Un neuf trois Soleil !

<p>Les activités de <em>Un neuf trois Soleil !</em> en direction des tout-petits s'articulent autour de spectacles, un week-end tous les deux mois au Pavillon de Romainville - saison <em>"Un neuf trois Soleil !"</em>, d'un festival <em>"Un neuf trois Soleil !"</em> au printemps chaque année dans les parcs, théâtres et crèches de la Seine-Saint-Denis, d'ateliers enfant-parent dans des structures sociales, mais aussi de formations et conseils en programmation pour les professionnel.les de la petite enfance et de la culture, de résidences d'artistes… <br /> En défendant la nécessité de l’art dès la petite enfance, <em>Un neuf trois Soleil !</em> porte une démarche résolument citoyenne. </p>

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Vincent rebondit sur une remarque faite précédemment, sur le rôle de l’artiste dans le rapport à la nature. Pour lui, les artistes sont des « activateur·ices », des jardinier·ères. Jardiner, dans ce contexte, c’est prendre soin de notre rapport au monde, à la culture. Mais ce soin, c’est quelque chose qui passe avant tout par l’imaginaire. Pour voir, il faut imaginer.

10-16
09:57

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Marie-Madeleine, qui travaille avec Vincent, intervient au sujet du Maquis d’Émerveille. Elle explique que c’est un jardin entouré d’urbanité, dans le 18e arrondissement. Comment ouvrir, pour que cela bénéficie au plus de monde possible ? Avec la Mairie, ils sont arrivés à un consensus, celui de laisser le jardin fermé, pour qu’ils puissent maintenir l’état « sauvage » du lieu (l’intitulé du Maquis d’Émerveille est « un jardin sauvage artistique dédié aux tout-petits »). En opposition au jardin « d’abandon », où les parents sont sur un banc en train de discuter et les enfants sont livrés à eux-mêmes, au Maquis d’Émerveille il est demandé aux adultes de « s’autoriser à », dans le but de créer du lien. Elle partage une expérience datant du matin-même, car c’était une rare séance où elle n’a pas entendu d’injonctions aux tout-petits de la part d’adultes. On peut donc penser que peu à peu, les choses évoluent. De plus, elle insiste sur l’importance du mot d’accueil, avant l’entrée dans le jardin.

10-16
08:09

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Une personne soutient la démarche du Jardin d’Émerveille en expliquant qu’elle aimerait que les jardins des crèches se dirigent peu à peu vers une transformation de ce type (notamment grâce à l’aide d’artistes).

10-16
10:25

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Cécile évoque une anecdote avec sa fille de 5 ans au Jardin d’Émerveille. Celle-ci avait demandé si elle pouvait enlever ses chaussures. Et Cécile était très heureuse qu’il existe justement des endroits comme celui-ci où l’on peut « enlever ses chaussures », avec tout ce que cela implique. Une bibliothécaire salue également le positif apporté par le Jardin et par l’intervention de Vincent : « c’est motivant de se dire que tout est possible, et qu’il ne faut pas baisser les bras face à l'austérité ambiante ».

10-16
03:54

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Le Jardin d’Émerveille (Parc de la Poudrerie) et le Maquis d’Émerveille (butte Montmartre) ont un « rituel » similaire : le public est accueilli dehors avant d’entrer. Les portes du Jardin sont fermées. Toutefois, elles laissent passer de la musique et des bribes de ce qui se passe à l’intérieur. Ce moment est aussi important que la séance, car il permet aux enfants de rêver, de mûrir le désir d’entrer, ils construisent ainsi un imaginaire. Lorsque les portes s’ouvrent, l’émerveillement est possible parce que les enfants sont habités par des rêves. L'émerveillement est fondamental car c’est ce qui fonde notre relation au monde. Vincent rapporte les mots d’une penseuse de l’écosophie : « Le monde ne tient que par des relations d'amour » ; c'est le souci d’autrui qui fait que les êtres sont liés les uns aux autres. Pour Vincent, notre société contemporaine est régie par une culture de domination éminemment toxique. Il faudrait revenir à ce que nous sommes fondamentalement : des êtres d'amour. Un enfant ne peut pas grandir sans amour. Ce que l’on doit réactiver c’est une culture du soin et de la relation.

10-16
07:26

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Vincent raconte une expérience menée à Aubervilliers. On a fait appel à la compagnie Les demains qui chantent, car là-bas, il y a une crèche qui auparavant disposait d’un très beau jardin. Les éducatrices, les auxiliaires et les enfants y jouaient régulièrement. Au fil des années, les conditions se sont détériorées et le jardin a été déserté. Cela s’explique par trois raisons : d’une part, les habitant·es de l’immeuble se sont mis·es à jeter des détritus du haut des tours (qui pouvaient donc tomber sur les enfants) ; ensuite, les rats ont proliféré ; et ensuite, le jardin a été touché par les trafics de drogue. Dans ces conditions, comment faire revivre ce jardin ? Vincent s’est posé la question suivante : comment réparer notre culture, c’est-à-dire l’art de vivre les un·es avec les autres et avec un territoire ? Selon lui, nos cultures sont en train de s’effondrer. L’art de vivre dans des éco-sociétés est fondamentalement abîmé, ce qui se traduit notamment par la destruction de nos écosystèmes et la montée du racisme.

10-16
07:57

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Vincent commence par faire remarquer que lors de la présentation de Catherine, un petit enfant marchait à quatre pattes dans l’herbe, puis a fait des galipettes, s’est mis debout et s’est rassis. Il a pris des bouts d’herbe et a commencé à jouer, puis un adulte est intervenu et lui a interdit de jouer. Suite à cette observation, Vincent s’est dit que ce à quoi il venait d’assister correspondait concrètement à ce qui est défendu lors de cette rencontre.

10-16
04:12

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Le deuxième axe du projet consiste à accompagner les professionnel·e.les de la petite enfance à « cultiver la nature ». Ce qui est proposé, c'est un soutien pédagogique, comprenant un parcours de formation avec Un neuf trois Soleil !, notamment autour de la permaculture, mais en sortant d’une vision uniquement « potagère ». Comment aménager son jardin avec les enfants ? Anne mentionne le travail réalisé avec une écologue au département, qui réalise des inventaires de la biodiversité présente dans les jardins de crèches, comme elle le fait dans les cours d’école « Oasis » ou dans les espaces naturels protégés. Anne donne l’exemple de la crèche Quatremaire à Noisy-Le-Sec, qui a pu, par la suite, construire un projet pédagogique autour des oiseaux.  La biodiversité qui habite les espaces naturels, représente un magnifique outil pédagogique pour l’éveil du tout-petit. Les équipes, les enfants, les parents découvrent ensemble les noms des plantes qui poussent dans le jardin de la crèche ou de la PMI. Cette activité éveille la curiosité et stimule la mémoire. Apprendre ensemble à préserver cette biodiversité offre des activités stimulantes et passionnantes, comme construire des nichoirs et des abreuvoirs pour les oiseaux, construire des gites à insectes, fabriquer des tunnels à hérissons, laisser des tas de pierres et de feuilles pour offrir le gîte et le couvert aux habitant·es du jardin…

10-16
09:05

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Anne explique que le département fait en sorte que les espaces naturels dans les jardins des lieux d'accueil de la petite enfance permettent d'accueillir la biodiversité, pour préserver la santé des enfants. En plus, on dit souvent que les enfants sont des « petits explorateurs » et que leur capacité d'expérimentation scientifique doit être stimulée. En ce sens, la nature offre des expériences très intéressantes. 

10-16
08:49

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Anne commence par préciser que la gestion des crèches départementales n’est pas une compétence obligatoire, mais que le département a fait le choix de la conserver. L'idée est de pouvoir offrir une solution d'accueil de qualité pour les jeunes enfants. Mais elle rappelle également que, comme on l’a vu en première partie, peu d’espaces publics sont dédiés aux tout-petits. Pourtant, le contact direct avec la nature est essentiel au développement et à la santé du jeune enfant ; c'est un besoin vital et un droit reconnu. Elle mentionne les études scientifiques qui traitent du syndrome du manque de nature.

10-16
08:02

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Cécile parle d’une immersion à la crèche « Les bébés d'Ourcq », non loin du canal de l'Ourcq à Villeparisis (77), réalisée avec l’artiste plasticienne Sidonie Rocher et la musicienne Sika Gblondoumé. La proposition faite à la crèche était de « sortir », simplement. Au départ, par habitude les professionnel.les ont dit aux enfants : « On va aller au parc », mais en fait, l’idée n’était pas d’aller quelque part en particulier. La règle du jeu, en tant qu’adulte, était de suivre l'attention et le rythme des enfants. « C’était une expérience extraordinaire : on devrait faire ça tous les jours de la vie ! » Comment est-ce que chacun·e s’empare de ce qui se passe là, juste là ? Photos à l’appui, Cécile évoque la poésie de ces moments, dans un cadre qui ne fait pourtant pas rêver.  C’est aussi une manière de montrer que malgré l’espace très urbain, on peut se réapproprier le lieu de vie, et c’est aussi le point de départ du projet « Géopoétique » : la poésie est sûrement au coin de la rue !

10-16
06:17

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Cécile évoque une première résidence faite au Totem, scène conventionnée enfance et jeunesse à Avignon. Cécile et son équipe ont fait des promenades dans ce quartier, guidé.es par trois questions « I-R-M » : comment s'Intégrer (s'Immiscer dans les failles, s’Inspirer du paysage) ; comment être en Regard (comment est-ce qu'on déplace notre regard, on l’ouvre ou le resserre ?) ; comment être en Mouvement (comment est-ce qu'on met en mouvement le public ?). À l’appui de différentes photos qui montrent notamment les artistes sur le terrain de jeu situé en face du Totem, Cécile explique que la ville, en tant qu’acrobate, était comme un terrain de jeu.

10-16
04:00

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Géopoétique est un projet qui s’inscrit dans une recherche plus large, inspirée de la pensée de l’anthropologue Tim Ingold. Celui-ci raconte comment, de tous temps, par l’écriture, le dessin, mais aussi la marche, le tissage et l’observation du paysage, les êtres humains (et non-humains) « tracent des lignes ». Ces lignes conditionnent des façons de penser, d’être en relation les un·es avec les autres, et avec son territoire. Ces lignes invitent à la question : « comment habite-t-on notre monde ? ».

10-16
04:58

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Une personne partage une expérience vécue au Canada, où les enfants sortaient en moyenne cinq heures par jour. En Allemagne, également, on peut trouver des aires de jeu avec des trampolines.

10-16
05:24

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Une personne évoque le rôle des jardinier·ère·s dans les parcs. Ils et elles semblent ne pas être suffisamment sensibilisé·e·s aux tout-petits. Les jardins sont généralement très jolis, mais ces endroits de pelouse très esthétique ne sont pas accessibles pour les enfants. Elle évoque une expérience dans un square du 11e arrondissement, où les enfants passent le plus clair de leur temps. Le fait est qu’ils vont toujours dans les endroits interdits et les parents ne veulent pas qu’ils y aillent. Cela pose une vraie question, car ces endroits interdits sont justement les plus intéressants, parce qu’on peut s’y cacher, explorer… En fin de compte, les enfants voyaient cela comme un jeu, d’être dans cet endroit interdit, poursuivis par les jardinier·ère·s et gardien·ne·s du parc ! La personne explique qu’elle a participé à des formations pour sensibiliser à l'importance de l'éveil à la nature dans le développement de l’enfant. Mais finalement, il faut aussi sensibiliser les jardinier·ère·s de la Ville de Paris sur ce point, parce qu’eux et elles-mêmes ont une pression à devoir rendre le jardin esthétique.

10-16
04:55

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Vincent Vergone partage une expérience qu’il a trouvé assez violente. Il avait organisé une rencontre avec des assistantes maternelles dans le 18e arrondissement de Paris, et ce qui est revenu régulièrement, c’est la façon dont elles sont souvent traitées dans la rue. En effet, depuis le COVID, il y a une libération du racisme. Elles sont victimes d’agressions pour la simple raison qu’elles sont des femmes, racisées. Vincent souligne le parallèle entre le mépris des enfants et le mépris des populations d’origine maghrébine, africaine, asiatique, etc. Ces femmes ne sont pas reconnues dans leurs compétences.  

10-16
02:35

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Une personne propose un partage d’expérience : les enfants de 0-3 ans ne se déplacent pas seuls, et par conséquent, pour qu'on leur fasse de l'espace dans la ville et les espaces verts, il faut que les personnes qui les accompagnent se sentent accueillies. Et quelque chose qui l'a beaucoup marquée dans son expérience de parentalité, étant enceinte en ville, c’était qu’en effet, elle était une « personne à mobilité réduite » : une capacité cardiaque et un taux de glycémie ne permettant pas de marcher énormément. Et puis, tout simplement, il était impossible de trouver un banc où se reposer. De ce fait, elle ne sortait plus. Par la suite, elle n’est pas beaucoup sortie avec son bébé, car elle ne sortait déjà plus étant enceinte.

10-16
06:24

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

En partant de tous ces constats, Mathilde a été amenée à formuler quelques préconisations pour une meilleure prise en compte des besoins des assistantes maternelles et des enfants. Tout d'abord, il faudrait renforcer l'offre d’aires de jeu adaptées aux 0-3 ans, en favorisant des matériaux naturels moins « réfléchis », non pensés pour une utilisation spécifique. Cette amélioration de l'offre devrait s'accompagner d’une séparation distincte des aires de jeu pour la petite enfance et celle des plus grands.

10-16
06:19

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Mathilde nous montre une carte des zones d’accessibilité aux espaces verts dans Paris. De prime abord, on peut reconnaitre une offre suffisante de parcs et jardins, sur le plan quantitatif. Toutefois, on relève un certain nombre de problèmes : manque de jeux adaptés aux enfants de moins de trois ans dans les espaces verts et disparité dans le niveau d'équipements destinés à la petite enfance dans les parcs.

10-16
09:23

Espaces publics, quotidiens ou artistiques : quelle place nos villes font-elles aux tout-petits ?

Sortir avec les enfants est une nouvelle injonction, chargée de représentations conflictuelles. Les parents exercent une certaine « pression » sur le fait de sortir. Les enfants eux-mêmes manifestent beaucoup d'enthousiasme à sortir. Toutefois, cette idée entre en conflit avec le terrain. Tout d’abord, la météo entraîne une restriction des pratiques. La pluie est un paramètre prohibitif pour sortir dans neuf cas sur dix, et il en va de même pour le vent et le froid.

10-16
06:26

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