L’Australie impose de nouvelles conditions d’entrée pour les étudiants étrangers
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C’est l’un des pays qui accueille le plus d’étudiants étrangers au monde : ils sont près d’un million et représentent une source considérable de revenus pour les universités, parfois jusqu’à 40% de la population estudiantine. Accusés d’aggraver la crise du logement, le gouvernement a décidé de réduire significativement le nombre d’étudiants étrangers au risque de plonger dans la tourmente le secteur de l’éducation tertiaire, poids lourd de l’économie du pays pesant plus de 30 milliards d’euros.
De notre correspondant à Sydney,
Vaches à lait pour les uns, boucs émissaires pour les autres, les étudiants étrangers sont actuellement en Australie au cœur de toutes les discussions. Ils représentent à eux seuls la moitié de tous les immigrés arrivés en Australie en 2023. Ils sont pointés du doigt par certains, qui les estiment responsables de la forte tension sur le marché immobilier. Les loyers ont en effet augmenté de près de 10% en un an dans les grandes villes du pays et la part des logements vacants, à Sydney par exemple, est inférieure à 1%.
Mais pour le spécialiste de l’immigration Abdul Rizvi, le rôle joué par les étudiants étrangers dans cette crise est largement surévalué. « Les étudiants, en général, vivent dans des résidences étudiantes, près des universités, pas dans les banlieues pavillonnaires où la tension est la plus forte sur le marché de la location. Donc oui, ils participent à la pression sur le marché immobilier, mais les accusations à leur encontre sont exagérées. »
Pourtant, le gouvernement a décidé, il y a quelques mois, de plus que doubler le prix des visas étudiants et d’exiger désormais que ces derniers disposent d’au moins 18 000 euros sur leur compte en banque pour obtenir un titre de séjour. Il compte par ailleurs instaurer des quotas et limiter à 270 000 le nombre de visas délivrés l’année prochaine, soit une baisse de plus de 15% par rapport à 2023.
Les emplois menacés dans le secteur
Une catastrophe dont les conséquences se font déjà sentir d’après Luke Sheehy, le président de Universities Australia, qui représente la filière : « Le gouvernement a déjà délivré 60 000 visas de moins au cours des six premiers mois de l’année, ce qui menace 1 400 emplois dans le seul secteur universitaire. Et les quotas annoncés auront un impact sur d’autres emplois. »
Plusieurs universités ont d’ores et déjà annoncé des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars et des centaines de suppressions de postes dans l’enseignement et la recherche. Par ailleurs, certains regrettent que le débat n’ait porté que sur l’immigration et pas sur l’éducation, alors qu’elle est directement concernée. C’est le cas par exemple de Nico Louw, chef économiste du Menzies Research Centre : « Dans certaines filières universitaires, il y a 70, 75, voire 80% d’étudiants étrangers, ce qui abaisse la qualité de l’éducation dispensée. Nous pensons que plutôt qu’un quota global, il faudrait fixer des limites par cursus, ce qui permettrait de régler les deux problèmes à la fois, celui de l’éducation et de l’immigration. »
Plusieurs témoignages de professeurs soulignent en effet que face à certains étudiants étrangers au niveau d’anglais faible, ceux-ci ont tendance à simplifier leurs cours. Cette proposition de quotas par filière avait été faite par une commission sénatoriale, Mais elle n’a finalement pas été retenue par le gouvernement, qui compte faire voter ces nouveaux quotas au Parlement à la mi-novembre.