Hezbollah: l'impossible désarmement?
Description
Le 23 novembre 2025, une frappe israélienne menée dans la banlieue sud de Beyrouth a provoqué une onde de choc dans tout le pays. Cette frappe a coûté la vie à Haitham Ali Tabatabaï, considéré comme l’un des responsables militaires les plus importants du Hezbollah encore en fonction depuis la guerre de 2024.
L’opération a été présentée par Israël comme un coup porté au cœur de l’appareil militaire du mouvement. Cette lecture reste pourtant débattue, car chaque élimination ciblée relance le même questionnement. La neutralisation d’un chef permet-elle réellement de fragiliser une organisation aussi implantée dans la société libanaise, ou s’agit-il surtout d’un message politique adressé à Beyrouth et à Téhéran dans un contexte de pressions internationales grandissantes ?
Ce moment intervient alors que les États-Unis et Israël demandent désormais ouvertement un désarmement du Hezbollah et conditionnent une partie de leurs engagements diplomatiques et économiques à des avancées dans cette direction. Le gouvernement libanais se retrouve donc face à un objectif présenté comme prioritaire par ses partenaires, mais souvent jugé irréaliste par les spécialistes du pays. Le Hezbollah reste un acteur profondément enraciné dans le tissu social et politique, un acteur qui dépasse largement la seule dimension militaire, dans un pays où l’État peine à exercer pleinement son autorité et où plusieurs communautés continuent de conserver leurs propres capacités armées.
Avec :
- Aurélie Daher, enseignante, chercheuse à l’Université Paris Dauphine, spécialiste du Liban. Autrice de l’ouvrage, Le Hezbollah. Mobilisation et pouvoir (Presses universitaires de France).



