La Turquie et les Kurdes, un danger pour la Syrie?
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Après la chute de Bachar el-Assad en Syrie dimanche 8 décembre, la situation est très incertaine dans le pays. Et une question préoccupe : celle du rapport de force entre les forces Kurdes et les rebelles pro-turcs.
Il faut d’abord rappeler que les Kurdes contrôlent environ un tiers du territoire syrien au nord-est du pays. Dans cette région riche en ressources pétrolières, les FDS (Forces démocratiques syriennes), c'est-à-dire les forces kurdes pour faire simple, ont instauré un gouvernement en totale autonomie par rapport au pouvoir central.
Dans cette zone, ils ont établi une administration qui garantit la liberté religieuse, qui garantit les droits des femmes et qui gère aussi la détention de milliers de détenus jihadistes, en grande partie issus de l’organisation État islamique. C’est une des raisons essentielles pour laquelle les Kurdes sont alliés des Occidentaux, en particulier des Américains, présents dans cette zone, et du coup protégés par eux.
Les Kurdes ont des alliés, mais ils ont aussi un ennemi de taille, la Turquie
Pour Ankara, les Kurdes de Syrie sont des soutiens indéfectibles des Kurdes de Turquie, notamment du PKK, l’organisation considérée comme terroriste par Ankara qui estime qu’elle représente une menace existentielle sur l’unité de la Turquie. C’est pourquoi Ankara soutient, finance et équipe des forces pro-turques en Syrie, l’ANS, l’Armée nationale syrienne. L’ANS détient une partie du nord de la Syrie.
L’objectif du président Erdogan, qui n’est pas nouveau, est de tout faire pour que l’ANS contrôle les 930 km de frontière commune entre la Turquie et la Syrie, pour couper en deux l’alliance entre Kurdes de Turquie et de Syrie. Un objectif qui pourrait pousser le dirigeant turc à profiter de la nouvelle situation en Turquie pour mettre fin à l’autonomie kurde en Syrie.
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Les Européens et les Américains inquiets
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken s’est rendu à Ankara pour convaincre Recep Tayyip Erdogan de limiter ses actions en Syrie. Les États-Unis tentent de jouer les médiateurs pour obtenir un cessez-le-feu entre forces kurdes et pro-turques dans le nord du pays. Les affrontements entre les deux parties ont déjà fait plus de 200 morts autour de la localité de Manbij, tombée aux mains des rebelles pro-turcs, qui ont aussi pris le contrôle de la ville de Deir Ezzor.
Les Occidentaux redoutent qu’Erdogan, en position de force, veuille pousser son avantage pour s’emparer de villes kurdes qui sont des symboles de la lutte contre l’organisation État islamique, comme Kobané, au nord-est de la Syrie.
La grande crainte, c’est donc qu’Erdogan démantèle totalement l’ensemble de l’administration autonome kurde en Syrie. Et qu’il les remplace par le Conseil national kurde, une instance kurde syrienne proche du parti du Kurdistan d’Irak (PDK) qui entretient de bonnes relations avec Ankara. Des plans qui pourraient compromettre dangereusement une transition pacifique en Syrie.
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