Crise politique en France: le président Emmanuel Macron est-il désavoué à l’étranger?
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La motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier a placé la France dans une période politique d'une rare incertitude. Et cette instabilité politique n'épargne pas l'image du président de la République sur la scène internationale.
On peut sans doute parler d’une forme de dépit envers Emmanuel Macron, déjà présent et qui est fortement accentué par l’actuelle crise politique en France. Un dépit, à l’aune de ce qu’il a longtemps incarné à l’étranger, depuis sa première élection en 2017 : un président jeune, dynamique, capable de transformer et de moderniser la France et désireux de relancer l’Europe. Il incarnait aussi beaucoup d’espoirs et avait, dans un premier temps, revitalisée l'image de la France sur la scène internationale.
Mais avec le temps et les différentes crises qui se sont succédé, la pratique macronienne et le comportement personnel du président ont quelque peu désarçonné certains de ses interlocuteurs en Europe et ailleurs. Mais on saluait aussi le volontarisme et la volonté de faire du chef de l’État.
Une situation qui fragilise le président et le pays
La France reste, malgré tout, une puissance qui compte sur la scène internationale et notamment en Europe. Et une France fragilisée en interne, politiquement et économiquement, a des conséquences, en particulier au sein de la zone euro. Et en Europe plus largement, avec une Allemagne en proie, elle aussi, à une incertitude politique avec des élections convoquées en février prochain, un « moteur » franco-allemand qui tousse, ce qui n’est jamais bon.
Plus généralement, ce qui inquiète à l’étranger, c’est que jusqu’ici la France était considérée, grâce aux institutions de la Ve République, comme un pays stable. C’est ce statut qui s’est sérieusement effrité depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin dernier et tout ce qui a suivi. Cela donne la sensation d’un pays hésitant et profondément divisé avec un président à mi-chemin entre orgueil et déni de la réalité de la situation.
Certains sont tentés d’en profiter. On peut penser à la Russie ou aux États-Unis qui, pour des raisons différentes, ne sont pas mécontents de voir les deux principales puissances du Vieux Continent en proie aux difficultés.
Et les problèmes peuvent aussi venir d’alliés présumés. C’est ainsi qu'Ursula Von der Leyen s’est rendue en Uruguay au sommet du Mercosur. Pour annoncer que la signature finale de l’Union européenne sur ce traité, refusé en l’état par la France, est proche.
Seule consolation pour Emmanuel Macron : il a, sur ce dossier au moins, le soutien de l’ensemble de la classe politique française. Ce n’est pas la fin de l’histoire, puisque même une signature d'Ursula Von der Leyen ne suffit pas pour que le traité soit appliqué. Mais le combat de la France pour rallier d’autres pays à sa position et dégager une minorité de blocage sur ce dossier s’annonce encore plus compliqué, même si la Pologne, l’Italie et l’Autriche sont proches des positions françaises. Comme l’a dit Michel Barnier devant les députés : pour la France, et donc pour Emmanuel Macron, tout sera désormais plus difficile.
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