À la Une: quel sort pour Christophe Gleizes?
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C’est aujourd’hui mercredi que le journaliste français sera jugé par la Cour d’appel de Tizi Ouzou en Algérie, plus de six mois après sa condamnation à sept ans de prison ferme pour « apologie du terrorisme » et « possession de publications de propagande portant atteinte à l’intérêt national ».
Cette « audience en appel, explique le Matin d’Algérie, doit permettre de déterminer clairement la frontière entre un travail journalistique et une accusation pénale particulièrement lourde. C’est autour de cette ligne que s’articule la stratégie de la défense menée par Me Daoud et Me Bakouri. Les deux avocats entendent démontrer qu’il s’agit d’une simple irrégularité administrative et non d’un acte criminel. Ils reconnaissent que Christophe Gleizes est entré en Algérie muni d’un visa touristique alors que sa mission professionnelle nécessitait une accréditation délivrée par les autorités compétentes. Me Bakouri a d’ailleurs expliqué dans la presse algérienne que cette démarche constituait une violation des procédures administratives, mais ne pouvait en aucun cas être assimilée à une infraction liée au terrorisme. »
« Interviewer une source ne peut constituer un délit »
« Sur le fond du dossier judiciaire, les avis sont tranchés, relève Jeune Afrique. Pour la justice algérienne, Christophe Gleizes a été en contact avec un dirigeant du club de foot de la Jeunesse sportive de Kabylie, qui se trouve être responsable du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, organisation classée terroriste, en 2021, par les autorités. Fin juin, le collaborateur des magazines So Foot et Society était donc condamné, en première instance, à sept ans de prison ferme, notamment pour “apologie du terrorisme“. À l’inverse, pointe encore Jeune Afrique, pour les signataires français de la tribune publiée la semaine dernière pour sa libération, “interviewer une source ne peut constituer un délit“ et qualifier de terrorisme ce recueil d’informations – “y compris auprès de personnes ou d’organisations controversées“ – revient à “nier la nature même du métier et à menacer la liberté d’informer, garantie par les conventions internationales“. »
Quel scénario ?
Alors ce mercredi, devant la Cour de Tizi Ouzou, « plusieurs scénarios sont sur la table, précise le Monde Afrique. Le tribunal pourrait réduire la peine de Christophe Gleizes à six mois ferme, couvrant à quelques jours près la durée de détention déjà effectuée par le reporter et lui permettant d’envisager une libération rapide. En cas de confirmation de la peine (ou de réduction de celle-ci à moins de sept ans) et de condamnation définitive, Christophe Gleizes pourrait bénéficier d’une mesure de grâce à disposition du président Abdelmadjid Tebboune. Une issue plus favorable encore serait celle d’un acquittement. »
En tout cas, poursuit le Monde Afrique, « la plaidoirie de la défense devrait s’articuler autour de deux axes, celui de l’erreur administrative commise par le reporter, entré sur le sol algérien avec un visa touristique et celui de l’accès aux sources “indispensable pour mener son travail d’investigation, mais qu’il ne faut pas confondre avec l’adhésion à une quelconque cause défendue par certaines de ces sources“, précise Me Daoud. Une définition, commente le journal, qui conviendrait sans doute à Christophe Gleizes, lecteur, auteur, commentateur, mais journaliste avant tout. »
Guinée : un an sans nouvelles d’Habib Marouane Camara
Enfin, toujours dans ce chapitre de la liberté de la presse, à noter ce triste anniversaire. Cela fait un an jour pour jour ce mercredi qu’on est sans nouvelles du journaliste guinéen Habib Marouane Camara. Le responsable du site d’information le Révélateur 224 avait été arrêté par des gendarmes le 3 décembre 2024 dans la banlieue de Conakry. Les autorités guinéennes ont toujours nié avoir une quelconque responsabilité dans cette disparition.
Aujourd’hui, son épouse, Camara Mariama Lamarana Diallo, ainsi que plusieurs de ses confrères seront face à la presse, note le site Guinée Live. Objectif, pointe le média guinéen : « attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur ce phénomène qui s’est emparé de la Guinée : le kidnapping de citoyens à leur domicile, sans procès. »
En effet, soupire Guinée Live, « ils sont nombreux, les Guinéens (civils et militaires) dont les familles n’ont aucune nouvelle. Sans fournir ici une liste exhaustive, citons les opposants Foniké Mengué et Mamadou Billo Bah ou encore l’ancien secrétaire général du ministère des Mines, Saadou Nimaga. »



