🎙Po Na Biso

Chaque vendredi, le Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et Ebuteli vous proposent « Po Na Biso (anciennement Po Na GEC) ». Il s’agit d’une capsule audio en format court (4 minutes maximum) qui rĂ©sume, explique et donne le point de vue du GEC et d'Ebuteli sur les questions d’actualitĂ© en RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo. PrĂ©sentĂ© tour Ă  tour par les membres du GEC et d'Ebuteli Ă  la maniĂšre d’un message vocal de WhatsApp, sans artifice ni habillage, ce podcast se veut proche de ses auditeurs Ă  qui il apporte des Ă©clairages succincts sur les enjeux sociaux, politiques, Ă©conomiques et sĂ©curitaires en RD Congo. Vous pouvez Ă©couter « Po Na Biso » sous forme de podcast disponible sur Spotify, Deezer, Soundcloud, Apple Podcasts ou sur votre application d’écoute prĂ©fĂ©rĂ©e, voire via vos enceintes et autres assistants vocaux intelligents.  Il est surtout possible de recevoir l’audio de « Po Na Biso » directement sur WhatsApp si vous vous ĂȘtes inscrit sur le fil WhatsApp du GEC et d'Ebuteli. Sinon, il suffit d’envoyer  « GEC » ou « Ebuteli » via WhatsApp au +243 894 110 542. HĂ©bergĂ© par Ausha. Visitez ausha.co/fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

🎙Des raccourcis légaux de Tshisekedi

Bonjour, je m’appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d’étude sur le Congo, un centre de recherches basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New York.  Nous sommes le vendredi 12 fĂ©vrier. Aujourd'hui, nous commençons une nouvelle sĂ©rie de clips audio hebdomadaires, “Po Na GEC", qui rĂ©sument, expliquent et donnent notre avis sur les questions d'actualitĂ©.  La semaine passĂ©e, le prĂ©sident du SĂ©nat en RDC, Alexis Thambwe Mwamba, a dĂ©missionnĂ© Ă  la suite de la pression venue de la nouvelle coalition du PrĂ©sident Tshisekedi, l’Union SacrĂ©e pour la Nation.  C'est une institution de plus dans laquelle  Tshisekedi a rĂ©ussi Ă  arracher le contrĂŽle Ă  son ancien alliĂ©, le FCC de Joseph Kabila.  La premiĂšre bataille pour le pouvoir a eu lieu autour  la nomination de trois nouveaux juges Ă  la Cour constitutionnelle en juillet 2020. Selon la constitution, le prĂ©sident, l'assemblĂ©e nationale et le Conseil supĂ©rieur de la magistrature sont chacun autorisĂ©s Ă  dĂ©signer un tiers des membres de la cour. Deux de ces nominations Ă©taient discutables. Tshisekedi a envoyĂ© deux juges ailleurs avant la fin de leur mandat - pourtant la loi organique stipule que leur mandat doit ĂȘtre terminĂ©. Et leurs remplaçants auraient Ă©galement dĂ» ĂȘtre proposĂ©s par le Conseil supĂ©rieur de la magistrature - ce qui n'a pas Ă©tĂ© le cas. Finalement, selon la constitution, la nomination des nouveaux juges est censĂ©e ĂȘtre contresignĂ©e par le premier ministre. Sous prĂ©texte que le Premier ministre Ilunkamba  était en dĂ©placement, le vice premier ministre a contresignĂ© les ordonnances. Le second dossier concerne la destitution du bureau de l'AssemblĂ©e nationale en dĂ©cembre 2020. Ici, c'est moins une violation de la loi qu'un forcing politique non conventionnel qui a fait sourciller. Lorsque les partisans de Tshisekedi ont tentĂ© de dĂ©poser les pĂ©titions pour Ă©vincer le bureau - ce qui est leur droit - la prĂ©sidente de l'AssemblĂ©e nationale, Jeanine Mabunda, a refusĂ© de les recevoir. Les hommes du prĂ©sident ont alors sĂ©questrĂ© le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l'assemblĂ©e nationale et lui ont fait convoquer une plĂ©niĂšre. Mabunda a alors elle-mĂȘme convoquĂ© une plĂ©niĂšre, avec un ordre du jour diffĂ©rent, pour la mĂȘme pĂ©riode, ce qui a conduit Ă  un affrontement d'une violence inconvenante sur le parquet du parlement le 8 dĂ©cembre 2020.  Enfin, le sĂ©nat. Il Ă©tait clair que Tshisekedi Ă©tait en mesure d'imposer sa nouvelle majoritĂ© ici aussi. Mais dĂ©but fĂ©vrier, lorsqu'il a tentĂ© de le faire, la session extraordinaire Ă©tait terminĂ©e. Au lieu d'attendre la prochaine sĂ©ance plĂ©niĂšre, les gens autour de Tshisekedi ont fait pression sur le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du sĂ©nat pour qu'il convoque une nouvelle session extraordinaire, mĂȘme si, selon le rĂšglement du sĂ©nat, c'est le prĂ©sident de la chambre qui doit la convoquer. Cela crĂ©e un prĂ©cĂ©dent troublant, en permettant au secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de convoquer une session quand il le souhaite.  Ce sont des victoires impressionnantes pour un prĂ©sident qui a Ă©tĂ© soupçonnĂ© d'ĂȘtre sous le contrĂŽle de Kabila Ă  la suite des Ă©lections controversĂ©es de 2018. Du point de vue d'un gouvernement dĂ©sireux d'accomplir un travail urgent, cette approche de privilĂ©gier les objectifs politiques par rapport aux contraintes juridiques est logique. Le prĂ©sident a dĂ©jĂ  pu atteindre certains objectifs––la gratuitĂ© d'enseignement, mĂȘme si elle est encore embryonnaire, en est un exemple. Et il est clair que Kabila, prĂ©dĂ©cesseur de Tshisekedi, Ă©tait Ă©galement coupable de nombreuses violations de la loi, petites et grandes. Cependant, du point de vue de l'impĂ©ratif de crĂ©er des institutions apolitiques et soumises Ă  des rĂšgles, cette approche du pouvoir est troublante.  Vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 et vous inscrire Ă  notre bulletin d'information sur le site www.congoresearchgroup.org  À la prochaine 😏

02-12
03:51

🎙 Sama Lukonde, le choix parfait de Tshisekedi

La semaine derniĂšre, le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi a nommĂ© M. Sama Lukonde comme Premier ministre. Il remplace Ă  ce poste M. Ilunga Ilunkamba qui a dĂ©missionnĂ© le 28 janvier Ă  la suite d’une motion de censure votĂ©e contre lui Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Pourquoi ce choix ? Bonjour ! Je m’appelle TrĂ©sor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New York. Ceci est le deuxiĂšme numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui rĂ©sume, explique et donne notre avis sur les questions d'actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 19 fĂ©vrier.   La dĂ©signation de Sama Lukonde augure la fin de la longue crise politique qui a paralysĂ© les institutions du pays depuis la nomination contestĂ©e des trois juges Ă  la cour constitutionnelle, en juillet 2020.  Le nouveau Premier ministre, malgrĂ© son jeune Ăąge - il n’a que 43 ans - n’est pas Ă  ses dĂ©buts en politique. Ce diplĂŽmĂ© en chimie de l’UniversitĂ© de Lubumbashi a Ă©tĂ© Ă©lu en 2006 dĂ©putĂ© national et a Ă©tĂ© membre de la commission de mines et hydrocarbure de l’AssemblĂ©e nationale. Entre 2014 et 2015, il a Ă©tĂ© ministre de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement Matata II avant de dĂ©missionner avec le groupe de sept partis qui demandaient au prĂ©sident Joseph Kabila de respecter la constitution en organisant les Ă©lections dans les dĂ©lais. Sama Lukonde a Ă©tĂ© Ă©galement membre du conseil de sages du Rassemblement de l’opposition autour d’Étienne Tshisekedi. Et jusqu’à sa nomination, il Ă©tait directeur gĂ©nĂ©ral de la GĂ©camines, la plus grande entreprise miniĂšre du pays. Cette dĂ©signation de M. Sama Lukonde intervient dans un contexte des manƓuvres de redĂ©finition de rapports de forces dans le paysage politique congolais et surtout au sein de la nouvelle coalition, Union sacrĂ©e de la nation. FĂ©lix Tshisekedi, qui avait entretenu des relations difficiles avec l’ancien Premier ministre et les prĂ©sidents de deux chambres du Parlement, avait besoin d’une personne loyale Ă  la primature. Une personne qui ne lui ferait pas de l’ombre. Sama Lukonde, qui est issu d’un parti relativement petit et dont le prĂ©sident, Dany Banza, est proche du chef de l’État, apparaĂźt comme le choix parfait. Et surtout qu’il est du Katanga
  Car ĂȘtre du Katanga Ă©tait, selon plusieurs sources, une condition dĂ©terminante. L’ex-Katanga, poumon Ă©conomique du pays, voudrait garder le contrĂŽle d’une branche importante du gouvernement. De plus, nommer un katangais contribuerait Ă  la fois Ă  rassurer les hommes politiques issus de cette partie du pays et Ă  rĂ©duire davantage l’influence de l’ancien prĂ©sident Joseph Kabila, lui-mĂȘme originaire du Katanga.   Enfin, nommer un jeune qui, malgrĂ© son expĂ©rience politique, n’est citĂ© ni dans les malversations financiĂšres ni autres scandales, traduit une volontĂ© de renouvellement de la part de FĂ©lix Tshisekedi. Toutefois, le choix de Sama Lukonde confirme Ă©galement le faible degrĂ© de confiance entre les nouveaux alliĂ©s et le dĂ©licat arbitrage qu’il faudra avoir dans la rĂ©partition des responsabilitĂ©s au sein de l’Union sacrĂ©e de la nation.  Sama Lukonde n’aura toutefois pas de moment de rĂ©pit tant les dossiers urgents remplissent sa table : d’entrĂ©e de jeu, il lui faudra dĂ©finir un programme cohĂ©rent du gouvernement. L’attendent aussi l’épineuse question de la gratuitĂ© de l’enseignement de base, les rĂ©currents problĂšmes de l’insĂ©curitĂ© dans l’Est, et les nombreuses rĂ©formes que son gouvernement doit mener. Y arrivera-t-il ? C’est tout le mal que nous lui souhaitons. En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone.  À la prochaine ;)HĂ©bergĂ© par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

02-25
03:44

Les zones d'ombre d'une tragédie

C’était il y a cinq jours, le lundi 22 fĂ©vrier, Ă  10 heures du matin. Deux voitures du PAM, le Programme alimentaire mondial, filent sur la route nationale 2. Elles ont quittĂ© la ville de Goma et roulent vers un site de l’organisation, Ă  Rutshuru. À son bord, cinq agents du PAM, l’ambassadeur d’Italie en RDC et son garde du corps.  Soudain, six ou sept hommes armĂ©s font irruption sur la route. Ils tuent un des chauffeurs congolais presque tout de suite. Puis ils obligent les autres membres du convoi Ă  fuir avec eux vers l’intĂ©rieur du parc des Virunga. Ils rencontrent des gardes du parc. S’ensuit un Ă©change de tirs, la mort du garde du corps et la blessure, mortelle, de l’ambassadeur. Vous Ă©coutez le troisiĂšme numĂ©ro de Po Na Gec, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo de l’UniversitĂ© de NewYork, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonnateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu. Nous sommes le vendredi 26 fĂ©vrier et voilĂ  ce que l’on sait sur la tragĂ©die qui a Ă©branlĂ© l’Italie et braquĂ© les projecteurs sur l’est du Congo. Mais il reste, Ă  cette heure, des zones d’ombres dans cette histoire. Et, pour l’instant les mystĂšres sont d’autant plus difficiles Ă  percer que le gouvernement italien a annoncĂ© sa volontĂ© d’identifier toute les responsabilitĂ©s dans ce drame. LĂ©gitime, bien sĂ»r. Mais cela n’aide pas les langues Ă  se dĂ©lier. Alors, quelles sont ces zones d’ombres ? D’abord, que faisait le diplomate dans un convoi sans escorte sur cette route ? Il semble, en rĂ©alitĂ©, que les procĂ©dures Ă©taient respectĂ©es. Cet axe Ă©tait classĂ© jaune par l’ONU. Ce qui autorise d’y circuler en convoi de deux voitures.  Ensuite, dans quelles circonstances exactes les deux Italiens ont-ils Ă©tĂ© touchĂ©s. Des sources crĂ©dibles affirment qu’ils ont tentĂ© de fuir, ce qui aurait amenĂ© les ravisseurs Ă  leur tirer dessus. Fort possible. Mais l’issue aurait-elle Ă©tĂ© diffĂ©rente sans combat avec les gardes du parc ? Dans quelles circonstances prĂ©cises ces gardes ont-ils Ă©tĂ© engagĂ©s ? Ce sera aux enquĂȘtes de le dĂ©terminer.  L’ambassadeur Ă©tait-il visĂ© ? À ce stade, rien ne l’atteste. Mais il sera trĂšs difficile d’avoir une rĂ©ponse dĂ©finitive sans identifier les ravisseurs. Ce qui nous emmĂšne Ă  la derniĂšre et principale zone d’ombre : qui Ă©taient les ravisseurs ? Le gouvernement provincial du Nord-Kivu a immĂ©diatement incriminĂ© les FDLR. C’est fort possible. Cette rĂ©bellion hutu rwandaise opĂšre non loin de lĂ  et a commis de nombreux kidnappings par le passĂ©. Mais les autoritĂ©s n’ont pas prĂ©cisĂ© sur quoi se fondait cette accusation. Selon elles, les assaillants parlaient le kinyarwanda. Mais, d’une part, cette information n’a pas Ă©tĂ© confirmĂ©e de source indĂ©pendante. De l’autre, cela ne permet pas de distinguer les diffĂ©rents acteurs qui opĂšrent dans la zone : tous ont, en leur sein, des locuteurs de kinyarwanda. L’identification des auteurs ne sera pas facile pour les enquĂȘteurs. Sur le territoire de Nyiragongo, oĂč s’est produit l’attaque, 18 cas de kidnapping ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s en 2020. En plus des groupes armĂ©s organisĂ©s, des bandits opĂšrent, et leurs commanditaires sont rarement dĂ©couverts. Cette fois, un incident qui s’est produit dans cette rĂ©gion a endeuillĂ© jusqu’en Europe. Mais il s’inscrit dans une longue lignĂ©e de drames qui frappent, chaque jour, dans l’est du Congo. HĂ©bergĂ© par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

02-26
03:19

🎙 Tshisekedi, homme d'État du continent ?

Addis-Abeba, le 6 fĂ©vrier. Le prĂ©sident congolais, FĂ©lix Tshisekedi, entre dans une salle inhabituellement vide, en raison de la pandĂ©mie de la Covid-19. AccompagnĂ© de quelques dĂ©putĂ©s congolais et des membres de son cabinet, ce prĂ©sident Ă  la fois applaudi et critiquĂ© pour ses nombreux voyages Ă  l'extĂ©rieur formalise ce que ses conseillers et partisans vantent comme une victoire diplomatique : il assume les fonctions du prĂ©sident de la confĂ©rence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine. Bonjour ! Nous sommes le vendredi 5 mars. Je m’appelle Joshua Walker, et je suis le directeur de programme du Groupe d'Ă©tude sur le Congo. Vous Ă©coutez le 4e Ă©pisode de Po na GEC, sĂ©rie de capsules audio qui rĂ©sume et analyse les Ă©vĂ©nements de l'actualitĂ© congolaise.  Depuis 2019, FĂ©lix Tshisekedi gravit petit Ă  petit les Ă©chelons de la diplomatie africaine : d’abord Ă©lu 2e vice-prĂ©sident en fĂ©vrier 2019, il devient ensuite 1er vice-prĂ©sident en fĂ©vrier 2020. Durant la mĂȘme pĂ©riode, il joue les mĂ©diateurs, Ă  cĂŽtĂ© du prĂ©sident angolais Joao Lourenço, entre le Rwanda et l’Ouganda. Presqu’au mĂȘme moment, il est Ă©lu prĂ©sident de l’UA pour 2021. La nouvelle est accueillie par certains comme un coup diplomatique de Tshisekedi : on parle du “retour” de la RDC sur la scĂšne gĂ©opolitique comme actrice importante. En fait, le prĂ©sident de l’Union africaine est Ă©lu pour un mandat d’un an par ses pairs chefs d’Etat et de gouvernement de la rĂ©gion. La prĂ©sidence passe Ă  tour de rĂŽle annuellement entre les 5 sous-rĂ©gions : l’Afrique du Nord, l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’ouest et l’Afrique de l’est. C’était actĂ© avant l’élection de 2018 que la RDC prendrait, pour le compte de l’Afrique centrale, la 2e vice-prĂ©sidence en 2019 jusqu’à prendre la prĂ©sidence en 2021. Cette prĂ©sidence est donc le fruit du travail de la diplomatie congolaise sous Joseph Kabila. La prĂ©sidence de l’Union africaine est un rĂŽle largement symbolique. Mais le titulaire a Ă©galement une certaine marge pour faire mettre en Ɠuvre ses projets phares, comme le prĂ©sident rwandais Paul Kagame l’a fait avec la Zone de libre-Ă©change continentale africaine. En tant que prĂ©sident de l’UA, FĂ©lix Tshisekedi reprĂ©sente l’organisation intergouvernementale dans des rĂ©unions internationales. Et il donne les grandes orientations des prioritĂ©s de l’organisation pour l’annĂ©e. Pour l’aider dans cette tĂąche, en novembre 2020, il a nommĂ© un panel chargĂ© d’accompagner son mandat, composĂ© de personnalitĂ©s congolaises importantes comme le professeur d’histoire Isidore Ndaywel et l’ancien secrĂ©taire exĂ©cutif de la ConfĂ©rence internationale sur la rĂ©gion des Grands lacs, Ntumba Luaba. Quel agenda, donc, pour l'annĂ©e de FĂ©lix Tshisekedi Ă  la tĂȘte de la grande organisation continentale ? Le thĂšme de sa mandature, choisi par les chefs d’Etat et de gouvernement en 2020 est “Arts, culture et patrimoines : leviers pour l’édification de l’Afrique que nous voulons”. Ce thĂšme a Ă©tĂ© choisi, en partie, en raison du dĂ©bat sur la restitution des objets d’art africains des musĂ©es Ă©trangers. Lors de son discours d’investiture, FĂ©lix Tshisekedi a tout de mĂȘme essayĂ© de faire rentrer la question de la paix sous cette rubrique d’arts et culture, en Ă©voquant le thĂšme du mandat de son prĂ©dĂ©cesseur, le prĂ©sident sud-africain Cyril Ramaphosa : “Faire taire les armes”. Ce dernier avait voulu, avant la pandĂ©mie de la Covid-19, se focaliser sur deux conflits prioritaires : la Libye et le Sud Soudan. Le prĂ©sident Tshisekedi, cependant, semble vouloir tourner l’attention de l’UA vers les conflits liĂ©s au terrorisme : la rĂ©gion sahelo-sahĂ©lienne, le nord du Mozambique, la RĂ©publique centrafricaine...et l’est de la RDC. Le 27 fĂ©vrier, il a dĂ©clarĂ© : “Pour que l'art, la culture et les patrimoines rĂ©ussissent leur mission d'Ă©dification de l'Afrique il faut faire taire les armes et dĂ©barrasser l'Afrique des menaces terroristes”. A cĂŽtĂ© de cela, il faut ajouter comme prioritĂ© l’implĂ©mentation de la Zone de libre-Ă©change continentale africaine. La prĂ©sidence de l’Union africaine offre une nouvelle plateforme pour le prĂ©sident Tshisekedi de nourrir davantage ses contacts avec ses homologues africains, et peut-ĂȘtre de continuer Ă  construire son image d’homme d’État. Ira-t-il au-delĂ  des sĂ©ances photos et des discours ? Les mois qui suivent nous donneront la rĂ©ponse.  En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone.  À la prochaine !

03-05
04:26

🎙 Kalev ou les vicissitudes d'un homme autrefois craint

“Qu’ils me haĂŻssent, pourvu qu’ils me craignent.” Au Congo, certains attribueraient volontiers cette expression de l’empereur romain Caligula Ă  Kalev Mutondo tant ce nom inspirait la peur. Il y a eu, Kalev Ă©tait le tout-puissant numĂ©ro un de l’Agence nationale de renseignement (ANR), qui s’est muĂ©, au fil des ans, en une sorte de police politique, traquant toute voix discordante au rĂ©gime. Pourtant, cet homme qui Ă©tait intouchable hier se retrouve aujourd’hui dans le viseur de la justice. Qu’est-ce que ces vicissitudes de Kalev nous apprennent-elles ? Bonjour !  Je m’appelle Fred Bauma et je suis le directeur de recherche du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le 5e numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui rĂ©sume, explique et donne notre avis sur les questions d’actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 12 mars. Cela fait exactement deux ans et 16 jours depuis que Joseph Kabila a quittĂ© le pouvoir Ă  l’issue d’une prĂ©sidentielle controversĂ©e. Une coalition a Ă©tĂ© rapidement formĂ©e entre ce dernier et FĂ©lix Tshisekedi. Mais Kabila s’était toutefois arrangĂ© Ă  maintenir sa mainmise sur presque toutes les institutions du pays. Une dĂ©marche censĂ©e alors garantir Ă  ses lieutenants et Ă  lui-mĂȘme une tranquillitĂ© aprĂšs le rĂšgne de prĂšs de deux dĂ©cennies, marquĂ© entre autres par des violations des droits de l’homme. Mais, n’est-ce pas que le mĂȘme Caligula l’a prĂ©venu ? “Le pouvoir donne ses chances Ă  l’impossible”. Depuis peu, la donne a donc changĂ©. Les intouchables d’hier sont devenus poursuivables. Voulant ĂȘtre rĂ©ellement prĂ©sident pleins pouvoirs, FĂ©lix Tshisekedi s’est Ă©mancipĂ© de Joseph Kabila, dĂ©sormais en perte continue d’influence sur le terrain politique. ConsĂ©quence : plus rien ne peut protĂ©ger les hommes de l’ancien chef de l’État. TrĂšs rapidement, Kalev voit la liste de ses ennuis judiciaires se rallonger. Au moins 12 personnes l’accusent de les avoir arbitrairement arrĂȘtĂ©s hier et portent successivement plaintes contre lui pour notamment enlĂšvements, tortures physiques et morales, traitements inhumains et dĂ©gradants et tentative d’assassinats.  Le tout non sans une dose - ironie de l’histoire - de rĂšglement des comptes politico-judiciaires :  un magistrat instructeur rĂ©cusĂ© par l’accusĂ© mais qui persiste et ce, contre l’avis du nouveau responsable de l’ANR qui se serait prononcĂ© pour l’attribution de ces dossiers Ă  un autre magistrat. L’actuel serait trĂšs au parfum du passĂ© de Kalev puisqu’il a travaillĂ©, indirectement, avec lui, ces derniĂšres annĂ©es, dans le cadre d’une commission des officiers de police judiciaires mise en place par l’ANR et la Direction de migration. Sur le terrain politique, c’est le prĂ©sident Tshisekedi qui se frotte les mains. Ces tribulations de Kalev, inimaginables il y a quelques mois, renforcent, petit Ă  petit, dans l’imaginaire collectif l’idĂ©e selon laquelle, sous FĂ©lix Tshisekedi, la justice poursuit tout le monde. N’est-ce pas que Vital Kamerhe, alors directeur de cabinet et alliĂ© politique du prĂ©sident, a Ă©galement maille Ă  partir avec la justice ? VoilĂ  ce qui est d’apparat. En filigrane, d’aucuns peuvent apercevoir une tactique qui ressemble au lawfare, la guerre juridique. Se servir du droit comme une arme politique afin d’anĂ©antir ses adversaires. Un autre exemple serait la façon dont Xi Jinping a utilisĂ© la guerre contre la corruption en Chine pour sĂ©vir contre ses rivaux, ou Rodrigo Duterte aux Philippines qui a restreint les libertĂ©s de la presse en prĂ©textant une campagne contre la criminalitĂ©. Et des Ă©lĂ©ments de langage accompagnent bien la stratĂ©gie : “État de droit”, “Justice indĂ©pendante”... Mais le risque, surtout comme le prĂ©sident Tshisekedi est en train de former un gouvernement avec un grand nombre de figures qui travaillait avec Kabila dans le passĂ©, c’est de se retrouver demain face Ă  une justice Ă  double vitesse. Une justice qui ne laisse rien Ă  ceux qui ne sont pas avec nous, mais qui pardonne tout Ă  ceux qui sont avec nous. L’engouement des anciens fidĂšles de Kabila Ă  l’Union sacrĂ©e de la nation, nouvelle plateforme politique de Tshisekedi, est rĂ©vĂ©lateur. D’ici lĂ , n’hĂ©sitez pas Ă  rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone. 

03-12
04:17

🎙 "Le temps des reformes", oui ...mais comment ?

“C’est le temps des rĂ©formes.” C’est en ces termes que Christophe Mboso, nouveau prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale, a confirmĂ©, le lundi 15 mars, la prioritĂ© qui sera dĂ©sormais accordĂ©e aux rĂ©formes Ă©lectorales. C’était lors de son discours d’ouverture de la premiĂšre session ordinaire de l’annĂ©e. Pour lui, cela implique d’aller vite dans la dĂ©signation du prĂ©sident et des membres de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (Ceni). Cette prise de position surprend. Car, depuis plusieurs mois, un consensus semblait se dessiner autour de la rĂ©vision du cadre lĂ©gal de l’organisation et du fonctionnement de la Ceni avant de choisir ses membres. Alors, une double question s’impose : les membres de l’Union sacrĂ©e de la nation sont-ils tous sur la mĂȘme longueur d’onde ? Les rĂ©formes Ă©lectorales sont-elles les seules prioritĂ©s dans le pays ? Bonjour, Je m’appelle TrĂ©sor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le sixiĂšme numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’expliquer et de donner notre avis sur les questions d’actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 19 mars. Il y a cinq jours, nous avons assistĂ©, en direct Ă  la tĂ©lĂ©vision nationale, au premier moment de flottement public de la nouvelle majoritĂ© parlementaire. Il va falloir alors que l’Union sacrĂ©e de la nation indique clairement dans quel sens elle compte mener des rĂ©formes Ă©lectorales annoncĂ©es : va-t-on dĂ©signer d’abord des membres de la Ceni, puis modifier la loi sur la Ceni ? ThĂšse que dĂ©fendait le camp de l’ancien prĂ©sident Joseph Kabila dont la plupart de ses dĂ©putĂ©s ont rejoint depuis l’Union sacrĂ©e de la nation. Ou va-t-on faire l’inverse, comme le rĂ©clament depuis quelques mois la sociĂ©tĂ© civile et quelques organisations politiques, notamment le G13, Ă©galement membres de l’Union sacrĂ©e de la nation. À cette allure, les questions des rĂ©formes Ă©lectorales vont de nouveau occuper largement l’espace et le dĂ©bat public au Congo. RĂ©sistants, opposants, sociĂ©tĂ© civile, et dĂ©sormais nouvelle majoritĂ©, tous font et feront entendre leurs voix sur le sujet. Et c’est plutĂŽt une bonne chose d’encourager des rĂ©flexions et des ajustements du dispositif lĂ©gal relatif aux Ă©lections. On sait en effet combien les cycles Ă©lectoraux de ces derniĂšres annĂ©es ont Ă©tĂ© dĂ©criĂ©s pour leurs caractĂšres Ă  la fois non-inclusifs et non transparents. D’ailleurs, pour aller plus loin, vous pouvez relire le rapport du GEC sur l’impossible dĂ©politisation de la Ceni, publiĂ© dĂ©but janvier. Mais on sait aussi que les attentes des Congolais sur l’amĂ©lioration de leur bien-ĂȘtre social sont immenses et pressantes. Et que, aussi importantes soient-elles, les rĂ©formes Ă©lectorales ne sont pas les seules. Sont Ă©galement attendues les rĂ©formes fiscales, celles du secteur de sĂ©curitĂ© et la rĂ©vision de certaines dispositions de la Constitution. Pour ne citer que celles-lĂ .  Heureusement les deux chantiers ne sont pas mutuellement exclusifs. On peut bien lĂ©gifĂ©rer sur des rĂ©formes et s’engager, par exemple, dans la lutte contre les inĂ©galitĂ©s sociales. Encore faut-il avoir les moyens de sa politique mais aussi la volontĂ© politique de s’inscrire dans cette voie. Il faudrait alors Ă©largir le dĂ©bat public qui semble se consacrer sur la prioritĂ© de rĂ©former le cadre lĂ©gislatif des Ă©lections aux problĂ©matiques sociales liĂ©es notamment Ă  l’éducation, y compris des adultes, Ă  la sĂ©curitĂ©, au systĂšme de santĂ©, Ă  l’accĂšs Ă  l’eau et Ă  l’électricitĂ©, au pouvoir d’achat, Ă  la redistribution des richesses nationales, Ă  la redĂ©finition des services publics, 
 La liste n’est pas exhaustive. Le Premier ministre Sama Lukonde, dont le gouvernement se fait toujours attendre au moment oĂč nous enregistrons cet audio, devra sans doute, bientĂŽt, donner quelques indices sur ces chantiers prioritaires.  En attendant, n’hĂ©sitez pas Ă  rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone. 

03-19
03:58

🎙Le discret séjour kinois des militaires rwandais

Le 15 mars, une dĂ©lĂ©gation de militaires Rwandais a discrĂštement dĂ©barquĂ© Ă  l’aĂ©roport de Ndjili, Ă  Kinshasa. Elle Ă©tait conduite par le gĂ©nĂ©ral Jean-Bosco Kazura, chef d’Etat-major gĂ©nĂ©ral de l’armĂ©e rwandaise, pour nĂ©gocier les contours d’une nouvelle coopĂ©ration militaire dans l’Est de la RDC.  Nous sommes le vendredi 26 mars et vous Ă©coutez le 7e numĂ©ro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de cette nouvelle tentative de passer des accords militaires avec des pays voisins de la RDC. Ce n’est pas la premiĂšre, depuis l’arrivĂ©e au pouvoir de FĂ©lix Tshisekedi. En septembre 2019, dĂ©jĂ , le prĂ©sident avait voulu mettre en place un Ă©tat-major conjoint des armĂ©es de la rĂ©gion des grands lacs pour planifier des opĂ©rations communes dans l’Est de la RDC. Mais le projet avait Ă©chouĂ© : les relations entre ces pays voisins Ă©taient trop tendues et de nombreux congolais y Ă©taient opposĂ©s. Parmi eux, on trouvait notamment l’ancien prĂ©sident, Joseph Kabila, alors encore influent. Cela n’a pas empĂȘchĂ© la coopĂ©ration de se poursuivre discrĂštement, notamment avec le Rwanda. A plusieurs reprises, des soldats rwandais sont entrĂ©s secrĂštement en RDC, avec l’autorisation des autoritĂ©s congolaises, pour mener des opĂ©rations ciblĂ©es contre certains groupes rebelles rwandais. Ces incursions ont Ă©tĂ© relevĂ©es par le BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu et plusieurs mĂ©dias. Mais aussi – et c’est plus important – par le Groupe d’expert des Nations unies pour la RDC dans son rapport de dĂ©cembre dernier. LĂ©galement, les autoritĂ©s rwandaises et congolaises auraient en effet dĂ» dĂ©clarer ces opĂ©rations au conseil de sĂ©curitĂ© des Nations-Unies, ce qui n’a pas Ă©tĂ© fait. Mais depuis le dĂ©but de cette annĂ©e, les Ă©changes entre les services de sĂ©curitĂ© Congolais et Rwandais semblent s’intensifier : la rencontre de ce mois de mars, Ă  Kinshasa, est dĂ©jĂ  la troisiĂšme. A Kigali, en fĂ©vrier, François Beya, le conseiller spĂ©cial en matiĂšre de sĂ©curitĂ© du prĂ©sident, avait notamment justifiĂ© ce rapprochement ainsi :  « nous sommes venus ici pour dĂ©fier le monde entier, en particulier l’occident, qui ne veut pas que nous parlions et travaillons ensemble ». Selon certains comptes rendus de la derniĂšre rencontre, Ă  Kinshasa la semaine derniĂšre, il s’agissait d’élaborer un plan opĂ©rationnel pour mener des actions conjointes, notamment contre les FDLR, le CNRD, les RUD et l’ex-M23. L’inclusion du M23 est intĂ©ressante : elle semble montrer la bonne volontĂ© de Kigali, qui avait, jadis, soutenu cette rĂ©bellion. Alors, est-ce la solution aux problĂšmes de l’Est de la RDC ? Pour FĂ©lix Tshisekedi, il sera difficile de les rĂ©soudre sans la coopĂ©ration des voisins, c’est certain. Mais la coopĂ©ration avec le Rwanda, telle qu’elle semble se dessiner, prĂ©sente plusieurs risques. D’abord, celui d’ĂȘtre trĂšs impopulaire en RDC. Cela pourrait inciter les autoritĂ©s Ă  la cacher, et en cacher dans le mĂȘme temps les Ă©ventuels abus, qui resteraient impunis. En 2009, l’opĂ©ration conjointe des armĂ©es congolaises et rwandaises Umoja Wetu avaient certes affaibli certains groupes armĂ©s, mais elle avait aussi provoquĂ© une crise politique Ă  Kinshasa et des violations des droits humains. Ensuite, elle semble ĂȘtre principalement militaire. Pour y faire face, les groupes armĂ©s pourraient se mobiliser davantage et finir par gĂ©nĂ©rer plus de violences. Enfin, elle semble exclure les autres voisins de la RDC. L’Ouganda et le Burundi, qui entretiennent des relations tendues avec Kigali, pourraient craindre de perdre le contrĂŽle de leur zone frontaliĂšre, et intervenir Ă©galement, directement ou indirectement, provoquant davantage de violences. En conclusion, il est possible que la coopĂ©ration militaire entre le Rwanda et la RDC donne des rĂ©sultats Ă  court terme, en affaiblissant certains groupes. Mais aucune solution de long terme ne pourra ĂȘtre trouvĂ©e si l’armĂ©e congolaise n’est pas capable, elle-mĂȘme, de sĂ©curiser son territoire. Cela suppose qu’elle soit bien organisĂ©e, payĂ©e, Ă©quipĂ©e, et aussi qu’elle soit incorruptible, impartiale et redevable devant les citoyens congolais. Le chantier est vaste. Mais il est incontournable pour atteindre une paix durable dans l’Est de la RDC. Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. À trĂšs vite !

04-02
04:40

🎙 Groupes armés : Mboso a-t-il raison de pointer ses collègues du Grand Kivu ?

En marge de l'ouverture de la plĂ©niĂšre du lundi 29 mars, le prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale, Christophe Mboso N'Kodia, a dĂ©clarĂ© : "Vous les collĂšgues du Grand Kivu, quittez les groupes armĂ©s." Alors que le pays est sous le choc d’un nouveau massacre de 27 personnes au nord de Beni, ce qui porte Ă  plus de 1 100 le nombre de personnes tuĂ©es dans ce territoire depuis novembre 2019, Mboso a-t-il raison de pointer du doigt ses collĂšgues ? Bonjour, Je m'appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d'Ă©tude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l'UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le huitiĂšme numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d'expliquer et de donner notre avis sur les questions d'actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 2 avril. Il ne fait aucun doute que certaines Ă©lites politiques congolaises, y compris des parlementaires, ont Ă©tĂ© affiliĂ©es Ă  des groupes armĂ©s. En 2011, un rapport du Groupe d'experts de l'ONU a documentĂ© le soutien de Jemsi Mulengwa, ancien dĂ©putĂ© de Fizi, aux MaĂŻ-MaĂŻ Yakutumba, et de nombreux rapports montrent le soutien de Justin Bitakwira, ancien dĂ©putĂ© d'Uvira, aux groupes armĂ©s dans la Plaine de la Ruzizi. En 2011, l'actuel dĂ©putĂ© Anselme Enerunga a participĂ© Ă  la production et Ă  la diffusion de vidĂ©os faisant l'Ă©loge des groupes armĂ©s Raia Mutomboki Ă  Kalehe, d’oĂč il est originaire. Autour de Beni, en 2018 des candidats dĂ©putĂ©s au niveau provincial et national ont , bon grĂ© mal grĂ©, encouragĂ© des groupes locaux qui ont fini par participer Ă  des attaques contre des agents de santĂ© pendant l'Ă©pidĂ©mie d'Ebola dans cette rĂ©gion.  Il existe Ă©galement d'autres exemples. MĂȘme si le recours au populisme est certainement prĂ©judiciable Ă  la stabilitĂ©, il n'est qu'un facteur, et probablement pas le plus important, contribuant Ă  la violence globale dans l'est du Congo. La plupart de ces soutiens documentĂ©s Ă©taient rhĂ©toriques, et non financiers. Et si bon nombre des 120 groupes armĂ©s de la rĂ©gion ont des liens avec les Ă©lites politiques et Ă©conomiques, il s'agit pour la plupart d'alliances de convenance; les groupes armĂ©s ne sont pas les marionnettes de ces Ă©lites.  Pour la plupart, les groupes armĂ©s de l'est du Congo sont portĂ©s par leur propre Ă©lan, survivent en taxant la population locale, les mineurs artisanaux et les hommes d'affaires, et ne sont vraisemblablement pas approvisionnĂ©s ou financĂ©s par de puissantes Ă©lites Ă  Kinshasa ou Ă  Goma. C'est certainement le cas des ADF, le groupe armĂ© de loin le plus meurtrier du Congo, responsable d'environ ⅓ de toutes les tueries de civils dans le conflit depuis 2019 selon le BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu. Bien que ce groupe ait tissĂ© des liens de survie avec les populations locales, rien ne prouve qu'un parlementaire - ou un autre dirigeant politique congolais, d'ailleurs - le soutienne.  S'il est sĂ©duisant d'adhĂ©rer au rĂ©cit des "tireurs de ficelles", cela dĂ©tourne l'attention d'une responsabilitĂ© beaucoup plus claire : celle de l'État congolais, qui est souvent peu disposĂ© ou incapable de dĂ©manteler les groupes armĂ©s, et qui est parfois complice de ces derniers. Par exemple, le GEC a documentĂ© le soutien rĂ©cent des FARDC au NDC-R, l'un des groupes armĂ©s les plus importants de la rĂ©gion. Et en gĂ©nĂ©ral, les 120 000 soldats de l'armĂ©e manquent souvent des ressources et de motivation suffisantes pour s'attaquer Ă  des groupes armĂ©s.  Cela ne veut pas dire que la stabilisation de l'Est sera facile, ni qu'il existe un vaste complot derriĂšre les massacres. Il faudra un plan et du temps. Il faudra une volontĂ© politique et des ressources publiques pour rĂ©former l'armĂ©e, mettre en place un plan de dĂ©mobilisation, s'engager dans une vĂ©ritable rĂ©conciliation communautaire et fournir des emplois aux jeunes de la rĂ©gion qui rejoignent souvent des groupes en quĂȘte de survie et de dignitĂ©. Le prĂ©sident de l'AssemblĂ©e nationale a mentionnĂ© certaines de ces choses dans son discours - concentrons-nous sur celles-ci. 

04-02
03:51

🎙 KasaĂŻ : comprendre le regain de tension à Bakuakenge

Le mardi 6 avril, des ressortissants du territoire de Mweka Ă  Kinshasa Ă©crivent un mĂ©morandum Ă  FĂ©lix Tshisekedi. Objectif : attirer l’attention du chef de l’Etat sur les tueries qui ont eu lieu, la nuit du 28 au 29 mars, d’au moins 13 personnes Ă  Bakuakenge, localitĂ© situĂ©e Ă  la frontiĂšre entre les territoires de Mweka au KasaĂŻ et de Demba au KasaĂŻ Central. Comment comprendre ce regain de tension ? Nous sommes le vendredi 9 avril et vous Ă©coutez le 9e numĂ©ro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je m’appelle Joshua Walker, et je suis le directeur de programme du GEC.  Ces violences auraient dĂ©coulĂ© d’une mĂ©sentente entre une femme lubaphone et un homme kuba autour d’une assistance humanitaire cash du PAM. Les victimes de l’attaque seraient de la communautĂ© kuba. Hormis les morts, il y a aurait des milliers de dĂ©placĂ©s et la maison du sĂ©nateur Evariste Boshab, grand notable kuba dont le village d’origine se situe Ă  quelques kilomĂštres de Bakuakenge, a Ă©tĂ© incendiĂ©e. Des sources diplomatiques parlent de l’usage pendant l’attaque des pratiques jadis associĂ©es aux miliciens Kamuina Nsapu, comme la dĂ©capitation. Les tensions et violences intercommunautaires ne sont, malheureusement, pas Ă©trangĂšres Ă  Bakuakenge. En aoĂ»t 2020, des affrontements y ont fait 11 morts, dont des Lubaphones et des Kuba. Ces tensions persistantes concernent donc la communautĂ© kuba, d’un cĂŽtĂ©, et celle des lubaphones de l’autre. Au cƓur du conflit : l’appartenance (ou non) de la localitĂ© de Bakuakenge et de ses habitants au territoire de Mweka, au Kasai, ou de Demba, au KasaĂŻ Central. La dimension communautaire relĂšve aussi d’une question qui chevauche l’identitĂ© et les limites territoriales : les Lubaphones Ă  Bakuakenge, connus sous le nom de Bena Milombe, habitent-ils un territoire Ă  majoritĂ© lubaphone, en l’occurrence celui de Demba, ou dans le territoire de Mweka, dont les limites sont identiques Ă  celles de la chefferie des Bakuba ? Rappelons ici que les rĂ©organisations administratives successives depuis l’époque coloniale ont fait dĂ©placer la frontiĂšre dans cette zone Ă  plusieurs reprises. Les limites des territoires et surtout des groupements au KasaĂŻ sont Ă  la base de nombreux conflits dans la rĂ©gion.  En plus de la dimension administrative et communautaire, la gare de Bakuakenge est parmi les plus rentables de la zone. Et comme dans beaucoup de conflits locaux ailleurs en RDC, les disputes autour des droits fonciers ne manquent pas. L’appartenance de Bakuakenge Ă  l'une ou l’autre province est donc aussi un enjeu Ă©conomique majeur. Et enfin, l’enjeu Ă©lectoral : l’appartenance des Ă©lecteurs de Bakuakenge Ă  la circonscription de Demba ou de Mweka. Ce conflit Ă  multiples dimensions avait pourtant Ă©tĂ© traitĂ© lors de la ConfĂ©rence pour la Paix et la RĂ©conciliation entre les CommunautĂ©s locales de Demba et de Mweka  d’octobre 2020 Ă  Kananga. Le rapport final de ces assises avait soulignĂ©, entre autres, que la gare de Bakuakenge se trouve dans le territoire de Mweka, suivant un rapport prĂ©sentĂ© par un expert de l’Institut gĂ©ographique du Congo. Si du cĂŽtĂ© des ressortissants de Mweka, c’est-Ă -dire des Kuba, on revendique la “non politisation des conclusions” de la confĂ©rence pour la paix, en privĂ©, certains hommes politiques originaires du KasaĂŻ Central seraient toujours contre l’application de cette conclusion. Bakuakenge renseigne comment les conflits fonciers et identitaires peuvent vite devenir violents, parfois Ă  cause de leur politisation. Dans le cas d’espĂšce, la montĂ©e des tensions est en partie la consĂ©quence inattendue du dĂ©coupage de l’ancienne province du KasaĂŻ Occidental. De surcroĂźt, ce conflit, qui a lieu dans une zone qui a connu de fortes violences pendant le conflit dit “Kamuina Nsapu” en 2016 et 2017, rappelle que le dĂ©bat sur les dynamiques sĂ©curitaires et la stabilisation ne doit pas se limiter aux provinces de l’Est.  Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. À trĂšs vite !

04-09
04:13

🎙Que va faire le nouveau gouvernement congolais ?

Il est enfin lĂ , le gouvernement Sama Lukonde. ComposĂ© de 56 ministres dont 15 femmes, cette nouvelle Ă©quipe gouvernementale couronne les tractations politiques dĂ©butĂ©es depuis le 23 octobre 2020. Ce jour-lĂ ,  le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi avait annoncĂ© les consultations nationales, mettant ainsi fin Ă  la difficile relation qu’il entretenait avec le FCC de son prĂ©dĂ©cesseur, Joseph Kabila. Six mois plus tard, Felix Tshisekedi trĂŽne seul Ă  la tĂȘte de l’Etat. Quelles seront ses prioritĂ©s ? Bonjour ! Je m’appelle Fred Bauma et je suis directeur de recherche au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New York. Ceci est le dixiĂšme numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui rĂ©sume, explique et donne notre avis sur les questions d'actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 16 avril.   Les Ă©toiles sont dĂ©sormais alignĂ©es pour Felix Tshisekedi qui, au bout de deux ans, a complĂštement inversĂ© les rapports de force entre lui et son prĂ©dĂ©cesseur Joseph Kabila. Le prĂ©sident avec un pouvoir limitĂ© au dĂ©part a cĂ©dĂ© la place Ă  un homme fort, jouissant aussi bien d’une majoritĂ© au parlement que d’une cour constitutionnelle en sa faveur et une influence de plus en plus visible au sein des services de sĂ©curitĂ©.  Dans ce nouveau gouvernement, il a placĂ© son conseiller Ă  la tĂȘte des finances pour renforcer Ă©galement son contrĂŽle dans ce secteur et un proche de la famille au ministĂšre de la dĂ©fense. Le nouveau prĂ©sident a donc, au moins pour l’instant, les leviers politiques nĂ©cessaires pour appliquer son programme, inconnu jusque-lĂ , mais dont les dĂ©tails devraient ĂȘtre connus lors de l’investiture du gouvernement dans quelques jours.  Mais si tout semble lui sourire, le prĂ©sident aura face Ă  lui la contrainte du temps. Il ne lui reste plus qu’un peu plus de deux ans avant les prochaines Ă©lections. Deux ans donc pour mettre en Ɠuvre son programme et satisfaire les attentes Ă©normes de la population.  Dans ce cas de figure et avec des moyens rĂ©duits, impossible de tout faire : FĂ©lix Tshisekedi devra faire des choix qui ne seront pas sans consĂ©quence. D’une part, le prĂ©sident, qui devrait se prĂ©senter pour un nouveau mandat en 2023, pourrait prioriser les programmes “à impact rapide” qui pourraient soutenir un agenda Ă©lectoraliste. Il pourrait ainsi lancer de nouveaux projets d’infrastructures, investir dans des actions sociales comme la distribution des vivres et d’autres biens, ou encore aborder la question de la crise sĂ©curitaire dans l’Est du pays Ă  travers des actions sporadiques sans en adresser les causes profondes. Cela pourrait lui garantir un soutien populaire. Cependant, cette approche, qui suit la logique du programme d’urgence, a plusieurs limites. Comme l’a montrĂ© le programme des 100 jours du prĂ©sident, le risque est de s’engager dans de multiples projets sans se soucier des procĂ©dures exigĂ©es et sans un bon suivi. Surtout, cette approche ne permet pas de rĂ©soudre les problĂšmes profonds de la sociĂ©tĂ©, de repenser la structure de l’économie ou d’appliquer des grandes rĂ©formes nĂ©cessaires.  D’autre part, le nouveau gouvernement pourrait se concentrer sur des rĂ©formes essentielles pour remettre la RDC sur le chemin de la paix et du dĂ©veloppement durable. Le prĂ©sident pourrait par exemple proposer une nouvelle vision du dĂ©veloppement du pays, en restructurant l’économie congolaise, jusque-lĂ  dĂ©pendante de l'extĂ©rieur, en organisant le secteur agro-pastoral,  en finançant l’industrie locale.Il pourrait aussi concevoir des politiques sociales pour combattre la pauvretĂ© et les inĂ©galitĂ©s ou encore outre rĂ©former les finances publiques et renforcer les mĂ©canismes de contrĂŽle. Il pourrait mettre en place la rĂ©forme du secteur de sĂ©curitĂ© et renforcer la justice dans la lutte contre l’impunitĂ©. Enfin, il pourrait engager des rĂ©formes pour renforcer les institutions dĂ©mocratiques. Cela implique des changements constitutionnels, des rĂ©formes Ă©lectorales et bien d’autres. Contrairement aux projets Ă  impact visible, l’approche rĂ©formatrice pourrait nĂ©cessiter un plus large consensus politique et susciter des controverses. Cette approche, qui nĂ©cessite de mobiliser d'Ă©normes moyens financiers, de gĂ©rer les intĂ©rĂȘts de l’élite congolaise et des acteurs internationaux, sera plus difficile Ă  mettre en oeuvre. Mais, menĂ©e Ă  terme, ses rĂ©sultats, qui ne pourraient ĂȘtre visibles qu’aprĂšs plusieurs mois, voire plusieurs annĂ©es, pourraient permettre d'avoir un impact plus durable.  RĂ©former l’Etat ou adopter un nouveau programme d’urgence, le choix appartient aux nouveaux dirigeants. En attendant, le compte Ă  rebours est lancĂ©.  Vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone.  À la prochaine !

04-16
04:16

🎙L'ambitieux programme du gouvernement Sama Lukonde

“Construire un État fort, prospĂšre et solidaire.” Telle est la mission que s’est assignĂ©e le gouvernement de l’Union sacrĂ©e de la nation. Pour y parvenir, son chef, Jean-Michel Sama Lukonde, compte s’appuyer sur un vaste programme qui s’articule autour 15 piliers et 343 actions. Il a dĂ©posĂ©, le 20 avril, les 64 pages du document au bureau du prĂ©sident de l’AssemblĂ©e nationale, en attendant l’investiture de la nouvelle Ă©quipe gouvernementale qu’il dirige. Si personne ne peut reprocher aux gouvernants d’ĂȘtre ambitieux, il est tout aussi lĂ©gitime de s'interroger sur les moyens et les ressources disponibles pour atteindre les objectifs fixĂ©s dans un temps aussi court, soit entre maintenant et dĂ©cembre 2023. Bonjour ! Je m’appelle TrĂ©sor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le 11e numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer les questions d’actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 23 avril. En parcourant le programme d’actions du gouvernement de l’Union sacrĂ©e de la nation, l’on s’aperçoit, contrairement Ă  celui portĂ© par l’équipe prĂ©cĂ©dente, qu’il contient plusieurs mesures concrĂštes, parfois mĂȘme spectaculaires, Ă  l’instar de “[l’établissement] d’une administration militaire dans les zones en proie Ă  l'instabilitĂ© et aux conflits”. En fait, certaines des actions reprises dans le programme du gouvernement Sama vont dans la bonne direction. Il en est ainsi de la volontĂ© exprimĂ©e entre autres de faire adopter des lois relatives Ă  la justice transitionnelle et Ă  l’accĂšs Ă  l’information, d’interdire l’intĂ©gration des rebelles au sein de l’armĂ©e et de la police, de trouver un large consensus pour des rĂ©formes constitutionnelles, de dĂ©politiser l’administration publique, de protĂ©ger lĂ©galement les lanceurs d’alerte, d’unifier les rĂ©gies financiĂšres, de prĂ©voir dans le budget de chaque annĂ©e des crĂ©dits nĂ©cessaires pour le financement des Ă©lections, de dĂ©pĂ©naliser les dĂ©lits de presse, de rendre plus effectif le fonctionnement de la Cour des comptes.  D’autres actions, en revanche, paraissent moins bien dĂ©finies : Ă©radiquer les groupes armĂ©s opĂ©rant dans le pays, limiter strictement l'octroi des exonĂ©rations dĂ©rogatoires, amĂ©liorer la gouvernance de la Regideso, construire des logements sociaux Ă  travers la RĂ©publique, rationaliser les jours fĂ©riĂ©s. La liste de ces bonnes intentions sans indication claire de leur faisabilitĂ© est bien longue. À cĂŽtĂ© d’une vingtaine de nouvelles structures Ă  crĂ©er, notamment l’Agence pour la promotion de l’innovation, l'Office national de la pĂȘche, la Banque nationale de dĂ©veloppement et l'AcadĂ©mie pour l’apprentissage, la promotion et la protection des langues nationales. Entre les lignes, le nouveau gouvernement laisse entendre qu’il ne pourra pas tout faire. D’autant que le pays peine Ă  disposer d’un budget consĂ©quent. Et le temps ne joue nullement en sa faveur. Il ne lui reste qu’un peu plus de deux ans pour mettre en Ɠuvre une partie de cet ambitieux programme. Il va falloir donc mieux hiĂ©rarchiser ces 343 actions et indiquer clairement aux Congolais celles qui sont prioritaires, le temps qu’il faut pour leur rĂ©alisation, leur coĂ»t financier, et qui en sont spĂ©cifiquement responsables.  Cette responsabilisation est d’autant plus nĂ©cessaire lorsqu’on veut faire Ă©merger un État fort Ă  mĂȘme de pacifier l’est du pays. Mais renforcer l’armĂ©e et la police par exemple, sans poser un diagnostic sĂ©rieux sur le comportement de ces forces de dĂ©fense qui, souvent, font Ă©galement partie du problĂšme puisqu’également pointĂ©s dans les violations des droits de l’homme, la taxation de la population, le transfert d'armes et soutien Ă  des groupes armĂ©s, occulte dans ce programme la nĂ©cessaire lutte contre l’impunitĂ© au sein de l’armĂ©e. La redevabilitĂ© Ă  tous les niveaux nous paraĂźt pourtant ĂȘtre la clef de voĂ»te du Congo de demain qui se veut “fort, prospĂšre et solidaire”. En attendant, n’hĂ©sitez pas Ă  rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone.

04-23
04:02

🎙 Programme du gouvernement Sama : pourquoi il y a quelques lueurs d'espoir

Dans le programme approuvĂ© par l’AssemblĂ©e nationale le 26 avril, le Premier ministre Sama Lukonde prĂ©sente un programme ambitieux qui comprend des rĂ©formes de l'armĂ©e et de l'administration, la mise en place de soins de santĂ© et d'un enseignement primaire gratuits, ainsi qu'un vaste projet d'infrastructures, le tout en deux ans et demi. Mais d'oĂč viendra l'argent ? Bonjour ! Je m'appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d'Ă©tude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l'UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le 12e numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d'Ă©clairer les questions d'actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 30 avril. Dans son discours de prĂ©sentation du programme, le nouveau premier ministre a indiquĂ©  que ce plan coĂ»terait 36 milliards de dollars entre 2021 et 2023, soit 12  milliards de dollars de plus que le budget prĂ©vu pour cette pĂ©riode. En fait, mĂȘme ce budget prĂ©visionnel d'environ 7 milliards de dollars par an sera difficile Ă  rĂ©unir pour le gouvernement. L’annĂ©e derniĂšre, le gouvernement n'avait pu lever que 3,7 milliards de dollars en 2020.  NĂ©anmoins, il y a quelques lueurs d'espoir. Le gouvernement pourrait augmenter ses recettes en luttant contre la corruption et l'Ă©vasion fiscale. Il s'agit d'un processus Ă  long terme. Cependant, il y a des secteurs  oĂč des fuites pourraient ĂȘtre colmatĂ©es relativement facilement. Le gouvernement perd Ă©normĂ©ment d'argent en exonĂ©rations fiscales ; en 2020, par exemple, il a accordĂ© des exonĂ©rations fiscales d'une valeur de 818 millions de dollars, soit prĂšs d'un quart de toutes les recettes de cette annĂ©e-lĂ . Dans son programme, le Premier ministre Sama  a mentionnĂ© ces exonĂ©rations, ainsi que l'importance d'une meilleure application de la taxe sur la valeur ajoutĂ©e, l'une des plus grandes sources de revenus du pays.  La deuxiĂšme augmentation potentielle des recettes pourrait provenir du secteur minier. Environ la moitiĂ© des revenus du gouvernement provient de ce secteur, et les tendances dans ce domaine semblent prometteuses. Le cuivre, de loin la matiĂšre premiĂšre la plus importante, connaĂźt une hausse spectaculaire de son prix mondial, qui a presque doublĂ© l’annĂ©e passĂ©e. Dans le mĂȘme temps, bon nombre des plus grandes sociĂ©tĂ©s miniĂšres congolaises - Tenke Fungurume, Katanga Mining, MMG - ont remboursĂ© leurs investissements en capital et paient dĂ©sormais des impĂŽts sur les bĂ©nĂ©fices ou vont bientĂŽt commencer Ă  le faire.  Finalement, les bailleurs de fonds pourraient aider. La Banque mondiale, en particulier, nourrit de grands projets pour le Congo. Elle veut dĂ©penser 800 millions de dollars pour soutenir l'Ă©ducation primaire gratuite, un autre demi-milliard pour soutenir les communautĂ©s vulnĂ©rables dans l'est du pays, et un demi-milliard pour les infrastructures et l’économie Ă  Kinshasa. Mais une grande partie de ce financement est conditionnĂ©e Ă  des rĂ©formes. La Banque a reportĂ© sa premiĂšre tranche d'argent pour l'Ă©ducation en raison d'allĂ©gations de corruption - c'est probablement l'une des raisons pour lesquelles l'ancien ministre de l'enseignement primaire et secondaire Willy Bakonga a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© la semaine derniĂšre. Entre-temps, le FMI demande un audit de la Banque centrale, la publication des contrats miniers, ainsi que d'autres rĂ©formes.  Le gouvernement chinois est un autre donateur important. De nombreux auditeurs se souviendront de l'accord d'infrastructure de 6 milliards de dollars signĂ© entre le gouvernement de Kabila et la Chine en 2006. Cependant, une grande partie de cet argent n'est jamais arrivĂ©e - le gouvernement chinois Ă©tait censĂ© dĂ©penser 3 milliards de dollars dans la construction d'infrastructures (en grande partie par le biais d'entreprises chinoises), mais  jusqu'Ă  deux tiers de ces fonds ne sont sans doute jamais arrivĂ©s en raison des prĂ©occupations de corruption et de mauvaise gestion exprimĂ©es par la partie chinoise. Si le gouvernement de Sama peut rĂ©pondre Ă  ces prĂ©occupations, il est possible que certaines des infrastructures proposĂ©es puissent ĂȘtre construites avec de l'argent chinois.   Les dĂ©fis sont Ă©normes mais ces pistes montrent que l’espoir est permis. On ne manquera pas de revenir bientĂŽt sur ces questions. En attendant cela, n’hĂ©sitez pas Ă  rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone. Au revoir!

04-30
03:42

🎙Quel sera l'impact de l'état d'urgence sur l'administration et les finances publiques

Vous écoutez l'épisode 13 de Po Na GEC, capsule audio du Groupe d'étude sur le Congo qui tente d'éclairer, chaque vendredi, les questions d'actualité en RDC.Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

05-07
03:12

🎙Propos de Kagame : comprendre la vague d’indignation en RDC

Le 17 mai, au cours d’une interview accordĂ©e Ă  RFI et France 24, le prĂ©sident du Rwanda, Paul Kagame, est interrogĂ© notamment sur la possibilitĂ© de voir un jour des militaires rwandais rĂ©pondre des crimes commis en RDC et documentĂ©s dans le rapport Mapping et autres rapports de l’Onu. Sa rĂ©ponse soulĂšve une vague d'indignation en RDC, poussant le prĂ©sident congolais, FĂ©lix Tshisekedi, Ă  rĂ©agir pour rassurer la population. Comment comprendre cette chaĂźne de rĂ©actions dans le pays ? Bonjour ! Je m’appelle TrĂ©sor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le 14e numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer les questions d'actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 21 mai. Des bouts de phrases auront suffi pour enflammer la toile congolaise et susciter l’émoi en RDC. Dans sa rĂ©ponse Ă  RFI et France 24, le prĂ©sident rwandais estime que le rapport mapping est « hautement politisĂ© », que Dr Denis Mukwege, gynĂ©cologue congolais et prix Nobel de la paix 2018,  est devenu « un outil de ces forces qu’on ne voit pas ». Plus polĂ©mique, dans la mĂȘme interview, Paul Kagame remet en question l’existence mĂȘme des crimes commis par les troupes rwandaises en RDC. « il n’y a pas eu de crimes, que ce soit par des personnes Ă©voquĂ©es ou des pays citĂ©s », conclut-il. La rĂ©action ne s’est pas fait attendre : activistes, politiciens, dĂ©fenseurs des droits de l’homme, et plusieurs autres personnalitĂ©s montent au crĂ©neau et condamnent ce qu’ils qualifient de « nĂ©gationnisme ». Certains, y compris des diplomates europĂ©ens, se contentent de rĂ©affirmer leur soutien public au Dr Mukwege. D’autres exigent une forte rĂ©action du gouvernement congolais et menacent de manifester si rien n’est fait. Et les explications de Vincent Biruta, ministre rwandais des affaires Ă©trangĂšres, n'auront pas su mettre fin Ă  la controverse. La situation est d’autant plus embarrassante que, dans la mĂȘme journĂ©e, FĂ©lix Tshisekedi, qui prĂ©side cette annĂ©e l’Union africaine, s'est affichĂ©, dĂ©tendu, aux cĂŽtĂ©s de son “frĂšre”, comme il l’appelle, Paul Kagame Ă  Paris. Plusieurs raisons expliquent l’indignation en RDC. D’abord, l’histoire rĂ©cente des conflits violents dans l’Est et le rĂŽle trouble que le Rwanda y a souvent jouĂ©. Ce pays a aidĂ© Ă  porter au pouvoir, le 17 mai 1997, Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila Ă  l’issue d’une campagne militaire victorieuse. Le Rwanda s’est ensuite retournĂ© contre Laurent-DĂ©sirĂ© Kabila et a depuis soutenu plusieurs rĂ©bellions et groupes armĂ©s responsables de nombreuses tueries: le RCD, le CNDP, le M23. Alors, le Rwanda, et Paul Kagame, son prĂ©sident, sont donc perçus comme Ă  l’origine des violences qui ont dĂ©jĂ  coĂ»tĂ© la vie Ă  des dizaines de milliers de personnes en RDC. Il y a ensuite la fiertĂ© nationale d’un passĂ© idĂ©alisĂ© d’un grand Congo, ZaĂŻre Ă  l’époque. Le temps oĂč le Congo dominait la politique et l’économie rĂ©gionale. Ainsi, des images du marĂ©chal Mobutu recevant Paul Kagame, alors chef rebelle, ou encore celles de Joseph Kabila fustigeant le rĂŽle du Rwanda ont Ă©tĂ© ressorties et partagĂ©es sur les rĂ©seaux sociaux. Enfin, et c’est peut-ĂȘtre la plus importante raison de cette indignation des Congolais, le dĂ©sir de justice pour les crimes commis depuis les annĂ©es 90 par les diffĂ©rents belligĂ©rants, le Rwanda compris. Mais cette question de justice, qui est devenue centrale au combat de Dr Mukwege, peine encore Ă  ĂȘtre adressĂ©e. Dans sa rĂ©action Ă  la controverse, FĂ©lix Tshisekedi a dĂ©clarĂ© que pour lui, la prioritĂ©, c’est de « ramener la paix dans l’est du pays, de mettre fin au cycle de la mort de nos compatriotes et aprĂšs aussi d’ouvrir une page de justice qui ira dans tous les sens, transitionnelle ou pĂ©nale ».  Comme l’aura appris son prĂ©dĂ©cesseur, Joseph Kabila, l’impunitĂ© ne saurait ĂȘtre un gage pour la paix. Bien au contraire. D’autant qu’une paix durable ne dĂ©coulerait que d’un processus de justice pour les crimes commis. L'idĂ©e de crĂ©ation des chambres spĂ©cialisĂ©es mixtes avait Ă©clos en 2010 mais sans jamais aboutir Ă  une loi. Depuis, plus rien. N’hĂ©sitez pas Ă  rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone.

05-21
04:15

Face Ă  l’éruption du Nyiragongo, l’État a-t-il Ă©tĂ© Ă  la hauteur ?

Des colonnes de civils jetĂ©es dans la rue, baluchon sur la tĂȘte. Parfois de nuit et sous la pluie. Parfois arrĂȘtĂ© par les postes-frontiĂšres. Des maisons dĂ©vorĂ©es par les flammes. Des bateaux pris d’assaut par des habitants qui tentent, dĂ©sespĂ©rĂ©ment, de se conformer Ă  l’ordre de quitter la ville
 Une fois encore, une fois de trop, les images de la dĂ©tresse des habitants de Goma Ă©taient rĂ©voltantes. Cette fois, le dĂ©sastre n’a pas Ă©tĂ© causĂ© par un groupe armĂ©, comme en 2012, lorsque les rebelles du Mouvement du 23-Mars, avaient pris la ville. Il s' agit d’un dĂ©sastre naturel. Mais est-ce que cela signifie que les acteurs politiques ne portent aucune responsabilitĂ© dans la maniĂšre dont s’est dĂ©roulĂ©e cette tragĂ©die ? Bonjour. Nous sommes le vendredi 28 mai et vous Ă©coutez le 15e numĂ©ro de Po na GEC, la capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de la gestion de l’éruption du Volcan Nyiragongo. Au cours de cet Ă©vĂ©nement, survenu samedi 22 mai, dans la soirĂ©e, et dans les jours qui ont suivi, la population a Ă©tĂ© largement livrĂ©e Ă  elle-mĂȘme, avec peu d’informations fiables et claires. À la dĂ©charge des autoritĂ©s, le scĂ©nario qui s’est jouĂ©, avec ses multiples tremblements de terre postĂ©rieurs Ă  l'Ă©ruption, a dĂ©sarçonnĂ© jusqu’aux volcanologues les plus expĂ©rimentĂ©s. À l’heure oĂč nous enregistrons cette capsule, prĂšs d’une semaine aprĂšs le dĂ©but de l’éruption, les prĂ©visions ne font d’ailleurs toujours pas consensus : y aura-t-il de nouvelles coulĂ©es de lave ou non ? Toucheront-elles la ville ? Le lac Kivu ? Le gaz contenu dans ses eaux pourrait-il ĂȘtre libĂ©rĂ© ? Aucune de ces hypothĂšses ne semble totalement Ă©cartĂ©e. Par ailleurs, les autoritĂ©s congolaises ne sont pas les seules Ă  avoir tĂątonnĂ© dans cette crise. Que dire, par exemple, de ce tweet postĂ© par la Monusco, le soir de l’éruption, et affirmant que la lave ne semblait pas se diriger vers la ville, alors que des maisons brĂ»laient dĂ©jĂ  Ă  sa pĂ©riphĂ©rie. Pour autant, les autoritĂ©s ne pourront pas Ă©chapper Ă  certaines questions. Au Nord-Kivu, le risque volcanologique est connu depuis presque toujours. En 2002, la lave avait dĂ©jĂ  ravagĂ© une grande partie de la ville, ce qui avait amenĂ© Ă  la crĂ©ation de l’Observatoire volcanologique de Goma, ou OVG.  Compte tenu de ces risques, le minimum n’aurait-il pas Ă©tĂ© d’avoir un plan d’évacuation fonctionnel ? Pourquoi les dispositifs d’alertes, comme les sirĂšnes, n’ont-elles pas fonctionnĂ© ? Des exercices permettant d’enseigner la conduite Ă  tenir en cas d’éruption n’auraient-ils pas dĂ» ĂȘtre mis en Ɠuvre comme cela se fait dans d’autres pays exposĂ©s Ă  ce type de risques ? Pourquoi les forces de l'ordre Ă©taient-elles invisibles dans les rues le 22 mai alors que le gouvernement dĂ©clarait l’activation de ce plan ? Pourquoi les financements de l’OVG Ă©taient-ils coupĂ©s depuis plusieurs mois ? L’Etat de siĂšge, en vigueur depuis le 6 mai, a-t-il vĂ©ritablement facilitĂ© la prise de dĂ©cision ? Et comment comprendre que les autoritĂ©s aient pris le temps de nommer les nouveaux chefs des villes et territoires du Nord-Kivu et de l’Ituri le 26 mai alors qu’elles avaient, sous les yeux, depuis la veille, un rapport trĂšs inquiĂ©tant de l’OVG, pour les gens. Le gouverneur militaire de la ville Constant Ndima Kongba a finalement dĂ©cidĂ©, d’évacuer 10 des 18 quartiers de la ville. On peut lui reconnaĂźtre d’avoir pris une dĂ©cision logique au vu des scĂ©narios exposĂ©s par l’OVG.  Mais cette initiative a Ă©tĂ© mise en Ɠuvre dans une grande confusion. L’annonce a Ă©tĂ© faite au milieu de la nuit. Des ordres et contre-ordres sur les Ă©vacuations lacustres, et les destinations recommandĂ©es ont Ă©tĂ© prononcĂ©s. Et un manque criant d’infrastructures attendait les dĂ©placĂ©s Ă  leur points d’arrivĂ©e, comme Ă  Sake. Ceci pourrait gĂ©nĂ©rer d’autres difficultĂ©s.  Ces dĂ©faillances devraient amener l’État Ă  un sĂ©rieux examen de conscience sur sa dĂ©sorganisation et ses prioritĂ©s. Afin que, lors de la prochaine Ă©ruption, la ville de Goma soit enfin prĂȘte. Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. A trĂšs vite !

05-28
03:58

Proposition Tshiani – À quoi va servir le verrouillage du sommet de l’État

Le 20 mars, un Tweet apparaĂźt sur le compte Twitter de Noel Tshiani : Ă©conomiste et candidat malheureux Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2018. Son contenu ? Une proposition de modifier la constitution en rĂ©servant l'accĂšs Ă  la prĂ©sidence congolaise aux individus nĂ©s de pĂšre et de mĂšre congolais. Proposition qui suscite un tollĂ© croissant sur les rĂ©seaux sociaux et dans le dĂ©bat public en RDC. À quoi servirait un tel "verrouillage" du sommet de l’État ? Bonjour ! Je m’appelle Joshua Walker, et je suis le directeur de programme du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basĂ© Ă  l’UniversitĂ© de New-York. Vous Ă©coutez le 16e numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d'Ă©clairer les questions d'actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 4 juin 2021. Le dĂ©bat autour de cette proposition touche Ă  la fois Ă  des causes immĂ©diates et lointaines. D’aucuns y voient une tentative politique liĂ©e Ă  la “congolitĂ©â€ : celle de bloquer la candidature de certains concurrents potentiels au prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi en 2023, notamment celle de MoĂŻse Katumbi, dont le pĂšre, Nissim Soriano, fut un immigrĂ© au Congo belge de l’üle de Rhodes en 1938. Pour d’autres, il s’agit d’une tentative par son auteur de s’attirer de l’attention et ainsi se rendre “pertinent” sur la scĂšne politique congolaise. Dans les faits, rien n’a encore Ă©tĂ© formellement proposĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale. Certains dĂ©putĂ©s de l’Union pour la dĂ©mocratie et le progrĂšs social, UDPS, ont indiquĂ© au GEC avoir Ă©tĂ© approchĂ©s par l’auteur, sans s’ĂȘtre engagĂ©s, pour l’instant, Ă  faire quoi que ce soit. Une autre possibilitĂ© : adresser Ă  l’AssemblĂ©e nationale ou au SĂ©nat une pĂ©tition de rĂ©vision signĂ©e par 100 000 Congolais. D’autres justifient cette initiative en Ă©voquant les Etats unis d'AmĂ©rique, dont la constitution nĂ©cessite que tout candidat Ă  la prĂ©sidence soit un “citoyen de souche” ou “natural-born citizen”. Sans pour autant rappeler que cette clause fait dĂ©bat au sein de la sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine. À titre de comparaison, parmi les neuf pays voisins du Congo, seule la Zambie a une clause constitutionnelle semblable Ă  la proposition actuelle en RDC, qui limite l'Ă©ligibilitĂ© Ă  la prĂ©sidence aux individus dont les “deux parents sont Zambiens de naissance ou de descendance”. Cette modification de la constitution zambienne, effectuĂ©e en 1996, Ă©tait largement perçue comme une tentative de Frederick Chiluba, alors prĂ©sident de la RĂ©publique, d’exclure la candidature de Kenneth Kaunda, premier chef de l’État zambien, dont les parents Ă©taient nĂ©s au Malawi Ă  l'Ă©poque coloniale.  Hormis les questions politiques immĂ©diates, l'idĂ©e de verrouiller l'accĂšs Ă  la prĂ©sidence sur base de deux parents biologiques congolais rĂ©veille d’autres questions sociopolitiques plus Ă©pineuses. Comme le concept d'autochtonie ou de l’idĂ©ologie “nativiste”, souvent connue en RDC sous le nom de “congolitĂ©â€. On se souviendra, par exemple, du slogan de campagne de Jean-Pierre Bemba en 2006--mwana mboka, fils du pays en lingala--qui Ă©voquait la thĂ©orie selon laquelle son adversaire, l’ancien prĂ©sident Joseph Kabila, n’était pas Congolais. Le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi a exprimĂ©, Ă  plusieurs reprises, sa volontĂ© de rĂ©former la constitution afin de lĂ©galiser la double nationalitĂ©. Du moins pour les Congolais d'origine. Il appartiendra alors Ă  ceux qui voudraient verrouiller l'accĂšs au poste de prĂ©sident de la RĂ©publique de dĂ©montrer en quoi les nombreux congolais d’origine qui seraient exclus de la course prĂ©sidentielle de cette maniĂšre, seraient moins lĂ©gitimes que ceux qui sont “de pĂšre et de mĂšre congolais”. Et aussi, dans quelle mesure la protection des intĂ©rĂȘts du Congo au sommet de l’État passe nĂ©cessairement par les citoyens dont seuls les deux parents seraient congolais. Les lĂ©gislateurs congolais pourront se prononcer dessus. Leur dĂ©cision aura des consĂ©quences Ă  court et Ă  long terme. En attendant cela, n’hĂ©sitez pas Ă  rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone. À bientĂŽt !

06-04
03:47

Proposition de loi Ceni : est-ce le début des réformes nécessaires pour des scrutins crédibles en RDC ?

L'AssemblĂ©e nationale a adoptĂ© ce vendredi 4 juin, la proposition de loi organique modifiant la loi sur la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (CENI).  A un peu plus de deux ans des prochaines Ă©lections, est-ce le dĂ©but des rĂ©formes nĂ©cessaires pour rendre enfin les scrutins plus crĂ©dibles ?  Bonjour. Nous sommes le vendredi 11 juin et vous Ă©coutez le 17e numĂ©ro de Po na GEC, la capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Jason Stearns, le directeur du GEC. Les enjeux de cette rĂ©forme sont considĂ©rables. Tant les Ă©lections de 2011 que celles de 2018 ont Ă©tĂ© profondĂ©ment entachĂ©es d'irrĂ©gularitĂ©s dĂ©noncĂ©es notamment  par des observateurs indĂ©pendants. Dans un sondage national rĂ©alisĂ© par Berci et le GEC en 2019, prĂšs de la moitiĂ© des personnes interrogĂ©es ont dĂ©clarĂ© qu'elles estimaient  que les Ă©lections avaient Ă©tĂ© truquĂ©es ; un nombre similaire ne faisait pas confiance Ă  la commission Ă©lectorale.  La CENI reste l'une des institutions les plus importantes du pays - elle dĂ©cide de l'emplacement des bureaux de vote, recrute le personnel, organise et compte les votes eux-mĂȘmes. Elle a Ă©galement des poches profondes. Rien qu'en 2018, la CENI disposait d'un budget de 434 millions de dollars, soit plus que celui du ministĂšre de la SantĂ© ou de l'armĂ©e.  Cette proposition de loi, pourrait-elle rendre cette institution plus crĂ©dible et lĂ©gitime ?  La loi votĂ©e par l'assemblĂ©e nationale ne change pas grand-chose Ă  la composition de la CENI. Elle reste politisĂ©e : les membres du bureau - l'organe exĂ©cutif qui garde le pouvoir sur toutes les dĂ©cisions importantes - et ceux de la plĂ©niĂšre  sont rĂ©partis entre la majoritĂ© et l'opposition parlementaires ainsi que  la sociĂ©tĂ© civile. Le bureau compte dĂ©sormais sept membres - un de plus qu'auparavant - dont quatre sont proposĂ©s  par la majoritĂ©, deux par l'opposition tandis que la prĂ©sidence est rĂ©servĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© civile. Cela donne encore plus de pouvoir Ă  la majoritĂ©, qui contrĂŽlait 3 des 6 membres dans la version prĂ©cĂ©dente. Au sein de l'assemblĂ©e, qui a en thĂ©orie le pouvoir de superviser le bureau, la rĂ©partition des siĂšges est plus Ă©quilibrĂ©e - l'opposition nomme maintenant 4, la majoritĂ© 6 et la sociĂ©tĂ© civile 5 membres - mais cet organe a relativement peu de pouvoir. Les recommandations faites pour rendre les membres de ces organes moins sensibles Ă  l'influence politique ont Ă©tĂ© diluĂ©es. Une proposition de Christophe Lutundula - aujourd'hui ministre des affaires Ă©trangĂšres - visant Ă  interdire Ă  toute personne ayant Ă©tĂ© impliquĂ©e dans des activitĂ©s politiques au cours des cinq annĂ©es prĂ©cĂ©dentes d'ĂȘtre nommĂ©e Ă  la CENI a Ă©tĂ© supprimĂ©e. De mĂȘme qu'une disposition visant Ă  obliger toutes les parties Ă  trouver un consensus sur la nomination du prĂ©sident de la CENI et celle de crĂ©er un organe de contrĂŽle permanent, la commission permanente d'Ă©valuation et de contrĂŽle. Toutefois, il y a des sanctions prĂ©vues si les membres de la CENI s’engage dans la politique. Des critiques ont Ă©tĂ© Ă©mises : la coalition de dĂ©putĂ©s G13 a publiĂ© un communiquĂ© dĂ©nonçant la "vacuitĂ© des dispositions de la loi". Le porte-parole de l'Eglise du Christ au Congo, Eric Nsenga, a dĂ©clarĂ© que cette loi n'apportait pratiquement aucun changement Ă  la loi actuelle. Toutefois, en comparaison avec les protestations sur des questions similaires avant les Ă©lections de 2018, ces objections sont moins audibles. Il n'y a pas eu de manifestations - malgrĂ© l'appel de Martin Fayulu Ă  appliquer l'article 64 de la constitution - et les discussions Ă  Kinshasa semblent davantage axĂ©es sur le dĂ©bat de Noel Tshiani sur la "congolitĂ©" et sur une controverse impliquant des cartes de crĂ©dit prĂ©payĂ©es remises Ă  certains ministres. La proposition de loi vient d’ĂȘtre adoptĂ©e en des termes identiques par le Ă©nat et attend la promulgation.  Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. A bientĂŽt !

06-11
03:19

Union sacrée, union fragile ?

C’est une semaine politique intense qui s’achĂšve Ă  Kinshasa. Comme le souhaitait le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi, dĂšs le lundi 14 juin, 24 heures avant la clĂŽture initiale de la session ordinaire de mars, les sĂ©nateurs ont adoptĂ© le projet de loi portant habilitation du gouvernement sur certaines matiĂšres notamment la prolongation de l’état de siĂšge. Mais le lendemain, le mardi 15 juin, l’examen de ce texte censĂ© permettre Ă  l’exĂ©cutif d’intervenir dans le domaine lĂ©gislatif pendant les vacances parlementaires est bloquĂ© Ă  l’AssemblĂ©e nationale, pourtant majoritairement dominĂ©e par l’Union sacrĂ©e de la nation. Le mĂȘme jour, des sĂ©nateurs votent majoritairement contre la levĂ©e des immunitĂ©s parlementaires de Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre, que le procureur voulait entendre dans le cadre de la gestion dĂ©criĂ©e des fonds destinĂ©s au parc-agroalimentaire de Bukanga Lonzo. Et ce, malgrĂ© le message subliminal de FĂ©lix Tshisekedi leur demandant de ne pas faire entrave Ă  la justice. Peut-on en dĂ©duire que cette coalition au pouvoir initiĂ©e par le chef de l’État bat de l’aile ? Bonjour, Je suis TrĂ©sor Kibangula, analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche de l’UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le 18Ăšme numĂ©ro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer les questions d’actualitĂ© en RDC. Nous sommes le vendredi 18 juin. On le savait dĂšs le dĂ©part : la vie d’une coalition si hĂ©tĂ©roclite ne serait pas un long fleuve tranquille. Il vous souviendra par exemple qu’aprĂšs les candidatures uniques de l’Union sacrĂ©e de la nation au bureau de l’AssemblĂ©e nationale, la coalition n’avait pas rĂ©ussi Ă  imposer le mĂȘme schĂ©ma au SĂ©nat : Ensemble pour la RĂ©publique de MoĂŻse Katumbi et le MLC de Jean-Pierre Bemba, pourtant membres de l’Union sacrĂ©e de la nation, s’étaient alors affrontĂ©s pour le poste de deuxiĂšme vice-prĂ©sident de la chambre haute. Un premier fait rĂ©vĂ©lateur du difficile consensus auquel la coalition au pouvoir allait devoir faire face. D’autant que les intĂ©rĂȘts politiques des uns et des autres ne sont pas toujours concordants. Loin de lĂ . Surtout que, plus de six mois aprĂšs sa constitution, l’Union sacrĂ©e de la nation ne dispose toujours pas de charte devant prĂ©ciser ses objectifs et les rĂŽles de chaque composante. Modeste Bahati, prĂ©sident du SĂ©nat, pousserait en vue de son adoption le plus rapidement possible, notamment pour dĂ©finir la clĂ© et les critĂšres de rĂ©partition des responsabilitĂ©s maintenant et aprĂšs les Ă©lections Ă  venir. Mais l’UDPS, parti prĂ©sidentiel, ne se montrerait pas pressĂ©e de s'inscrire dans cette dĂ©marche. Ajoutez Ă  cela les ressentis de MoĂŻse Katumbi et de Jean-Pierre Bemba. Ces deux leaders qui ont ralliĂ© FĂ©lix Tshisekedi ont eu l’impression d’avoir Ă©tĂ© subtilement flouĂ©s lors de la composition du gouvernement, certains de leurs lieutenants dĂ©signĂ©s ne s’étant pas retrouvĂ©s aux postes promis ou espĂ©rĂ©s lors de la nomination de l’équipe gouvernementale dirigĂ© par Sama Lukonde. Ce qui n’a fait que renforcer le dĂ©ficit de confiance entre eux. La machine Union sacrĂ©e de la nation vient donc de nouveau de s’enrayer au Parlement. Au mĂȘme moment, Vital Kamerhe, le premier alliĂ© du prĂ©sident de la RĂ©publique, est reconnu coupable de dĂ©tournement de fonds publics et condamnĂ© en appel Ă  13 ans de travaux forcĂ©s. Son parti menace de claquer la porte de la coalition et de suspendre sa participation aux institutions. Si tout ceci laisse entrevoir la fragilitĂ© de l’édifice construit de bric et de broc par le prĂ©sident de la RĂ©publique, il est encore trop tĂŽt pour en tirer une quelconque conclusion. L’Union sacrĂ©e a d’ailleurs rĂ©ussi Ă  faire passer plusieurs lois. Ce qui dĂ©montre une certaine cohĂ©sion. En tout cas, l’avenir de cette coalition au pouvoir dĂ©pendra,de la capacitĂ© de ses membres et de son autoritĂ© morale, FĂ©lix Tshisekedi, Ă  s’accorder clairement sur un objectif commun Ă  court, moyen et long terme. Ils doivent se mettre d’accord maintenant sur des prioritĂ©s Ă  la fois en termes de gouvernance que des contenus des rĂ©formes Ă  enclencher. L’exemple de celle de la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (Ceni) n’ayant pas rassurĂ© toutes les parties. Sinon les dissensions internes d’aujourd’hui apparaĂźtront de plus en plus au grand jour demain. En attendant, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone. À bientĂŽt !

06-18
04:27

Les FARDC sont-elles gangrénées par la mafia ?

« Il y a beaucoup de magouilles qui minent nos forces de sĂ©curitĂ©. Il s’est dĂ©veloppĂ© une mafia dans l’armĂ©e ». Ce constat n’est pas extrait du rapport d’une ONG. Il a Ă©tĂ© prononcĂ© par le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi, chef suprĂȘme des forces armĂ©es et de la police nationale, le samedi 19 juin, Ă  Bunia.  Le commentaire est spectaculaire. Il a d’ailleurs fait le tour des mĂ©dias congolais. Mais le prĂ©sident fait-il le nĂ©cessaire pour lutter contre le flĂ©au qu’il dĂ©nonce ? Nous sommes le vendredi 25 juin et vous Ă©coutez le 19e numĂ©ro de Po na GEC, la capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’UniversitĂ© de New-York, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du BaromĂštre sĂ©curitaire du Kivu, et cette semaine nous nous intĂ©ressons aux rĂ©seaux illĂ©gaux qui entravent l’armĂ©e congolaise. Car FĂ©lix Tshisekedi a raison de soulever ce problĂšme. Il y a de nombreux exemples d’activitĂ©s illĂ©gales menĂ©es par des membres des FARDC pour s’enrichir. Le dernier rapport du groupe d’expert des Nations-Unies sur la RDC en regorge :  trafic d’armes qui atterrissent souvent entre les mains des groupes armĂ©s, notamment les hauts-plateaux du Sud-Kivu et en Ituri prĂ©sence illĂ©gale de soldats dans les mines d’or, comme Ă  Matungu, dans le territoire Walikale Ou encore rĂ©colte et exportation de cacao sur l’axe Beni-Kasindi
  Une partie des soldats des FARDC est par ailleurs fictifs. Souvent ils ne sont pas remplacĂ©s aprĂšs leur mort au combat, et leur solde qui continue d’ĂȘtre versĂ©e, est dĂ©tournĂ©e. Tout ceci contribue Ă  aggraver et maintenir l’insĂ©curitĂ©.  Alors, comment en est-on arrivĂ© lĂ  ? L’impunitĂ© en est Ă©videmment un des facteurs. Et FĂ©lix Tshisekedi a eu raison de pointer la faiblesse de la justice lors de son intervention. L’arrestation de trois officiers soupçonnĂ©s de dĂ©tournement de soldes de militaires fictifs, en Ituri trois jours plus tard, va dans le bon sens, mĂȘme s’il faudra des efforts plus solides et plus constants. Mais, cette « mafia », comme l’appelle FĂ©lix Tshisekedi, a Ă©galement des causes plus profondes. Faute de suffisamment de moyens et de contrĂŽle, une grande partie des FARDC s’organise, sur le terrain,  de maniĂšre informelle pour subvenir Ă  ses besoins. Cela se fait souvent au dĂ©pend des civils qu’ils sont censĂ©s protĂ©ger, avec des taxes diverses, qui peuvent mener Ă  des exactions.  Face Ă  cela, les civils, non armĂ©s, sont dans une position de faiblesse : ils ont difficilement la capacitĂ© de dĂ©noncer ces pratiques et d’obtenir des sanctions sans craindre des reprĂ©sailles. Or, l’état de siĂšge, dĂ©crĂ©tĂ© par FĂ©lix Tshisekedi dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri a justement renforcĂ© les pouvoirs des FARDC, avec notamment la mise en place d’une justice militaire pour juger les civils. L’armĂ©e a dĂ©sormais encore plus de latitude pour taxer les citoyens, et s’en prendre aux mĂ©dias et Ă  la sociĂ©tĂ© civile, qui pourraient les dĂ©noncer. Les mesures prises par FĂ©lix Tshisekedi risquent donc de renforcer le phĂ©nomĂšne dĂ©noncĂ© par Tshisekedi FĂ©lix. Demander la moralisation des soldats, leur faire subir la rigueur de la justice
 Tout ceci est louable et nĂ©cessaire. Mais pour mettre vĂ©ritablement fin aux circuits Ă©conomiques illĂ©gaux, il est aussi nĂ©cessaire de construire le cadre qui permette aux FARDC d’opĂ©rer avec les moyens dont ils ont besoin.  Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. A trĂšs vite !  HĂ©bergĂ© par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.

06-25
03:32

Lipanda 2021 : quelle indépendance et pour qui ?

“...[L]e jour glorieux oĂč devant l’histoire, le monde a Ă©tĂ© tĂ©moin du couronnement de la lutte acharnĂ©e menĂ©e corps et Ăąme par les PĂšres fondateurs de notre nation, dans le but de permettre l’accession du pays de nos ancĂȘtres Ă  sa souverainetĂ©â€. Voici les premiĂšres lignes du discours du prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi Ă  l’occasion du soixante et uniĂšme anniversaire de l’indĂ©pendance de la RĂ©publique democratique du Congo, le 30 juin 2021. Mais que signifie l’indĂ©pendance du Congo aujourd’hui ? Bonjour ! Nous sommes le vendredi 2 juillet. Je m’appelle Fred Bauma, et je suis le directeur de recherche du Groupe d'Ă©tude sur le Congo, un projet de recherche indĂ©pendant basĂ© Ă  l'UniversitĂ© de New York. Vous Ă©coutez le 20e numĂ©ro de Po na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Chaque annĂ©e, les Congolais cĂ©lĂšbrent la fĂȘte du 30 juin, et chaque annĂ©e, les mĂȘmes discours reviennent dans les discussions : “Nous ne sommes pas rĂ©ellement indĂ©pendants.” “Qu’est-ce que nous avons Ă  fĂȘter ?” “AprĂšs 61 ans d’indĂ©pendance, avons-nous vraiment su ‘assurer’ la ‘grandeur’ du Congo, comme le dit l’hymne national ?” Y a-t-il moyen d’amĂ©liorer le dĂ©bat public autour de l’indĂ©pendance ? Ce 30 juin 2021, le Collectif Ekolo--un groupe de jeunes ayant pour but de stimuler la conscience de l’histoire congolaise--a menĂ© une “visite guidĂ©e dĂ©coloniale” sur le boulevard du mĂȘme nom, Ă  Kinshasa. Au menu : visite des bĂątiments de l’époque coloniale, et rĂ©cit de l’histoire extractive de la RDC, en commençant par l’Etat indĂ©pendant du Congo, en passant par le Congo belge avant d’arriver au Congo postcolonial. Le message : depuis sa naissance, le Congo a toujours Ă©tĂ© un pays d’oĂč les ressources partent ailleurs ; un pays extraverti, dont les richesses servent les autres pays, en laissant les Congolais pauvres. En effet, Ă  la diffĂ©rence d’autres colonies, le Congo est nĂ© comme une colonie “internationale”, du moins en thĂ©orie. L’Etat indĂ©pendant du Congo--quel nom ironique--Ă©tait censĂ© ĂȘtre un espace libre pour le commerce international, au lieu d’un site d’extraction liĂ© formellement Ă  un seul pays comme dans d’autres colonies. C’est ainsi que l’historien Guillaume Nkongolo Funkwa, lors d’une interview rĂ©cente Ă  l’occasion du 30 juin, a exhortĂ© les dirigeants et les populations congolais Ă  comprendre “pourquoi leur pays est le seul Ă  ĂȘtre soumis sous le statut de colonie internationale, propriĂ©tĂ© commune des capitalistes mondiaux”. A cette problĂ©matique on pourrait ajouter celle Ă©voquĂ©e par le critique martiniquais Frantz Fanon, qui, dans son ouvrage Les damnĂ©s de la terre, dĂ©crivait la façon dont les Ă©lites africaines--les bourgeoisies nationales--faisaient souvent cause commune avec les bourgeoisies des mĂ©tropoles coloniales, au dĂ©triment des paysans de leurs propres pays. Double exploitation des Congolais, donc : d’abord par le capital et les puissances internationales, et ensuite par l’élite nationale, en collusion avec ces derniers. Trois jours avant la fĂȘte de l’indĂ©pendance cette annĂ©e, la RDC et le Rwanda ont signĂ© plusieurs accords, dont un qui porte sur la coopĂ©ration entre les deux pays dans l’exploitation de l’or congolais. Certains observateurs congolais se sont dits rĂ©voltĂ©s par cet accord, estimant qu’on ne doit pas laisser le raffinage Ă  une sociĂ©tĂ© rwandaise : le Congo n’est-il pas capable de raffiner son propre or ? Et sinon, pourquoi ? PlutĂŽt que d’ĂȘtre simplement des signes de frustration, ce type de questions devrait ĂȘtre au cƓur du dĂ©bat national. A qui les richesses du Congo doivent profiter, et de quelle maniĂšre ? Comment les faire profiter davantage Ă  tous les Congolais, plutĂŽt qu’à l’élite ? Pour qui la souverainetĂ© du Congo tant recherchĂ©e par les hĂ©ros de l'indĂ©pendance existe-t-elle ? Les paysans ? L'Ă©lite ? VoilĂ  d’autres questions qui pourraient animer un dĂ©bat riche et nuancĂ© sur la signification de l’indĂ©pendance du Congo aujourd’hui. Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. A trĂšs vite !  

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