La kétamine dans la douleur chronique, entretien avec le Dr Ch. Soriano, algologue
Description
« Il est en mode poney », se dit d’un teuffeur sous l’emprise de la kétamine. L’usage du « K », du « Kéké », ou du « cheval » est apparu dans le sillage du mouvement techno, dans les années 1990, parfois associé à la cocaïne (devenant ainsi un CK, un « Calvin Klein » nous apprend un spécialiste, le romancier Fréderic Beigbeder). La molécule est prisée pour ses effets dissociatifs et hallucinogènes puissants. Mais avant de devenir cette « drogue à poney », la kétamine est utilisée comme anesthésiant en médecine humaine et vétérinaire – notamment pour les équidés. D’où ses sympathiques surnoms ! Dans la douleur chronique, cette molécule est appréciée car elle atténue le phénomène de « sensibilisation centrale » car à force de douleurs répétées – ou lors d’une administration prolongée d’opioïdes* – le système nerveux va amplifier les messages douloureux par le biais de certains récepteurs, ce qui contribue à la chronicisation de la douleur. La kétamine va bloquer le « NMDA », l’un des principaux médiateurs de l’amplification de la douleur qui est situé dans la moelle épinière, et va ainsi atténuer la douleur. Grâce à cette propriété « antisensibilisation centrale», la kétamine est fréquemment utilisée en anesthésie, après les chirurgies, pour diminuer la douleur, réduire la consommation d’opioïdes et prévenir la chronicisation des douleurs. En France, malgré un niveau de preuve faible, les algologues y ont fréquemment recours dans les douleurs chroniques rebelles et notamment face à une hyperalgésie induite par les opioïdes. Pour nous en parler nous recevons le Dr Christophe Soriano, médecin de la douleur à la polyclinique de la Phocéanne à Marseille.
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