La toxine botulique en douleur chronique
Description
Bienvenue sur ce podcast consacré à la Toxine Botulique ! Au XIXème siècle, un fait divers secoue le duché de Württemberg, situé au Sud-ouest de l’Allemagne actuelle. Lors d’un banquet de mariage trente-six convives tombent malades et trois perdent la vie. La piste d’une toxi-infection alimentaire se précise. La maladie surviendrait à la suite de la consommation de charcuterie avarié et plus particulièrement des boudins. Le microbiologiste belge Van Ermengem va retrouver le bacille dans l’estomac des trois noceurs décédés d’une paralysie respiratoire. Il publie en 1896 un premier papier sur ce germe qu’il baptise « bacillus botulinus » — boudin se disant botulinus en latin—. La neurotoxine produite par cette bactérie est le plus puissant poison connu à ce jour, moins d’un kilo suffirait à faire disparaître l’humanité entière !
Dans les années quatre-vingt les propriétés de blocage de l’activité musculaire de la toxine botulique (Botulin Toxin en anglais, d’où « BoTox ») seront utilisées pour traiter le strabisme de l’enfant lié à une hyperactivité des muscles oculaires et bien sûr en esthétique, en relâchant la musculature du visage, le Botox atténue les rides.
Mais en plus de gommer les stigmates de vieillesse, la toxine botulique peut aussi estomper la douleur ! C’est le cas dans la douleur neuropathique où des micro-injections de toxine sur la zone douloureuse peuvent soulager durant environ trois mois. La toxine botulique n’agit alors pas au sein du muscle mais sur le nerf, en empêchant la libération de neuromédiateurs impliqués dans la douleur mais aussi,
indirectement, sur les fameux récepteurs TRPV1 dont leur découverte a valu le prix Nobel en 2021 à son découvreur David Julius. La toxine botulique s’utilise aussi dans d’autres douleurs telles certaines migraines rebelles aux médicaments et les névralgies de la face ou la nuque. Parfois, lorsque la zone douloureuse est devenue trop sensible, ces injections sous-cutanées peuvent être réalisé sous inhalation protoxyde d’azote. Le patient respire un gaz
hilarant doté de propriétés antalgiques et anxiolytiques qui rend l’acte supportable.
Pour nous en parler nous avons le plaisir de recevoir l’algologue Eléna Kereun, à la tête de la structure douleur à la clinique Bouchard à Marseille. Eléna, avant d’être médecin militaire, a été formé au CHU Bordeaux . Son expertise dans l’usage de la toxine botulique dans la douleur est reconnue, elle est à d’ailleurs rédigée la fiche d’engagement, auprès du Haut Conseil des Nomenclatures afin que l’injections de toxine botulique possède un codage propre dans la douleur chronique.
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