Gaza: les grandes manœuvres diplomatiques de Benyamin Netanyahu
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Le Premier ministre israélien a pu s’exprimer cette semaine devant le Congrès américain, en pleine guerre à Gaza, acclamé par le camp républicain et boycotté par un grand nombre de représentants démocrates. Décryptage des raisons de la venue de Benyamin Netanyahu aux États-Unis.
Benyamin Netanyahu est un peu chez lui aux États-Unis : ses parents ont quitté New York pour Jérusalem en 1948 et, habile orateur, il sait parfaitement comment s’adresser à une audience américaine, de droite par surcroît. Ensuite, dans l’incroyable contexte pré-électoral qui agite Washington depuis quelques jours, le dirigeant israélien se devait de resserrer les rangs alors qu’il s’était promis d’offrir à son ami Donald Trump une fin de guerre à Gaza comme cadeau diplomatique de réélection en novembre prochain.
Le scénario n’étant plus exactement celui d’un retour garanti de l’ancien président populiste aux affaires après le coup de théâtre historique du retrait de Joe Biden et l’entrée en lice de Kamala Harris, les lignes ont considérablement bougé et Netanyahu n’est donc pas venu pour mettre un terme à la guerre, mais pour, bien au contraire, obtenir les moyens de la poursuivre.
Après pas moins de 52 ovations qui ont interrompu son discours d’une heure devant les deux chambres d’un Congrès clairsemé, déserté par un grand nombre d’élus démocrates, il est vrai que Netanyahu s’est offert une cure de popularité dont il est loin de pouvoir jouir en Israël - où 70% de la population réclame son départ - défendant pêle-mêle « une guerre existentielle », prophétisant aussi « un choc des civilisations », élargissant au péril de l’« axe de terreur iranien qui menace les États-Unis. »
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« Tel un clown, le Premier ministre israélien est monté à la tribune et a craché tout son poison et ses mensonges » dissimulant « la vérité du génocide, de la tuerie et de la famine » à Gaza, a aussitôt commenté le quotidien palestinien Al-Quds, alors que le sénateur américain Bernie Sanders affirmait, pour sa part, que pour la « première fois de l’histoire, un criminel de guerre s’exprimait devant le Congrès. »
Du côté démocrate, l’exaspération est à son comble face à la durée de la guerre et l’absence de stratégie du Premier ministre israélien
La politique de la chaise vide au Congrès a révélé l’état de profonde crispation et d’inquiétude d’une grande partie du camp démocrate face à la fuite en avant de Netanyahu depuis le déclenchement de l’offensive israélienne sur Gaza, trois semaines après l’attaque du Hamas sur le sud d’Israël le 7 octobre dernier. Aucun cessez-le-feu depuis novembre n’a pu être négocié en dépit de l’implication croissante de l’Égypte, du Qatar et des promesses publiques du président Biden qui, outre l’humiliation, d’avertissement en ligne rouge, a semblé être incapable d’aucune prise sur le Premier ministre israélien, alors qu’il lui fournit la plus grande partie de son armement. D’ailleurs, le rituel de la rencontre Biden-Netanyahu en fin de semaine à Washington était essentiellement protocolaire - les deux hommes se détestant désormais cordialement - mais c‘est bien la rencontre avec la nouvelle candidate Kamala Harris qui a permis d’observer un timide virage de la potentielle stratégie des États-Unis à l’égard de son plus ancien allié au Proche-Orient.
La vice-présidente s’est dite « gravement préoccupée par l’ampleur des souffrances humaines à Gaza, notamment par la mort d’un trop grand nombre de civils innocents », rappelant les images d’enfants morts et de personnes désespérées et affamées, fuyant pour se mettre à l’abri, parfois déplacées pour la deuxième, troisième ou quatrième fois. Une déclaration en prise avec le réel qui a déclenché la fureur des officiels israéliens, toutefois rassérénés par la dernière étape du déplacement du Premier ministre : la villa de Donald Trump.
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Pendant ce temps, Gaza continue de vivre et de mourir sous les bombes
Un collectif de 13 ONG internationales, parmi lesquelles Oxfam ou Médecins sans frontières, a récemment dénoncé la « détérioration » de l’accès de l’aide humanitaire à Gaza, mettant en cause les opérations militaires israéliennes qui se sont intensifiées mi-juillet, signalant plusieurs « massacres » dans des « zones de sécurité » abritant des réfugiés.
L'offensive sur Gaza dure depuis dix mois sans perspective de fin. L’enclave palestinienne a été réduite à un champ de ruines. Une centaine d’otages seraient encore entre les mains du Hamas, les négociations pour leur libération sont au point mort. Le bilan fournit par le mouvement islamiste a dépassé les 40 000 morts et près de deux millions de Gazaouis ont été déplacés par la guerre. Et bon nombre d’observateurs posent cette question : que va-t-on découvrir lorsque les premiers témoins pourront un jour entrer dans Gaza ?
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