sur la compétitivité de l’Union. Le constat est sans appel : l’Europe décroche face aux États-Unis et à la Chine. Croissance trop faible, productivité en berne, investissements insuffisants… Le Vieux Continent risque de rester à la traîne s’il ne change pas d’échelle. Pour inverser la tendance, l’ancien président de la BCE formule 383 recommandations : investir 750 à 800 milliards d’euros par an, simplifier les réglementations pour les PME, et créer un véritable marché européen des capitaux, afin de mobiliser l’épargne vers l’innovation et l’industrie. Un an après, les résultats sont modestes. Selon le Draghi Tracker, à peine 11 à 14 % des mesures ont été appliquées. Bruxelles a lancé une feuille de route, quelques simplifications ont été engagées, mais les blocages restent nombreux : réticences à une dette commune, lenteur de l’union des marchés de capitaux, divergences nationales… La France, de son côté, est empêtrée dans ses difficultés politico-budgétaires. Il y a tout de même des signaux positifs, comme l’annonce de l’investissement du groupe néerlandais ASML dans la pépite française Mistral AI, preuve que l’Europe peut soutenir ses champions technologiques. Si la conférence organisée par Ursula von der Leyen et Mario Draghi remet le rapport sous les projecteurs, elle doit surtout répondre à une question : les dirigeants européens sont-ils prêts à passer des intentions aux décisions concrètes.
Moins d’une semaine après sa nomination à Matignon, le nouveau Premier ministre a enterré la mesure la plus contestée du projet Bayrou : la suppression de deux jours fériés. Mais à l’approche du débat budgétaire, il doit désormais composer avec les syndicats mobilisés, le patronat en alerte, et une dégradation de la note de la France par Fitch. À peine nommé, Sébastien Lecornu doit déjà faire face à une équation budgétaire explosive. Le calendrier est serré : le projet de loi de finances 2026 doit être présenté en Conseil des ministres à la mi-octobre pour être adopté avant le 31 décembre. Depuis vendredi, le Premier ministre consulte les partenaires sociaux. Ce lundi, il reçoit la CGT et la CFTC, alors que les syndicats appellent à une grande mobilisation jeudi 18 septembre contre les mesures d’austérité. En parallèle, deux organisations patronales, la CPME et l’U2P, sont également attendues à Matignon. Patrick Martin, le patron du Medef, rencontré vendredi, a déjà prévenu : il s’oppose à toute hausse d’impôts sur les entreprises, et se dit prêt à mobiliser lui aussi. Pour apaiser les tensions, Sébastien Lecornu a annoncé dimanche l’abandon de la suppression de deux jours fériés, une mesure rejetée par plus de 80 % des Français, mais aussi par les syndicats et le Medef. D’autres points restent cependant explosifs, comme l’"année blanche" – gel des retraites, des prestations sociales et du barème fiscal – estimée à 7 milliards d’euros d’économies. En toile de fond, la pression vient aussi des marchés. Vendredi, l’agence Fitch a abaissé la note de la France à A+. Le déficit est attendu à 5,4 % du PIB en 2025 et 4,6 % en 2026 selon la version Bayrou, une trajectoire déjà jugée intenable. Résultat : la France emprunte désormais plus cher que la Grèce, l’Espagne ou le Portugal, avec un écart de taux de 80 points de base par rapport à l’Allemagne. Moody’s doit publier son verdict fin octobre, puis Standard & Poor’s en novembre. Autrement dit : ce budget devra convaincre les parlementaires, les partenaires sociaux… et les marchés financiers.
Avec la démission de François Bayrou, la France doit rapidement trouver un gouvernement capable de faire voter un budget. Selon une note de Bercy révélée par Les Échos, sans nouveau texte adopté d’ici au 31 décembre, le déficit public repartirait à la hausse, de 5,4 % à 6,1 % du PIB. La démission de François Bayrou ouvre une période d’incertitude politique et budgétaire. Car derrière le jeu des alliances, une urgence domine : trouver un budget avant le 31 décembre. Faute de quoi, la France serait contrainte de reconduire le budget actuel. Une option jugée intenable par Bercy, qui anticipe alors une dérive du déficit public à 6,1 % du PIB en 2025, contre 5,4 % cette année. Plusieurs scénarios sont sur la table. Renaissance et le socle central défendent une ligne de stricte responsabilité budgétaire : retour sous les 3 % en 2029, environ 45 milliards d’euros d’économies, pas de nouveaux impôts mais une réduction continue des dépenses de l’État. Une stratégie critiquée pour son austérité, mais qui vise à rassurer Bruxelles et les marchés. Le Parti socialiste propose un budget alternatif : ralentir les économies (44 milliards étalés sur deux ans) et lancer un grand plan de relance, avec 19 milliards d’investissements dans la transition écologique, la santé et l’éducation. Pour financer ce programme, il mise notamment sur la taxe Zucman, un impôt plancher de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros, qui pourrait rapporter jusqu’à 15 milliards d’euros par an. Le Rassemblement national avance une politique presque inverse : suppression de l’Aide médicale d’État, accès restreint à certaines allocations pour les étrangers, rétablissement d’une exit tax renforcée. Mais aussi un geste en faveur des entreprises : la baisse des impôts de production, ces taxes qui pèsent avant même la réalisation de bénéfices. La France insoumise, enfin, refuse totalement la logique d’austérité. Jean-Luc Mélenchon plaide pour une rupture complète : un plan de relance financé par la dépense publique, de lourds investissements dans la transition écologique et un audit citoyen de la dette, avec la possibilité d’en annuler une partie jugée illégitime. Quatre visions très différentes, mais une même contrainte : sans budget adopté rapidement, la France risque de voir son déficit repartir à la hausse.
Le plus grand salon automobile d’Europe s’ouvre ce lundi à Munich, en Allemagne. Les constructeurs y dévoilent leurs modèles électriques et hybrides, mais alertent dans le même temps Bruxelles : l’objectif de mettre fin aux ventes de voitures thermiques en 2035 leur paraît irréalisable. Le salon IAA Mobility de Munich s’annonce comme la grande vitrine de l’automobile européenne. Renault y présente la nouvelle Clio 6 hybride, héritière d’un succès : la Clio 5, voiture la plus vendue en Europe depuis le début de l’année. Volkswagen, Mercedes ou BMW rivalisent aussi de nouveautés, aux côtés des constructeurs chinois comme BYD ou MG, qui veulent séduire le marché européen avec des modèles à prix cassés. Mais derrière l’innovation, les inquiétudes s’expriment. Les constructeurs européens jugent intenable l’objectif fixé par Bruxelles de mettre fin aux ventes de voitures thermiques en 2035. Dans une lettre envoyée le 27 août à Ursula von der Leyen, l’ACEA, l’association européenne du secteur, demande une plus grande flexibilité, la prise en compte des modèles hybrides et davantage d’aides publiques. Ils doivent rencontrer la présidente de la Commission vendredi dans le cadre d’un "dialogue stratégique". Leurs arguments s’appuient sur plusieurs constats : les ventes de véhicules électriques ont progressé de 40 % en juillet, mais leur part de marché reste limitée à environ 15 %, loin des 25 % attendus. Par ailleurs, le prix des véhicules électriques demeure plus élevé que celui des modèles thermiques, tandis que les infrastructures restent insuffisantes - il faudrait installer 8 300 bornes de recharge par semaine en Europe d’ici 2030, deux fois plus qu’au rythme actuel. Enfin, la dépendance aux matières premières, notamment aux batteries importées de Chine, fragilise encore l’industrie. À ces difficultés s’ajoutent les droits de douane américains de 15 % imposés par Donald Trump, qui pénalisent les constructeurs européens. Résultat : certaines usines, notamment en Allemagne et en Belgique, ferment déjà leurs portes. Les associations écologistes, elles, appellent à ne pas fléchir. Transport & Environnement estime que la plupart des constructeurs sont en réalité sur la bonne trajectoire et qu’un recul sur les objectifs ferait perdre du temps face à la concurrence chinoise, qui produit déjà presque exclusivement de l’électrique.
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