😨 Mille milliards de dollars baby
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Mille milliards de dollars baby
Cette semaine, les regards sont tournés vers les banques centrales qui doivent composer avec des niveaux de dette élevés et un contexte géopolitique tendu.
🇺🇸 États-Unis
Aux Etats-Unis, entre guerre politique et guerre économique, Donald Trump continue d’attirer l’attention. La Cour suprême doit trancher sur la légalité des droits de douane instaurés sous son mandat. Si le cadre juridique venait à être jugé non conforme, l’administration fiscale devrait rembourser près de 1 000 milliards de dollars, un décaissement sans précédent. Dans le même temps, la tentative de révocation de Lisa Cook, gouverneure de la Réserve fédérale, a été suspendue par une juge fédérale, estimant que les accusations portées contre elle ne sont pas suffisantes à ce stade. Ces deux affaires montrent que, face aux pressions politiques, c’est bien la justice qui fixe les limites et rappelle que l’indépendance de la Réserve fédérale doit être préservée face à la Maison Blanche.
Par ailleurs, l’attention se porte également sur le marché de l’emploi à l’approche de la réunion de la Réserve fédérale. Les dernières données montrent que les inscriptions au chômage ont nettement dépassé les attentes, atteignant un niveau historique depuis juin 2023. Ce chiffre vient s’ajouter aux statistiques déjà catastrophiques publiées la semaine dernière, qu’il s’agisse du rapport NFP, de l’enquête ADP ou encore des données JOLTS.
En parallèle, l’inflation accélère avec l’indice des prix à la consommation en progression de 2,90%, largement au-dessus de la cible de 2,00% fixée par la Fed. La dynamique est principalement portée par les services, ce qui traduit un risque inflationniste persistant. Le contexte pourrait donc devenir particulièrement tendu pour la Fed dans les prochains mois, tiraillée entre un marché de l’emploi qui ralentit et des prix à la consommation qui montent. Elle devrait malgré tout abaisser son taux directeur de 25 points de base le 17 septembre, ce qui redonnerait de l’élan au marché de l’emploi et à l’économie.
🇪🇺 Europe
En Europe, la Banque centrale européenne a décidé de maintenir ses taux directeurs inchangés pour la 3ème fois consécutive. Cette décision intervient dans un contexte où l’inflation en zone euro se maintient proche de la cible des 2,00% et où le chômage se stabilise. Néanmoins, il faudra surveiller l’instabilité politique en France et à la faiblesse de l’économie allemande dans les prochains mois, deux éléments susceptibles de compliquer les décisions de l’institution.
En France, on a assisté sans surprise à l’échec du gouvernement de François Bayrou. Aussitôt remplacé par un nouveau Premier ministre, chargé de la délicate mission de trouver le financement d’une des dettes les plus lourdes d’Europe. Dans ce contexte, le rendement de l’OAT à dix ans se stabilise à des niveaux historiques, pointant du doigt la méfiance des marchés sur le coût grandissant de la dette française. En l’absence de solution crédible, l’incertitude pourrait durer et les obligations souveraines risqueraient de voir leurs rendements grimper.
🇨🇳🇯🇵 Asie
Du côté asiatique, le Japon reprend des couleurs avec un Nikkei qui atteint des niveaux historiques et une croissance du PIB au deuxième trimestre meilleure qu’attendue, en nette progression par rapport au premier. Après une croissance en berne, ce retour de dynamisme pourrait redonner confiance aux investisseurs et offrir davantage de marge de manœuvre à la BOJ pour se concentrer sur la stabilité. Même si le statu quo est largement anticipé pour la prochaine réunion fin septembre, une hausse des taux reste envisagée d’ici la fin de l’année afin de renforcer le Yen et freiner durablement les pressions inflationnistes. Toutefois, la Banque du Japon devra arbitrer avec prudence, puisqu’une politique plus restrictive se traduirait par une augmentation du coût de la dette.
En Chine, le pays s’enfonce un peu plus dans la déflation, l’indice des prix à la consommation a reculé de 0,40% sur un an, bien en dessous des attentes. Cette situation s’explique par une série de déséquilibres qui secouent l’ensemble de l’économie. En effet, la consommation est faible, le pays vieillit, et la guerre commerciale avec les Etats-Unis renforce ce climat d’incertitude.
🛢️ Matières premières
Côté matières premières, l’OPEP+ a de nouveau relevé sa production de pétrole, alors que la demande mondiale ralentit traditionnellement au quatrième trimestre. Une stratégie visant à regagner des parts de marché, au risque de voir le baril passer sous la barre des 60 dollars à moyen terme.
Dans le même temps, l’or bat un nouveau record, soutenu par les anticipations de baisse des taux de la Fed, un dollar faible et des tensions géopolitiques persistantes.
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Un podcast Widoowin Cross Asset Solutions - rédigé par Eloi Buffeteau et Quentin Di Dia