« Es-tu féministe ? » : c’est par cette simple question qu’une correspondance, parfois conflictuelle mais toujours constructive, a commencé sur des sujets aussi sensibles que cruciaux. Dans ce podcast de 25 épisodes, vous entendrez tous les jours à partir du 31 octobre l’autrice Sandrine Velasco et l’auteur Brice Torrecillas échanger sans tabous opinions et confidences sur les thèmes de la féminité, de la masculinité, de la séduction et du désir, du patriarcat et du devoir conjugal, de l’écriture inclusive, de l’amour, de l’amitié... Des propos tout à la fois intimes et politiques pour questionner le monde dans lequel on vit. Et peut-être l’améliorer...Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Chère Sandrine, Ça commence très fort. « Es-tu féministe ? », voilà la question que tu me poses d’entrée de jeu. Comment veux-tu que je te réponde ? Si je me risque à prétendre que oui, j’entends déjà le chœur des gens, dont tu seras peut-être au premier rang, qui s’appuieront sur certains de mes comportements ou certains de mes propos pour me traiter de menteur et de machiste. Il faudrait d’abord s’entendre sur le sens de ce mot. Si l’on est féministe quand on considère que les femmes sont, comment dire, en « valeur humaine » égales aux hommes, que notre société l’oublie trop souvent et qu’il faut rééquilibrer la situation le plus vite possible, je suis ton homme – euh, je suis féministe. Si l’on est féministe quand on se comporte sans a priori sur le genre dans la vie de tous les jours, je crains de ne pouvoir prétendre à ce titre de gloire, et je te fais confiance pour déceler toutes mes failles. Pas des gouffres, Sandrine, n’exagère pas : des failles ou, si tu préfères, des fossés. Mais si l’on est féministe quand on considère qu’il n’existe aucune spécificité des sexes, alors non seulement je ne suis pas féministe mais je ne veux pas l’être. Comprends-moi bien : je me fous pas mal qu’une nana ait des allures ou un comportement de mec, mais je persiste à penser qu’il y a de manière générale – je souligne : de manière générale – des différences entre un homme et une femme qui n’obéissent pas à une construction sociale. Cela ne signifie pas que l’on doive hiérarchiser, placer si j’ose dire un sexe au-dessus de l’autre. Mais ça m’ennuie quand, au nom d’une juste cause, on cherche à nier cette évidence car la richesse naît de la diversité, tu ne crois pas ? Je ne suis pas le plus viril des hommes mais il y a entre toi et moi des différences qui ne dépendent pas de notre âge ou de notre éducation. Des différences qui tirent leurs sources de nos chromosomes, de nos hormones, de rouages biologiques trop complexes pour ma petite tête, et qui me réjouissent car je n’arrête pas de me demander : « Mais comment ça se passe dans leurs têtes à elles ? ». À une époque où l’on pouvait chanter ce genre de choses, Souchon voulait voir sous les jupes des filles. Je ne peux que le comprendre, mais sous leurs crânes, ça m’intéresse aussi. Et si tu t’intéresses un peu à ce qui se passe sous le mien, je te dois un aveu. Quand j’ai dit tout à l’heure « Je me fous pas mal qu’une nana ait des allures ou un comportement de mec », ce n’est pas tout à fait exact. Je m’en fous pas mal sur le papier mais, dans mon quotidien, je suis davantage choqué par une fille qui hurle au lieu de parler, qui dit « Quel enculé » ou « Je m’en bats les couilles », qui se bourre la gueule à la Heineken, qui rote entre deux gorgées, qui pète à pleins tubes, qui sent le fennec mouillé et qui préfère filer un coup de poing plutôt qu’une gifle. Aïe, pas sur la tête, Sandrine ! Je plaide coupable, et je veux bien que tu m’aides à analyser pourquoi et à me débarrasser de ces mauvais réflexes. Toi et tes frangines, déconstruisez-moi. Déconstruisez-moi, oui mais pas tout de suite... Pas trop vite… Une poignée de main virile. Non, je déconne : de gros bisous de ton Brice Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Mon cher Brice, Après une semaine agitée de mes multiples vies, je prends enfin le temps de répondre à ta lettre sous ce soleil éblouissant de février. Tu le sais, j'ai le jeu franc et l'abordage frontal, même si je suis capable d'une diplomatie extrême, il y a des contextes qui m'invitent à ne pas tourner autour du pot. Nous nous connaissons peu et en même temps j'ai ce sentiment que tu es déjà mon ami. Je ressens un espace possible avec toi de confidence, de confiance et de respect. Nous nous taquinons joyeusement à chaque fois que nous nous croisons. Et cela m'évoque deux choses. La première c'est que je ne te fais pas peur. La seconde, c'est que tu ne me fais pas peur non plus. Cela peut te paraître évident dans les choses que tu vis. Pour ma part, je me méfie des hommes pour de très bonnes raisons, encore plus de ceux de notre génération, car malgré notre écart d'âge, nous sommes de la même. Et que je ne t'effraie pas est assez étonnant également, car en général, c'est l'image que l'on me renvoie : une femme indépendante et flippante. Les hommes sont en général vite embêtés de ne pas trouver les chemins habituels (paternalistes ou prédateurs) de communication avec une "bestiole" comme moi. Mais avec toi c'est simple et la franchise, me semble la base essentielle de cet échange, pour que nous puissions toustes deux aller à l'essentiel. (Tu auras sans doute remarqué ce premier mot d'écriture inclusive, qui je suis certaine vient faire grincer ton cerveau académique, j'y reviendrai plus tard.) Alors oui, je t'ai d'abord demandé si tu penses être féministe, car pour discuter du sujet de l'écriture inclusive il faut poser ses fondations. Je me souviens lorsque je t'ai donné la définition de CIS genre et de ta réaction. Tu pensais que ce terme était une insulte faite aux mâles blancs hétérosexuels. Je me suis alors dit que toutes ces notions, tous ces mots posés ne sont pas assez racontés et que toutes ces nouvelles notions vont très vite, pour que nous puissions nous entendre et continuer notre dialogue pour gagner l'égalité de genre dans notre monde. Ta réponse est d'une honnêteté sans faille. Et je ne me permettrai pas d'exagérer sur tes paradoxes, sauf pour en rire, ensemble ! Et oui, tu es à l'image de beaucoup de mes amis garçons, tu es" mon homme" pour être féministe mais tu n'es pas toujours sans transporter les clichés du genre et plutôt réfractaire à faire l'effort de se débarrasser de ces reflexes sexistes (oooooh on ne peut plus rire...-un pas glissant avant de me dire que je n'ai pas d'humour-). Et je te dirais que c'est normal, mais que c'est là que moi j'aimerais que ça bouge vois-tu. C'est hélas normal, car nous avons intégré le patriarcat depuis si longtemps (et pas depuis la préhistoire hein, la Guerre du Feu n'est pas un documentaire mais bien une fiction et l'histoire, enfin la pré-histoire que l'on veut bien se raconter,). Toi et moi aussi. Moi être bonne femme, si moi être bonne mère, bonne épouse et bonne tout court. Toi être bon mâle, si toi être fort, si toi être viril, si toi être courageux... --- WOKE IN PROGRESS --- Quand je t'ai rencontré je t'ai tout de suite aimé. Pas parce que tu es un homme. J'ai aimé la malice qui brille dans tes yeux, ton sourire innocent et ton esprit vif. Tu aurais parlé fort pour qu'on ne regarde que toi, dit « Quel enculé » ou « Je m’en bats les couilles », bourré à la Heineken, tu aurais roté entre deux gorgées, pété à pleins tubes, tu aurais senti le fennec mouillé... Je ne t'aurais peut-être, sûrement, pas aimé tout de suite -ou jamais-, car la vulgarité ce n'est pas mon truc et j'aime bien que tu sentes bon. Pour répondre à ta chansonnette qui venait conclure ta première lettre (sur l'air d'Au clair de la lune) : Déconstruit toi tout seul, tu es grand garçon L'apprentissage autonome est preuve de raison J'ai d'autres choses à faire, un enfant à nourrir, Et je te fais confiance pour te reconstruire. Bisous
Ma chère Sandrine, Ces mots depuis Fuerteventura, une île des Canaries où j’ai eu le plaisir et le privilège d’atterrir pas plus tard qu’hier, et où je vais séjourner une semaine. Le contexte idéal pour répondre à ta lettre que je vais finir par connaître par cœur à force de la lire. J’ignore où va nous mener cet échange. Quand nous l’avons décidé, j’imaginais que nous allions créer un spectacle selon des règles plus ou moins éprouvées, des ingrédients bien pesés tels que l’humour ou les larmes, en caricaturant au besoin nos opinions pour des raisons d’efficacité dramaturgique. J’imaginais une espèce de comédie dotée d’un titre lorgnant du côté de La Fontaine : « La woke et le vieux con ». Désormais, je ne sais plus trop où l’on va, je ne sais si l’on tirera un spectacle ou un livre de cette correspondance, et tu sais quoi ? Je m’en fous. Notre entreprise, même si le terme n’est pas très beau, gagne en sincérité et en subtilité. Je me borne à profiter de ma chance : te découvrir dans toute ton intimité, toi que je connais si peu. Et je me découvre moi-même dans le même élan. L’écriture, c’est aussi fait pour cela : découvrir ce qu’on pense. Une précision pour commencer. J’ai dû mal m’exprimer dans ma lettre précédente. Quand j’écrivais : « Je persiste à penser qu’il y a, de manière générale, des différences entre un homme et une femme qui n’obéissent pas à une construction sociale », je voulais signifier qu’il existe selon moi des différences fondamentales entre les genres qui échappent à cette construction. D’accord, la société souligne et accentue ces différences, voire en crée certaines de toutes pièces. Pour autant, de la même manière qu’on peut distinguer les mâles des femelles chez les animaux où il n’est pas question de culture, on peut de manière générale, pour reprendre mon expression, distinguer les hommes et les femmes par-delà leurs organes génitaux. Ça ne signifie pas à mes yeux qu’on ne peut pas sortir de ces deux colonnes. On peut en tracer deux ou trois, voire quatre ou cinq supplémentaires. On peut ne se reconnaître dans aucune d’entre elles, ou foutre un peu le bordel dans la sienne : je sais que nous sommes riches et complexes, qu’il y a non seulement entre les êtres mais aussi dans chaque être lui-même plus de cinquante nuances de gris. Au passage, je te signale que tu peux ranger tes crayons et ton papier Canson, même si j’aurais adoré découvrir tes talents de dessinatrice. J’ai appris il y a un bout de temps qu’il ne faut pas confondre le sexe biologique et le genre. Je ne connaissais pas, en revanche, le terme « genderbread » et je suis donc allé comme tu me le suggérais faire un tour sur internet. Et là, une chose m’a frappé. Pour expliquer que le genre n’est pas binaire, on s’appuie sur quatre critères : l’identité, l’attirance, l’expression, le sexe. Mais pour se situer, selon le schéma que le site propose, il faut évaluer dans chacun de ses aspects son degré de... masculinité ou de féminité. --- WOKE IN PROGRESS --- Je t’en reparlerai dans mes prochaines lettres car mille réflexions me sont venues en lisant la tienne, et je ne voudrais pas être trop long. Oublions aujourd’hui l’écriture inclusive. J’aimerais terminer en te posant une question précise sur un passage qui m’a fait de la peine quand je l’ai lu. Face à la femme libre que tu es, tu ne trouverais que des hommes paternalistes ou prédateurs. « Prédateurs » : le mot est terrible. Comment le définis-tu exactement ? Plein de bises dans l’attente de ta réponse – j’ai une tâche urgente à remplir : prendre l’apéro au bord de la mer. À ta santé, évidemment. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Mon cher Brice, Je t'écris du Gers, au coin du feu, dans un magnifique endroit entouré de forêt en face du village de Marsolan (il me semble que tu connais bien le coin). Les jonquilles sont en fleurs. Venant d'un milieu plus que modeste, je mesure ma chance à chaque seconde d'être accueillie ici. Richevolte est une magnifique bâtisse, qui a été traversée par beaucoup d'artistes. Mais surtout c'est un endroit où le foyer est doux et protecteur, avec de belles personnes qui en sont les propriétaires, des gens qui agissent pour la cause des migrants dans notre pays, et ça vois-tu, ça me touche bien plus que les œuvres qui m'entourent. Ces quelques derniers jours, lorsque tu m'envoyais ta dernière lettre des Canaries, destination pour "enseignants à la retraite et senior milieu de gamme" selon Houellebecq*, j'emmenais mon fils au ski au milieu des rendez-vous professionnels organisés dans les Hautes Alpes. Et je me suis fait la réflexion suivante : nous vivions touste les deux les "vacances" d'un monde en extinction. Je ne sais si c'est la beauté de tes clichés sur facebook, instants éphémères d'un calme envolé de puffins cendré, ou la neige artificielle répandue pour donner l'illusion d'un hiver perdu qui m'a rappelé cet étrange moment que nous vivons, en conscience de la fin inéluctable de quelque chose. J'ai souri tendrement à la lecture de ta description de toi jeune homme, fin et poète, qui a su séduire les cœurs. Ça ne m'étonne pas, tu es toujours ce jeune homme, c'est bien lui que j'ai rencontré, avec quelques traces du temps en plus qui l'embellissent encore. Lorsque tu évoques tes relations d'amitiés fortes avec la gente féminine et leur ambiguïté, ça me rappelle ma déception profonde et mon sentiment de trahison lorsque mon meilleur ami m'a dit vouloir coucher avec moi au bout de vingt ans d'une amitié sans faille partagée. Je suis de cette espèce qui pense que l'amitié n'a pas de sexe. Je suis d'une espèce séductrice par nature, même face à un pigeon qui passe sous ma fenêtre, je fais les yeux doux au monde pour le traverser, sans aucune attente que le monde ne me pénètre en retour ! Même si je sais que l'amitié n'est qu'une des formes d'amour que nous éprouvons et que seule la peau nous sépare du reste, j'ai besoin de croire que le désir sexuel ne se fourre pas partout. Peut-être parce que la pulsion peu éduquée des garçons me met en alerte. Une femme libre que je suis... Ça me flatte que tu me vois comme ça. Et je le suis certainement à beaucoup d'égards. Et pourtant je me bats tous les jours pour le rester et certains jours, je me sens bien coincée dans mes systèmes de servitudes bien intégrés crois moi. Je serai moins aimable, si j'étais vraiment libre. Et si j'avais su rester libre, je n'aurai pas mon merveilleux fils. Je serai certainement plus égoïste et plus égocentrique. J'ai des territoires de liberté que je cultive, d'autres que j'ai abandonné. 50 nuances de gris comme tu dis si bien. --- WOKE IN PROGRESS --- Je te propose de m'arrêter là, et de revenir sur ton dernier courrier qui m'inspire encore, un peu plus tard. Il me semble que toi aussi tu souhaites prendre le temps de revenir sur quelques points. Alors revenons avant d'aller plus avant, travaillons notre terre pour qu'elle soit féconde, nous sommes encore en hiver... Juste te dire que Houellebecq devrait s'en tenir à écrire des romans de gare, c'est celui que j'ai préféré. Et que j'ai pris une grosse fessée d'une copine dyslexique sur facebook suite à un de mes posts en écriture inclusive. Je t'embrasse, je vais maintenant me laisser hypnotiser par le feu, un verre d'Horgelus à la main. A la tienne cher ami, ta santé est bien plus précieuse que quoi que ce soit. PS : J'envoie une proposition de podcast sur la base de nos échanges à Arte radio, je me dis que ce serait chouette sous forme audio et que chacune de nos voix lise la lettre de l'autre...
Ça me gonfle grave grave mais je suis submergé de boulot et ma réponse risque fort d’être tardive. Mais tu sais ce qu’on vient de me servir à la fin d’une conférence (voir photo) ? Des bisous Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Je suis sous l'eau aussi Ne t'inquiètes pas ! J'ai hâte de te lire quand tu le pourras. Merci pour les pensées et ce clin d'œil viticole. Bisous Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Surprise ! (Au fait, géniale, cette idée de podcast. Il faut qu’on en reparle) Ma chère Sandrine, Ah le Gers ! Un tout autre genre que les Canaries mais, à part la mer, il n’a rien à leur envier, et les Toulousains que nous sommes alourdissent beaucoup moins leur empreinte carbone en y allant. Je précise ceci car une amie « facebookienne » qui a vu mes photos m’a gentiment reproché d’avoir pris l’avion (ce monde est compliqué). Je fréquente ce département depuis des années pour mon boulot de journaliste : impossible de s’en lasser. --- WOKE IN PROGRESS --- Avec toi dans ce combat contre les cons ! C’est là que le mouvement Meetoo m’a ouvert les yeux. Au départ, j’en voyais surtout les excès et les dérives – que je déplore et dénonce encore – mais il m’a permis de réaliser à quel point le comportement de bien des hommes rendait la vie de bien des femmes difficile. Et il m’a permis aussi de balayer aussi devant ma porte. Tu m’interpelles à ce sujet : « On ne nous dit jamais autant que nous sommes belles que lorsque nous sommes tristes et fragiles. Intéressant non ? » Plusieurs manières d’analyser cette constatation. La beauté féminine est associée à la mélancolie, à la faiblesse, l’homme étant encore prisonnier de cette image issue notamment du Romantisme – tu connais la Dame aux camélias. Ou alors l’homme a peur des femmes et n’ose les approcher que s’il les sent désarmées. Ou encore, l’un n’excluant pas l’autre, l’homme est un cynique et se dit que la nana qu’il lorgne opposera moins de résistance s’il essaie de l’embarquer. On retrouve le schéma du chasseur et de la proie. Je te le redis : que les hommes, selon moi davantage agités par le désir sexuel, entreprennent le plus souvent le jeu de séduction ne m’étonne et ne me dérange pas. En revanche, j’aimerais qu’aucune femme désirée et draguée ne se sente comme un animal au bout d’un fusil. J’aimerais que, à l’abri de tout danger physique et moral, seuls ses propres désirs dictent sa conduite (je deviendrais pas un peu woke, moi ?). Je viens d’utiliser l’expression « Jeu de séduction » qui me pousse à t’interroger. Que perçois-tu derrière ces trois mots ? Est-ce que les notions de poses et de stratégie qu’ils recouvrent te mettent mal à l’aise ? Y a-t-il pour toi des règles précises à respecter ? Se montrer sous son meilleur jour pour charmer et convaincre, rien de plus naturel, il me semble. Je trouverais même dommage qu’on s’affiche tout de suite comme on est au quotidien. C’est beau, la drague... On s’habille bien, on cause bien, on se maquille, comme au théâtre... Je terminerai ma lettre sur ces questions auxquelles tu n’es même pas obligée de répondre. Encore une fois, tant pis pour l’épineux débat sur l’écriture inclusive ! Au fait, je m’aperçois que je ne t’ai pas précisé le contexte. Je ne me trouve aujourd’hui ni dans le Gers, ni aux Canaries, ni à Toulouse, mais dans mon village d’adoption, Collioure. N’en déduis pas que je passe ma vie en vacances : j’ai du boulot qui m’attend, ce boulot que j’ai décalé pour le plaisir de t’écrire. Et de t’embrasser à la fin de ma lettre (ça, c’est du jeu de séduction !) Brice PS : j’ai laissé de côté le mot le plus explosif de ta lettre. « Inceste ». Aller plus loin que son simple énoncé t’appartient. À très vite j’espère. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Quelle belle surprise ! Bonjour cher Brice, J'attaque sans surligner, je lis et je te réponds au fur et à mesure. Alors, non je ne suis pas "coloniste" de la croyance des colonnes, plutôt du genre entre les lignes de mon côté. Et je n'ai pas le cœur dans le vagin, ni aucun jugement pour celleux qui l'ont au bout de la queue ou dans l'abricot. Le sentiment de trahison est plus complexe que ça hein. Quand on se connait depuis 20 ans on se connait bien. Et dans cet aveu de désir il n'y avait rien de gratifiant crois moi. Je n'étais que l'objet bouche trou d'une nouvelle solitude éprouvée et insupportable. Il l'a reconnu lui même par la suite. Et nous nous aimons toujours aujourd'hui pour tout te dire. Quand je te parle de pulsion peu éduquée, je le pense. Je l'ai même étudié, dans les livres de sociologie et de psychanalyse ainsi que dans mes échanges sur la question sexuelle et pulsion non sexuelle dans mes huit années d'intervention en prison. Quand tu es une fille, on a tellement peur que tu tombes enceinte qu'on t'éduque à serrer les cuisses, ranger tes seins, baisser les yeux... Quand on naît garçon on te dit que le monde est à toi, que tu dois prendre pour gagner, on te sert, on te soigne... --- WOKE IN PROGRESS --- Je sais que tu n'as pas besoin d'être parfait pour être notre allié. Je ne suis pas parfaite non plus. Je sais que ce système patriarcal a la peau dure et que je le transporte aussi. Je suis persuadée que nous ne pourrons l'anéantir qu'ensemble. Mais il faudra passer à la suite et agir plutôt que d'essayer de m'allonger sur un divan, je paye déjà quelqu'un pour ça depuis fort longtemps, et pour le reste je ne suis pas consentante (rires) ! Le jeu de séduction, très cher, je le pratique. Je suis séduction toute entière. Dans mon amour du style, des paillettes que je mets sur et dans mes yeux, dans mes rires et mes rhétoriques ! Oui je te rejoins sur ce point, le monde serait triste, et je ne serais pas, si je ne pouvais séduire. Pour preuve les métiers que je choisis de faire, pour preuve mes nombreuses rencontres, pour preuve la façon certainement que j'ai de t'écrire ! La drague est un filet qui arrache le fond non ? J'aime les jeux de séduction, l'élégance et parfois le culot quand il est transporté par une intelligence indéniable. Je trouve que questionner la drague, les sifflets (que même ton chien il trouve ça vulgaire), les interruptions de conversation avec tes potes sans s'excuser pour te glisser une disquette (connais-tu cette expression ?), ça ne fait pas de mal à la séduction. Ça la ranime, cela oblige à être inventif, imaginatif et à ne pas se reposer sur les lauriers de la beauferie. Je ne crois pas que tu sois toujours en vacances, et cela serait le cas, tu ne serais pas moins intéressant à mes yeux. Je conclue ici en te disant que oui, dans ce que tu me racontes tu es autant woke que moi je suis CIS hétéra et que notre échange pourrait s'appeler aussi bien : la CiS et le woke in progress ! Je pars pour une semaine de résidence sur mon spectacle, je vais m'obliger à ne pas ouvrir ton mail si tu l'envoies. J'adore te lire et partager tout ça avec toi. On boit un verre à mon retour et avant mon prochain départ pour parler de cette histoire de radio ? BisousHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Commençons par mettre les choses au clair, ma chère Sandrine, même si j’ai bien noté les rires qui accompagnaient tes mots : je ne prétends pas du tout être ton docteur ou t’allonger sur un divan – ni ailleurs ! Je respecte trop qui tu es et ce que tu penses pour t’expliquer la vie du haut de ma grandeur (toute relative : je mesure 1m71). Je te donne simplement mon point de vue sur ce que tu me racontes. Aucun « mansplaining » là-dessous – tu vois, moi qui déteste les anglicismes, j’ai retenu ce terme qui stigmatise la condescendance avec laquelle certains hommes expliquent aux pauvres petites femmes ce qu’elles ont très bien compris sans eux. Ce qui ne signifie heureusement pas que je suis toujours d’accord avec toi. Je le suis évidemment quand tu dénonces le viol et les violences sexuelles ou physiques que subissent les femmes. Je le suis aussi quand tu remets en question la manière dont certains lourdauds peuvent draguer (et dont j’ai dû parfois faire partie, hélas... Au fait, je ne connaissais pas la délicate expression « glisser une disquette »). Je le suis un peu moins quand tu écris que les garçons estiment qu’il est normal pour eux de ne penser qu’à « ça ». La question, à mon avis, ne se pose pas en ces termes. Ce n’est pas normal ou anormal, c’est, tout simplement. Comme je te l’ai dit dans ma dernière lettre, la plupart des hommes ont très vite des idées qu’on peut juger mal placées si on ne les partage pas. Le leur reprocher, c’est aussi incongru que d’en vouloir à quelqu’un parce qu’il a faim ou soif. Mais s’ils ne peuvent empêcher l’éclosion de leurs désirs, ils ne doivent pas se laisser déborder ou guider par eux. Ils doivent résister à leurs pulsions, et, malgré les saloperies que tu as subies, malgré la drague pénible, le harcèlement, les violences, les viols dont trop de femmes sont l’objet, je veux croire que la plupart des hommes en sont capables. --- WOKE IN PROGRESS --- Une chose est sûre : je me serais montré plus protecteur à son égard. Pas forcément par peur qu’elle tombe enceinte, comme tu le dis, mais pour lui éviter autant que possible tous les dangers qui guettent les filles et les femmes, ceux que tu dénonces à juste titre dans tes lettres et dans ton quotidien. Par souci d’égalité, il faudrait que les adolescentes puissent vivre leur vie comme les garçons mais cela suppose que les prédateurs en tous genres aient disparu comme ont disparu les dinosaures. C’est notre objectif, ma chère Sandrine, mais pour l’instant le combat n’est pas gagné, si un jour on le gagne... Aussi triste, aussi tragique que ce soit, je comprends le père ou la mère qui s’inquiètent particulièrement quand leur fille de 15 ou 16 ans marche seule la nuit dans certaines rues. Le garçon aussi prend des risques, me diras-tu. Oui mais beaucoup moins. Allez, assez parlé pour aujourd’hui. Je m’éclipse, mais pas avant de te dire que j’ai adoré ton jeu de mots : « woke in progress ». À tel point que je me demande si ce n’est pas le titre de notre œuvre commune – spectacle, podcast, livre, tout ça ou rien du tout, on verra. Ah merde, ce sont des mots anglais (rires). Tant pis. Un moment de shame est vite passé ! Je te fais de gros kisses, Your Brice Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Dear, Nous nous ne sommes pas croisés entre mes deux voyages, me voilà dans le train pour l'Yonne et je profite que le "wifi s'invite à bord" et des 8h30 de route pour t'écrire. J'espère que nous trouverons un moment la semaine prochaine pour nous voir en chair et en rires. Tu as du temps et tu es par là à ce moment-là ? --- WOKE IN PROGRESS --- Bref, je ne dis pas du tout que c'est ce que tu fais. Tu ne te remets pas au centre en victime, à la place des femmes concernées. La forme de notre échange impose entièrement de parler de ton point de vue situé. C'est juste que ça m'interroge cette spontanéité à défendre certains hommes qui seraient meilleurs que d'autres, alors qu'on est d'accord : on s'attaque à un système complexe et intégré et les êtres parfaits n'existent pas. Alors qu'est-ce qui pourrait nous faire avancer ? Un peu de bonne foi ? De dire une bonne fois pour toute, ok on est du côté des oppresseurs, on fait vivre ça aux femmes et maintenant ça va changer. Je pense qu'il y a dans ce "not all men" un réflexe d'enfant pris en faute. Tu sais quand une bande fait des bêtises et que l'un.e d'entre elleux commet l'irréparable, cellui qui fait tomber le vase quoi. il y a deux voies possibles : dire " c'est pas nous c'est lui " et exclure en condamnant le coupable ; ou choisir d'assumer la faute ensemble. En fait ça vient interroger notre rapport à nos responsabilités collectives et à l'exclusion, chose que nous n'avons pas fait depuis fort longtemps. It's raining men... Not all men Voilà pour aujourd'hui, je n'arrive plus à me concentrer avec le bébé derrière moi et ma voisine qui envoie des vocaux ;) Je t'embrasse fort fort et je te laisse sur cette question : pourquoi tu n'aimes pas l'écriture inclusive ? ah et aussi : Escargot Coquille St-Jacques Cochenille Lombrics Huître plate Grenouille Crépidules Tortue d'eau douce Le mérou Poisson clown Certains reptiles Lièvre marin... Et chez les fleurs on parle de fleurs bisexuelles ou de fleurs parfaites! Tomates, hibiscus, ginkobiloba, maïs, poivrons… Je crois que chez l'humain.e on parle d'intersexuation et non pas d'hermaphrodisme. C'est intéressant de voir que pour l'humain.e on parle d'une anomalie pour l'opposer à la norme et que chez les plantes on trouve que c'est la perfection dans sa minorité, mais bien pratique à utiliser en agriculture... Je trouve également fascinant de lire que les personnes intersexuées sont de plus en plus nombreuses ces 40 dernières années et que l'on envisage que cela soit dû à des perturbateurs endocriniens et autres polluants. Mais c'est envisagé comme quelque chose qui s'abîme et non pas comme quelque chose qui s'adapte dans un élan du vivant face à une promesse d'extinction. Tu sais comme lorsque le cactus sent qu'il va mourir, il fait une fleur, parfaite. C'est tout bisous Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Re coucou, Concernant les "besoins des hommes" où tu voudrais juste dire : admettons que c'est comme ça et faire avec. Les garçons pensent au sexe plus que les filles. Je ne peux m'y résoudre, car ce n'est pas vrai. C'est un poncif, un cliché, une image patriarcale qui a été posée là pour justifier une domination terrible : le devoir conjugal. Il y a des hommes qui ne pensent pas à ça du tout et ça serait leur faire offense de les exclure du genre dans lequel ils se reconnaissent. Et il y a beaucoup de femmes qui ne pensent qu'à ça pour reprendre la formule consacrée, et elles ne sautent pas pour autant sur tout ce qui frétille ! Et entre ces deux catégories extrêmes , il y a toutes les autres. Celleux qui pensent à ça de temps en temps, celleux qui ont des cycles, celleux qui y pense mais qui n'ont pas besoin d'un.e autre pour se satisfaire... La bonne nouvelle c'est qu'on essaye de délivrer femmes et hommes de cette histoire de devoir conjugal devant la justice. Il y a une super série sur arte qui s'appelle Libres, des petits épisodes de 3mn20 sur ces questions et selon moi on devrait les voir dès le collège Je te mets là un des épisodes, mais ils sont tous bien et très drôles : https://www.arte.tv/fr/videos/103450-007-A/libres/ Je laisse ta boîte mail tranquille. BisousHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Eh oui, déjà ! Plein de bises Chère Sandrine, Du pain sur la planche : trois mails d’un coup ! Et de quoi me rassurer, moi qui commençais à me dire qu’on devenait d’accord sur tout et donc qu’on allait s’ennuyer. La référence au « Not all men » m’a fait sacrément grincer des dents puisque mes cheveux ne peuvent plus se dresser sur la tête. Et pas parce que c’est encore une expression anglo-saxonne. J’ai retrouvé quasiment à la lettre les éléments de langage sur lesquels j’étais tombé alors que je préparais, il y un mois de ça, l’animation d’une table ronde sur l’égalité hommes-femmes dans les médias – je te rassure, les féministes invitées ne m’ont pas étripé. « Ça fait rien avancer, ça invisibilise le combat, ça usurpe la place des vraies victimes, après des millénaires de patriarcat, ça ferait mieux de fermer sa gueule, un mea culpa, c’est tout ce qu’on attend, et un amen à tout ce que nos bien-aimées sœurs voudront faire ou dire. » --- WOKE IN PROGRESS --- Tu parles de construction sociale mais tu ne saurais la prouver pas plus que je ne peux prouver mon opinion. Un cliché fabriqué pour justifier la domination par le devoir conjugal : c’est ta thèse si je t’ai bien lu. La mienne, c’est que ce genre de raisonnement est complètement faussé parce qu’il part de l’endroit où il veut arriver. Comme il s’agit de créer une société égalitaire entre les sexes, il faut, se dit-on plus ou moins consciemment, que les hommes et les femmes soient le plus semblables possible afin d’y parvenir. On ne saurait rien refuser à ces dernières si elles possèdent à quelques infimes détails près les mêmes caractéristiques et les mêmes aptitudes que ces premiers. Les hommes pensent plus à la bagatelle que les femmes ? Construction sociale ! Ils sont moins attirés par le monde de l’enfance, boudent les métiers de la puériculture ? Construction sociale ! Les garçons ont transformé en voiture l’emballage de la poupée qu’on leur avait offerte pour Noël car on est des parents woke ? Construction sociale, vous dis-je ! Je ne nie absolument pas la construction sociale, tu le sais. Je pense même qu’elle a des effets gigantesques. Mais ne réduisons pas à elle toutes les différences que nous observons entre les genres : ce n’est pas nécessaire pour améliorer leurs relations. Bien au contraire, à mon avis : il faut que les fondations de ce fameux nouveau monde soient bien étayées, qu’elles ne s’appuient pas sur des erreurs ou des mensonges (mensonges dont je ne t’accuse pas, je le précise : je ne doute pas un dixième de seconde de ta bonne foi). Avec tout ça, je n’ai toujours pas répondu à ta question sur l’écriture inclusive. Ce sera pour une autre fois, promis. Entretemps, j’aurai eu le plaisir de te voir mardi comme on l’a décidé sur Messenger. Bisous, bisous ! Brice PS : me suis infligé l’épisode de Libres. Je suis parfois vilain mais je ne méritais pas ça ! C’est toi qui parlais de poncifs, de clichés ? À ce propos, il y a deux jours, j’ai fait le trajet Montpellier-Toulouse en voiture avec trois écrivaines. Les oreilles d’Ovidie ont dû siffler : toutes féministes qu’elles sont, et elles s’affirment telles, elles détestent la manière dont cette journaliste/écrivaine/actrice/réalisatrice parle des femmes et des hommes, des rapports au sein des couples. On n’a pas le cul sorti des ronces, moi je te le dis – mais vive la bonne volonté ! Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Cher Brice, Je ne suis plus dans l'Yonne, mais à Toulouse pour quelques jours, juste le temps qu'il fallait pour être à la manif d'hier. Et c'était intéressant de sentir que le peuple a envie d'occuper l'espace public autrement avec ses faux départs et ses suspensions... J'ai mis bien longtemps à te répondre cette fois-ci. Certes, je manque parfois de temps et d'énergie, mais là il y a eu tellement de malentendus sur ce que je t'avais écrit précédemment, que je ne savais plus par quel bout m'y prendre. Et pour être totalement honnête, j'ai dû aussi faire face à mon agacement profond de certaines de tes affirmations et positionnements, qui m'obligent à recommencer sans cesse cette "éducation féministe pour les nul.e.s" (nul.e.s dont je fais partie, mais qui s'éduque toute seule). Alors je me suis demandée pourquoi je m'étais fourrée là-dedans. Tu sais, je suis tout le temps la copine qui a l'étiquette féministe collée dans le dos et qui doit aux repas de famille ou dans les premières rencontres, expliquer gentiemment (le gentiemment est important, surtout ne pas montrer son ras le bol de la situation...) que oui not all men, mais very beaucoup quand même et que l'on s'attaque à des mécanismes et non tonton on ne parle pas de toi toi toi en particulier, mais que ta réaction même, vient souligner ce que le patriarcat a d'insidieux et violent, quand tu parles plus fort pour avoir raison ou que tu me coupes la parole à chacune de mes phrases en commençant d'abord par dire non... Tu vois ce truc d'avoir raison. Et bien moi je m'en fous d'avoir raison. Je doute tout le temps à vrai dire. Et mon cher Brice, j'ai hésité à te donner ce mot de la fin dans l'absence d'une réponse de ma part. Mais j'en ai d'abord écrit une, puis, deux, puis trois. Et je me suis dit en fait, pas de réponse c'est bien aussi. Tant que ce n'est pas une réponse sincère et que je ne te prends pas pour un con ( ce mot qu'on utilise en insulte, alors qu'il est d'abord mon sexe, on aurait pû dire te prendre pour une bite, mais non. On a même la combo pomponette "con comme une bite", passionnant tout ça). --- WOKE IN PROGRESS --- L'histoire de l'ostracisation des femmes par la modernité n'est plus à refaire, mais à défaire (un bouquin chouette parmi d'autres, celui de Pascal Picq). Le devoir conjugal, ce qu'il entraîne légalement, ce n'est pas du consentement mutuel. Êtes vous ok pour épouser truc "oui, et vous "oui", jusque là tout va bien. Mais après : iel ne veut pas coucher avec moi, ah bah ça c'est un devoir non rempli qui justifie au mieux le divorce au pire... Ce n'est pas mettre le consentement dans le lit conjugal et ça invisibilise, le viol conjugal ! Selon moi, c'est une mauvaise base de vivre ensemble, de partir sur des fondamentaux qui ne mettent pas le consentement au cœur de nos vies. Mais a-t-on vraiment envie de questionner le patriarcat quand on est un homme ? Malgré ta sensibilité, tu restes du côté le plus confortable. En fait, pardon, mais je m'arrête là. A chaque fois, je me retrouve coincée car il faudrait qu'en touchant la main de mon interlocuteurice je puisse lui transmettre trente ans de recherches et d'expérimentation de ces questions et ce n'est pas possible. Du coup ça crée un décalage énorme, avec souvent une merveilleuse et sincère envie de comprendre et d'apprendre de la part de mes interlocuteurices mais avec les bouleversements que ça entraîne en accéléré et avec l'envie d'arriver à la fin avant d'avoir commencé. Du coup je me retrouve en "prof de féminisme pour les nuls" et ça ne m'intéresse pas. Il y a des gens bien plus compétent.e.s que moi. Et Et tu vois, je m'étais arrêté là. Et je pense que c'est assez, pour cette fois de mon côté. La plume est dans ton camp et j'espère que tu auras plus de rebond que moi aujourd'hui. Oser être en conflit sur des sujets, c'est entrer dans l'intime pour de vrai et laisser tomber les apparences. Bises
Chère Sandrine, Mais je devrais plutôt dire « chère Désirée », tant j’ai attendu ta lettre avec impatience ! Je te souhaite un excellent séjour au château de Monthelon, où je ne pourrais sans doute travailler comme tu le fais, parce que je ne suis vraiment pas doué pour la vie collective. Ce n’est pas par hasard que je passe le plus clair de mon temps à écrire dans ma campagne toulousaine, où je croise davantage de chevreuils et de sangliers que d’êtres humains, même si je suis capable de me frotter à la foule quand je donne mes cours ou que j’anime des conférences. Nous nous sommes agacés mutuellement mais je te rassure tout de suite : les mots « stupide » ou « connasse » n’ont jamais effleuré mon esprit. Et si je ne suis pas utopiste, encore moins radical, je partage avec toi bien des points communs. Je déteste blesser les gens, j’ai le culte du dialogue et je suis pétri de doutes. --- WOKE IN PROGRESS --- Quant aux clichés, je te rassure : je ne les supporte pas plus chez les hommes que chez les femmes. Ce n’est pas parce que Ovidie est une femme, ni parce qu’elle est une « féministe assumée » que j’ai fait « beurk ». C’est parce que, à mon avis, elle ne résoudra rien avec ses théories et raconte beaucoup de bêtises. Elle est très loin d’être idiote, je sais qu’elle a un doctorat de sciences humaines, mais elle est sociologue comme je suis champion du 110 mètres haies. Un exemple : j’ai pu lire sous sa plume que, selon elle, les ados d’aujourd’hui sont plus « apaisants et apaisés » à propos du sexe. Parle-t-elle uniquement des classes sociales supérieures ? Il faudrait que je l’amène voir les élèves de milieux défavorisés que j’avais encore l’an dernier, ou que l’on fasse ensemble un petit tour dans les cités... Elle retrouvera très facilement tous les a priori qu’elle dénonce (à juste titre). Et puis quand on utilise comme elle des classifications telles que « baiser comme un mec de droite ou comme un mec de gauche » (tu peux vérifier), on atteint des sommets de subtilité... Bon, on ne va pas passer la nuit sur Ovidie – elle ne veut pas ! Une précision pour terminer : concernant la vidéo que tu m’avais envoyée, elle a raison sur le fond de dénoncer le viol conjugal, cela va de soi. À ce sujet, je voudrais revenir sur un des thèmes de notre échange. Je t’ai affirmé que, indépendamment de toute construction sociale, les hommes dans leur plus grand nombre avaient selon moi des désirs sexuels plus fréquents, des pulsions plus fortes. Puis j’en ai parlé avec des amies, des doutes m’ont saisi et je me suis dit que j’avais tort. Ensuite j’ai repensé à ce sinistre « devoir conjugal » en me disant qu’il était pour le moins rare qu’un mec se plaigne des assauts de sa nana... Bref, je ne sais pas ! Je ne sais pas tellement de choses... Mais je voudrais savoir. Et je me permets une question à laquelle tu n’es pas obligée de répondre si elle te dérange. Trouves-tu toi aussi les hommes généralement décevants sur le plan sexuel ? D’après ton expérience de femme, et celles de tes amies si elles t’en ont parlé, le cliché (encore !) de l’amant uniquement préoccupé par la taille, la dureté de son engin, la durée de ses va-et-vient et son plaisir égoïste correspond-il à une réalité ? Au-delà de ce sujet, toujours hâte de te lire ! Des bisous, Brice Un petit erratum, chère Sandrine. J’ai oublié en te répondant le préambule de ta lettre. Il me faut donc rectifier celui de ma réponse : non pas « Je te souhaite un excellent séjour au château de Monthelon » mais « j’espère que tu as passé un excellent séjour au château de Monthelon et que ta manif s’est bien passée ». En revanche, la fin ne change pas : des bisous ! Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Cher doux et pétillant Brice, je vais tenter de répondre au mieux à ta dernière question : " Trouves-tu toi aussi les hommes généralement décevants sur le plan sexuel ?". Je pense que oui, sur l'expérience générale. Je ne parle que de mon point de vue situé bien sûr et je pense qu'il est important de contextualiser un peu l'affaire pour saisir les subtilités de ma réponse. Est-ce que j'ai bien baisé, ça m'est arrivé. Est-ce qu'on m'a bien baisé, rarement, beaucoup plus souvent au sens figuré qu'au sens propre ! Bon, par où commencer cette question ? D'autant que je pense que la sexualité dans mon histoire n'est pas décorrélée de mon histoire de la rencontre à l'autre et de ma découverte de moi. Peut-être par le début. Dans mes premières expériences sexuelles je voulais tout essayer, persuadée qu'être "une fille libérée" c'était être expérimentée sexuellement, de maîtriser le kamasutra tu vois, de ne jamais se marier et de ne surtout pas avoir d'enfant. Mon adolescence m'a concrètement équipée d'hormones qui m'ont collé le feu aux fesses. Avant les hormones, j'étais déjà une gourmande, pornéïa des grecs anciens : aimer avec ma bouche ; mon appétit de la vie me définit bien. L'enfant boulimique que j'étais en atteste. J'ai d'abord appris longuement mon plaisir solitaire et j'ai couché avec un premier garçon à mes 16 ans car j'avais très envie d'essayer. Le premier qui voulait bien "tirer son coup" (expression qui en dit long sur la rapidité de la chose) à l'anniversaire de mon amie Ingrid serait le "bon". L'alcool a aidé un des lourdauds présent à passer par dessus mes bourrelets et il a consenti à me sauter dans le noir. Je n'ai aucun souvenir de ce garçon, ni de son odeur, ni de son visage, de rien en fait. Le seul souvenir que j'ai c'est une histoire de ceinture qu'il a cherché très vite après avoir vidé ses bourses, sans le moindre signe d'un éventuel partage de ce moment. Celui-ci, je ne le compte pas dans les décevants, j'avais eu ce que j'avais cherché, ne plus être vierge. Rien de surprenant et de gratifiant, ni pour lui, ni pour moi. Mais j'étais encore à un moment de ma vie où je pensais que mon poids ne me permettait pas de toute façon d'être aimée, alors je n'avais pas d'exigences tu comprends. --- WOKE IN PROGRESS --- Alors oui, je vois où Ovidie peut trouver les garçons sexuellement décevants, et après je pense que son histoire et son rapport à la sexualité est comme le mien, ils lui appartiennent. Aujourd'hui je ne pense plus qu'être une femme libérée, c'est être une bête de sexe. Aujourd'hui je ne vis plus la même érotisation de tout. Aujourd'hui, je reste déçue par le manque d'écoute de l'autre en général et sur cette question de la sexualité et du plaisir féminin en particulier. J'espère avoir répondu à ta question, du moins j'ai essayé. Plein des bisous de Gap où je suis venue voir le travail de Maëlle sur son nouveau spectacle Mythogénie, je pars en stage de clown la semaine qui vient. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Chère Sandrine, Si franche et si libre – libre, oui, j’y tiens, même si personne ne l’est, je ne suis pas dupe, mais enfin tu as la force d’être au plus près de toi, me semble-t-il, en tout cas d’essayer au maximum. Je commence par la fin. En lisant que tu partais à un stage de clown, j’ai eu une pensée positive, ce qui est de plus en plus rare. Je me suis dit que la société dans laquelle on vit avait progressé de ce côté-là, et moi avec. Je m’explique : il y a un temps pas si lointain où, à quelques exceptions près, on déniait aux femmes le droit de faire rire. On pensait, et je ne suis pas très fier de l’avoir pensé aussi, que le rôle de clown contrevenait aux impératifs de la séduction féminine. Depuis, comme le prouve le nombre d’humoristes femmes, les gens ont compris qu’on pouvait faire rire et rester séduisante. Il y en a même qui se sont aperçus qu’être séduisante pour une femme n’était pas une obligation ! Bon stage de clown, donc. En ce qui me concerne, je t’écris encore une fois à ma table de travail, entre deux articles, un livre que j’ai commencé mais auquel je n’ai pas assez de temps à consacrer, la préparation de podcasts et de rencontres littéraires. Et à propos de rencontres, j’ai été sidéré par celles que tu as faites dans le domaine sexuel. --- WOKE IN PROGRESS --- Contrairement à certains de ces amants que tu évoques, à un ou deux épisodes près (dont j’ai sincèrement honte), le plus important pour moi, c’était de satisfaire les filles avec qui je couchais. Je t’ai dit que je serai honnête : il y avait là-dedans le désir de donner, de faire plaisir au vrai sens du terme, mais il y avait aussi un désir égoïste, vaniteux, celui d’être aux yeux de mes partenaires un mec qui baise bien. Un désir qui provoquait une certaine peur paradoxalement dictée par le virilisme : quelle plus grande humiliation pour un homme que d’être considéré comme un mauvais coup ? J’ai assez vite compris que la plupart des femmes ne mesuraient pas leur plaisir en regardant un chronomètre ou un mètre-ruban. Il n’empêche, je suis sûr qu’elles ne perçoivent pas toujours la pression que leurs amants peuvent subir pour des bonnes ou des mauvaises raisons. Les types animés de « l’obsession de la pénétration répétée », comme tu dis, ont peut-être peur d’être mal jugés par leurs maîtresses s’ils procédaient autrement, ou peur de quitter la chambre avec une image d’eux-mêmes complètement dévalorisée, parce que la société leur a fait croire qu’un homme digne de ce nom tire plusieurs coups dont chacun dure longtemps. Oui, je parie que bien des mecs sont agités de trouilles qui m’ont saisi parfois, aussi stupides peuvent-elles paraître. Est-ce que je vais bander assez fort ? Est-ce que je ne vais pas éjaculer trop vite ? Est-ce que ma bite n’est pas trop ceci ou pas assez cela ? On est loin du grand mystère poétique dont je t’ai parlé plus haut mais l’amour physique est aussi fait de ça, et j’aimerais vraiment t’entendre sur ce thème-là : la peur des hommes face aux femmes, au lit comme ailleurs. Parce que cette peur existe, tu le sais – tu as toi-même abordé le sujet dans nos premiers échanges. Je t’embrasse fort, Brice PS : comme toi, j’ai pris soin de ne pas parler de ma vie sexuelle actuelle, qui engagerait la femme avec qui je vis. PPS : si tu le recroises, n’oublie pas de dire de ma part au type qui t’a dit « C’est fini » juste après ton « Je t’aime » que c’est un sombre connard. Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Mon cher Brice, Sans aucune condescendance, je te trouve mignon. Vraiment. Cette histoire de mystère féminin, ma foi, si ça te fait vibrer et bien tant mieux. Pour ma part, c'est une notion que je trouve cheloue, car autant je trouve que la vie a ses mystères, autant il me semble que les femmes ne sont pas plus mystérieuses que n'importe qui qu'on ne connaît pas. Peut-être que cela tient au fait que l'on m'a enseigné tes corps caverneux et que toute la société parle de ton phallus. Et alors je ne trouve aucun mystère à l'homme en général. J'imagine que recevoir en permanence des images de femmes irréelles, sirènes de la mode couchées sur des bus, toujours objectisées sexuellement, ça y fait. Pour moi on est toustes des cafetières, il y en a à filtres, d'autres à expresso, des italiennes, des à piston ou à dosettes... Le tout est de comprendre comment ça marche. Et ce fameux mystère féminin, ne serait-il pas là encore une fois pour éloigner la simple rencontre de l'individu et de laisser à la femelle le soin de comprendre le fonctionnement de la personne qu'elle a en face d'elle, pendant que le mâle se pâme devant un "mystère" ? Un prétexte à l'immobilisme ? J'entends que chez toi, ce mystère est au contraire une motivation à la rencontre de l'autre, alors encore une fois, tant mieux. Mais peut-être que ce truc là en tétanise beaucoup. Et puis ça permet d'établir encore une fois la chaîne des performances et des arrivées sur le podium : j'y comprends rien, je me débrouille, je suis un dieu au pieu. Peut-être que la peur des hommes vis-à -vis des femmes part un peu de là et du reste aussi... Pas facile d'aborder sans crainte l'inconnu non ? Celle qu'on te dépeint comme étant le grand mystère qui ne marche pas comme toi. A toi à qui on ne donne pas les clefs pour te connaître mais paraître, viril, courageux, fort... A nous toustes, à qui on n'apprend pas à communiquer... Avec tout ça il y a de quoi flipper. Mais je ne parlerai pas plus que ça des hommes et de leurs peurs, car je suis très mal placée pour savoir ce qui se passe dans la tête de l'autre. Mais il me semble effectivement avoir remarqué qu'il y a des histoires de taille, de rigidité, de performance de durée qui traîne. De mon côté, je vis des attentes d'élégance, de douceur de ma peau sans poil, de minceur, de minceur, de minceur, de souplesse, d'écoute, de soins, de répondre aux besoins et en même temps dans cette peau de sainte mère, d'être une magnifique cochonne. Je ressens, sans aucun fantasme de "mystère masculin", quelque chose de l'ordre de cette excitation, de ce désir de poursuivre une recherche, dans la rencontre à l'autre de manière générale et toute entière. Le mystère d'une humanité. Quand je fais l'amour avec quelqu'un.e il y a dans ce partage et cet abandon, un vertige, un lâcher prise pour vraiment s'écouter et s'accorder. Et il y a dans ce partage un grand mystère qui est celui d'une alchimie qui me fascine. Qui m'a même rendu addict longtemps. La recherche du plaisir provoque un état amnésique intéressant. Tu vois de quoi je parle ? Bisous PS: je redémarre le clown dans un quart d'heure, alors je te laisse. C'est marrant, et pas du tout à la fois, on est 7 garçons et 5 filles, et les garçons prennent beaucoup, beaucoup, beaucoup de place, et notre formateur nous demande de prendre la nôtre. On ne demande jamais aux garçons de se calmer, de partager, toujours aux filles de mettre les bouchées doubles et de mettre plus d'énergie que l'autre pour avoir le droit d'occuper le même espace. Intéressant non ? C'est dans ces endroits là que je comprends les besoins de non-mixité dont je n'ai pourtant pas spécialement envie. PS 2 : c'est comme si dans la cour de récré, les garçons occupaient tout le terrain pour jouer au foot et au lieu de séparer la cour pour faire la place à tout le monde, on demande aux filles d'aller prendre leur place dans le jeu imposé. re bisous
Chère Sandrine, Ah la la, si on peut plus rêver... J’ai écrit « Je veux penser »... On est tous des cafetières mais il est parfois bon de l’oublier. Et qu’est-ce que tu me sors avec ces images de femmes irréelles qui m’auraient d’une certaine manière conditionné ? Ce que j’essayais de te raconter n’était en rien lié à l’apparence. Il s’agissait des émois, osons le mot, « poétiques » d’un ado face à la Différence avec un D majuscule. Du vertige qui le saisissait. Tu me parles de « mâle qui se pâme », de « femelle » qui se cogne tout le boulot de découverte... Je comprends que tu sois sur tes gardes, avec tout ce que vous subissez, mais enfin, même si tu ne l’as pas vécu comme ça, aucune inégalité là-dessous, je n’ai jamais interdit aux nanas de se faire leur cinéma sur les mecs. J’ai d’ailleurs connu une fille, n’ayant de son côté que des sœurs, qui m’avait confié toutes les questions, et donc tous les fantasmes, que le masculin lui inspirait. On était très loin de la mécanique, très loin des cafetières, très loin des rôles impartis à chaque sexe, et c’était magnifique. L’état d’amnésie que procure l’amour aussi. Je ne sais pas si c’est bien ce dont tu parles mais la recherche et le partage du plaisir font oublier le monde tel qu’il est, et Mon Dieu, si j’ose dire, que ça fait du bien ! « Abandon », « grand mystère », « alchimie », « fascination »... J’opine à tout ce que tu dis ! Après, envoie-les bouler, tes clowns qui prennent trop de place, tu es assez forte pour ça. Et permets-moi de te contredire quand tu affirmes qu’on ne demande jamais aux garçons de se calmer et de partager – j’ai entendu tellement souvent ces injonctions adressées (à raison) à la gent masculine. Quant à ma pomme, après avoir été élevé dans un milieu de mecs, j’ai tout le temps travaillé dans un milieu quasi exclusivement féminin – la fac de lettres, l’Éducation nationale, les bibliothèques... Je serais moins sévère que ma femme qui n’a pas de mots assez durs contre ce genre de situation. Elle a été éduquée dans des établissements scolaires de filles et en garde un très mauvais souvenir – des mesquineries, des jeux de pouvoir, des ambiances délétères... Ce qui ne l’empêche pas d’avoir des tas de copines et d’amies, ça va sans dire, mais elle trouve le mélange beaucoup plus sain. Yo también. La non-mixité continue à me choquer profondément, même après avoir lu les arguments de ses adeptes. On va rester entre hommes, entre femmes, entre hétéros, entre homos, entre trans, entre blancs, entre noirs, entre jaunes, entre bleus pâles, entre bleu foncés, entre chevelus, entre chauves... Tu te souviens d’Audrey Pulvar qui, dans sa grande mansuétude, avait concédé que les personnes blanches pouvaient accéder aux réunions des racisées... à condition de se taire ? Je ne comprends pas comment ces gens-là ne se rendent pas compte qu’ils agissent comme les pires de leurs adversaires. De la ségrégation sexuelle pour lutter contre le sexisme, raciale contre le racisme... Logique étourdissante ou, pour quitter le registre de l’ironie : c’est pas avec ça qu’on va mieux s’aimer, bordel de merde ! Bises à ma clownette adorée… Ah tiens, pour terminer mon petit laïus sur la non-mixité. Au cours de ta lettre, tu m’as dit : « Je suis très mal placée pour savoir ce qui se passe dans la tête de l’autre. » Eh bien ça peut servir à ça, la mixité, à savoir un peu plus ce qu’il y a dans la caboche en face de la tienne. Sinon, je sais bien que tu conclus en disant que tu n’as « pas spécialement envie » de cette non-mixité. Moi, elle me donne spécialement des haut-le-coeur… Hébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.
Naaaaaan J'ai lu les premières lignes Naaaaaan Je n'ai jamais dit que TU étais conditionné par les sirènes. On l'est toustes. J'avais vraiment saisi ton émoi. Et je le trouve sincèrement mignon. Sans ironie. Et je pose seulement des hypothèses pour répondre à ta question générique sur la peur des hommes et le fait de ne pas être "à la hauteur" Je lis la suite. Je me régale de retrouver tes mails dans ma boîte. Même si on se comprend que rarement tous les deux apparemment 😂 Bisous d'une maison bleue Adossée à la colline Je ne peux plus me lever Je me suis blessée Au deuxième jour de stage Au deuxième jour de stage Mon petit fessier, s'est déchiré PS : le petit fessier est un muscle. BisousHébergé par Ausha. Visitez ausha.co/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.