Guerre au Soudan : "Un pays submergé par ses morts"
Description
À la une de la presse, le chaos généré par la guerre au Soudan depuis le 15 avril 2023, le nouveau camouflet de la justice italienne pour la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni et sa politique migratoire, la crise post-électorale au Mozambique, du rififi à l’opéra de Paris, et la poussière des étoiles.
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À la une de la presse, le chaos généré par la guerre au Soudan depuis le 15 avril 2023. D’après Le Monde, qui consacre un grand reportage de huit épisodes à ce conflit passé sous les radars médiatiques, les affrontements entre les forces armées du général Abdel Fattah al-Burhane et les milices paramilitaires du général Mohamed Hamdane Daglo, surnommé "Hemetti", pourraient avoir causé plus de 150 000 victimes civiles en 18 mois, dans les bombardements, les massacres, mais aussi de la faim et de maladies. Les reporters du journal, qui se sont notamment rendus à Omdourman, non loin de la capitale, Khartoum, raconte un pays submergé par ses morts, au point que les funérailles ne peuvent même plus se faire dans les cimetières, faute de place. Abdeen Dirma, un fossoyeur de la ville, dit organiser entre 15 et 40 enterrements chaque jour : "Ici, on creuse de la prière du matin jusqu’à la tombée de la nuit. Civils tués par des bombardements ou des balles perdues, militaires, morts naturelles, épidémies. On fait de tout".
D’après Le Monde, qui publie une photo du quartier de Wad Nubawi, totalement détruit, la guerre au Soudan est entrée "dans une nouvelle phase", "peut-être la plus dangereuse" : les deux armées ont officiellement balayé d’un revers de main les négociations et profité de l’accalmie de la saison des pluies pour se réarmer, se restructurer et se redéployer. La seule option restante serait désormais celle d’une "guerre totale", avec d’un côté une armée régulière qui se dit prête à se battre "cent ans", et des paramilitaires prêts à lever une armée d’"1 million d’hommes".
Dans la presse, également, ce nouveau camouflet pour la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni et sa politique migratoire. "Albanie, un autre stop": La Repubblica revient sur la décision, lundi, d’un tribunal de Rome de saisir la Cour de Justice de l’UE, pour s’assurer que la législation italienne sur le transfert de migrants illégaux vers l’Albanie est bien conforme aux textes européens. Cette décision intervient après une première annulation, il y a trois semaines, par les magistrats italiens, de la rétention des 12 premiers migrants à avoir été conduits dans le pays. En attendant l’arbitrage européen, les sept migrants concernés par l’arrêt – deux Égyptiens et cinq Bangladais –, retournent eux aussi en Italie, vidant une nouvelle fois les centres de rétention albanais, ouverts avec tambours et trompettes il y a seulement un mois, après que leur construction a coûté des millions d’euros aux contribuables italiens. Pour The Financial Times, le quotidien britannique, "l'issue de cette affaire pourrait avoir des répercussions bien au-delà de l'Italie", à un moment où le Premier ministre britannique, la présidente de la Commission européenne et d'autres dirigeants européens "voient tous l'initiative de Giorgia Meloni comme un modèle possible pour lutter contre l’afflux de migrants irréguliers".
Elle aussi passe largement sous les radars médiatiques : la crise post-électorale au Mozambique, où la victoire du Frelimo, le parti au pouvoir, aux élections du 9 octobre, est toujours contestée par l’un des principaux opposants. Le magazine Jeune Afrique raconte "le combat risqué" de Venâncio Mondlane, qui se présente comme le "président élu" malgré un score officiel de 20 % des voix, et dit avoir quitté le continent pour échapper à la répression, après l’assassinat de deux de ses proches, le mois dernier. Cet opposant a déposé un recours pour demander le recomptage des voix, des appels à la grève générale et à de grandes manifestations ont été lancés et la répression de cette mobilisation a fait au moins 30 morts, selon Human Rights Watch. D’après Michel Cahen, historien des pays africains en langue portugaise, malgré la contestation, "l’heure n’est pas à la transition au Mozambique", contrairement au Botswana, à la Zambie ou même à l’Afrique du Sud, où les partis majoritaires historiques perdent du terrain, notamment et peut-être surtout parce que les grands projets pétroliers devraient "commencer à générer leurs premiers profits" l’année prochaine, et que dans ce contexte, "il est inenvisageable pour le Frelimo de perdre le pouvoir".
Plus légèrement, en France, ce vent de fronde à l’Opéra de Paris contre le concours de promotion du ballet. Le Figaro rapporte que ses représentants demandent à la direction de supprimer ce concours, un événement annuel où chaque danseur de la compagnie voulant accéder au grade supérieur exécute une variation imposée classique et une variation de son choix. À la clé : une promotion, un meilleur salaire et l’accès aux rôles de solistes, réservés à la classe des premiers danseurs. Ce qu’il faut savoir, c’est que ce concours n’existe nulle part ailleurs qu’à l’opéra de Paris, où il est d’ailleurs critiqué depuis longtemps comme source de stress et de pression inutiles, voire d’injustices, et d’une certaine manière, comme le reliquat d’une époque révolue. Et c’est bien ce qui agace Le Figaro, qui présente, lui, cette fronde, comme un énième avatar de la sempiternelle querelle des Anciens et des Modernes, estimant que "c’est très à la mode de tout remettre en question".
On ne se quitte pas là-dessus. À la rubrique étoiles, toujours, et toujours dans Le Figaro, l’initiative inédite d’un scientifique français, qui a eu l’idée originale d’utiliser une torche à plasma industrielle – un outil qui permet de produire un gaz à plusieurs milliers de degrés – pour produire des grains microscopiques semblables à ceux produits par les étoiles. Ces poussières d’étoiles, qui ensemencent tout l’Univers et sont à l’origine de la matière, étaient jusqu'ici impossibles à reproduire. C’est donc une avancée majeure. "Nous sommes des poussières d'étoiles", disait le grand astrophysicien Hubert Reeves.
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