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Reportage international

Reportage international

Author: RFI

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Chaque jour, l’illustration vivante et concrète d’un sujet d’actualité. Ambiance, documents, témoignages, récits en situation : les reporters de RFI présents sur le terrain décrivent le monde avec leur micro. 

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Le bilan de la guerre à Gaza est extrêmement lourd : depuis octobre 2023, on dénombre plus de 34 000 morts dans l’enclave, selon les chiffres donnés par le Hamas. Mais c'est un autre front, plus au nord, entre le Liban et Israël, qui fait craindre une escalade régionale. Depuis le 9 octobre 2023, des affrontements ont lieu quotidiennement entre le Hezbollah, puissant parti chiite et allié libanais de l’Iran, et Israël à la frontière. Les échanges de tirs quotidiens ont déjà fait plus de 440 morts – dont une centaine de civils – côté libanais et une vingtaine côté israélien.  De notre envoyée spéciale de retour de Tyr,Tyr est d’ordinaire un port de pêche paisible. Mais depuis le 9 octobre 2023, cette station balnéaire prisée des touristes vit au rythme de la guerre entre Israël et le Hezbollah, l’allié libanais de l’Iran.Elias Kayal a ouvert un restaurant italien il y a tout juste un an. Mais la guerre a mis un coup d’arrêt à son activité. Si les caisses sont vides, il garde le sourire malgré tout. « Je pense que nous sommes au-delà de la récession, c’est vraiment la dépression », constate le restaurateur. « Économiquement, ça ne va vraiment pas. Ça fait maintenant six mois que nous avons commencé à toucher seulement la moitié de notre salaire, car il n’y a pas de revenus. »À lire aussiConflit Hezbollah-Israël: au Sud-Liban, le spectre d'une régionalisation dans tous les espritsUn tiers des déplacés dans la région de TyrSi Elias Kayal a du mal à joindre les deux bouts, d’autres ont tout perdu. La région de Tyr accueille à elle seule un tiers des 100 000 déplacés par le conflit. À l’école primaire pour filles de la ville, pendant que les cours ont lieu au rez-de-chaussée, les habitants des villages frontaliers ont trouvé refuge dans les salles de classe dans les étages. Zeinab Ali Wahid y est hébergée avec ses deux enfants et sa mère.« Mon fils et ma mère dorment sur ce matelas, moi et ma fille sur celui-là », indique la déplacée. Leur maison, située dans le village de Jebbayn, à deux kilomètres de la frontière, a été détruite par les bombardements israéliens. « On s’est enfuis à bord d’un pick-up. Les enfants avaient très peur. Après, je suis retournée voir ce qui restait de la maison, tout est détruit », raconte-t-elle.En guise de dédommagement, de nombreux déplacés disent recevoir une aide financière du Hezbollah. Une manière pour le parti de ne pas perdre le soutien de sa base qui souffre de la guerre. « Grâce à Dieu, le Hezbollah nous aide, ils nous donnent 200 dollars par mois, ça permet de s’occuper des enfants et de les nourrir », explique Zeinab Ali Wahid.À lire aussiLiban: à Ghazieh, cible d'une frappe israélienne en profondeur, la crainte d'une extension du conflit« Je ne sais pas comment on va continuer »De son côté, l’État libanais, enlisé dans une crise économique lancinante, fait avec les moyens du bord. La mairie de Tyr a ouvert une cellule de crise. À sa tête, Mortada Mehanna doit accueillir chaque jour de nouvelles familles sans aucun budget.« Les bombardements s’intensifient, la situation n’est pas rassurante. Au Liban, l'État est ruiné, il n’y a pas de budget et l’aide des ONG ne suffit pas. Je ne sais pas comment on va continuer... », s'inquiète-t-il. « Moi, j'espère que cette crise va s’arrêter, car c’est de plus en plus dur pour tout le monde. »Éreinté par près de cinq ans de crise économique et politique, le Liban mettra des mois, voire des années, à se remettre du conflit en cours.
Depuis l'invasion de l'Ukraine voisine, la menace de la guerre se fait sentir en Pologne. De plus en plus de Polonais décident de rejoindre l'armée pour pouvoir se défendre en cas d'attaque russe, mais sans pour autant abandonner leur vie dans le civil. Et pour cela, ils rejoignent les troupes de défense territoriale. Ici, les recrues suivent une formation intensive de deux semaines avant de suivre un entraînement militaire au moins un week-end par mois. Un reportage à retrouver en intégralité dans Accents d'Europe.
C'est une initiative rare en Europe prise par la Croatie il y a un peu plus de trois ans : la suppression de son régime de quotas pour les travailleurs étrangers. Face à l’exode continu de la jeunesse croate, les nouveaux arrivants sont devenus indispensables à l’économie du petit pays de l’ancienne Yougoslavie, qui compte moins de 4 millions d’habitants. Et leur nombre a considérablement augmenté ces dernières années, notamment les Népalais, au point que ces derniers sont en passe de devenir la première communauté étrangère en Croatie. Il s’agit là d’une nouvelle tendance qui bouleverse cette société vieillissante et plutôt conservatrice, pour qui l’immigration est un phénomène nouveau.
Mercredi 17 avril, les Yézidis du monde entier célébraient le Nouvel an. Au Kurdistan irakien, des milliers de personnes venues du monde entier se sont rassemblées au temple de Lalesh, mais derrière les visages joyeux, personne ne pouvait oublier que ce Nouvel An marquait aussi le début de la 10e année après le génocide, reconnu par les Nations unies, de la population yézidie par Daech en 2014. À lire aussiIrak: dix ans après le génocide, un Nouvel An empreint d'émotion pour les Yézidis
Mercredi 24 avril, un tableau de Gustav Klimt sera mis aux enchères par la maison d'enchères viennoise im Kinsky. Ce tableau, resté caché pendant près d’un siècle, est un portrait tout en couleur d’une certaine « Mademoiselle Lieser ». Il a été peint par Klimt en 1917, soit un an avant sa mort. Si la vente s’annonce historique, il reste des zones d’ombre concernant sa provenance. De notre correspondante à Vienne,À la maison de vente im Kinsky, les Viennois sont nombreux à être venus admirer ce portrait de Klimt, à l’instar de Margit.« Le tableau est impressionnant, car il a une force de rayonnement et la femme est représentée de manière si belle et lumineuse... elle exprime une belle féminité », décrit une visiteuse. « Avec mon amie, nous aimons beaucoup aller au musée et nous aimons Klimt, alors nous avons profité de l’occasion pour voir ce tableau en vrai, car ce ne sera bientôt plus possible. »Resté caché pendant un siècle, le tableau a récemment resurgi, lorsque l’actuel propriétaire autrichien a contacté im Kinsky, comme l’explique Claudia Mörth-Gasser, la responsable de la section d’art moderne au sein de cette maison.« Le propriétaire nous a expliqué qu'il allait hériter d'un tableau dans un avenir proche et nous a demandé de le conseiller. Le tableau a été transporté dans notre salle de vente il y a environ 15 mois et nous avons commencé les recherches », raconte Claudia Mörth-Gasser qui poursuit : « La famille commanditaire était la famille Lieser, une famille juive très aisée. Parmi ses membres, il y avait Henriette Lieser, qui est une possible commanditaire du tableau. Mais aujourd’hui encore, nous ne savons pas avec exactitude qui était le commanditaire. Après 1925 et jusque dans les années 1960, le destin du tableau n'est pas tout à fait clair. »Un changement de mentalitéUne enquête du quotidien autrichien Der Standard, parue depuis, a accrédité l’hypothèse qu’Henriette Lieser, morte assassinée à Auschwitz en 1943, ait été la propriétaire ainsi que la thèse d’une possible privation à l’époque nazie.On peut dès lors se demander pourquoi le tableau va-t-il tout de même être mis aux enchères. C’est en fait parce que la maison de vente avait anticipé une telle possibilité et qu’un accord a déjà été conclu, ce qui montre, selon Claudia Mörth-Gasser, un certain changement de mentalité.« Ce sont précisément ces ambiguïtés et ces lacunes historiques qui ont incité les propriétaires actuels et nous-mêmes à conclure un accord avec tous les ayants droit de la famille Lieser pour une exploitation commune de l'œuvre d'art et une répartition du produit de l'exploitation », souligne Claudia Mörth-Gasser. « Il était clair dès le départ pour nous qu’il fallait traiter ce tableau comme s'il s'agissait d'un cas de restitution évident, même si nous n'avions pas de preuves claires de l'histoire du tableau pendant cette période critique. S'il y a une ombre, la charge de la preuve doit être inversée. »Le tableau est estimé entre 30 et 50 millions d’euros.
Alors que l’Asie du Sud-Est connaît une vague de chaleur intense, l'île de Langkawi, au nord de la Malaisie, peuplée de moins de 100 000 habitants et destination prisée par les touristes, connaît des problèmes majeurs d’accès à l’eau. En cause : des semaines sans pluie, mais aussi des canalisations sous-marines qui connaissent des fuites. Des habitants insulaires s’organisent comme ils peuvent pour faire face à ces problèmes. De notre correspondante en Malaisie,Sous un soleil de plomb et des températures assommantes, Norhasmiza, habitante de la petite île de Langkawi, au nord de la Malaisie, ouvre son robinet au maximum au beau milieu de la journée. « Il y a très peu d’eau et quand tu n’as pas de réservoir d’eau chez toi, tu n’as que ça… Parfois, c'est encore moins », se désole-t-elle. Cette habitante s’organise chaque mois pour faire face à l’absence régulière d’eau courante. « Tous les jours, la lessive me coûte 10 ringgits [2 euros, NDLR]. L’eau minérale, par jour, je dirais que ça me coûte environ 15 ringgits. Vous voulez voir ma facture d'eau ? Parce que, oui, je dois aussi payer ma facture d’eau… Le mois dernier, c'était autour de 47 ringgits. Avant ça, je devais payer 100 ringgits », énumère-t-elle. Depuis seulement quelques semaines, cette habitante a désormais une citerne dans son jardin. Objectif : stocker l’eau en cas de coupure. Du matériel qui lui a été donné par une association caritative, car elle n'en a pas les moyens. « Pour moi 2 000 ringgits c’est très cher… Vous savez, ici les gens travaillent parfois pour un salaire de 1 500 ringgits, cela correspond à 300 euros. Donc, comment peuvent-ils se payer ça ? », se demande-t-elle.Les problèmes d’approvisionnement en eau touchent différents endroits de Langkawi. Cette autre habitante doit parfois payer 5 ringgits par jour pour se doucher dans un hôtel : « Depuis l’an dernier, si ma maison n’a pas d’eau pendant deux ou trois jours, je dois prendre un seau, du savon et une serviette, et je pars me laver. Il n’y a pas eu de pluie ici depuis neuf mois et les tuyaux connaissent des fuites… Donc, on doit se débrouiller pour régler ce problème. »À lire aussiEn Malaisie, l'approvisionnement en eau de plus en plus problématique pour les habitantsL’eau peut également être jaunâtre à la sortie du robinet. Du côté des hôteliers de Langkawi, on tente d’investir dans les infrastructures nécessaires, comme en témoigne ce manager : « C’est un autre filtre que vous voyez. On a deux procédures de filtrages ici pour nettoyer et assainir l’eau. Là, elle est propre et le matériel coûte très cher. Parfois, on doit filtrer l’eau quatre fois par semaine ! »Selon ces habitants, le phénomène s’est aggravé ces derniers mois. Pour le chercheur Mohamad Faiz, spécialiste malaisien des conséquences du réchauffement climatique sur l’eau, plusieurs éléments expliquent la situation. Le phénomène El Nino, mais aussi un problème d’infrastructures augmentant les pertes d’eau. « Les efforts visant à résoudre le problème de perte d’eau en Malaisie doivent viser une modernisation des canalisations, une amélioration des compteurs et une mise en œuvre des technologies de gestion de l'eau, explique-t-il. Ces efforts sont, je pense, cruciaux pour renforcer la sécurité de l’eau et garantir sa gestion durable, en particulier dans les zones vulnérables touchées par la variabilité climatique et le manque d’infrastructures. »Selon la Commission nationale du service de l'eau en Malaisie, le taux de perte de l’eau est estimé à 35% dans le pays.À écouter aussiEntre pollution et pénuries, l'Asie du Sud-Est en insécurité hydrique constante
La figure polarisante du Premier ministre Narendra Modi concentre l'attention, mais ce sont d’abord des députés locaux que les électeurs Indiens, environ un milliard, sont appelés à choisir. Une classe politique qui peine à se renouveler, même si des candidats plus jeunes tentent de rejoindre le Parlement. Ce fut l'irruption de Narendra Modi sur la scène politique nationale qui a poussé Tejasvi Surya, un des plus jeunes députés du pays lors des législatives de 2019, à s'engager. « La jeunesse indienne était frustrée du parti du Congrès, de nombreuses affaires de corruption avaient écorné l’image des politiciens. J'ai été séduit par Narendra Modi qui promettait de rompre avec ces pratiques et j’ai fait campagne pour lui à 23 ans », se souvient-il. Dix ans plus tard, Tejasvi Surya est une des étoiles montantes du BJP et se présente à nouveau dans la ville de Bangalore.À Calcutta, à 1 871 kilomètres de là, Saira Shah Halim s'est, elle aussi, engagée après l’élection de Narendra Modi, mais pas pour le soutenir. « J’ai grandi dans une famille de gauche où l'on parlait de politique dès le petit déjeuner ! Mon ADN est laïque et démocratique. Donc j’ai manifesté contre l’abolition de l’autonomie du Cachemire musulman ou les lois réservant la citoyenneté aux réfugiés non musulmans », déclare cette jeune militante avec fierté.À 45 ans, elle est candidate pour le Parti communiste indien marxiste et s'inquiète d’une dérive autoritaire du parti au pouvoir, menaçant la démocratie. Tejasvi Surya balaie ces craintes : « Nulle part, vous ne verrez autant de citoyens se passionner pour l’exercice démocratique comme en Inde. Vous me rencontrez dans le Karnataka, où le Parti du Congrès vient de renverser le BJP. La preuve d’un système multipartite en bonne santé ! »À lire aussiInde: tout savoir sur les élections législatives dans la plus grande démocratie du mondeSi l’étiquette politique joue un rôle, c’est d’abord dans leurs circonscriptions que les députés doivent parler aux électeurs. Saira Shah Halim veut améliorer le réseau sanitaire local et Tejasvi Surya vante, lui, son premier mandat : « Nous avons ouvert 100 kilomètres de lignes de métro pour endiguer les terribles embouteillages de Bangalore. Dans ma circonscription, 130 pharmacies vendent désormais des médicaments génériques accessibles à tous », énumère le jeune député.Les deux candidats s’accordent au moins sur une chose : le besoin de rajeunir le Parlement, où l'âge moyen des députés est de 54 ans. On y trouve par ailleurs seulement 77 femmes sur 573 sièges. « Je fais face à la misogynie, déplore Saira Shah Halim. Parce que je suis musulmane, certains pensent que je suis conservatrice et d’autres, au contraire, n’aiment pas que je porte un jean en tant que femme ! Mais ce n'est pas grave, les jeunes doivent s’imposer, en portant fort leurs convictions. » Les jeunes sont ceux qui votent le moins, d’autant qu’ils déménagent pour leurs études loin de leurs bureaux de vote. Ils perçoivent aussi les politiques comme des opportunistes. Le 4 juin, jour des résultats, après un mois et demi de vote réparti à travers tout le pays, Tejasvi Surya et Saira Shah Halim sauront s’ils intègrent le Parlement de New Delhi où ils auront, nul doute, des échanges animés ! À lire aussiÉlections en Inde: la bataille des minorités de l'Uttar Pradesh pour être représentées au Parlement
Selon les derniers sondages, la coalition indépendantiste basque EH Bildu, qui intègre des composantes de l'ancienne vitrine politique de l'ETA, pourrait gagner, en nombre de sièges, les élections régionales du 21 avril. Plus de dix ans après l’annonce du cessez-le-feu de l’organisation terroriste basque ETA, ce parti mène une campagne sur les enjeux sociaux pour capter de nouveaux électeurs. De notre envoyée spéciale,En plein cœur de Bilbao, capitale du Pays basque située au nord de l'Espagne, le parti EH Bildu a installé ses bureaux à quelques encablures du musée Guggenheim. On est bien loin de l'époque où les affiches de soutien à l’ETA décoraient les murs du parti Batasuna. Dans une salle aseptisée, Inigo Casanova, le porte-parole du parti pour la région de Biscaye, polo bleu et boucles d’oreilles discrètes, affiche un sourire décontracté. « Nous sommes très optimistes, explique-t-il. Nous sommes la première force politique au sein de la population active. Cela donne du dynamisme à notre projet. Cela fait dix ans que nous nous préparons à la relève et nous comptons la mener sans affrontement, avec un discours inclusif, car il ne s’agit pas de détruire le legs du parti nationaliste basque, qui a gouverné durant 40 ans. »De l'autre côté du fleuve Nervion, dans un café fréquenté par une foule de touristes, le professeur de sciences politiques Braulio Gomez explique les raisons, selon lui, de cette ascension. À savoir qu'en dix ans, « EH Bildu s’est profondément transformé. La question territoriale n’est plus au centre de son discours, ce sont les problèmes sociaux qui les intéressent. Puis, EH Bildu est devenu un parti institutionnel, notamment en soutenant les mesures sociales du gouvernement de Pedro Sanchez au Parlement de Madrid. Enfin, c’est un parti qui surfe sur les grandes questions du moment comme le féminisme ou l’écologie. »Dans la périphérie de Bilbao, la ville de Galdakao, peuplée par 30 000 habitants, est dirigée depuis deux mandats par le jeune maire de 38 ans, Inigo Hernando. Militant depuis toujours d’EH Bidlu, il se considère comme un véritable abertzale, un nationaliste basque, mais il sait qu’aujourd’hui, pour gagner ces élections, ce sont les propositions concrètes qui surpassent l’idéologie.« Gadalkao avait été gouvernée par le parti nationaliste basque pendant 40 ans. Nous, on a mis en avant les mesures sociales comme le logement, la participation citoyenne ou les services. C’est cela qui a conquis la population. Quand nous sommes arrivés au pouvoir à la mairie, Galdakao n’avait pas de logement social. En quatre ans, on a construit 60 logements dont 42 sont pour des jeunes. On a aussi prévu de construire une installation photovoltaïque qui va donner de l’électricité à 3000 logements », énumère-t-il.Dans le square face à la mairie, Ainhoa joue avec sa fille de 13 mois. C’est la première fois qu’elle va voter pour la gauche radicale indépendantiste. « Je pense qu’il va y avoir beaucoup de gens qui vont voter pour EH Bildu », croit-elle savoir. « C’est sûr qu’il y a une envie de changement, mais reste à savoir comment ils vont pouvoir gouverner, je pense que cela va être compliqué de passer des alliances politiques. »Ce changement, Inigo Casanova, le porte-parole d'EH Bildu le prépare depuis une décennie, lui qui considère que le passé sanglant fait partie de l’histoire ancienne. « C’est une réalité dépassée dans la société, les gens ont tourné la page bien avant les politiques », affirme celui qui a été emprisonné durant dix ans pour appartenance à EKIN, la branche politique de l’organisation terroriste basque ETA. « EH Bildu a permis une normalisation démocratique, et a dépassé la confrontation. Nous travaillons à la réparation de toutes les victimes. »Selon le Centre de la mémoire des victimes du terrorisme, près de 60% des étudiants déclarent avoir une connaissance approximative du conflit basque. Ce sont eux qui devraient accorder leur vote à EH Bildu.À écouter aussiEspagne : au Pays basque, le risque de la contagion catalane
D’après les livres d’histoire, c’est en 776 avant notre ère, dans le sanctuaire d’Olympie, où l’on vénère Zeus, que naissent les Jeux de la Grèce antique. Pendant plus d’un millénaire, Olympie accueille alors ces compétitions sportives une fois tous les quatre ans. Considérée comme un rite païen, la tradition des Jeux est finalement abolie et le site d’Olympie sombre dans l’oubli. Depuis près d’un siècle, le site archéologique d’Olympie, dans la région du Péloponnèse, est pourtant à nouveau mis à l’honneur, tous les deux ans, lors de l’allumage de la flamme de nos Jeux olympiques modernes, d’été et d’hiver.
Le Bangsamoro, région autonome musulmane des Philippines, a été une zone frappée par la terreur en décembre 2023 et qui a connu des décennies de guerre d’indépendance violente. Désormais, un processus de paix est en cours avec, en ligne de mire, les premières élections en 2025. Un scrutin à l’enjeu crucial pour les cinq millions d’habitants, car il définit la réussite ou l’échec de la paix dans cette région toujours perturbée par la violence et la crainte d’un retour des mouvements islamistes. À lire aussiDans le Bangsamoro, la région musulmane des Philippines, «la guerre n’est plus une option»
Selon Caoilfhionn Gallagher KC, la rapporteure spéciale de l'Irlande sur la protection de l'enfance, lorsqu'il s'agit d'élaborer des politiques en matière d'intelligence artificielle (IA), malheureusement, les enfants sont souvent une « réflexion après coup ». Or, l’Irlande est le berceau des géants de la tech en Europe, qui développent tous, en ce moment, de nombreux outils d'IA. Pour certains, le pays devrait donc profiter de sa position pour imposer ses garde-fous.
Le 29 juin 2024 marquera les 10 ans de la proclamation du califat de l’organisation État islamique en Irak. Aujourd’hui, Daech est territorialement vaincu, mais le pays reste profondément marqué par cette guerre. Des milliers d’Irakiens déplacés par les combats vivent encore sous des tentes dans un camp de la région kurde. Pour les aider au retour, le gouvernement irakien leur propose une aide équivalent à 3 000 euros.
En Arménie, une loi a été votée, vendredi 12 avril, au Parlement afin de qualifier les tests de virginité, rituel pratiqué sur la mariée lors de la nuit de noce, comme « violence conjugale ». Cette pratique, héritée de la période soviétique, tend à disparaître, notamment à Erevan, la capitale, mais reste pratiquée dans certaines provinces du pays. Cette loi fait débat dans la société arménienne, très pieuse et conservatrice. Son adoption est une première dans les pays de l’ex-URSS, et une avancée pour les mouvements féministes.  Depuis des années, le service gynécologie de cet hôpital – dont nous tairons le nom – reçoit des patientes un peu particulières. De jeunes fiancées, qui, à la veille de leur mariage, décident de se faire opérer. Trois cent euros, une anesthésie locale et vingt minutes dans le bloc, pour se faire recoudre l’hymen.À l’aide d'un fil très fin, « comme un cheveu », ce docteur, qui souhaite rester anonyme, opère des femmes qui cherchent à dissimuler un bout de leur passé. « La première raison pour laquelle elles demandent une hyménoplastie, c’est parce qu’elles ont eu un rapport sexuel dans le passé. Après cette opération, même si le mari est gynécologue, ce n’est plus possible de le deviner », assure le médecin.Cette opération est pratiquée depuis des années par des femmes qui se préparent à passer un test de virginité. Le rituel de la pomme rouge – c’est son nom – consiste à inspecter les draps des mariés au lendemain de la nuit de noce. S’ils sont tachés de sang, la femme est félicitée. Dans le cas contraire, elle est publiquement humiliée, le mariage annulé.« Nous choisissons de faire cette opération car nous voulons aider ces femmes. Si nous ne le faisons pas, elles peuvent être victimes de violences psychologiques, ajoute le médecin, car en Arménie, certains hommes peuvent être très agressifs s’ils découvrent que leur femme n’est plus vierge. Et puis, l’hymen peut être rompu pour pleins d’autres raisons comme la pratique de l’équitation, de la gymnastique ou le fait de mettre un tampon. »L'Arménie, un pays « très conservateur et patriarcal »En Arménie, la question de la virginité est tabou. Aucune femme rencontrée n’a voulu s’exprimer.« Nous vivons dans un pays très conservateur et patriarcal. C’est un petit pays, qui connaît une crise existentielle à cause de la guerre, ce qui mène certains groupes à revendiquer fièrement leur histoire et leur culture. Cela incite à garder une attitude très conservatrice envers les femmes et le sexe », explique Ani Jiloizian, chercheuse pour le centre de soutien aux femmes en Arménie.Le 12 avril, une loi visant à catégoriser ces tests comme violence conjugale a été accepté en première lecture au Parlement. Certains députés s’y sont opposés, déclarant que leurs interdiction constituerait un « problème culturel important ».« Ces députés nous ont dit : ''nous savons tous que c'est une mauvaise chose, pourquoi le mentionner dans une loi ?'' Mais c’est justement pour cette raison que nous avons voulu l’écrire​​​, pour que les gens en entendent parler, pour que cela devienne un sujet dont on discute, martèle Tsovinar Vardanyan, députée à l’origine du texte, car c’est comme cela que l’on prendra conscience que c’est un problème ! Aujourd’hui, c’est très dur d’en parler. Car dès que vous en parlez, vous devenez une cible. »En Arménie, une femme sur trois est toujours victime de violences conjugale.
En Israël, les colons les plus extrémistes rêvent de s’accaparer l’enclave palestinienne. Ils vivent déjà illégalement dans les territoires palestiniens de Cisjordanie occupée, et n’attendent que le feu vert de leurs autorités pour s’installer aussi à Gaza, et reconstruire le Gush Katif. En 2005, les quelque 8 000 Israéliens qui vivaient dans ce regroupement de colonies à Gaza en ont été évacués sur ordre du Premier ministre de l’époque, Ariel Sharon. Presque 20 ans plus tard, en pleine guerre, certains d’entre eux sont entrés dans la bande de Gaza et y ont érigé symboliquement une cabane pour marquer leur retour, avant d’être exfiltrés par l’armée israélienne. De notre correspondant à Jérusalem,Daniella Weiss, matriarche des colons, déploie sa carte de Gaza. « Ici. Vous voyez ça ? Ces points rouges ? Ce sont d’anciennes colonies israéliennes dans la bande de Gaza. Il y avait 21 colonies », indique-t-elle.Ses motivations sont « idéologiques et religieuses », explique Daniella Weiss. À 79 ans, elle est à la tête de Nahala, un mouvement d’extrême droite qui veut recoloniser Gaza. C’est depuis sa maison, dans une colonie qui surplombe la ville palestinienne de Naplouse, qu’elle prépare le retour dans l’enclave palestinienne. « C’est à cette table qu’on s’est assis et qu’on a décidé de former des groupes de personnes qui veulent s’installer à Gaza, immédiatement », raconte-t-elle. « J’ai même écrit au Premier ministre, Benyamin Netanyahu. Je lui ai dit que j’avais 500 familles qui étaient prêtes tout de suite. Et quand je dis tout de suite, ça signifie que si je les appelle là, d’ici ce soir, on aura établi sept colonies à Gaza » ajoute Daniella Weiss.À lire aussiEn Cisjordanie, le nombre de colonies sauvages explose depuis le début de la guerre« Moi, je n'ai pas à faire preuve de prudence »Et pourtant, le Premier ministre a été clair à ce sujet : « Il n’y aura pas de colonies israéliennes à Gaza », a déclaré Benyamin Netanyahu.« Vous pouvez le croire si ça vous fait plaisir… Mais si vous analysez les discours de Netanyahu au sujet de Gaza, vous verrez qu’il nous laisse une ouverture », pense Daniella Weiss. « Il nous permet de faire pression et de nous exprimer librement. Je comprends que Netanyahu doit être prudent. Il subit des pressions américaines (les États-Unis s’opposent à la colonisation, NDLR). Mais Dieu merci, moi, je n’ai pas à faire preuve de prudence. Et je peux le dire clairement : si Netanyahu souhaitait vraiment me faire taire, il aurait pu. Mais il ne le fait pas. »À lire aussiCisjordanie: les colons israéliens dénoncent une ingérence de la France après l'annonce de sanctions« Nous transformerons la bande de Gaza en Singapour ou en Côte d'Azur »D’un côté, l’idéologie et la religion, mais de l’autre, il y a le droit international, qui leur interdit non seulement de vivre ici en Cisjordanie, mais qui leur interdit aussi de retourner à Gaza. Pourtant, Daniella Weiss ne transige pas.« Je dirais que ce qui s’est passé le 7 octobre a changé le cours de l’histoire. Avant le 7 octobre, l’idée de retourner à Gaza ne m’avait même pas effleuré l’esprit. Même si j’avais été évacuée de Gaza, quelques années auparavant. J’avais fini par me dire : ''Réfléchis… Nous avons un grand projet qui repose sur des textes bibliques. Mais nous avons aussi un pays, un État. Il faut apprendre à se contenter de ce qu’on a déjà''. Mais maintenant, c’est différent : plus vite les Gazaouis partiront dans d’autres pays, mieux ils se porteront. Et nous transformerons la jolie bande de terre de Gaza en Singapour ou en Côte d’Azur, si vous préférez », avance-t-elle.Et pour parvenir à ses fins, Daniella Weiss plaide pour le siège total de Gaza : « Pas d'internet, pas de téléphone, pas de nourriture, et pas d'eau » afin de pousser les Gazaouis au départ. 
En Allemagne, l’invasion de l’Ukraine a mené à une douloureuse remise en question de l’ensemble de l’édifice de la défense nationale. Augmentation des dépenses, refonte de la Bundeswehr… Le chantier est colossal pour le nouveau ministre social-démocrate des Armées, Boris Pistorius. La Bundeswehr compte aujourd’hui 180 000 soldats, mais doit passer à 205 000 hommes et 60 000 réservistes pour couvrir les besoins de la Défense d'ici à 2031. Depuis des décennies, l’armée allemande se rend dans les écoles à des fins pédagogiques, des visites qui font débat dans le pays. De notre correspondante à Berlin,Une quarantaine de lycéens de Berlin vient d’assister à un discours de l’Assemblée générale de l’ONU dénonçant le manque de libertés politiques en Russie. Nous ne sommes pas à New York, mais dans un centre de loisirs des environs de la capitale. Et l’orateur n’est pas un représentant des États-Unis, mais l’un des professeurs de nos lycéens.Les élèves participent dans le cadre de leur cours d’éducation civique à un jeu de rôle sur la politique mondiale organisé par la Bundeswehr, l’armée allemande. La session dure une semaine et fait le tour des enjeux géopolitiques, du terrorisme aux conflits mondiaux, en passant par les trafics de stupéfiants ou les migrations. Comme à l’ONU donc, mais ici, ce sont les élèves qui proposent des solutions.L'armée dans les écolesEn Allemagne, des officiers sont spécialement formés pour expliquer à la jeunesse le rôle d’une armée parlementaire dans un pays démocratique. Le capitaine Jan Czarnitzki, contrôleur aérien dans l’armée de l’air, est l’un des animateurs du jeu de rôle. « On nous soupçonne souvent de venir dans les écoles pour y faire du recrutement. Mais ce n’est pas du tout ce que nous faisons. De toute façon, nous n’avons pas le droit de le faire. Nous informons sur la politique de sécurité. C’est le point central de notre action, explique-t-il. Bien sûr, il y a toujours des élèves qui s’intéressent à la Bundeswehr, en tant qu’employeur. La seule chose que nous pouvons faire dans ces cas, c’est de les diriger vers le service d’orientation de l’armée. »Les interventions de la Bundeswehr dans les écoles font débat en Allemagne. « Nous, au GEW, nous voyons ces interventions de façon très critique, car les officiers vont dans les classes pendant les cours, prennent des heures, des enseignants, en général pendant des heures d’éducation civique et politique. Or, nous sommes d’avis que l’éducation politique doit revenir aux enseignants qui sont formés pour ça. Le jeu politique en soi est certainement très bien sur le plan didactique, oui, mais il n’est pas équilibré en ce sens qu’il suit une logique de guerre et de l’escalade de la violence. Assez souvent, ce jeu se termine par un scénario de guerre nucléaire », précise Martina Schmerr, du syndicat des enseignants GEW.94 officiers de la jeunesse vont d’école en école, à travers le pays. Avec l’invasion de l’Ukraine, la demande a augmenté du côté des établissements scolaires. Les besoins de l’armée en nouvelles recrues aussi. De quoi relancer le débat autour des interventions de l’armée dans les écoles.À lire aussiAllemagne: débats passionnés et querelles autour du soutien à l'Ukraine
Au début du conflit en Ukraine, fin février 2022, certains équipements militaires ont été mis sur le devant de la scène. Un outil entre tous a bénéficié d’une grande publicité : le drone tactique turc Bayraktar TB2. Utilisé massivement contre l'armée russe, ce drone « low cost » est même allé jusqu’à s’imposer dans la pop culture locale, des chants ayant été composés pour lui rendre hommage. Ce succès illustre l'importance des drones dans le développement de l'industrie de défense turque, mais aussi dans la propagande politique sur la scène intérieure. De notre correspondante à Istanbul,Il n'aurait pas rêvé meilleure publicité. Une semaine après le début de l'invasion russe, les forces ukrainiennes publient un clip vidéo à la gloire d'un héros de 650 kilos et 12 mètres d'envergure : le Bayraktar TB2. Un drone que les armées de Kiev utilisent pour bombarder les convois militaires russes, et qui a même aidé à couler le Moskva, le navire amiral de la flotte russe en mer Noire.Ce drone est turc, sorti des lignes de production de BaykarMakina, entreprise en pleine expansion, symbole des ambitions de l'industrie de défense turque. Dans le dernier classement de l'institut de recherche Sipri, Baykar figure à la 76ème place des entreprises d'armement ayant encaissé le plus de recettes en 2022 dans le monde. Et même si le revenu total de ces entreprises a baissé, c'est tout le contraire pour Baykar. Ses recettes sur un an ont bondi de 94%, un record.Moins cher que ses concurrentsSi les affaires marchent si bien pour l'entreprise Baykar – dont le directeur technique, Selçuk Bayraktar, est le gendre du président turc Erdogan – c'est que les TB2 sont un vrai succès à l'export. Une trentaine de pays ont signé des contrats, dont une vingtaine ont déjà été livrés, y compris à des alliés de l'Otan comme la Pologne ou l'Albanie, ou en Afrique, de la Somalie au Mali, de l'Éthiopie au Burkina Faso.« Non seulement il est moins cher que ses concurrents, mais il est efficace, donc le rapport qualité/prix est très intéressant pour les potentiels acheteurs. Il a fait ses preuves sur des terrains très différents, de la Libye à l'Ukraine en passant par le Haut-Karabakh, explique Sine Özakarasahin, consultante défense et sécurité. Le Bayraktar s'est notamment montré efficace pour frapper des cibles parfois difficiles à atteindre par les systèmes conventionnels, tels que les trains ou les convois de soutien logistique. Dernier élément, et non des moindres : la Turquie se montre particulièrement présente, par rapport à ses concurrents, dans ce qu'on pourrait appeler le service après-vente et le partage de technologies avec les pays acheteurs. »Le drone de combat TB2, son successeur le TB3 et ses cousins plus ambitieux – l'Akinci, le Kizilelma – sont la vitrine d'un objectif de plus de 50 ans, dont Recep Tayyip Erdogan a fait une priorité : l'autonomisation stratégique de l'industrie de défense turque, avant tout pour fournir ses propres forces armées. Le pays est encore loin d'être autosuffisant, mais pour ce qui est des drones, c'est déjà le cas : l'armée turque n'utilise plus que des appareils fabriqués localement, et elle les utilise de façon intensive dans ses opérations contre les séparatistes kurdes – en Syrie, en Irak, mais aussi sur son territoire. Selon Sine Özakarasahin, c'est un autre facteur du succès des drones turcs – succès technologique et succès commercial.« Lorsque vous proposez un produit à l'export, c'est important de pouvoir expliquer en détail ce qu'il est capable de faire. Comme la Turquie utilise elle-même ses drones dans des conditions de combat réelles, de façon massive et dans des géographies très différentes, elle dispose de données extrêmement précises, obtenues à l'épreuve du terrain, ajoute-t-elle. Cela a un impact important sur sa politique d'exportation, mais aussi pour les producteurs, puisque cela nourrit en permanence leurs efforts de recherche et développement. »« Diplomatie du drone »La Turquie mène aussi ce que les experts appellent une « diplomatie du drone ». Les contrats à l'export servent à renforcer les liens avec des pays amis, ou avec lesquels Ankara s'est récemment réconciliée. Et c'est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit de production conjointe, comme c'est le cas avec l'Ukraine, l'Azerbaïdjan et même, plus récemment, l'Arabie saoudite.Pour le pouvoir turc, les drones de combat sont aussi un outil de propagande sur la scène intérieure, lors des campagnes électorales et chaque année lors du Teknofest, le grand salon de l'armement organisé par l'entreprise Baykar. Les fleurons de l'industrie y présentent leurs derniers modèles à des centaines de milliers de visiteurs. L'événement a beaucoup de succès auprès de la jeunesse.Mücahit, 21 ans, s'est rendu l'an dernier au Teknofest d'Istanbul, en pleine campagne électorale pour la présidentielle. Au cours de cette campagne, le pouvoir a prétendu que Kemal Kiliçdaroglu, le candidat de l'opposition face à Recep Tayyip Erdogan, donnerait un coup d'arrêt aux projets de développement des drones en cas de victoire dans les urnes. L'opposition n'a rien dit de tel, mais Mücahit y a cru.« Je n'ai jamais entendu l'opposition dire qu'elle allait continuer à soutenir les projets de drones si elle était élue. Je crois même que Kiliçdaroglu avait menacé de “toucher” aux drones. Qui sont-ils pour dire ça ? Investir dans les drones, ça veut dire augmenter notre indépendance nationale, ça veut dire être capable d'imposer nos positions sur la scène mondiale. »Des ambitions d'indépendance dont les drones de combat ne sont pas – loin de là – les seuls instruments, mais auxquelles ils contribuent. Ces quatre dernières années, les importations turques d'armement ont baissé d'environ un tiers. Le pays affirme produire aujourd'hui 80% des besoins de sa défense nationale, contre 20% il y a 20 ans.À lire aussiBayraktar TB2: comment le drone turc, «star» de la guerre en Ukraine, a séduit les armées africaines
En Chine, après plus trois ans de tourmente, la faillite d’un fond fiduciaire, devenu symbole de la crise immobilière que traverse le pays, a été actée le 1er avril dernier. De nombreux petits investisseurs en difficulté ont dû ravaler leur colère pour signer le plan de remboursement proposé par les autorités. De notre envoyé spécial à Chengdu,Des policiers en civils, des individus qui vous traitent « d’espions » avant même que vous ayez pu poser une question... Les abords du Sichuan Trust Fund à Chengdu étaient encore très surveillés ces derniers jours. Après une dizaine de coups de fil dans la capitale de la province du Sichuan, le téléphone sonne souvent dans le vide et quand cela décroche, la même réponse. « Si c’est à propos du fonds du Sichuan, mon téléphone est surveillé par la police locale. » Depuis que le fonds de placement du Sichuan s’est déclaré insolvable en 2020 avec une dette de 3,2 milliards d’euros, le gouvernement provincial et les régulateurs ont repris la main. Au moins 300 personnes sur plus de 8 000 investisseurs ont refusé le plan gouvernemental visant à leur restituer une fraction de leur argent. Harcèlement, intimidations, interrogatoires de police à répétition, menace sur les enfants ont fini par étouffer la contestation. Depuis quelque temps, les manifestations sont plus rares, confie ce riverain croisé sur la promenade de la rivière du sud, non loin du siège de l’institution encore entouré par des barricades vertes datant de l’ère Covid.« Il y a quelques jours, il y avait des manifestants ici. Une grosse dizaine, tout au plus, et encore plus de policiers. Ils ont été aussitôt réprimés. Qui ose se révolter aujourd’hui ? On a beaucoup d’étrangers maintenant en ville. Des Kazakhs, des Russes et même des Japonais. Chengdu est considérée comme une ville très ouverte. Ils ne vont pas laisser le chaos s’installer », explique l'homme.25 milliards de yuansCe « coup de tonnerre des 25 milliards de yuans » de dettes, comme l’ont qualifié les médias chinois, a suscité une vaste colère et inquiété les autorités d’une province qui compte plus de 80 millions d’habitants. En 2021, la police a arrêté l’actionnaire principal Liu Canglong pour détournement de fonds. Ce magnat des mines était autrefois l’homme le plus riche du Sichuan, rappelle l’agence AP.Croisement entre une banque et un fonds d’investissements, certaines sociétés fiduciaires présentent leurs offres comme fiables et à rendement élevés garantis par le gouvernement. C’était le cas du fonds de confiance du Sichuan, deuxième société fiduciaire à faire faillite après le Xinhua Trust, suite à de mauvais investissements, notamment dans des centres commerciaux.Comme d’autres, Monsieur Cai y a cru. Il a investi toutes ses économies 1,6 million de yuans (un peu plus de 200 000 euros) dans le fonds. Il se dit aujourd’hui impuissant et parle de « pillage » de l’État. Sous la pression des autorités, il a accepté de signer l’accord proposé qui prévoit 80% de remboursement pour les investissements de moins d’un million de yuans, 70% pour moins de 6 millions de yuans, 50% entre 6 et 10 millions de yuans et 40% pour les montants dépassant les 10 millions. « Moi, je n’ai pas fait confiance au fonds de placement du Sichuan, j’ai fait confiance au gouvernement et au Parti. Parce que justement, ce fonds opérait soi-disant avec les garanties de l’État. Que peut-on faire, nous, les citoyens ordinaires ? On ne peut que verser des larmes de sang. Quand le gouvernement perd sa honte, que peut-on faire ? On ne peut que signer et espérer récupérer une partie de son investissement », déplore-t-il.Au cours des trois dernières années, plusieurs fonds fiduciaires de renom ont manqué à leurs obligations de paiements en Chine. Les autorités devant faire face au dilemme cornélien de la maitrise de la dette qui conduit à une baisse des prix de l’immobilier et donc à une consommation en berne qui ralentit la croissance.À lire aussiImplosion de l’économie mondiale liée aux surcapacités chinoises, les craintes de Janet Yellen
La Russie a lancé sa campagne de conscription militaire de printemps depuis une semaine. Des dizaines de milliers de jeunes âgés de 18 à 30 ans sont concernés. L'armée russe a réitéré que ces nouvelles recrues ne seront pas envoyées en Ukraine. Elle sait que c’est une crainte des familles, d’autant plus que cela s’est produit au début du conflit en 2022. C’est le cas d'Irina Chistyakov 45 ans qui vit à Petrozavodsk en Carélie, près de la frontière de la Finlande. Cette mère a cherché son fils conscrit disparu en Ukraine pendant deux ans, où il a été envoyé se battre, dit-elle, sans jamais l'avoir su. Contre vents et marées et secouant la hiérarchie militaire, Irina a fini par retrouver le corps de son fils et l’a enterré le 4 avril dernier. L’énergie et la volonté d’Irina sont rares, en revanche, la présence de conscrits en Ukraine au tout début de la guerre dépasse largement son cas individuel. Dès mars 2022, on a entendu des familles demander où étaient leurs enfants effectuant leur service militaire. On ne sait pas combien exactement ils ont été à avoir signé, sous la pression ou non, des contrats. Mais leurs familles disent toutes la même chose : qu’ils n’ont jamais signé pour aller se battre, mais pour « faire des exercices » près de la frontière.Irina est convaincue que son fils a été captif en Ukraine et qu’il y a subi de mauvais traitements. C’est la conclusion qu’elle tire après avoir vu son corps brutalisé à la morgue de Rostov. Si elle juge des encadrants de l’armée russe responsables de la mort de son fils qui n’aurait jamais dû se trouver en zone de guerre, désormais elle dirige aussi sa colère contre l’Ukraine et ses soutiens occidentaux.Les médias russes ont rendu compte d'une enquête sur la présence de conscrits en Ukraine au printemps 2022. Officiellement, douze officiers ont été sanctionnés pour 600 conscrits envoyés en zone de guerre alors qu’ils étaient en plein service militaire. Les autorités l’assurent : ceux qui n’ont pas été tués ou fait prisonniers ont été renvoyés dans leurs foyers, sous ordre de Vladimir Poutine. Reste qu’aujourd'hui encore, des corps – conscrits ou non – sont toujours difficiles pour les familles à retrouver et à identifier. Durant sa quête de deux ans, Irina a ainsi rencontré d’autres femmes dans la même situation qu’elle et a dans un chat Telegram dédié, signalé des informations sur les corps qu’elle examinait à la morgue. Elle assure avoir aussi échangé avec des femmes côté ukrainien et avoir aidé à 1 000 identifications d’hommes envoyés combattre côté russe.À lire aussiGuerre en Ukraine: quelles perspectives pour le conflit en 2024?Suivez nos dernières infos, reportages et émissions sur la guerre en Ukraine qui fait face, depuis le 24 février 2022, à une invasion militaire de la Russie. Et suivez l’actualité sur notre site en ukrainien ici
Il y a six mois, le choc et l’effroi. Le 7 octobre, Israël vit le pire massacre de son histoire. Près de 1 200 personnes sont tuées par le Hamas. Près de 250 autres sont également enlevées. En représailles, l’armée israélienne écrase Gaza sous les bombes. Tue plus de 33 000 personnes, détruit les maisons, les hôpitaux, bloque l’entrée de l’aide humanitaire, et affame la population. Israéliens, Palestiniens, chacun ses morts, chacun son drame. Une rencontre inédite ce matin avec un jeune Gazaoui, à la fois arabe palestinien et juif israélien. L’enfant de deux peuples qui se disputent une terre.  De notre correspondant à Jérusalem,Il s’appelle « Adièle Malka », mais aussi « Mahmoud Saydam ». Adièle Malka et Mahmoud Saydam. Même personne. Deux prénoms, deux noms, deux identités. Il est arabe et juif. Palestinien comme son père et Israélien comme sa mère. « Mon père est originaire de Gaza, il est musulman. Et ma mère est une juive d’Ashdod. Mon père a commencé très jeune à travailler dans une ville près de Beer-Sheva, en Israël. Il avait à peine 14 ans. Il a appris à lire et à écrire l’hébreu. À l’âge de 21 ou 22 ans, il a connu ma mère lors d’une fête et leur relation a commencé. »De cette histoire naît Mahmoud Adièle en 2002. La famille s’installe à Gaza. À l’époque, le Hamas n’est pas au pouvoir, et Israël n’impose pas de blocus sur l’enclave palestinienne. « De mon enfance à Gaza, je me souviens de la crèche, puis de mon école primaire. J’ai de bons souvenirs à la plage aussi. Je me souviens d’un restaurant où on allait, et de la période du ramadan puis de l’Aïd. Il y avait beaucoup de nourriture. C’était sympa, on se retrouvait en famille. »Mais cette insouciance n’a pas duré. « À partir de 2005, je crois, les problèmes ont commencé. Le Hamas est arrivé au pouvoir l’année suivante. Le Hamas n’aimait pas mon père. Il le considérait comme un agent à la solde des Israéliens, parce qu’il était marié à une juive. Ensuite, en 2008, le 27 décembre, je m’en souviens, c'était mon anniversaire, il y a eu la guerre. »À lire aussiGuerre Israël-Hamas: l'économie palestinienne en plein marasme« Du jour au lendemain, je suis devenu pleinement juif »C’est l’opération « Plomb Durci ». Israël mène des frappes aériennes à Gaza, puis lance une opération terrestre contre le Hamas. Dans la foulée, les parents de Mahmoud Adièle se séparent. Son père quitte Gaza, et trouve refuge à l’étranger. Lui, sa mère, son frère et ses deux sœurs, rentrent en Israël.« J’ai quitté Gaza avec un profond traumatisme, c’est à cause de ça que je bégaie. J’étais musulman, je priais comme les musulmans, je parlais arabe beaucoup mieux qu’aujourd’hui, et du jour au lendemain, je suis devenu pleinement juif. À la maison, on me répétait que j’étais juif, j’allais dans une école juive. L’islam et mon identité arabe, tout d’un coup, c’était fini. »Quatorze années sont passées. Gaza a connu cinq guerres. Adièle a grandi. Il vit à Jérusalem, uniquement en tant que juif israélien. Mais son identité palestinienne n’a jamais disparu. Le 7 octobre, l’attaque du Hamas et six mois de guerre à Gaza, sont un véritable déchirement pour lui. « Je suis tellement triste. Pourquoi il y a eu toutes ces violences ? Ici, il y a de la place pour tous. Ma grand-mère, ma tante et mon oncle vivent toujours à Gaza. Ma grand-mère a plus de 70 ans, et elle est malade. »Et pourtant Adièle ne peut rien pour eux, et n’a aucune nouvelle. Si proches et pourtant tellement loin. Il rêve d’une autre réalité. « Je suis la preuve vivante que Palestiniens et Israéliens peuvent vivre ensemble », conclut le jeune homme.  À lire aussiL'utilisation de l’IA par l’armée israélienne «implique des conséquences désastreuses pour les civils»
La 47e édition du marathon de Paris a lieu dans les rues de la capitale française ce dimanche 7 avril 2024. Plus de 50 000 coureurs amateurs vont s’élancer, avec un seul et même objectif : franchir la ligne d’arrivée après 42 kilomètres d’effort intense. Parmi ces valeureux aventuriers, un groupe d’amis et membres du même club de course à pied à Bussy-Saint-Georges, dans l’est parisien, n’en est plus à son coup d’essai. Des dizaines de marathons courus cumulés à eux cinq, le tout avec une particularité : l’un d’entre eux est non-voyant depuis plus de 20 ans. Cela n’a pas empêché ces amis de continuer à vivre pleinement leur passion, malgré les obstacles. Cette année, plus que les autres, le message envoyé est fort. Malgré un fort vent d’ouest et de la pluie par épisodes, rien ne pouvait empêcher Patrick et ses amis de venir réviser leurs gammes près des deux lacs de Bussy-Saint-Georges. L’échauffement est très classique : de la course fractionnée pour augmenter le rythme cardiaque, entrecoupée d’exercices bien précis pour éviter la blessure, à quelques heures du marathon de Paris. Si leur allure tout à fait normale pour un marathonien n’a rien d’étonnant, il est difficile de croire que parmi les cinq coureurs du jour, l’un porte des lunettes noires... car il est aveugle, guidé par deux compères grâce à une ficelle.« C’est Patrick qui me guidait »La soixantaine d’années passée, Patrick a encore un physique élancé, reconnaissable parmi les coureurs chevronnés. La course à pied n’a plus de secret pour lui : « Cela fait une quarantaine d’années que je cours. J’ai couru seul jusqu’en 2002. Je suis atteint d’une maladie dégénérative de la vue qui m’a conduit à la cécité totale aujourd’hui », explique Patrick, posé aux alentours du lac. « C’est mon 15e marathon de Paris. On est très content de partager l’aventure avec mon ami Ghislain qui va me guider pour la première fois sur une telle course. J’espère qu’on prendra beaucoup de plaisir », avoue le principal intéressé, adossé à son binôme.Ce sera une première en tant que guide pour le coureur d’origine réunionnaise, qui confie avoir eu un peu de pression lors des premiers entraînements : « Il m’a fait confiance dès la première sortie. J’ai été surpris car il m’a emmené vers des endroits particuliers, avec des obstacles sur la route. C’est lui qui m’a guidé finalement », lâche Ghislain. Il ajoute : « Il y a un certain nombre de gens porteurs de handicap qui souhaiteraient faire du sport, et par ce qu’on fait là, on peut les aider aussi. Le fait d’être aveugle n’oblige pas à attendre que ça passe, à rien faire. Il faut aller au-delà de ça. »« J’ai découvert des choses que je n’aurais sûrement jamais connues en étant valide »Le marathon de Paris n’est que la première étape d’une aventure humaine qui amènera le groupe d’amis jusqu’aux Jeux olympiques dans la capitale cet été. À la clé, une course de nuit avec 20 000 autres coureurs amateurs. Le marathon pour Tous sera l’occasion de reformer un duo. Patrick va retrouver son ami Hervé comme guide, pour boucler la boucle : « J’ai été le premier guide de Patrick en 2002, c’était il y a longtemps. C’est symbolique de se retrouver, car on est en fin de carrière, il ne nous reste plus beaucoup de courses à faire », ironise Hervé, cheveux au vent.« L’objectif, c'est de se faire plaisir pendant les Jeux, participer à la fête et courir le plus longtemps possible ensemble », annonce Patrick sous le regard amusé d’une de ses camarades. Véronique, elle aussi amatrice des longues courses à pied, lâche : « Les connaissant, ils vont courir ensemble et moi: je serai derrière ! » « Mon surnom sur les marathons ? Miss Turtle [Madame Tortue, NDLR], j’aime prendre mon temps et j’assume ! », avoue la coureuse d’une cinquantaine d’années, casquette vissée sur la tête et large sourire aux lèvres.Profiter oui, mais ne pensez pas que les cinq aventuriers n’ont pas des objectifs sportifs élevés : moins de 4h10 dix sur le marathon de Paris, pareil sur le marathon pour Tous même si le parcours est différent, explique Hervé, qui s’est bien préparé. « Il y a plusieurs côtes, notamment à Versailles, beaucoup de dénivelé. Ce ne sera pas un marathon facile, on fera ce qu’on pourra, mais sur le papier, c'est quatre heures ! », martèle-t-il.« La ficelle crée des liens, ce sera fort à Paris »La cécité de Patrick n’aura pas freiné l’engouement et l’ardeur de ses partenaires de club. Mieux encore, le coureur soixantenaire n’a jamais autant profité de sa passion ces dernières années : « C’est ma passion, j’ai toujours couru. Le handicap visuel m’a fait découvrir des choses que je n’aurais sûrement jamais connues en étant valide. Notamment faire des grandes courses avec les copains. On se fait embarquer dans des défis », lance le coureur. Il poursuit : « Je n’aurais pas fait des parcours de 100 kilomètres si je n’étais a pas atteint de cécité. Alors, si jeux donner un coup de pouce, ce sera gagné. »L’heure d’entraînement est finie et les chemins doivent se séparer. Certains retournent sur leur lieu de travail. Les autres, comme Patrick, rentrent chez eux au chaud et au pas de course. Jusqu’au bout, la course fera partie de leur vie, handicap ou pas, conclut fermement Patrick, avant de filer à vive allure : « La ficelle crée des liens, ce sera fort à Paris. Il n’a plus de handicap en fait. Quand on boit une bière, on boit une bière. À l’arrivée, on espère faire tous la fête, ensemble. »
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